Comme un voyage, vieillir se prépare. C'est dans cette proposition que l'auteure nous engage à considérer cette période de la vie comme une aventure. Vivre cette période pour ne pas la subir, dans la joie, la transmission, le service, les projets et la tendresse...
Une femme dont on découvre le passé en bribes éparses, survit dans une forêt depuis plusieurs années. On ne sait rien d'elle si ce n'est sa détermination, sa volonté, l'organisation de sa vie. Mais à quel prix? Lorsque des hommes arrivent sur son territoire sa vie bascule, le roman aussi. Vous ne pourrez plus lâcher ce livre tant l'envie de savoir et de comprendre sera forte. L'écriture est au service du suspens et nous entraine dans le questionnement toujours actuel de nature/culture.
Plongez dans le quotidien d'un village de bûcherons dans les années 1970 aux Etats-Unis. Rich, Colleen et leur fils Chub, deviendront au fil des pages des amis, et nous lecteur, leur confident. Les derniers géants, c'est un cri d'amour à la forêt, à ses arbres multi centenaires, qui sont mémoire et témoin de la grandeur de la Nature, mais aussi à ces métiers pénibles et dangereux que doivent faire ces hommes pour vivre. Un roman familial attachant et bouleversant,un livre engagé, un vrai coup de cœur !
Écrivain de chez nous, Claude Rouge signe depuis Saumane (Alpes-de-Haute-Provence) un nouveau roman. Il évoque, la vie quotidienne, aujourd’hui après la pandémie et les gilets jaunes, de 7 personnages dans un « pays » loin des grandes métropoles, qui pourrait être le nôtre. Si Lucile est professeur, tous les autres ont, ou ont eu, des « petits métiers », indépendants. Chacun à sa manière, ils ont tous perdu dans les deux crises récentes une partie de ces repères qui font que l’on a la maîtrise de son quotidien. Et, par-dessus le marché, un vent du sud tenace envahit la nature d’un sable jaunâtre qui pourrait bien être la cause d’une crise latente qui rend chacun intranquille : c’est la Pagaille ! Loin d’apporter une solution-miracle, le récit est la recherche, par chacun, d’une liberté retrouvée qui dépasserait les barrières du renfermement sur soi. Un regard sur la vie d’aujourd’hui donné dans une langue où les mots parlent comme des notes (l’auteur est aussi musicien et chanteur). Françoise ROUGIER Retrouvez l'article entier de Françoise Rougier : https://www.hauteprovenceinfo.com/article-39605-ecrivain-de-chez-nous-claude-rouge-signe-depuis-saumane-un-nouveau-roman.html
Un instant suspendu où les heures sont abolies. Lou Darsan et son compagnon vont vivre une expérience unique : un hiver dans le grand Nord, où l'obscurité et le froid mangent tout. Contemplation, souvenirs des temps chauds, balades et impressions, songes surréalistes, tout devient sujet d'écriture pour Lou Darsan, qui partage cet instant de vie avec délicatesse et grâce. Un réel plaisir de lecture pour une échappée libératrice ! Une écriture magnifique !
Un enfant qui ne croyait pas aux histoires, une puce meurtrière, des pantoufles terrifiantes, un roi qui a perdu sa calculette... et pleins d'autres histoires courtes aussi drôles et surprenantes les unes que les autres !! Une petite merveille !
Blancaflor, fille d'un cruel ogre et d'une terrible magicienne, est une jeune femme dotée de pouvoirs extraordinaires. Un beau jour, son père décide d'inviter un jeune prince chanceux à relever un défi impossible ! Tombée sous le charme du jeune homme, Blancaflor fait tout pour qu'il réussisse trois épreuves extrêmement difficiles... Une belle découverte d'un conte d'Amérique latine mettant en avant un personnage féminin fort et indépendant !
Nous vivons rangés, à moitié morts, à avaler tout ce qu’on nous met dans la gueule. Nous tuons les tueurs pour les soulager de tuer. Nous nous tuons nous-mêmes pour ne tuer personne. Et c’est ainsi chez le voisin, chez la voisine, dans toutes les familles. De génération en génération. » Ce roman raconte, en deux parties, les efforts d’Elsa, mangée par sa mère, pour ne tuer personne. Le texte est épuré, si imagé qu’on a parfois l’impression de lire une bande-dessinée. Aucun mélodrame. Seulement la description colorée d’une relation qui déteint.
Nous sommes aux Etats-Unis, dans la capitale du Kansas, et c’est le jeune Adam, champion de débat et d’improvisation au lycée, qui est au centre de ce livre. Ben Lerner analyse, avec son regard acéré, le noyau familial de la classe moyenne américaine, les dérives et les tensions sous-jacentes, les petites lâchetés, et nous offre un grand roman, dont le pouvoir du langage est le vrai sujet. A lire !
Après « Croire aux fauves », récit au pays Even, où Nastassja Martin a rencontré un ours qui aurait pu la tuer, elle revient dans ce nouveau livre sur la destinée de ces populations du Kamtchatka qui ont fait le choix de renouer avec la vie sauvage après l'effondrement soviétique. Que retrouvent-elles de leurs racines d'éleveurs de rennes ? Quelle place occuper dans ces régions où le néocapitalisme sévit aussi ? Plutôt que de plonger dans le folklore, cette région "à l'est", celle de l'aube, est un appel à un renouveau, à une vie réinventée, face aux crises systémiques.
Lucien est le balayeur du parc, un bonhomme imposant, une tête de gentil, un peu simple d’esprit. Son quotidien suit la même routine, et cela lui convient. Pourtant, les rencontres et les imprévus de la vie vont complètement bouleversés son existence… Une bande dessinée surprenante autant au niveau du scénario que de la qualité des dessins ! Un conte moderne, sombre et poétique…
Après avoir terrassé des hordes de démons pour sauver le royaume de Pendragon, le roi Arthur n’est plus que décrépitude. Sa fille, la princesse Ysabelle décide de fuir ce royaume peu prospère et le baron Cumbre auquel elle était promise. Accompagnée de la fameuse épée magique (qui parle beaucoup), elle s’engage dans une quête complètement loufoque. Furieuse est une vraie pépite qui mêle une écriture drôle et absurde à un univers médiéval fantastique et décalé ! Bravo !
Celle qui fit le bonheur des insectes est un conte absolument magnifique écrit par Zidrou et sublimé par le trait de Paul Salomone. Une lecture toute en émotion qui ravie les yeux et l’esprit !
L'un des grands magiciens du « nature writing », cher à notre ami auteur André Bucher disparu le 1er octobre dernier, revient avec ce roman puissant, suivi de quelques nouvelles des Appalaches. D'une écriture âpre, l'auteur campe des personnages formidablement vivants, affrontés à une nature aussi impitoyable que ses habitants. Serena, la lady Macbeth des Appalaches, parviendra-t-elle à ses fins ? Un diamant noir. Marc, libraire
Roman grandiose dans l'Amérique des années 70 et la famille Hildebrant. Il est difficile de proposer un résumé de ce livre. L'auteur parvient à donner quelque chose de sublime aux scènes du quotidien ; il y ce face-à-face avec une psychologue, qui a quelque chose d'homérique ; il y a ce premier joint fumé, où on a l'impression de regarder un tableau impressionniste ; il y a cette histoire d'amour, dans une ville obscure, avec un vendeur automobile, et on voit des tableaux de Hopper défiler sous nos yeux, qui dépeignent l'attente. Nous refermons le livre halluciné, les yeux abrutis, avec l'impression étrange d'avoir passé des heures assis dans une salle éteinte, devant une fresque illuminée par des projecteurs. En fond, nous pouvons entendre les idéaux hippies formulés par de jeunes bourgeois ; et nous entendons moins mais nous voyons, à l'aide de scènes mémorables, le territoire des Appaches en train de diminuer, pour la construction de nouvelles carrières... Quel pays, tout de même, que l'Amérique !
La lumière du soleil est éblouissante ; une odeur de henné flotte au-dessus du sol. Dans le ciel, des pales d'hélicoptère. Aux pieds du figuier gisent le placenta de l'enfant ; bientôt son prépuce. Nous sommes dans un village d'Algérie. Le père loue ses bras sur les chantiers. Le grand-père s'est enfoncé dans la sieste, à l'ombre des arbres ; la grand-mère sait faire chanter les abeilles. Ensuite, la petite famille va délaisser les aïeux et rejoindre la ville, pour une vie plus moderne : ce sera la découverte des hammams, des pharmacies aux croix plastifiées, du cinéma, de la mer, de l'école, des femmes et de la lecture, ah !... la lecture ! Il paraît qu'au village, des voisins sont morts de torture. Dans le ciel, toujours des pales d'hélicoptère. Et Mokhtar, le petit enfant que nous suivons, continue de pousser ; sa mémoire est une eau qu'il ne veut pas laisser tarir.
Récit des limites, journal d'une renaissance. Le jeune Simon, après avoir ingéré trop de drogues, est cloîtré dans une chambre d'hôpital ; il peut mesurer la distance qui le sépare de la validité grâce à une jauge urinaire. Ses reins sont bien amochés ; son foie également. Nous savons comme lui qu'il va s'en sortir, et comme lui nous avons l'impression que quelque chose est en train de mourir. Il grandit d'un coup et tout le monde s'en fiche, les médecins, surtout les médecins, les infirmières, les aides-soignantes. Tout le monde s'en fiche. C'est surtout cela que décrit le récit : la solitude, à partir d'un lit d'hôpital.
Voici un premier roman incontournable dans cette rentrée littéraire. Il s'agit des années 80 dans l'arrière pays niçois, des jeunes héroïnomanes, de l'apparition du Sida et de la recherche médicale française. Anthony Passeron nous confie une partie de son histoire familiale avec beaucoup de pudeur et de tendresse. Une lecture qui m'a passionnée et que je vous conseille vivement !
Makenzy Orcel, c'est d'abord une langue, aussi fulgurante qu'impétueuse, forgée dans la poésie, comme celle de bien d'autres auteurs d'Haïti dont la capacité à revivifier le français, à lui redonner corps et âme, est sans pareille aujourd’hui. Et une inspiration : à la suite du fantastique « Ombre animale » où une morte racontait l'effroi de sa vie en Haïti, Makenzy Orcel réitère en prêtant sa voix à une jeune française à l'enfance volée, l'adolescence déchirée, l'existence tumultueuse dans la France d'aujourd'hui. De la littérature sans concession, dernière sélection du prix Goncourt.
Lisez la seule et unique nouvelle de Toni Morrison, parue en 1983 aux États-Unis et inédite en France. Un petit plaisir de lecture qui nous permet d'entendre encore une fois la voix singulière de cette grande autrice américaine.
Marcus Malte est un auteur qui prend des risques et s'en trouve bien : son dernier roman se déroule aux USA, et pour que l'illusion soit parfaite, il serait même traduit ! Il met en scène l'inventeur révolutionnaire d'une machine à énergie libre, Phily-Jo, dont la mort est plus que suspecte. Dans un formidable récit à tiroirs, tous ceux qui enquêtent subissent le même sort. « Qui se souviendra de Phily-Jo ? » est le roman de toutes les manipulations - emprise du capitalisme, mensonge, complot, ou pouvoir du récit... Vertigineux et époustouflant !
L’histoire commence mal : un frère et une sœur se disputent après avoir loupé le bus scolaire. Mais cet acte manqué va donner lieu à une journée unique, comme suspendue hors du temps. De l’observation du lever de soleil à une séance de baignade improvisée, Rozenn Brécard donne vie aux petits enchantements du quotidien à travers une histoire et des couleurs douces.
Le 15 octobre 1930 Eugène Martel rencontre Jean Giono au Revest du Bion. Une longue amitié s'en suivra faite d'admiration réciproque traduite tout au long de la correspondance entre les deux hommes. On le sait Giono "parle en peintre" mais il découvrira auprès d'Eugène un lecteur attentif et un critique avéré. L'échange épistolaire entre ces deux artistes nous fait découvrir la région, les villages autour de Banon, les caractères bien "trempés" que Giono affectionne et qui peuplent son œuvre. Martel fut un élève de Gustave Moreau à Paris et côtoiera les plus grands mais il passera sa vie à Revest du Bion à "peindre les gens de son village".