Voici une narration à deux voix un peu atypique, puisque l'auteure et son personnage, un serpent mal luné, sont incapables de s'entendre sur le bon déroulement de l'histoire. En résulte cet album drôle, décalé et dynamique dans lequel le lecteur est appelé à prendre activement part : l'auteure, ne supportant plus son personnage, a abandonné avant de terminer le livre, c'est donc à lui d'ajouter la couleur.
Quel beau cadeau de la part des Belles Lettres que celui de rééditer « Les Mémoires de la Méditerranée » de Fernand Braudel ! Loin de la Méditerranée du XVIe siècle de Philippe II d’Espagne, point de départ de sa thèse magistrale parue en 1949, cet ouvrage l’aborde du point de vue plus ancien de la Préhistoire et de l’Antiquité. Mais qu’importe ! Braudel a une connaissance intime de celle dont il aurait pu dire en chœur avec les Romains, qu’elle était « Mare Nostrum ». Peu importe également, puisque le théoricien des temporalités multiples ne pouvait négliger de consacrer un livre entier au temps long et lointain des civilisations qui précédèrent l’avènement du Moyen-âge, l’épanouissement de celles-ci, voire même les temps qui préludèrent à leur aube. Braudel a l’intime conviction des mouvements majeurs qui président à l’écriture de l’histoire. Il a la clairvoyance des grands pivots sur lesquels le sens des événements bascule. Ainsi, pourquoi ne pas entendre dans ses propos la voix de l’oracle de Delphes qui dicta aux colons grecs leur marche à suivre pour helléniser la Méditerranée bien au-delà de l’Égée, et répandre un mode de vie qui devait s’affranchir des aléas commandant à la naissance et à la chute des empires ? Comment ne pas l’imaginer chuchoter à l’oreille d’Alexandre le Grand, lui conseiller de conduire son regard de conquérant vers l’Occident plutôt que vers l’Orient, réussir là où Pyrrhus échoua, et changer ainsi le cours de l’histoire tel que nous le connaissons ? Il faut ajouter à l’intelligence de ses propos la forme élégante qui les sert, l’écriture belle et limpide qui les charrie. En bref, un moment agréable de lecture, à l’issue duquel on est toujours certain d’apprendre quelque chose !
Héliotrope est une jeune fille totalement hors du commun : dans son langage, dans sa vision du monde, dans ses aventures, dans ses amours... Un premier tome d'une série qui s'annonce épique et décalée !
Suivez les aventures rocambolesques de la famille Faldérault accompagnés de leur fidèle voiture « Mam'zelle Estérel ». Un récit drôle, tendre, attachant... Lecture idéale pour l'été !
Si vous n'avez jamais lu ce grand classique de la littérature américaine, faites vite la traversée des US, en compagnie du jeune et fou Dean Moriarty. Ce livre occupera surement toutes vos vacances : mais quelles vacances vous passerez avec la "Beat generation" !!
Plongez dans l'histoire de la famille Scorta, de la fin du XIXe jusqu'au XXIe siècle, dans la pauvreté de l'Italie du Sud, là où le soleil aveugle et la chaleur cogne, là où les coutumes font régner l'ordre, et les règlements de comptes sont communs. C'est un aller direct pour les Pouilles, pour l'Italie du Sud. Un roman d'une grande sensualité !
Tout n'est que magouilles dans ce polar culte américain des années 50.
Deux français en Russie, destination la ville la plus froide du monde. À lire sous le soleil, rafraîchissement garanti !!
Voyager dans le Japon du XII e siècle avec Miyuki, la jeune femme qui doit porter de son village à la ville impériale des carpes pour le bassin de l’empereur. Kats… est mort noyé dans la rivière… Voyage sensuel et olfactif dans ce conte saturé d’odeurs et d’images. C’est aussi un livre d’amour.
Elle vient de traverser des épreuves difficiles. Pour s'en remettre, elle choisit d’ingérer des médicaments une année entière, en espérant qu'à son réveil elle sera régénérée. Alma, sa « meilleure amie » boulimique et obsédée par l'idée qu'elle se fait de N.Y. , lui rend parfois visite ; il lui arrive d'avoir un somnambulisme dégénéré, mais elle a un sang-froid qui la rend intouchable. On est sûr qu'elle y arrivera, cette méthode est la bonne pour elle ; certains ne trouvent jamais la leur...
Publiée en 1881, cette longue nouvelle raconte un adultère manqué. Dans une écriture naturaliste, pleine de morbidité, d'analyses physiologiques, mais surtout rythmée admirablement, le narrateur décrit l'instauration progressive de l'ennui entre deux personnages mus par des volontés contradictoires : l'une veut le rêve, pendant que l'autre, sous la table, cherche ses genoux. Les amants contrariés s'en retourneront dans leurs intérieurs en se posant la même question : « c'est donc ça, la vie ? » On espère, on espère, et puis RIEN ! Alors, à quoi bon vouloir ?
Avec une précision photographique, l'auteur nous plonge dans la rencontre d'un biologiste échevelé avec la jeune Macey et sa mère au milieu des hautes herbes sur les collines de Feldon. Ce texte est d'une rare beauté, fulgurance lumineuse et délicate, 100 pages qu'on ne lâche pas et qu'on relit pour ne pas fermer le livre. Superbe !
Si lointaine et si proche à la fois, la guerre civile espagnole n'en finit pas de nous interpeler, tant elle forme un miroir grossissant de notre histoire. Dans une langue aussi tendre que percutante, Laurine Roux s'en empare et nous propose une vision très juste de ce qu'elle a pu être dans le delta de l'Èbre. Un récit prodigieux servi par une écriture magnifique.
Jim décuve sa rupture amoureuse en compagnie de son chien, Lébowski. Jardinier, il déterre un os chez ses employeurs. A qui appartient-il ? Lébowski, chien stoïque, s’en contre-fiche ; il dort, mange, halète en dégageant une odeur nauséabonde, pendant les trajets en voiture jusque chez le médecin légiste. Le calme de ce personnage canin amoindrit l’intensité de l’intrigue. Souligne le ridicule des gens de qualité. Indique, finalement, où est l’essentiel. Jim le comprendra trop tard… (Titre lauréat du Prix Trente millions d’amis)
A l'image de sa couverture ce livre est une errance, un labyrinthe dans lequel le narrateur divague entre des rencontres improbables, des situations loufoques, grotesques, jouissives, dramatiques jusqu'à l'hôtel atlantique qui semble être la véritable destination de notre pauvre homme. Une expérience de lecture déroutante et originale mais vraiment incomparable. Essayez !
C'est l'histoire d'Owen un ange peut-être (il fait 1m50 et une "voix"), un être exceptionnel qui nous conduit dans l'amérique des années 60. On rit et on pleure, et jusqu'à la dernière ligne (où tout s'explique) on est captif. Un livre extraordinaire !
"Sacré Bleu", de Christopher Moore : Vincent Van Gogh est assassiné par un homme mystérieux surnommé "l'Homme-aux-Couleurs". Son ami Toulouse-Lautrec va mener l'enquête, aidé d'autres peintres impressionnistes. Une enquête qui nous entraîne dans l'univers de l'art, de la peinture et des extravagances de l'époque.
Sergueïtch habite en "zone grise", dans l'est Ukrainien, coincé entre les séparatistes appuyés par les Russes et l'armée ukrainienne. Zone désertée où s'échangent les tirs et tombent les bombes, inhospitalière autant pour les hommes que pour les abeilles. Il la quitte donc, mais va découvrir que sa provenance le rend indésirable autant en Ukraine qu'en Crimée du côté russe. Un grand roman, le dernier du plus grand auteur Ukrainien, bien à même de nous éclairer sur ce "retour de la guerre" en Europe et sur la destinée tragique de ce peuple.
Le roman déroule en parallèle cette vie de solitude profonde et salvatrice, le lien vital et charnel qui unit Kya à la nature, la liberté qui en jaillit, et l’enquête policière. Personnage magnifique, roman passionnant, très belle écriture nourrie par l’expérience de vie de l’auteur, elle même biologiste.
Un conte noir : l’histoire d’une adolescente de quatorze ans, forte, lumineuse, vendue par un père impécunieux à un riche industriel. Loin des siens, enchaînée dans des relations ancillaires d’une rare perversité, Rose survivra, donnera naissance à un enfant et parviendra à échapper aux prisons successives auxquelles on la condamne.
Voici une histoire sordide. Narrée par le personnage principal, en deux parties, d'abord la justification, ensuite la confession, elle montre le couple qu'il forme avec une femme plus âgée. Rien ne les unit sinon l'effroi de la solitude. Ça ne commence pas bien, et ça ne finit pas mieux : malgré leur premier baiser, tous deux continueront à s'enfoncer dans la mésestime de soi, mais que faire ? Retrouver cette solitude qu'ils détestent ? Jamais ! Imaginons deux bêtes écharpées qui lècheraient mutuellement leurs blessures, ayant du sel sur la langue… Drôle de ménage ! Mais tâchons de reconnaître la nature de leurs gémissements, de voir les coups qu'elles se donnent... Ne détournons pas le regard.
Un virus, venu de Chine, décime la population des plus de quarante ans. Un seul médecin détient le précieux remède mais le sort du peuple est entre les mains d’un dictateur loufoque. Une pièce de théâtre, écrite en 1937 par l’auteur tchèque Karel Capek, visionnaire, inquiétante mais terriblement drôle.
Robin est un enfant unique pétri de poésie. Il a transformé le militantisme écologique de sa mère disparue en une communion passionnée avec le monde des animaux qu'il dessine en artiste. Son père, astrobiologiste, lui présente toutes les possibilités de vie de planètes lointaines soeurs de la Terre. Mais cette fêlurre dans la vie de Robin et une directrice d'école autoritaire oblige à un chox : comment soigner ses nerfs fragiles ? Son père refuse la médication et un autre voyage commence : un neurologue humaniste et l'arsenal de l'intelligence artificielle vont se conjuguer leurs forces pour comprendre la singularité de Robin et l'aider. Un voyage dans les trefonds de l'esprit présenté dans des chapitres courts et lumineux où l'on vibre d'amour pour cet enfant écorché et l'empreinte ineffaçable de sa mère disparue. Un livre qui passionnera la jeunesse touchée par ce que l'on appelle l'écoanxiété. Coup de cœur de Sophie, libraire : Voici un duo plus qu’attachant : Théo, un père scientifique qui cherche de potentielles traces de vie dans l’univers, et son fils, Robin, un jeune garçon hypersensible bouleversé par la mort accidentelle de sa mère et par l’état de la planète. Richard Powers place son intrigue dans une Amérique au bord du chaos faisant face à une météorologie folle, à un gouvernement délirant et complotiste, et à un virus… Bref, un roman d’anticipation très réussi avec une bonne dose d’empathie et d’écologie, de quoi nous faire sérieusement réfléchir. À quand le réel changement ?
Théâtre contemporain à l'allure poétique, parsemé d'humour et de dérisions, qui met en scène Mikel, un architecte fraîchement mort (après une crise cardiaque survenue dans la piscine municipale). Il se réveille dans un monde parallèle, une sorte de ville détruite du nom d'Eskandar. Avec lui se trouve un homme amnésique : l'Homme, et Everybody, la caissière de la piscine municipale. Tous les trois ils révolutionnent, illusionnent, tentent de reconstruire un lieu, une ville, un monde, un amour... Passé et présent se croisent, intime et collectif aussi, pour ne plus trouver de frontière entre le rêve et la réalité, la fiction ou l'actualité. C'est de nous dont parle Samuel Gallet, et de notre époque... « cette époque exténuée d’elle-même qui hésite toutes les trois secondes à appuyer sur le bouton STOP » Comme un goût d'aujourd'hui...