Pour notre dossier consacré au poète et traducteur Emmanuel Hocquard, les auteurs ont tous écrit avec et non pas sur lui : des lignes (Cressan); des notes (Lespiau), des anecdotes (Person), une proposition (Poyet). Ils ont choisi de faire pour lui : la traduction d'un chapitre du polar préféré de Wittgenstein (Tiberghien); ou un livre, parce que « le livre fait partie du texte » (Poyet). David Lespiau et Alain Cressan montrent Emmanuel Hocquard à sa table, en train d'écrire « ligne / après ligne ». Posés sur la surface de la table, « articles de journaux, pages de livres, citations, descriptions / extraits de ses propres textes. Supports pour la pensée ». Démontés et remontés. Du langage à plat. La phrase impose à la pensée ses enchaînements et ses automatismes, comme si tout allait de soi. Ses articulations conventionnelles rapportent l'inconnu au connu, annulent ce qui nous arrive. Il faut « défaire » le langage - ses poncifs et ses stéréotypes, ses formulations erronées, approximatives ou complaisantes -, défaire les phrases pour les « refaire », en disposant autrement des mots sur une page.
Cette livraison comprend également un dossier sur le pronom « NOUS » (Jacques Roman, Catherine Coquio, Daniel De Roulet...), puis une constellation de propositions à la croisée des arts et de la pensée : des essais d'Emmanuel Ruben, Alice Leroy, ou François-René Martin, un texte sur les revues de Jean-Christophe Bailly, une nouvelle de Bernardo Atxaga, un portfolio de Mélanie Delattre-Vogt...