" Nous sommes tous les fils des poètes que nous aimons ". Yves Bonnefoy. Ce texte, une lecture particulière, est un objet littéraire qui n'aspire ni au genre de l'essai, ni de la biographie, ni de la fiction mais espère être reçu comme un récit sensible de la rencontre entre Arthur Rimbaud et un lecteur qui entretient avec lui une conversation ininterrompue depuis un demi-siècle. Non académique ni savant mais convenablement documenté, il retrace les chemins d'une rencontre, d'un partage et d'une tentative d'élucidation.
Rimbaud je l'ai lu, relu adolescent, adulte et encore aujourd'hui ; mon état de psychanalyste ne limite pas mon aspiration à mieux comprendre cet homme, ses parcours, son travail de poète et de grand marcheur vers les ailleurs inconnus. Pour autant je propose des hypothèses inédites sur son fonctionnement personnel, toutes étayées sur son écriture poétique entre quinze et vingt ans, et sur les innombrables lettres qui offrent le récit de ses voyages infinis, de ses activités et surtout des relations complexes qu'il entretient avec les siens, essentiellement sa mère et sa soeur (" les chers amis ") jusqu'à sa disparition.
Au terme de cette navigation exposée j'accède à la conviction que je ne connais pas deux Arthur Rimbaud, le poète et l'aventurier, mais un seul être humain, amoureux de l'Amour et de la Liberté libre, Arthur l'unique, unique Arthur qui anticipe, au plus haut, ce vers de René Char : " La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ". La lucidité le tua.