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Suzanne Césaire ; archéologie littéraire et artistique d'une mémoire empêchée
Anny-dominique Curtius
- Karthala
- 17 Décembre 2020
- 9782811127947
Suzanne Césaire (1915-1966), épouse d'Aimé Césaire, est l'auteure d'une oeuvre trop longtemps méconnue mais essentielle pour l'histoire littéraire antillaise et l'écocritique postcoloniale. Cofondatrice et pilier théorique de la revue Tropiques (1941-1945) où elle a publié plusieurs articles, elle est aussi l'auteure d'une pièce de théâtre et a entretenu une correspondance littéraire avec nombre d'intellectuels de son temps.
Cet ouvrage analyse la pensée de cette théoricienne martiniquaise des cultures caribéennes à travers ses écrits, tout en décryptant les marques de sa présence dans les oeuvres de ses contemporains (André Breton, Aimé Césaire, René Étiemble, Michel Leiris) et les résonances de sa grammaire émancipatrice et humaniste chez Kamau Brathwaite, Ina Césaire, Édouard Duval Carrié, Fabienne Kanor, Lénablou et Daniel Maximin. Anny-Dominique Curtius élabore une méthode d'archéologie littéraire et artistique pour comprendre les raisons d'un si long silence sur l'oeuvre de Suzanne Césaire et explore l'originalité et la modernité de sa pensée critique.
L'approche comparatiste, interdisciplinaire et genrée de cet ouvrage puise dans l'esthétique qu'a privilégiée Suzanne Césaire elle-même pour façonner ses grilles conceptuelles et épistémologiques. Sa réflexion cannibale, audacieuse et libre s'inscrit dans ce qu'elle appelle une « lucidité totale » sur la Caraïbe.
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Les littératures de la Corne de l'Afrique ; regards croisés
Paola Ranzini, Anna Porto Pisani, Olivier Favier
- Karthala
- Lettres Du Sud
- 25 Février 2016
- 9782811114893
L'ouvrage est placé sous le signe de la pluralité. Pluralité des regards qui s'y croisent : regards extérieurs d'historiens, de chercheurs, de journalistes ; regards intérieurs d'écrivains, migrants ou non, d'écrivains de la diaspora. Pluralité des périodes étudiées : le présent ne peut se comprendre sans le recours au passé et à l'Histoire, ainsi qu'à l'histoire des langues et des littératures.
La pierre angulaire des études présentées ici est constituée par une introduction historique magistrale aux littératures de la Corne de l'Afrique par Didier Morin, l'un des grands spécialistes du domaine. La contribution de William Souny est aussi une étude d'ensemble, mais sur un plan synchronique, présentant un tableau synoptique des écrivains contemporains de la diaspora.
L'ensemble des autres chapitres, dans leur diversité, s'accordent à faire apparaître un double mouvement qui, de la voix - orale, collective - conduit à l'auteur - individu qui donne sa voix à une collectivité -, et qui, de l'auteur, ramène à la voix qui fait redécouvrir, en milieu européen, l'oralité comme étant le trait mythique d'une tradition littéraire pluriséculaire.
Pour compléter le volume, des extraits, en traduction française, de Regina di fiori e di perle (Rome, Donzelli, 2007), le roman de l'écrivaine italo-éthiopienne Gabriela Ghermandi et d'un récit du recueil Fra-intendimenti (Rome, Nottetempo, 2010) de l'écrivaine italo-somalienne Kaha Mohamed Aden.
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Williams Sassine ; itinéraires d'un indigné guinéen
Elisabeth Degon
- Karthala
- Lettres Du Sud
- 9 Décembre 2016
- 9782811117610
Écrivain discret aux multiples facettes, Williams Sassine (1944-1997) a laissé dans la littérature africaine de langue française une empreinte profonde qu'il est temps de redécouvrir. Né d'un père libanais et d'une mère guinéenne, il a parcouru de nombreux pays où il a exercé principalement le métier d'enseignant.
Marginal en tous lieux, en tant que métis d'éducation chrétienne et musulmane, il a, très tôt, ressenti sa différence.
S'il est célèbre surtout pour ses romans - Saint Monsieur Baly, Le Jeune homme de sable, Wirriyamu, Le Zéhéros n'est pas n'importe qui -, en Guinée, sa réputation repose principalement sur la Chronique assassine qu'il faisait paraître à Conakry dans l'hebdomadaire satirique Le Lynx.
Une quête documentaire passionnée a conduit l'auteure de la présente biographie à rechercher en France et en Afrique (Guinée, Gabon, Mauritanie) les témoignages de sa famille, de sa vie d'enseignant, d'écrivain et de journaliste. Il lui a fallu fouiller dans les bibliothèques et dans les archives. Elle a également réalisé une série d'entretiens émouvants avec ses proches, qu'elle a retrouvés progressivement. Elle a ainsi pu consulter ses textes et correspondances, rouvrir des cantines endormies, écouter des émissions littéraires auxquelles Sassine a participé en France et en Belgique, des enregistrements radiophoniques conservés par la famille ou à l'INA. Telle est la documentation sur laquelle repose cet ouvrage.
Une bibliographie aussi exhaustive que possible et une chronologie détaillée complètent ce parcours d'un des écrivains les plus originaux de sa génération.
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Le palimpseste africain ; indigénisation de la langue dans le roman ouest-africain europhone
Chantal Zabus
- Karthala
- Lettres Du Sud
- 16 Octobre 2018
- 9782811125004
Le palimpseste est un manuscrit sur parchemin dont l'écriture en masque une autre, première et originelle, que l'on peut tenter de reconstituer à l'aide de techniques appropriées. Dans le présent ouvrage, Chantal Zabus ne parle pas d'antiques parchemins, mais de textes littéraires écrits par des auteurs africains dans des langues européennes. Elle les déchiffre en rendant compte de la langue africaine, présente en filigrane, dans l'écriture ouest-africaine d'expression française et anglaise, des années 1960 à nos jours.
Après une introduction sur la situation de diglossie et de glottophagie en Afrique et, plus particulièrement, au Sénégal, en Côte d'ivoire, au Ghana et au Nigéria, l'auteure se penche sur les diverses méthodes scripturales utilisées par les romanciers de ces pays d'Afrique de l'Ouest. Mis à part les notes de bas de page et l'insertion occasionnelle de termes africains dans le texte, on distingue divers autres procédés, dont celui du doublage - où le mot en langue africaine est flanqué de son « double» en langue européenne -, la contextualisation, l'alternance codique, l'ethnotextualité, la pidginisation et la relexification. En ce qui concerne cette dernière, la tâche du critique est philologique, dans le sens où elle permet de retrouver la trace de la langue africaine (ici, le ndût, le malinké, le dioula, l'igbo, le yoruba, le wolof) en filigrane dans un corpus important de romans et autres genres littéraires. Certains des procédés décrits ici sont sur le déclin tandis que d'autres sont en plein essor.
Les deux éditions anglaises de ce livre ont reçu un accueil enthousiaste dans le monde anglo-saxon et l'on doit se réjouir de le voir maintenant accessible au lectorat francophone.
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Aux sources du roman colonial : l'Afrique à la fin du XIXe siècle
Jean-marie Seillan
- Karthala
- 1 Février 2006
- 9782845866171
Les discours tenus aujourd'hui sur l'Afrique restent pour une large part pénétrés des fantasmes nourris par la conquête coloniale à la fin du XIXe siècle. Pour les saisir à leurs origines, l'auteur de ce livre est remonté aux sources du roman colonial français et a relu plus d'une centaine de romans ou cycles romanesques publiés entre 1863, date du texte fondateur Cinq semaines en ballon, et la guerre de 1914. Ces fictions, dues à quelques grands noms (Zola, Villiers de l'Isle-Adam, Jules Verne, Rosny Aîné) et le plus souvent à une foule de feuilletonistes sans gloire (de Louis Boussenard à Fernand Hue, d'Armand Dubarry à Edgar Monteil), combinent avec une grande liberté les scénarios les plus improbables avec des matériaux empruntés aux récits de voyages des explorateurs. A ce titre, elles forment au sein de la littérature fin de siècle un vaste territoire inexploré, avec son histoire et ses sous-genres propres, ses pratiques d'écriture et ses stéréotypies particulières. Enfants perdus livrés à la gueule des lions, explorateurs assiégés par des hordes de cannibales, reines des Amazones à l'ardeur tropicale, sous-offs ignares proclamés rois par des foules noires émerveillées : rien ne manquait aux terreurs rassurantes et aux espérances illimitées promises aux lecteurs, ces téméraires aventuriers en chambre. Mais ces fictions leur livraient aussi, sous le couvert didactique et moralisateur d'aventures déclarées authentiques, des histoires de pillages et des scènes de carnages - affabulations de militaires rêvant, dans l'attente de la Revanche, de blanchir l'Afrique noire en exterminant ses habitants. De la visite d'un continent alors si mal connu qu'on pouvait tout en dire, il ressort que la France, ligotée dans les certitudes rigides du positivisme, du nationalisme et du racialisme, a rencontré l'Afrique à la pire époque de son histoire intellectuelle, au point de faire d'elle le laboratoire fictionnel de ses songeries génocidaires, voire de ce qui apparaît après coup comme un proto-fascisme français.