Etude Du Dix Huitieme Siecle
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Dix-huitième siècle n.52 : barbaries, sauvageries ?
Dix-huitième siècle
- Etude Du Dix Huitieme Siecle
- Dix-huitieme Siecle
- 15 Septembre 2020
- 9791092328172
Catégories transhisroriques, barbarie et sauvagerie s'inscrivent dans l'histoire des nombreux visages d'une altérité lointaine ou toute proche, mais aussi dans une histoire propre au 18e siècle au sein de laquelle les découpes traditionnelles encre "nous" et "les autres" s'émoussent. Dans des territoires où des Européens qu'on dit "ensauvagés" côtoient les populations autochtones, et en un siècle où barbarie et sauvagerie servent de caution légitimante des aspirations de l'aristocratie ami-absolutiste, elles peuvent aussi être porteuses d'une énergie régénératrice des arts et des lettres.
Le tournant révolutionnaire rebat les cartes, y compris celles de la barbarie et de la sauvagerie, termes encre lesquels pourtant jusque là on faisait des différences. Et l'opinion devenant la reine du monde, qui saura s'emparer des deux catégories, d'abord ambiguës, ensuite stigmatisantes ? En enchevêtrant finalement barbarie et sauvagerie, le siècle se termine dans une confusion lourde de conséquences pour le 17 siècle.
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Ollivier : le lord impromptu
Jacques Cazotte
- Etude Du Dix Huitieme Siecle
- 3 Janvier 2022
- 9791092328158
L'oeuvre de Jacques Cazotte (1719-1792), principalement connu pour son Diable amoureux, a fait l'objet depuis les années 2000 d'entreprises éditoriales et critiques qui ont mis au jour la richesse de ses contes. Mais l'oeuvre narrative de Cazotte recèle aussi des nouvelles et des fables à redécouvrir. La présente édition propose de relire Ollivier, épopée chevaleresque en prose encore appréciée au xixe siècle, et Le Lord impromptu, nouvelle romanesque représentative de la mode anglaise de l'époque. Par leur diversité, ces deux oeuvres montrent comment Cazotte s'est frayé une voie propre - qu'il qualifiait lui-même de « bâtarde » - au sein de la littérature narrative de son temps.Ollivier nous entraîne dans un Moyen Âge fantasmé peuplé de souvenirs du Roland furieux et de Don Quichotte. La geste héroïque est le prétexte d'épisodes tour à tour comiques et merveilleux, faits de châteaux enchantés ou hantés, de fées, de génies et d'hommes ensorcelés, ailés ou musiciens. La mort de Cazotte sur l'échafaud en 1792 a nourri la légende d'un défenseur de la foi devenu illuminé, qui aurait prédit la Terreur dans sa correspondance comme dans ses fictions : ainsi fut lue et transmise la scène de la roue tranchante de la fée Bagasse séparant les têtes des corps.Autre décor, autre ton pour Le Lord impromptu : dans une Angleterre contemporaine évoquée avec précision, nous suivons les traces d'un jeune aristocrate recouvrant son rang et sa fortune grâce aux efforts de sa mère, une aventurière déclassée qui sait manier la « magie blanche » autant que la séduction. Si la vertu est toujours victorieuse, les travestissements dont elle use suscitent le soupçon et le trouble.En réunissant Ollivier, Le Lord impromptu et Le Diable amoureux sous le titre d'OEuvres badines et morales en 1776, Cazotte a lui-même indiqué l'unité de son entreprise narrative en la plaçant sous l'égide du dieu Momus, tel qu'on le voit ci-contre railleur et complice, entouré d'auditeurs absorbés et turbulents. De quoi donner raison à Nerval, qui voyait en Cazotte un écrivain « humoristique [...] spirituel et naïf à la fois ».