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Ypsilon
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Inédit en français, Les cendres de Gramsci (Le ceneri di Gramsci) est le plus célèbre des recueils de poèmes de Pier Paolo Pasolini. Publié en Italie chez Garzanti en 1957 et lauréat du prestigieux prix Viareggio (ex aequo avec Les Poésies de Sandro Penna, dans la section poésie, Le Baron perché d'Italo Calvino et Valentino de Natalia Ginzburg, dans la section récit), il est traduit aujourd'hui intégralement pour la première fois en français. Seulement quelques poèmes avaient été déjà traduits et intégrés dans des anthologies dans les années 1980. Le volume est composé de onze poèmes datés de 1951 à 1956. Le titre est emprunté à un poème imaginé devant la tombe d'Antonio Gramsci, pas loin de celle de Shelley (comme nous le fait remarquer Pasolini lui-même dans une note), au cimetière non-catholique de Rome. Plusieurs poèmes font référence à des évènements de l'époque, entre autres l'accusation d'obscénité vis-à-vis de son roman Ragazzi di vita. L'écriture poétique du recueil tend à la prose, effleure l'essai, on reconnait les circonvolutions de la pensée propre à Pasolini, ses paysages, ses prises de position, ses questionnements, son lyrisme en action. C'est une écriture en vers à la fois intellectuelle et populaire, qui cherche à dépasser cette binarité, pour affirmer une nouvelle « poésie civique ». Notre édition est bilingue italien-français.
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Nouvelles lettres portugaises
Maria isabel Barreno, Maria Velho da costa, Maria teresa Horta, Ilda Mendes Dos Santos
- Ypsilon Éditeur
- 7 Mai 2025
- 9782356541314
Chef-d'oeuvre interdit de la littérature portugaise du XXe siècle et de la littérature féministe du monde entier : Nouvelles lettres portugaises de Maria Isabel Barreno, Maria Tereza Horta et Maria Velho da Costa, paraît en 1972 à Lisbonne, encore sous la dictature, et est mis au ban. Pour avoir posé frontalement la question « Mes soeurs : / Mais que peut la littérature ? ou plutôt : que peuvent les mots ? » et pour y avoir répondu radicalement, les trois autrices sont poursuivies pour outrage aux moeurs et pornographie. Le procès, qui durera 2 ans et finira avec la révolution des oeillets par l'acquittement des celles qui seront désormais appelées les « 3 Marias », provoque un mouvement de protestation et de solidarité international inoubliable. En France Monique Wittig, avec Vera Alves da Nóbrega et Évelyne le Garrec, publiera vite une traduction française (au Seuil en 1974), une édition plus militante que littéraire, vite épuisée et jamais rééditée, qui reste une relique. Notre nouvelle traduction intégrale vient combler un vide et exaucer le désir de rendre à cette oeuvre révolutionnaire toute sa valeur littéraire et politique.
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En huit poèmes et cinq dessins, Djuna Barnes fait ici le portrait des « Répulsives » du New York des années 1910. Vaguement identifiées (cadavres à la morgue, danseuse de cabaret, prostituée, silhouette aperçue depuis le métro aérien, amante, mère ?), ses figures sont avant tout des corps. Le Livre des Répulsives fait le portrait de ces corps dans l'espace qu'ils s'approprient et qu'ils projettent, par l'exercice assumé de leurs désirs et le contournement des stigmates du féminin, qui condamnent les autres au confinement, à la « vie défaite » de l'ordre victorien. The Book of Repulsive Women est publié en 1915 à New York et vendu 15 cents. Son caractère sulfureux ne semble pas étranger au succès immédiat qui porte l'imprimeur éditeur Guido Bruno à augmenter rapidement le prix à 50 cents. Mais la représentation de relations sexuelles entre femmes est sans doute alors trop inconcevable pour être perçue par les ligues de vertu et le livre échappe complètement au scandale et à la censure. Alors qu'en 1928, Ladies Almanack - Almanach des dames, chronique plus ou moins cryptée de la vie lesbienne à Paris, imprimé en France, sera interdit de territoire américain, et son premier roman Ryder, qui paraît à New York la même année, y échappera à peine. Ces deux livres sont aussi furieusement illustrés par l'autrice et édité en français par nos soins.
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Dense et admirablement sensible, cette dernière oeuvre intemporelle d'Unica Zürn (1916-1970) est considérée comme un livre culte. Un roman d'apprentissage dont le récit initiatique est cruellement autobiographique et prémonitoire. Les souvenirs d'enfance de la jeune Berlinoise sont bouleversants : la découverte par l'enfant des rapports entre les sexes est brutale, la curiosité vis-à-vis de la sexualité est abusée. Ce n'est pas l'amour fou des surréalistes qui fait frémir la jeune fille, mais la violence du frère, l'hostilité de la mère, la fausse bienveillance du père. Un quotidien aussi commun que mystifié qu'il s'agit de libérer de tout artifice. La nouvelle traduction de Lucie Taïeb rend à Unica Zürn son corps, sa vie, sa mort et la beauté de son écriture.
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« La poésie ne doit pas être confession mais recherche de vérité », affirme-t-elle. « La poésie, pour moi, c'est d'abord réussir à transmettre l'expérience du réel collectif ». Or elle accepte ici, d'une certaine manière, d'expérimenter une prose directement et narrativement autobiographique - avec la distance d'une troisième personne et de multiples transfigurations, certes, mais cependant lisible comme le journal d'une crise, où le sujet se raconte et, se racontant, remonte dans le passé aux racines de son histoire, et se questionne. Étonnamment, elle définit elle-même ce texte comme son « mini-roman ». Journal Obtus (Diario ottuso, 1990) est l'avant-dernier livre publié par Amelia Rosselli - « le plus grand poète italien du XXe siècle », au dire de Pasolini qui publie ses premiers poèmes dans la revue de Vittorini et Calvino, Il Menabò, en 1964.
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Fresque historique, roman naturaliste et féministe sorti du XIXe siècle italien en plein XXIe, le nouveau livre de l'autrice sicilienne Maria Attanasio est une surprise éblouissante. Quand en 2010, Maria Attanasio découvre par hasard l'existence de Rosalie Montmasson (1823-1904), héroïne de l'unité italienne, effacée de tous les livres d'histoires et de la mémoire collective, elle décide de mener l'enquête.
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Après avoir publié 14 volumes des oeuvres complètes de la légendaire Alejadra Pizarnik (qui est désormais l'une des poètes les plus aimées en France) - c'est-à-dire un par un tous les livres publiés de son vivant (dans le respect de leur composition et édition originales), de La terre la plus étrangère à L'enfer musical, plus quatre livres inédits, puis sa Correspondance en français avec André Pieyre de Mandiargues et le premier tome du Journal, - nous avons décidé de rassembler les titres parues pendant sa vie sous un seul :
Oeuvres I (c'est-à-dire un premier tome, le deuxième rassemblera les inédits, ce qu'elle n'avait pas publié mais gardé dans ses dossiers). Notre choix de traduction, fait au commencement de ce projet exceptionnel, tient ainsi parfaitement son pari, car Jacques Ancet a traduit tous les titres de ce premier tome et Étienne Dobenesque ceux de celui qui formera le deuxième.
Nous avons demandé à Liliane Giraudon (autrice d'une oeuvre remarquable publiée principalement chez P.O.L) d'écrire un texte à sa guise pour accompagner cet ensemble inaugural. Nous proposons ainsi une sorte de « Pizarnik de poche » ou mieux portatif, une sorte de best of de notre poète culte dans notre petit format savament et poétiquement illuminé par une consoeur contemporaine.
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Après avoir rassemblé dans un seul volume - oeuvres 1 - tous les titres publiés par Alejandra Pizarnik de son vivant, ce second volume - oeuvres 2 - recueille les inédits, les textes qu'elle n'avait pas encore publiés mais qu'elle gardait soigneusement dans ses dossiers : de Textes d'Ombre, le livre sur lequel elle travaillait au moment de sa mort, aux proses de Cahier jaune, en passant par la pièce de théâtre écrite en six jours Les perturbés dans les lilas, et tous les poèmes, Approximations, mis de côté au fil des années en vue d'une possible publication ; pour finir avec une exceptio, son tout premier livre La terre la plus étrangère, qu'elle renia mais qui pour cette raison mérite une place particulière. À partir de ce livre de jeunesse, comme César Aira nous le fait si bien remarquer, nous pouvons recommencer à lire toute l'oeuvre d'Alejandra Pizarnik autrement. Le texte de Laura Vazquez, qui clôt ce volume, vient apporter un nouveau regard sur une trajectoire poétique qui ne cesse de fasciner et interroger les lectrices et lecteurs qui la (re)découvrent.
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La solitude de l'enfance et l'étonnement de la vieillesse, les livres lus et les films vus, le métier d'écrivain (« écrire était pour lui comme habiter la Terre »), la musique d'opéra (le titre est un vers du Lohengrin de Wagner), la famille, la société, la politique, le fait de croire ou ne pas croire en Dieu : les courts récits recueillis ici ressemblent aux pages de ce journal que l'autrice déclarait n'avoir jamais su tenir. Ils sont proches, en termes d'affinités thématiques et de finesse narrative, de ses chefs-d'oeuvre Les mots de la tribu et Les petites vertus qui, comme tous les livres de Natalia Ginzburg, tiennent à sa vocation de raconter des histoires vraies à partir de la sienne. Dans leur désinvolture, dans leur placide désordre quotidien ou leur inquiétante étrangeté, ces brefs essais-chroniques abordent des questions qui appartiennent à chacun d'entre nous. Autoportrait singulier d'une femme qui dans la vie a choisi d'écrire, Ne me demande jamais devient ainsi une expérience familière, un objet destiné à nous accompagner jour après jour.
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Publié en 1962, Le piccole virtù est un livre charnière dans l'oeuvre de Natalia Ginzburg. Connue pour ses romans, dans ce premier livre d'essais, Natalia Ginzburg - dont l'écriture est essentiellement attachée aux faits, aux gestes, aux voix et aux cadences - reste fidèle à elle-même : la recherche de l'essentiel est toujours concrète, toujours incarnée, les expériences morales prennent un sens physique - elle reste dans la narration qu'il s'agisse d'énoncer une pensée générale ou un jugement sur l'existence.
Les petites vertus, ces onze textes (dont l'année et le lieu d'écriture sont si importants) entre autobiographie et essai, donnent à voir et à entendre, voix, figures, et paysages du siècle passé, à sentir et à penser une manière de vivre et un être au monde qui font partie de notre histoire. Parmi les chapitres de cet ouvrage, il faut remarquer tout particulièrement "Portrait d'un ami" (Rome, 1957), qui est la plus belle chose qui ait été écrite sur Cesare Pavese.
Et aussi, les pages écrites immédiatement après la guerre, qui expriment avec une force brûlante le sens de l'expérience d'années terribles (en gardant, comme dans "Les souliers éculées" (Rome, 1945), un sens presque miraculeux du comique). Les souvenirs de l'exil, dans "Un hiver dans les Abruzzes" (Rome, 1944), côtoient les réflexions sur "Mon métier" (Turin, 1949). Enfin, dans "Silence" (Turin, 1951) et "Les petites vertus" (Londres, 1960), on trouve une Natalia Ginzburg moraliste dont la participation aiguë aux maux du siècle (passé) semble prendre naissance dans une sorte de empathie intime.
"Outre une leçon de vie, c'est une leçon de littérature que nous pouvons tirer de la simplicité de ces pages". Italo Calvino.
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- La disparition est sans doute un thème rebattu, mais elle a rarement fait l'objet d'une contemplation aussi fervente ou suscité un sentiment aussi puissamment tangible - Chacun des divers objets décrits dans ce livre - un tableau de Caspar David Friedrich, une espèce de tigre, une villa à Rome, un poème d'amour grec, une île du Pacifique - partage avec les autres un destin commun : il n'existe plus, si ce n'est sous la forme ultime d'une trace écrite. Rappelant les oeuvres de W. G. Sebald, Christa Wolf et Rebecca Solnit, l'Inventaire de choses perdues est une magnifique évocation de douze trésors singuliers perdus pour le monde à jamais mais qui, ensemble, ouvrent de nouvelles perspectives fascinantes sur les manières de penser l'extinction et la perte.
Par ses recherches et sa conscience aiguë des raisons pour lesquelles ces disparitions nous importent, Judith Schalansky, l'autrice acclamée de l'Atlas des îles abandonnées, laisse ces objets parler d'eux-mêmes : elle fait entendre la voix d'autres sources, creuse le langage de témoignages contemporains et interroge en profondeur la notion même de mémoire. -
César Aira excelle dans l'écriture de cette unique biographie d'Alejandra Pizanrnik. Aira et Pizarnik se sont rencontrés et fréquentés à la fin des années soixante : le jeune César Aira venait de débarquer à Buenos Aires et de créer la revue littéraire El cielo (Le ciel) qui a publié, entre autres, des poèmes et des traductions (d'Artaud notamment) de la poète déjà culte Alejandra Pizarnik. Aira admire profondément l'oeuvre de Pizarnik et reste marqué par cette « figure clé de la littérature argentine et hispano-américaine des années cinquante et soixante », dont il fait un portrait révélateur. Lucide, affectueux et espiègle, Aira raconte comment la vie et l'oeuvre de cette poète vénérée sont devenues un mythe, comment Pizarnik elle-même a construit son personnage. Son récit suit la trajectoire d'une vie, rend compte de l'époque, à travers les textes et les auteurs qui les ont peuplées. En distinguant bien les deux, la vie vécue et les livres lus, Aira montre les relations à l'oeuvre dans un certain monde et mode littéraires : « Comme presque tous les très bons écrivains, Alejandra Pizarnik a toujours été un centre autour duquel le reste s'est organisé. Une dialectique intrigante était à l'oeuvre dans le personnage auquel elle s'identifiait : elle l'avait construit avec des traits secrets qui valaient par leur secret, mais le personnage, étant un personnage, était fait pour les autres, était public par essence. »
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Ces Feuilles sont tirées d'un cahier retrouvé dans une malle en 1976 parmi d'autres manuscrits inédits de Pier Paolo Pasolini. Le projet date sans doute de 1945, trois ans après la publication de son premier recueil, en frioulan, Poèmes à Casarsa. Il s'agit de douze brefs poèmes en « espagnol », avec des traductions, en italien et en prose, reportées à la fin, comme dans les recueils frioulans.
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Journal, premiers cahiers : 1954-1960
Alexandra Pizarnik
- Ypsilon Éditeur
- 16 Avril 2021
- 9782356541024
L'immense Journal d'Alejandra Pizarnik, texte majeur d'une oeuvre aussi nécessaire que fatale, sera enfin traduit et publié entièrement en France. Il s'agit de 19 cahiers qui forment un ensemble de 1104 pages dans l'édition espagnole de référence : Diarios1954-1972 (Lumen, 2013). Projet assez titanesque, il sera réalisé en deux temps, nous présentons aujourd'hui le premier tome qui est complétement inédit en français.
Il est composé des neufs premiers cahiers qui datent de fin septembre 1954 à août 1960. Alejandra Flora Pizarnik a 18 ans, quand elle commence son Journal, mais il est évident tout de suite qu'il ne s'agit pas d'un simple document ou d'un témoignage en marge de l'oeuvre poétique de la future écrivaine (elle publie son premier livre en 1955), ce sera une oeuvre à part entière, puissante, nécessaire.
D'ailleurs, Alejandra Pizarnik s'inscrit elle-même volontairement dans le genre littéraire du journal, des écrits autobiographiques, en citant clairement ses références, du Journal de Katherine Mansfield et de Virginia Woolf en passant par les Journaux de Kafka (qui venait de paraître en Argentine traduits par J. R. Wilcock et qui fut un livre de chevet pendant des années pour Pizarnik), et les écrits autobiographiques de Baudelaire (Fusées, Mon coeur mis à nu).
De façon plus large, Pizarnik définit d'emblée son projet littéraire en le plaçant dans la lignée de l'écriture introspective, une écriture du moi, ou du je, entre deux pôles qui seraient, pour l'écriture du moi la Recherche du temps perdu de Proust, et pour l'écriture du je, Une saison en enfer de Rimbaud. Mais au-delà des références données par la jeune écrivaine, aspirant dès le début à la postérité littéraire ("peut-être ma plume explorera-t-elle des lisières inconnues, peut-être mon oiseau sera-t-il glorieux, peut-être mon nom aura-il droit à son auréole, peut-être ma mort sera-t-elle ma naissance".), ce qui construit la trame de son Journal est une quête éperdue de vérité, à travers le langage.
Quête cernée en permanence par l'attrait de la mort et l'angoisse de la disparition : "J'aspire à la lucidité. J'ai peur de ne jamais l'atteindre".
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Fichu, c'est fichu ou l'histoire d'un homme qui voulait faire les travaux domestiques
Wanda Gag
- Ypsilon Éditeur
- 3 Novembre 2023
- 9782356541239
Fichu, c'est fichu de Wanda Gág (Gone is Gone, paru aux États-Unis en 1935) est un charmant petit format illustré qui raconte l'histoire d'un couple de paysans et de leur folle journée advenant suite à la mise au défi, lancé par Liesi - la femme -, à son mari - Fritzl -, de s'occuper des tâches ménagères quotidiennes.
Grâce à ce tour de passe-passe narratif de l'inversion des rôles de genre, l'autrice compose une fable drôlatique pleine de bon sens. Tel un Charlie Chaplin du tournant du siècle, le pauvre Fritzl s'embourbe par ignorance dans les difficultés du labeur domestique et provoque l'hilarité du lecteur face aux conséquences des catastrophes attendues. Mais la leçon qu'en tire la malicieuse Liesi n'est pas cruelle, elle rappelle tout bonnement qu'on ne trouve le bonheur à deux seulement si l'on fait l'effort de connaître la réalité de l'un et de l'autre.
L'écriture fine de Gág, qui joue d'apostrophes et d'adresses au lecteur, puise son inspiration dans les comptines et les récits populaires.
Son dessin au trait rond et robuste évoque la ruralité élémentaire de la vie à la ferme et fait preuve d'inventivité asticieuse dans la composition de ces saynètes pleines de vie. Pour celle qui a adapté en mots et en images de nombreux contes des frères Grimm, et qui voulait adapter de la même façon Walden de Thoreau, Fichu, c'est fichu est une ode au quotidien et à la sagesse de ses ancêtres - l'histoire est transmise par sa grand-mère - et un prétexte à mettre en lumière les préoccupations des femmes engagées de sa génération, à savoir démontrer que la quête de l'égalité est une histoire vieille comme le monde. -
Journal II : années françaises 1960-1964
Alejandra Pizarnik
- Ypsilon Éditeur
- 7 Avril 2023
- 9782356541185
Recemment oeuvres I et le premier tome du Journal ont eu un franc succès et atteint un nouveau public.
Aujourd'hui nous présentons l'édition du deuxième tome de son Journal (le premier tome paru en 2021 a gagné le prix Clarens du journal intime, le troisième et dernier paraîtra en 2025). Il est important de situer tout de suite les 6 cahiers qui le composent : ils ont été tous écrits pendant les années passées en France, presque exclusivement à Paris, par Alejandra Pizarnik. Un séjour qui a particulièrement marqué la jeune femme et l'écrivaine en fleur. Elle a 24 ans quand elle débarque dans la ville lumière et capitale de la littérature, pour poursuivre son rêve et le plus grand désir : écrire et être écrivaine. « Mais comment rendre réel mon monologue obsessionnel, comment transmuer en langage ce désir d'être. La vie perdue pour la littérature, à cause de la littérature. Je veux dire, à vouloir faire de moi un personnage littéraire dans la vie réelle, j'échoue dans mon désir de faire de la littérature avec ma vie réelle, puisque celle-ci n'existe pas : c'est de la littérature. » -
Croce e delizia (Croix et délice), est un livre central dans l'oeuvre de Sandro Penna. Il paraît en 1958, chez Longanesi, 3e volume d'une nouvelle collection de poésie dont les deux précédents sont L'usignolo della Chiesa Cattolica de Pier Paolo Pasolini et Alibi d'Elsa Morante. Pier Paolo Pasolini, Elsa Morante et Alberto Moravia apportèrent une aide fondamentale à la publication de ce recueil de poèmes, car leur ami Sandro Penna se perdait comme son habitude dans son désordre et indécision. Le recueil est composé de 40 poèmes, sélectionnés dans la production des dernières 30 années. Nous présentons un important choix de poèmes, datés de 1927 à 1977, tous traduits et sélectionnés par Bernard Simeone, dont la connaissance et la passion pour la poésie de Penna apparait dans la pertinence de sa traduction. La simplicité de la langue de Sandro Penna est insaisissable, naturelle et ciselée, onirique et quotidienne, comme sa modestie fière et son innocence grivoise.
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Un peu de fièvre (Un po' di febbre publié chez Garzanti à Milan en 1973) rassemble « les quelques feuilles éparses » écrites entre 1939 et 1941 et parues dans des magazines et des journaux ainsi que des textes inédits et des brefs récits spécialement choisis par l'auteur, qui voulait ainsi donner vie à son seul livre en prose. Un exploit pour le grand poète Sandro Penna, toujours subtilement indécis et savamment maladroit dans la composition de ses recueils. Ce sont des pages marquées par cette grâce et cette clarté propres à la voix de Penna, où l'on retrouve les lieux et les impressions caractéristiques de son oeuvre, dans une exploration curieuse des détails et des nuances d'une réalité qui restait seulement évoquée dans les vers par des apparitions plus rapides et fugaces. Penna propose là une variation magnifique sur ses motifs les plus connus (l'amour, la mort, la peur, les jeunes gens, les villes italiennes comme Rome, Venise, sa Pérouse natale...), recréant un monde à la fois ordinaire et magique, transparent et mystérieux. La nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro restitue merveilleusement la grâce du poète italien et donne à lire ou relire cette oeuvre intemporelle de la littérature mondiale.
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Cet ouvrage mêlant récit intime, convictions politiques et faits historiques, est composé d'extraits (les plus percutants, plus internationaux) d'essais, articles, interviews et discours de May Ayim. Ils dressent un état des lieux du racisme dans l'Allemagne réunifiée, qui a marqué à jamais les études postcoloniales allemandes.
May Ayim a su partager son expérience d'enfant noire adoptée par une famille blanche en Allemagne de l'Ouest dans les années 1960, puis celle de l'âge adulte au moment de la Chute du mur. Elle a pu raconter, à partir de son enfance, une réalité et une histoire qui dépasse largement la sienne. Elle touche aussi bien un collectif invisibilisé, dont elle donne à voir et à entendre les vies jusque-là ignorées et méprisées, et un inconscient collectif dont elle dénonce l'arrogance ignorante et violente -
Manifesto per un nuovo teatro paraît dans le numéro 9, janvier-mars 1968, de la fameuse revue romaine Nuovi Argomenti (revue littéraire trimestrielle dirigée par Alberto Carocci, Alberto Moravia, Pier Paolo Pasolini).
Manifeste programmatique pour un théâtre de Parole, ce texte est une déclaration extrême et extrémiste du plus excessif des écrivains italiens du XXe siècle. Une déclaration de guerre à la culture bourgeoise par la critique de la notion de culture et de bourgeoisie. Cela est possible grâce à une lutte littéraire et politique qui se passe au théâtre - un nouveau théâtre - le théâtre de la Parole. Toute la force nécessaire pour cette critique radicale est à chercher dans la puissance de la parole c'est-à-dire dans le poème. On retrouve ici un concept majeur de la pensée de Pasolini (présent dans toutes ses oeuvres, qu'elles soient cinématographiques, littéraires, critiques...) : l'action de la parole est maximale quand la parole est écrite dans la langue de la poésie, c'est-à-dire quand toutes ses propriétés et possibilités, sont engagées pour réinventer le langage et l'humain.
Ce manifeste est donc un texte littéraire, politique, théorique & pratique, de critique théâtrale mais surtout de critique sociale.
En 43 points, sur moins de trente pages, Pasolini lance un défi à tous et à chacun, mais spécialement aux intellectuels (de métier ou dilettantes), un défi qui est toujours terriblement d'actualité.
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À Caltagirone [en Sicile], cette manière de penser [révolutionnaire] et les luttes, on les doit aux femmes. Poétique, tumultueuse et chorale, l'histoire de la lutte interminable pour la création de la section féminine du PCI (Partie Communiste Italien) de Caltagirone se déroule comme une représentation populaire, bien qu'elle parle d'événements réels. Concetta La Ferla - leader du peuple et proto-féministe qui pendant trente ans a été la protagoniste absolue de la lutte de classe et de la libération des femmes en Sicile - les incarnent avec une voix ancienne de conteuse, capable de restituer à ces événements toute la force mythologique et allégorique qu'ils avaient pour celles et ceux qui les ont vécus.
Lutte contre le besoin, désir de liberté, soif de justice :
Mais aussi rêve du bonheur. Le rêve de la révolution.
Maria Attanasio réussit spectaculairement cette mise en scène écrite.
L'histoire mémorable de Concetta et ses femmes existe parce qu'elle prend la forme d'un livre, des plus insolites par la manière même d'être conçu, grâce aux talents de l'écrivaine Maria Attanasio qui enregistre et transcrit et donne une seconde vie (et immortelle) à la voix espiègle de la protagoniste, Concetta La Ferla - Maria écrit, Concetta raconte. C'est un livre inclassable : il est autobiographique, mais pas vraiment; il a une valeur historique, littéraire et documentaire, mais intimement. C'est le livre d'une vie et sa raison d'être est une question de responsabilité : quand le passé de la mémoire a besoin du présent de l'écriture pour exister, quand la parole politique fait appel à la voix de la narration pour résister.
C'est donc un texte qui entre parfaitement dans notre collection « contre-attaque » qui publie une littérature plus ouvertement mêlée à la politique et à l'histoire, et c'est un volume qui forme presque un couple (bien étrange) avec celui de Bei Dao dernier publié dans cette collection, puisque les deux sont des récits de mémoire(s) et autobiographiques écrits par des poètes.
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La panthère et le fouet : poèmes de notre temps
Langston Hughes
- Ypsilon Éditeur
- 17 Septembre 2021
- 9782356541055
Dernier livre de Langston Hughes, le plus grand poète Africain-Américain du XXe siècle, La panthère et le fouet paraît en 1967 à New York chez Knopf, quelques mois après sa mort, il avait été conçu et composé par lui-même. En 4e de couverture ces mots : « Avec la publication en 1926 de son premier livre de poèmes - The Weary Bleus [& de la revue Fire!! dont Langston Hughes est l'un des principaux animateurs ainsi que le chef de file de la Renaissance de Harlem] - Langston Hughes devient le principal interprète en vers de la vie des Noirs américains aux États-Unis, et le restera pour toute sa vie. Les poèmes de ce livre, qu'il composa juste avant sa mort, affrontent à bras-le-corps la question raciale qui n'a cessé d'ébranler les États-Unis. Langston Hughes écrit sur les manifestations, sur les sit-ins, sur les discours et les prières pour la Liberté, sur la violence et la non-violence, de l'Alabama à Harlem ; il évoque la tragédie de Birmingham et la mort à Yorkville. Quarante-quatre de ces poèmes sont inédits, et les vingt-six autres, qui sont extraits de recueils plus anciens, prennent ici, dans cet ensemble, une nouvelle signification. » Aujourd'hui en 2021, ce livre s'enrichit d'une autre signification, grâce à sa première traduction en français, tout en représentant toujours la question raciale des États-Unis au monde entier, en s'adressant à des nouveaux interlocuteurs. Tous les poèmes sont encore malheureusement actuels et magnifiquement puissants ; Langston Hughes reste un interprète essentiel de notre vie et de ce qu'on pourrait appeler le cas de conscience (post-)colonial. La panthère et le fouet porte un sous-titre frappant : Poèmes de notre temps - c'est un livre intempestif.
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Blues en noir et blanc est le premier livre publié par May Ayim, à Berlin en 1995, et aujourd'hui traduit en français pour la première fois. L'indocilité, l'humour et l'expression poétique de May Ayim ont enchanté la poète africaine-américaine Audre Lorde (amie et compagne de lutte) et l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé ainsi que des foules de jeunes gens. Son écriture évoque les marges de la société, les sentiments et les fragilités de l'individu mais aussi les combats personnels et collectifs d'autrefois comme d'aujourd'hui. Pour la première fois dans la littérature allemande, une poète aborde les impensés coloniaux, racistes et consuméristes. Sa critique s'arme d'ironie face au train-train du monde comme il va, avec un humour qui nourrit une énergie combative, loin de l'indignation stérile. Sensibles, lumineux, ses poèmes regardent le passé et le présent en face. Née à Hambourg en 1960 d'un père ghanéen et d'une mère allemande, l'écrivaine et militante May Ayim meurt violemment en 1996 à Berlin, où un quai porte aujourd'hui son nom. Encore inconnue en France, May Ayim a écrit principalement des poèmes et des essais qu'Ypsilon a l'intention de publier en plusieurs volumes, à partir du recueil de poèmes blues en noir et blanc dont nous proposons aujourd'hui une édition bilingue dans le respect de l'esprit et de la lettre de l'édition originale : en reprenant l'avant-propos de Maryse Condé, les signes-symboles Adinkra, le glossaire, ainsi que la disposition des poèmes sur la page. La singularité de ces poèmes est propice à traverser les frontières, et peut-être spécialement en France où la littérature en général, et la poésie en particulier, peuvent (et devraient) aider à faire face au passé colonial, et ses conséquences, comme au présent des migrations...
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C'était en l'an 1698 qu'advint dans la ville le fait mémorable
Maria Attanasio
- Ypsilon Éditeur
- Fragile
- 4 Mars 2022
- 9782356541093
Chronique, récit, bref roman - C'était en l'an 1698 qu'advint le fait mémorable raconte l'histoire d'une femme-homme qui vécut en Sicile au temps de l'Inquisition et du Baroque... À partir de la chronique d'un fait aussi mémorable qu'oublié, conservé dans les vieux livres des archives de la ville de Caltagirone, grâce à la main curieuse d'un potier qui se fit scribe, Maria Attanasio reconstruit savamment et poétiquement - en donnant une lumière et une tournure des plus singulières à des paysages et des mots aussi anciens que contemporains - l'histoire de Francisca, dont on va à la rencontre dans les venelles de cette vielle ville sicilienne... À la mort accidentelle de son mari, avec qui elle vivait pauvrement mais honnêtement et travaillait de pair à pair - pour échapper au seul destin concevable pour une misérable veuve au XVIIe siècle, c'est-à-dire la prostitution et la servitude - Francisca décide de se déguiser en homme et de continuer à travailler dignement... Mais les moeurs, à cette époque en ce lieu, la jugèrent différemment, accusée de sorcellerie, elle devra rendre compte de son comportement au Saint Tribunal... ««Femme au-dedans, homme au-dehors», répond-elle à la question de l'Inquisiteur. «Et si je faiz cette chose que de femme je deviens homme, je le faiz pour travailler, pour mordre mon bout de pain.» Et à son tour elle demande, on imagine avec quelle voix, avec quel regard rivé sur don Bonaventura [l'Inquisiteur] : «Moi ce faisant, à qui je faiz du tort, à qui je dérange, mon Maître ?»»