Recueil de poèmes libres abordant notamment les thèmes du temps qui passe, de la douleur et de la solitude.
Outre la qualité intrinsèquement lyrique des vers de Gérard Noiret, c'est l'humeur générale positive et facile et amicale qui se dégage de ce recueil. Par ces temps si peu amènes, c'est un encouragement à envisager le poème comme un beau désordre d'humanité.
"J'étais un roi mage (nébuleux)" est un récit - une "autobiographie sans souvenirs", comme l'écrit Matthieu Mével. Qu'est-ce que ça veut dire "autobiographie sans souvenirs" ? Qu'y a-t-il dans ce livre ? Il y a des phrases. Un déploiement de phrases qui semblent arriver de partout : depuis la détresse et l'exultation, depuis la bibliothèque universelle, depuis cette courbure de l'écoute qu'on appelle, à chaque instant, la poésie.
Postface Yannick Haenel
Nous partageons avec le végétal beaucoup de nos gènes et l'introspection puissante qui règne dans la poésie de Camille Loivier fait resurgir cette question de l'espace partagé et de la délicate intention de notre passage ; qu'il soit le plus léger, sans empreinte excessive... Ainsi va la vie du poème, comme une passerelle entre soi et l'autre, quel qu'en soit sa nature, et l'excessive tentation du moderne dans la séparation des êtres et des choses. Camille Loivier entretient, entre langage familier et questionnement philosophique, le souci d'une écriture rompue à la vie, où l'expérience le dispute à la seule création que suppose la destination de la langue du poème.
Lisant Contes d'avant l'heure de Didier Cahen, le lecteur passe, comme à l'esquisse d'un geste définitif, d'un état de joie à une profonde mélancolie ; pressentant sans doute quelque danger, notre conteur poète semble nous assurer que passer du mélancolique au jovial, du taciturne au loquace ne sont pas des signes d'un quelconque courage, seulement la prescience qu'un danger est en soi, tapi , prêt à surgir, et qu'on sait imminent, à l'enseigne de la vie. Car la vie est dangereuse et si la poésie est un sport, elle est peut-être bien un combat tout autant ! Le livre retrace, en trois étapes, le destin d'un enfant qui cherche ce qu'il cherche... L'enfant est là/Comme un point de rupture/Filant dans le travers . Il suit les chemins aventureux d'une question actuelle, écrite, comme d'autres tercets de ce volume, dans la complicité avec un poète proche : Le jour se lève /Yhwh est-il un algorithme /Le nom de Dieu est-il un Big Data ?
Ce livre se situe dans la poursuite des précédents (Le pli, la pluie et puis après et Soif et surface de l'ombre) quant à la tonalité d'écriture, mais se différencie sans doute dans son objet. C'est un livre de brouillard (de confusion comme le titre l'indique), de différents voiles posés à la fois sur ce qui est dit et comment cela est dit. Des visions, des idées, des façons de se tenir, des mots parfois aussi, que tous et toutes nous avons inscrits progressivement, au compte-gouttes, dans nos vies, mais sans avoir jamais véritablement choisi de les faire nôtres, comme si elles s'immisçaient en nous à la manière d'une bactérie. Corps, humeurs, affections, situations charnelles ou anecdotiques du quotidien, circulation dans le monde, toutes ces formes d'expression manifestes se trouvent alors en partie désaffectées ou neutralisées.
Surgi du profond, venu des eauxsortide la caverne protectrice, le corps frêlede la naissance,le visage au regard qui se plisse et scrute,posésur le bras, beauté qui est l'évidence,l'acquiescement,le retour sans un cri de la présence,la clartéqui tombe, décisive, la fragilitéqui s'impose.Y. P.
Préfacé par James Sacré, ce volume, en format poche, reprend et rassemble les titres L'Amour 1, Les miettes de décembre, La durée des plantes et La bouche de quelqu'un.
Peu de temps avant sa disparition, nous avions longuement évoqué ce dernier manuscrit alors en chantier. Depuis, Antoine Emaz nous a quittés ; on ne sait s'il a pu y travailler comme il aurait aimé à le faire, menant jusqu'à son terme, de mouture en mouture, le livre en cours. Mais ce qui reste, c'est qu'après avoir eu la chance d'éditer son premier livre de poèmes, Tarabuste s'honore de l'amitié qu' Antoine Emaz lui fait en lui confiant son dernier manuscrit. ERRE est un grand livre, qui touche aux valeurs de beauté, de courage et d'humanité. L'essentiel d'une vie d'artiste. Djamel Meskache
"Détroit" vient s'inscrire dans la droite ligne de "D'une" (Tarabuste, 2019), mais selon une forme radicalement différente. Il s'agit ici de poèmes en prose. Composé de trois parties, "Détroit", "Mer" et "Je marche", l'ensemble propose une pensée depuis un centre névralgique, lieu d'une intériorité, jusqu'à son ouverture et son mouvement vers l'avant. "Détroit" part à la fois d'une épreuve réelle, d'un accident irréversible dans un parcours de vie, et d'une transposition imaginaire de cette épreuve, comme si le poète vivait et regardait vivre à la fois le corps.
Un recueil de poèmes qui, tour à tour, décrivent des choses vues par une fenêtre, racontent des instantanés de vie et listent des données imaginaires ou réelles.
Des poèmes s'inspirant des grands explorateurs et des récits de Jack London pour retranscrire les vertiges du voyage, du froid, de la solitude et des paysages lointains. Précédé d'un texte évoquant les méandres des rivières et leur symbolique.
"Mort d'Athanase Shurail" est une fiction - entre nouvelles expérimentales et poèmes en prose, écrite de 1996 à 1999, réécrite après - habitée par la notion de visualité, d'image et de visible. Telle une "dépression dans un jardin d'été", ce récit poétique explore le deuil et la mélancolie, sur le mode d'une mise en abyme "onirique et néo-baroque, érotique, moderniste et cinématographique". Travail formel, sensible et sensoriel sur le langage, immersion dans une inquiétude intermédiaire, entre Éros et Thanatos, "Mort d'Athanase Shurail" figure une traversée des peurs et de l'effroi, intérieur, souterrain, profond, que seul surmonte la tentation de ses personnages de décrire, d'inventer ou de projeter des images, des visions : leur mémoire et leur plasticité... Plus lointainement, "Mort d'Athanase Shurail" participe d'un engagement littéraire résolument lié à la recherche esthétique, et, à une pratique critique conçue, déjà, en amont, aux limites de la fiction.
Figures de solitudes met ensemble (et c'est un paradoxe qui montre peut-être un désir de maintenir le vivant dans la dispersion, sinon la disparition de tout) des poèmes saisis par un sentiment de solitude dans leur rapport au monde, aux autres, et à leur propre façon de s'écrire, d'être. Deux mots que voici rassemblés dans ce dernier titre, Figures de solitudes, qui semble dire (se demander plutôt) ce qu'est l'affirmation du vivant (ses figures) dans bientôt, et déjà, la plus grande des solitudes, celle du mourir.
On ne sait où ni quand cela a commencé, ni si une issue est possible, sachant que le mot finir est notre compagnon d'effroi. Ne persiste que cette embrasure d'instants que nous serrons dans l'avancée. Nous y émergeons quelquefois hors limite, quand l'imprévisible libère le foyer des suffocations et au devant éclairci se fait pure respiration ; même lorsque le passé s'épaissit en lourde traîne de lambeaux. La voix de Nicolas Cendo est lente et profonde ; sans doute composée d'importance. Sans être bruyante, c'est une langue est incisive et inquiète ; nette et bien que peu bavarde faite d'allusives intranquillités.