De l'extase aux abîmes du péché, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n'est autre que celui de la tragédie humaine.
Recueil condamné par la censure, cette oeuvre est l'archétype d'une nouvelle esthétique où beauté et sublime se côtoient.
Le désordre somptueux d'une passion exotique, éclat d'un météore, selon mallarmé ; un ange en exil aux yeux d'un bleu pâle inquiétant, pour verlaine.
Un " éveil génial ", et c'est le bateau ivre, une " puberté perverse et superbe ", puis un jeune homme brièvement " ravagé par la littérature ", le maître d'une " expression intense " aux sujets inouïs - tout cela dans un mince volume, dû au poète touché, puis déserté, par le génie, " aventure unique dans l'histoire de l'art ".
Clefs concours.
S'adressant à tous les candidats aux concours, en particulier Agrégation et CAPES, Clefs concours offre une synthèse par sujet. Conçu comme un repère par rapport aux monographies et aux cours et comme un outil de révision, chaque ouvrage est articulé autour de fiches thématiques permettant de faire le point sur les acquis de la recherche. Synthèse des travaux les plus récents, Clefs concours permet de s'orienter dans la bibliographie et de mettre en perspective l'évolution des savoirs.
Clefs concours Lettres. Tous les titres sont organisés autour d'une structure commune des repères : un rappel du contexte historique et littéraire ; les grandes "thématiques", indispensables à la compréhension des enjeux de l'oeuvre ; le "travail du texte" consacré aux questions de langue, de stylistique et de grammaire ; des outils méthodologiques : chronologie, glossaire, bibliographie ; un système de circulation entre les fiches et les références bibliographiques.
En 1943, François-René Daillie rencontre Maurice Betz, l'un des grands traducteurs de Rilke, et entreprend lui-même ses premières traductions du poète. C'est en 1948 qu'il s'engage dans la traduction des Elégies...
Voici donc le résultat de cinquante années de travail et de perfectionnements. Les dix Élégies n'ont jamais, à notre avis, atteint cette force poétique en version française. C'est à une lecture réellement nouvelle de ce chef-d'oeuvre que nous convie ce livre.
Publié du vivant de Fernando Pessoa, sous le nom de Álvaro de Campos - l'un de ses hétéronymes, ingénieur et poète futuriste - Ode maritime est l'un des plus célèbres et plus beaux poèmes de l'auteur. La Différence a déjà publié ce texte dans le tome III des " oeuvres complètes " (épuisé). Pour la présente édition, bilingue, la traduction a été revue et corrigée par Claude Régy et Parcídio Gonçalves, à l'occasion de sa création sur scène par Claude Régy en juin 2009.
Juvénal (60-140) se plut à opposer la dépravation de son temps aux moeurs plus chastes et droites des Romains de la République. Après s'être voué d'abord à la rhétorique, cet ami de Martial commença en effet à composer des satires vers l'âge de quarante ans, lorsque la chute de Domitien, puis le règne de Trajan et surtout d'Hadrien lui permirent d'exprimer le fond de son coeur en dénonçant surtout les abus dont il était témoin dans un art partagé entre le réalisme et l'outrance, l'emphase déclamatoire et la concision du proverbe. Juvénal fut poète politique, doublé d' un véritable philosophe et d'un moraliste d'inspiration stoïcienne.
Son oeuvre est un peu plus importante que celle de Perse : seize satires, dont les premières attaquent des travers précis et dont les dernières développent des thèmes moraux plus généraux. Ainsi la troisième satire évoque les embarras de la Ville, la sixième les femmes, la huitième les nobles ou la dixième les voeux...
Cette nouvelle traduction permet d'apprécier la souplesse de la composition des Satires en même temps que leur véhémence, tout en parachevant le travail entamé par Olivier Sers avec La Fureur de voir (Belles Lettres, 1999) et sa nouvelle traduction, très remarquée, dans la même collection, du Satiricon de Pétrone (2001).
Écrits en 1922 à Muzot, dans le Valais, en « quelques jours de saisissement immédiat » et conjointement aux dernières Élégies de Duino, auxquelles ils sont jumelés, les Sonnets à Orphée, sont une oeuvre magistrale et cristalline de Rilke. Après des décennies de traductions diverses, ils n'ont pas perdu un iota, ou un électron, de leur magnétisme, de leur puissance dionysiaque. Rilke affirme « le chant est existence » et son chant perpétue, en effet, une vibration lyrique de l'existence et de la pensée.
Rabindranath Thakur dit Tagore (1861-1941). Né à Calcutta dans une famille de lettrés opposés au système des castes, Tagore devient célèbre à seize ans en rédigeant une oeuvre qu'il fait passer pour celle d'un poète indien du XVIIe siècle. Il écrit aussi la première nouvelle en langue bengalie. Après des études de droit en Angleterre, il revient au Bengale en 1880. Infatigable voyageur, engagé en faveur de l'indépendance de l'Inde et d'un changement de la condition des femmes, il reçoit en 1913 le prix Nobel de Littérature qui assoit durablement son oeuvre parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Ayant touché à tous les genres (poésie, romans, théâtre, musique et même peinture) c'est néanmoins sa poésie qui fit l'admiration de André Gide, Maurice Maeterlinck, Pierre Jean Jouve, Henri Bergson, Thomas Mann, Bernard Shaw et de beaucoup d'autres.
Né en 1908 dans le Wisconsin, décédé à Grasse en 1989, Frederic Prokosch vécut longtemps en France, au terme de voyages nombreux, de longs séjours dans des ailleurs très divers. Il réunit ses poèmes à Londres en 1944 sous le titre Lyrics. Il n'en écrira pas d'autres. Marguerite Yourcenar souhaita les traduire. Pour leur singularité, leur imprégnation ironique ou sereine des beautés d'un monde sensuel en proie aux « excentricités de l'esprit » et aux impulsions irrépressibles des passions - d'un monde soumis à la « vigilance de la haine » ? Mais la guerre estompa, surtout aux États-Unis, la notoriété du romancier des Asiatiques et de Sept Fugitifs. Tel bien d'autres qui renoncèrent tôt à la poésie, Prokosch diffusa dans ses romans toujours un peu mystérieux ce que ses poèmes avaient murmuré « au fond du vieux corridor de nos désespoirs ».
Génie dans l'art, Sá-Carneiro n'a eu, en cette vie, ni joie ni bonheur. Seul l'art, qu'il fit ou sentit, lui apporta des instants de trouble consolation. Ainsi sont ceux que les Dieux ont prédestinés à leur appartenir. Ils ne sont ni chéris par l'amour, ni visités par l'espérance, ni accueillis par la gloire. Soit ils meurent jeunes, soit ils se survivent à eux-mêmes, hôtes de l'incompréhension ou de l'indifférence. Celui-ci est mort jeune, parce que les Dieux l'ont beaucoup aimé.
Mais pour Sá-Carneiro, génie non seulement de l'art, mais de l'innovation en art, il a dû subir, outre l'indifférence qui entoure les génies, la dérision qui poursuit les novateurs, prophètes [...]. Le cirque, plus qu'à Rome qui mourait, est aujourd'hui la vie de tout le monde ; mais ses murs se sont écartés jusqu'aux confins de la terre. La gloire est pour les gladiateurs et les mimes. La décision suprême appartient à n'importe quel soldat barbare que la garde a fait empereur. Il ne naît rien de grand qui ne naisse maudit, rien de noble ne grandit qui ne s'étiole en grandissant. S'il en est ainsi, qu'il en soit ainsi ! Les Dieux l'ont voulu ainsi.
Fernando Pessoa
"Sous un toit de chaume habite l'homme sauvage". Il s'agit de Han Shan, Mont froid en français, un sauvage mais aussi un sage de la voie de tous les jours.
Tout porte à croire que Han Shan vécut au VIIe siècle de notre ère, vers le début de la dynastie des Tang, mais la plupart des renseignements "historiques", quoique non datés, sur sa vie se trouvent dans ses poèmes. Fou de liberté, Han a entamé un travail intérieur dans la solitude sans se laisser tenter par les ornières des religions ou des philosophies établies. Le poème s'écrit de lui-même comme "la voie se trace en marchant" (Tchouang Tseu). L'écriture est alors comme le sang de la vie, comme une naissance en sursis qui, par la renaissance de chaque état d'être, s'engendrera elle-même par elle-même. S'amusant de son époque, Montfroid se moque de tout y compris de lui-même. Il a voulu se dégager jusqu'au bout du monde ou, pour reprendre son expression bouddhiste, de "la poussière rouge."
Hormis quelques lecteurs fidèles, attentifs au mouvement d'ensemble de son oeuvre, qui connaît vraiment Michel Butor poète ? Pour le grand public, il demeure ce romancier, auteur de La Modification, qui reçut en 1957 le prix Renaudot, il se voit inexorablement identifié à ce livre, et cantonné à travers lui dans l'aventure du « nouveau roman ». Or la réalité est bien différente. Depuis la publication de Mobile, en 1962, c'est en direction de la poésie que s'est orientée son écriture, ou plutôt est-ce ce mot de poésie qui convient le mieux pour désigner l'inflexion de son oeuvre vers des expérimentations sans cesse renouvelées.
L'un des paradoxes, et non le moindre, de l'oeuvre poétique de Michel Butor est sa fausse désinvolture. Elle manifeste un goût prononcé pour une inventivité débridée, dans la lignée surréaliste. Hostile aux règles, elle existe comme détachée des contraintes littéraires et affiche une grande liberté d'allure. Élaborée au croisement d'une respiration et d'une méthode, il semble qu'elle offre à son auteur la possibilité d'une écriture au plus long cours, d'un souffle plus ample, d'un phrasé musical qui se déploie plus librement que dans les couloirs narratifs du roman, parfois étagé en strophes de prose où il paraît rebondir comme sur les marches d'un escalier. Et c'est alors la jubilation d'un homme-langue, revêtant tour à tour toutes sortes de tenues, qui se donne à entendre.
Michel Butor est un oiseau. Michel Butor est un indien rusé en salopette. Son oncle par alliance est un vieil Inca atypique. Il cherche comme lui, et comme Arthur, son petit-neveu turbulent de Charleville-Mézières, « une nouvelle façon de nous rendre à notre état de fils du soleil ». Michel Butor est un gourmand, un chef cuisinier, un marchand ambulant (d'un temps passé). Je le vois en aviateur, en Merlin, en Hermès, en cambrioleur, en horticulteur habile, en lyrique, en homme-orchestre et en jeune singe paradoxalement sage, souriant patron des scribes d'aujourd'hui et de naguère.
J.-M. Maulpoix