Écrits en 1922 à Muzot, dans le Valais, en « quelques jours de saisissement immédiat » et conjointement aux dernières Élégies de Duino, auxquelles ils sont jumelés, les Sonnets à Orphée, sont une oeuvre magistrale et cristalline de Rilke. Après des décennies de traductions diverses, ils n'ont pas perdu un iota, ou un électron, de leur magnétisme, de leur puissance dionysiaque. Rilke affirme « le chant est existence » et son chant perpétue, en effet, une vibration lyrique de l'existence et de la pensée.
Edition revue, corrigée et augmentée de poèmes inédits suivie de La Charlotte et "Jasante" de la Vieille.
"Portrait littéraire d'une région aujourd'hui ravagée par la guerre, l'anthologie du Donbas réunit des écrivains originaires de l'est de l'Ukraine, qu'ils ont dû quitter temporairement, mais qui est toujours présent dans leurs coeurs et dans leurs esprits."
Le recueil Outre-Mer de Julien de Cornière peut se lire comme un carnet de voyage, une suite de chroniques poétiques visant à faire partager plus de dix ans d'existence tropicale sur l'île de La Réunion. Toujours marqués par cette volonté d'exprimer une expérience concrète, de découvrir un territoire nouveau, ses textes restent nourris par le témoignage journalistique et la vitalité d'un corps omniprésent.
«Quand de la faille, inaperçue dans son développement, Jaillira l'eau lucide, Son flux s'enrichira des feuilles Pleines des contes entonnés sous l'arbre.» Contrées intérieures accorde intensité et fécondité des paradoxes. Poèmes de forme libre, haïkaï et ghâzali se situent aux confluences entre récit, évocations des sens et réflexions philosophiques. Ils esquissent les échanges entre les mondes du sensible et de l'esprit. Chaque poème a son rythme propre et, pris ensemble, ils avivent autant d'animations en échos.
Reclus pendant le confinement sanitaire dans une station-service qu'il a transformée en théâtre, Gwenaël De Boodt écrit chaque soir un poème qu'il envoie à ses abonnés. Du carrefour désormais désert où résiste cette verrue honnie par certains, et et écrin de poésie pour d'autres, il observe le silence et les traces d'une frénésie suspendue, folie mécanique et mobilité forcenée dont il ne s'est jamais accommodé depuis son retour d'une longue marche à pied de Bretagne en Roumanie il y a vingt ans. Sur la scène, des livres et des fantômes. Dans son corps, des révoltes, des joies, des espoirs, des amertumes, des visions qu'il faut dompter par le verbe et dont il faut parfois laisser éclater la sauvagerie. Car le monde qui se prépare est celui des domestiques et du contrôle et qu'il n'y a rien à réinventer mais tout à poursuivre d'un chant qui ne doit pas s'éteindre.
Yûnus Emre (1240-1320) naît l'année où meurt ibn 'Arabî, le grand maître andalou qui a révolutionné la pensée dans le cadre du soufisme. Il est l'auteur d'un grand recueil de poèmes spirituels et d'un long poème de jeunesse didactique qui ont constitué le fond sur lequel la poésie turque anatolienne s'est développée. Il représente de manière exemplaire la contestation spirituelle du soufisme institutionnel que Hallâj inaugura. C'est pourquoi, si sa poésie peut être rapprochée de celle de Rûmî, elle témoigne d'une radicalité plus grande encore. Il frappe de son ironie irrespectueuse, déjouant a fascination mystique dont s'alimente le soufisme et chante l'amour de l'aimée dans la dépossession de soi.
Occident maître du monde. Chef d'orchestre sur la scène planétaire. Souvent, principal et seul acteur de l'histoire des peuples, il a façonné à sa convenance et à son profit l'organisation, la structuration des cinq continents. Qui est-il vraiment cet occident ? L'heure de sa découverte n'est-elle pas venue ? Faut-il alors qu'il enlève sa burqua pour nous livrer tout son visage et nous permettre de l'embrasser sur les deux joues. Mission difficile pour la poésie.
Ce recueil propose une poésie nouvelle avec des textes électriques qui explorent les énergies dans ce qu'elles ont de brut ou d'élaboré et les saisit là où on les attend le moins, sous les ogives des cathédrales, sous les racines formidables des arbres ou sous les sabots d'un cheval... La poésie s'assène comme un coup de poing ou chatouille comme une plume et se renouvelle d'être aléatoire et fluctuante.
"Cette édition bilingue présente une sélection de poèmes évoquant deux formes de modernité. D abord, la période allant de 1917 à 1939, puis celle s étendant de 1987 à 2014 pour une confrontation onirique de ces écrits et de leur rapport à la tradition."
"La mer, tellement au-delà des hommes, porte l'épave en errance. On finit par vivre / sur les berges du vertige / horizon sans l'avenir/ figé. Ce fond de noirceur et de désespoir est traversé par des incantations lumineuses qui révèlent toute la vigueur poétique de Michel Cossec. Il faut refaire le monde (...) s'enfermer d'exil à brasle-corps/ sur un fin fond d'étoiles vives (...) Alors l'aube serait d'un recommencement. Mais tour à tour resurgit l'ambivalence entre vie et mort, entre femme idéale et femme faste/tueuse. Michel Cossec expose des champs associatifs riches qui apportent au lecteur images et sonorités exotiques. Antemanha"
L'auteur, sur les chemins de terre ou de mots, cherche inlassablement la rencontre avec la nature, le monde, les hommes, pour retrouver les liens qui unissent les choses et les êtres. « Je suis assis, des collines et des bois plein les yeux. Qu'ai-je à faire ? Contempler, m'imprégner, retenir ce monde sans le toucher, sans rien prendre, élever une parole malhabile, encore sauvage, sèche et rebelle mais toujours amoureuse, d'un amour taillé dans le vent et la pierre. Rien qu'une musique de l'ordinaire, mais unique, émanation de la vie, d'un pays, d'un ciel. En écrivant le vent, j'écris depuis l'intérieur d'une enfance heureuse et ses nuits emmaillotées de vent. J'écris depuis la colline où veille encore, sentinelle de pierre, cette ferme posée à même la roche. »
Yves Teicher (1962-2022) a laissé sa marque en tant que violoniste improvisateur, enthousiasmant de nombreux publics - quelques enregistrements témoignent de son talent de créateur de sons et de rythmes. Avec ce recueil, c'est le poète qui prend place. Né à Liège, il a grandi avec la poésie aussi bien qu'avec le jazz, notamment à travers Arthur Rimbaud et Charlie Parker ; les deux se sont toujours mêlés en lui. De même qu'il a interprété et composé, il a écrit, le plus souvent avec un souci d'oralité, ainsi que le requiert la poésie. Dans cet ouvrage, on retrouve son univers empreint d'émerveillement et de révolte, d'humour et de grincement, de confidence et de chagrin. Par l'écriture, il livrait au monde, plus explicitement encore, sa sensibilité à fleur de coeur, au regard unique et aux rêves si précieux. Yves Teicher aura consacré sa vie à la poursuite d'une voie d'essence poétique, jusqu'à trouver peu à peu, au débouché d'une virtuosité délivrée par le sentiment, un espace de liberté où se recueille en lui l'artiste absolu.
« Dans ce nouveau recueil, Christian Dumotier par ces mots images, nous fait respirer la Provence, les fragrances des lavandes. Puis, le ton change, brutal. Les maux humains nous éclaboussent, maladies du mal-être, dérives humaines, souffrances des femmes, des enfants, pauvreté, inégalité, difficulté à vivre au quotidien.
On pénètre dans ce monde parallèle qu'on regarde sans le voir vraiment. On a peur, et on s'interroge sur l'humanité. Bouleversant. À lire absolument. » Jacqueline Siméon
De l'élégie à l'épopée, Lajos Nyéki conduit le lecteur des rives de son Ipoly natale, en Hongrie, aux berges de la Seine. Témoin de son temps, il fixe dans les résonances d'un expressionnisme nostalgique et parfois douloureux l'aventure de sa propre vie.
Quand auront passé / Ouragans / Et vents / Et tempêtes / Sur la tête des dunes / Quand les hamadas / Auront frémi / Aux caresses / De l'harmattan / Je viendrai / Dans mon boubou ample / Gonflé de bises / Et de gifles de sable / Vous conter la légende / Des dunes verdâtres / Et du silence des oasis.
L'azur de mon turban
L'auteure questionne la condition d'humain. Qui sommes-nous ? Quels sont le chemin à parcourir et le chemin parcouru ? Le constat de notre côté sombre est déchirant. Laura Grimaldi transmet toutefois notre part de lumière avec espoir, résilience et transcendance. Sa plume, son écriture vibrante dépeignent l'être en chemin avec force et présence vers une beauté essentielle.
« En écoutant la voix, les mots et la musique, c'est comme une caravane qui traverse l'esprit, un nuage qui passe, un beau cerfvolant mais perdu... Tout est intelligent, perspicace, beau et élégant. Selon mon point de vue, il y a une harmonie tout à la fois souple, douce et massive. Bravo ! » - Salah Al Hamdani, poète
Le son des jours, comme de sa voix intérieure à celle des autres il vibre et se fait entendre, leçon des jours lorsque de l'écoute commence le verbe apprendre. Il ne pouvait y avoir dans ce recueil de forme unique : nous traversons mille paysages, croisons mille visages et rayonnons nous-mêmes de tant de vibrations différentes. De la plus grave à la plus légère elles procèdent toutes cependant d'une même quête et leurs différences constituent un balancier d'équilibre au parcours d'une vie qui se tient sans arrêt sur un fil. Les liens s'établissent dans le temps, entre soi et les autres, entre ce qui fut et ce qui est, comme ils se tissent entre poésie et musique, entre le verbe et le chant.
Ce recueil est inspiré de la résistance des femmes du Kurdistan et d'Iran qui se battent depuis le mois de septembre 2022 pour la liberté et contre l'oppression étatique et patriarcale du régime des ayatollahs. Il contient 44 poèmes de poètes français et francophones, qui ont répondu à notre appel pour soutenir cette jeunesse révoltée et inspirante.
Jîna-Bendan, mot combiné de plusieurs significations et tiré du prénom kurde de Jîna Mahsa Amini, la jeune fille assassinée en septembre par la police de la moralité en Iran, rend hommage et célèbre la vie de Jîna et de tous ceux anéantis par les autorités iraniennes. À ce jour, 400 femmes et hommes, en majorité jeunes, ont été tués dans les rues ou exécutés dans les prisons du régime en Iran.
"Où se cachaient les étoiles défuntes - Et ces lieux proches des brindilles - Et des attroupements de couleurs ? - - Un parfum de feuille et de mousse persistait - Et l image de la pierre n était plus la même - - S écrivaient en langue des signes - Se dessinaient par les fenêtres traversantes - Des chansons de geste."
La vie de Parvine E'tessâmi symbolise la réussite des femmes iraniennes au début du XXe siècle et sa poésie continue d'être une des plus appréciée dans son pays. Par son père, elle rencontre des figures importantes de la culture iranienne, dont Ali Akbar Dehkhodâ ou le poète Mohammad Taqi Bahâr. Il l'initie aussi par ses propres traductions à la poésie occidentale. Une des particularités de sa poésie est le dialogue dans lequel elle donne la parole à des animaux, des bêtes, des plantes, des objets, voire des notions pour faire éclater une vérité humaine, d'où sa réputation de La Fontaine iranienne. Son oeuvre demeure fidèle à la tradition de la poésie classique tout en la modernisant.
On trouvera réunie ici l'intégrale des pièces de poésie de la période 1912-1920, celle des recherches expérimentales les plus poussées, aux allures de provocation surréaliste. Pour la période ultérieure le présent choix a privilégié les vers ayant valeur de manifeste ou de dialogue avec l'époque, en particulier les trois " conversation " en forme d'autoportraits avec Pouchkine, Essénine et Gorki.