Sans doute achevée vers 913, cette anthologie rassemble mille cent onze poèmes, presque tous des tanka (poèmes de 31 syllabes), représentant un siècle et demi de création poétique. Le Kokin waka shû marqua de manière définitive - et jusqu'à nos jours - la sensibilité et la perception de la nature des Japonais ; son influence sur la littérature postérieure - prose et poésie - est considérable. Il s'agit de sa première traduction intégrale en français.
Dans ce chef-d'oeuvre de la poésie épique sanskrite, Kalidasa raconte en 19 chants l'histoire de la dynastie mythologique des Fils du Soleil. Le poème est centré sur la figure de Rama, incarnation de Vishnu dans cette prestigieuse lignée. Les neuf premiers chants sont consacrés aux quatre prédécesseurs de Rama, de pieux rois dont les dieux mettent la vertu à l'épreuve par de subtiles malédictions et de terrifiants assauts. Dans les six chants suivants, l'auteur narre sa version du Ramayana. Il sélectionne dans la célèbre épopée de Valmiki les passages les plus propices à de somptueux développements lyriques :
La naissance miraculeuse de Rama, son union avec Sita, l'enlèvement de celle-ci par Ravana ou encore sa répudiation exigée par les sujets du royaume. Le poème évoque ensuite les descendants de Rama et s'achève par la montée sur le trône d'une reine qui assurera la régence jusqu'à la naissance de son fils.
«Antres noirs du passé, porches de la durée Sans dates, sans rayons, sombre et démesurée, Cycles antérieurs à l'homme, chaos, cieux, Monde terrible et plein d'êtres mystérieux, Ô brume épouvantable ou les préadamites Apparaissent, debout dans l'ombre sans limites, Qui pourrait vous sonder, gouffres, temps inconnus! Le penseur qui, pareil aux pauvres, va pieds nus Par respect pour Celui qu'on ne voit pas, le mage, Fouille la profondeur et l'origine et l'âge, Creuse et cherche au-delà des colosses, plus loin Que les faits dont le ciel d'à présent est témoin, Arrive en pâlissant aux choses soupçonnées, Et trouve, en soulevant des ténèbres d'années, Et des couches de jours, de mondes, de néants, Les siècles monstres morts sous les siècles géants. Et c'est ainsi que songe au fond des nuits le sage Dont un reflet d'abîme éclaire le visage.» Extrait de Et nox facta est, IX
Touva est une république située en Russie, tout au sud de la Sibérie. Ce n'est que vers les années 1930, alors que la population touva est forcée de se rallier au communisme, que quelques collecteurs et chercheurs commencent à s'intéresser aux traditions de cette région longtemps oubliée. Outre la pratique du chant diphonique, ce sont les « épopées héroïques » - les maadyrlyg tool - qui témoignent au mieux de la singlarité de la culture touva. Bien plus que des histoires de héros transmises oralement de génération en génération, ces épopées ont une véritable fonction rituelle liées à la chasse. Par ses récits, le toolchu - le barde - est censé assurer la survie du groupe, en incitant les chasseurs à affûter leurs sens, et en adoucissant par son art la fille du Maître de la taïga qui intercédera auprès de son père pour rendre le gibier abondant.
De par sa nature dramatique, l'épopée héroïque constitue une formidable stratégie rituelle, sorte d'imploration augurant d'un possible succès de la chasse, seul garant d'une survie possible du groupe touva.
Parmi les épopées recueillies par les chercheurs au fil du temps, Khounan-Kara est l'une des plus populaires. Longue de plusieurs milliers de vers, parsemée de formules poétiques, elle parvient à cumuler tout ce qui est susceptible d'aiguiser les sens de l'auditeur : la croissance ultra-rapide du héros ; ses exploits prématurés face à des monstres que sa naissance surnaturelle inquiète ; l'appel de l'amour à l'endroit d'une promise établie dans une lointaine contrée ; son investiture en tant que maadyr - « preux » - ponctuée par l'octroi d'un nom, de vêtements, d'armes de guerre et d'une monture aux vertus étonnantes ; sa conquête du coeur de la promise ; ses longs combats contre un rival d'une rare puissance et les pouvoirs qu'il y déploie ; sa capacité de revêtir à volonté toutes sortes d'apparences ; les épreuves à la fois traditionnelles et herculéennes (lutte, tir à l'arc, chevauchées au bout du monde, etc.) qui le conduisent à accomplir l'impossible exigé par son futur beau-père ; la correction infligée au puissant ennemi de ses parents et, pour finir, le retour sur la terre des siens où, en compagnie de sa princesse et de son clan, il va couler des jours heureux.
Un choix de plus de cent vingt poèmes populaires et hymnes plus classiques, suivi de vingt-huit timbres et partitions. La fête révolutionnaire de 1789 s'est faite en chantant... non seulement La Carmagnole, le Ça ira et La Marseillaise, mais aussi bon nombre de «vaudevilles», de chansons «poissardes», patriotiques, parfois contre-révolutionnaires - dont cette anthologie reflète l'extraordinaire foisonnement.
« Walt Whitman aura été en fin de compte plus prolifique comme prosateur que comme poète. Soucieux de léguer à la postérité cet important volet de sa production littéraire, il supervisera l'édition définitive de ses textes en prose en 1892, l'année même de sa disparition. Il est donc clair que pour Whitman la frontière entre prose et poésie est ténue, ce qui correspond d'ailleurs à la position qu'il revendique:« l'heure est venue ( ... ) de briser les barrières formelles érigées entre prose et poésie.» Les textes retenus ici couvrent quatre décennies de la carrière littéraire de Walt Whitman. Ils donnent la mesure d'un pan négligé et pourtant primordial de sa production : la réflexion théorique. D'une constance à toute épreuve, il associe sans relâche l'évolution démocratique de son pays au développement de la littérature américaine, au sujet de laquelle il fera preuve jusqu'à sa mort d'une férocité volontiers polémique. Les textes proposés ici (réunis de son vivant par le poète dans Recueil et par son exécuteur testamentaire à titre posthume dans Manuel d'Amérique) brossent de façon saisissante et souvent déroutante le portrait d'un penseur inflexible qui s'est donné comme mission impossible d'imposer la poésie comme pierre angulaire de l'édifice social et politique de tout un pays.
À ce titre, pour créer une littérature qui puisse se présenter comme autochtone, il restait encore aux États-Unis, débarrassés du joug britannique, à se libérer de l'idiome hérité de l'ancien pouvoir colonial.
D'où, chez Whitman, l'imbrication si intime du linguistique et du politique.
C'est l'un des enjeux les plus évidents des textes de Whitman qui, le premier, mettra en oeuvre ce que, désormais, on pourra nommer 1'« américanité ».
E.A.
Récit fondateur de la culture iranienne, épopée mythique et historique, le Livre des Rois (Shâhnâmeh) de Ferdowsi est unique par l'ampleur des événements qu'il décrit, par la puissance de l'imaginaire qu'il convoque, et par sa grande richesse cosmogonique, religieuse, morale et politique. Copié et enluminé de façon presque ininterrompue, il donna naissance à un corpus de plusieurs milliers de manuscrits et a` certaines des plus belles miniatures de l'histoire de l'art persan. Aujourd'hui encore, ses vers immortels hantent l'âme des Iraniens et leur font revivre les pages de leur histoire ancienne.
Ce recueil de neuf poèmes n'a connu aucune réédition. Il est resté, faute de référencement jusqu'à ce jour, ignoré de la bibliographie d'Auguste Félix Villiers.
Nous avons voulu que la présente édition, fidèlement transcrite d'après la version d'origine, soit accompagnée d'une préface de M. Loris Chavanette et d'une postface de M. Charles Dujour Bosquet, et qu'elle coïncide avec la commémoration du 230e anniversaire de la Première République française, période correspondant à l'ensemble des régimes républicains de la France allant de septembre 1792 à mai 1804.
L'épopée arménienne de David de Sassoun est populaire par son origine et par sa forme, mais elle présente toutes les qualités d'une oeuvre littéraire. Harmonieux mélange de mythologie, de merveilleux, d'esprit chevaleresque, de morale sociale et de respect du prochain, alliant la chanson de geste, le drame et la satire, elle reflète toute la vie du peuple arménien. Parvenue jusqu'à nous par la tradition orale, sans doute parce qu'elle avait été méprisée par les clercs depuis le V? siècle, elle a été arbitrairement considérée comme une production des environs du X? siècle. Mais les allusions faites par des écrivains du haut Moyen Âge à des traditions qui se retrouvent dans le premier chant nous permettent de penser que cette oeuvre est beaucoup plus ancienne et que sa composition aurait duré des siècles.
Ce livre, Melancholia, inaugure une nouvelle collection chez Tinbad : « Tinbad-fiction ». Cela permet d'y mettre tous les textes qui sont inclassables : pas du roman, pas de la poésie (surtout pas ! tant le genre est cucul la praline) ;
Mais une prose entre les deux : ce qu'on appelait dans les années 70 du « texte ». Ce qui n'empêche pas ces textes de raconter une ou des histoires, comme dans le théâtre épique ancien, comme ici : « Deux jeunes gens sont confrontés à la guerre. Le soldat est fauché par une rafale dans un oued sec en Algérie ; dans l'ultime seconde de sa vie, il «parle» à sa fiancée restée en France. Celle-ci pressent un drame, elle écrit une lettre improbable à son amant : reproches et pleurs succèdent aux évocations du passé. À la sécheresse du bled algérien s'oppose la pluie dévastant le camping où réside la jeune femme en métropole. Elle devient eau dans toutes les eaux et ainsi «absorbe» son amant. La couleur violette de ses vêtements, d'un vêtement intime en particulier, symbolise sa solitude, ses rêves, sa melancholia.
Deux versions (plus une) s'exposent pour un théâtre pluriel. »
Dans la plupart des récits qui composent l'oeuvre de Patrick Chamoiseau, la scène est la même : un narrateur étonnamment discret se met à l'écoute d'un autre, nettement plus âgé que lui, à qui il cède la parole. Jean-Louis Cornille y reconnaît la posture du fils. Fils spirituel, Patrick Chamoiseau l'aura été de Glissant et des autres auteurs qui composent sa « sentimenthèque », sans oublier les vieux conteurs de l'île dont la voix se meurt. Fils de ses propres oeuvres, il est aussi lié à beaucoup d'autres paroles. De cet enchevêtrement d'innombrables citations se dégage pourtant une voix propre et souveraine.
Ce livre, qui sort en même temps que Melancholia de Philippe Thireau, et d'ailleurs postfacé par celui-ci, alors que Gilbert Bourson préface, de façon croisée, Melancholia, ne peut pas rentrer dans notre nouvelle collection « fiction » dans le sens où il part d'un fait mythique :
L'Odyssée d'Ulysse à travers la Méditerranée et une terrible crise conjugale ; aussi nous l'avons classé dans le genre « chant », genre épique s'il en est.
« J'ai toujours été frappé par la charge érotique de l'Iliade. La bataille des mots entraîne souvent celle des images de nos joutes amoureuses. Le couple traverse cette guerre des sexes dont on nous parle souvent et que l'écriture met à jour. Elle ouvre le champ où les corps se rencontrent nus dans la scansion, dans le rythme du désir, s'infligeant la blessure de l'attente que vienne à son terme la petite mort. Mêlant les trois temps de la mythologie grecque (Aiôn, Chronos et Kairos), la joute érotique s'arme chair à chair, se fonçant dans la baie l'une l'autre, l'arme étant en même temps l'arme et le bouclier, le Kairos touffu et le sexe d'Aphrodite. » (Gilbert Bourson).
Philippe Thireau (potsfacier) : « Ce texte fulgurant, viol de tous les instants connus, vus, passés, à venir est construit dans le lit du Scamandre, dieu-fleuve, métaphore, ce peut-il, de la couche d'Hélène de Troie qu'Achille aurait saillie ? »
La Josephina est un poème de près de 3000 hexamètres composé par Jean Gerson, chancelier de l'Université de Paris, entre 1414 et 1417. Rédigée pour l'essentiel au concile de Constance, l'épopée narre l'histoire de la Sainte Famille depuis l'Annonciation jusqu'à la mort de Joseph dans le but de promouvoir le culte du mariage virginal de Joseph et Marie comme exemple de l'union mystique du Christ et de son Église.
Puisant pour l'essentiel dans le texte biblique, le poème comporte aussi de nombreuses réminiscences classiques qui insèrent l'oeuvre dans le contexte du débat franco-italien de la fin du XIVe siècle sur la valeur de la littérature profane. Véritable somme théologique, ses incises savantes nous livrent en outre des précieux renseignements sur la pensée doctrinale de Gerson. Première jamais faite de la Josephina, la présente traduction est richement annotée et comporte un commentaire approfondi où se lisent en filigrane les débats doctrinaux, littéraires et politiques d'une époque troublée, dans laquelle Gerson fut un acteur de premier plan.
« Philosopher avec la littérature, formule qui représente le mieux l'esprit de ma démarche actuelle, ce n'est surtout pas philosopher sur la littérature, en cherchant à plaquer sur elle des catégories préfabriquées qui en dénaturent le libre jeu en le canalisant, en en rabotant les aspérités à coups d'abstractions convenues en vue de le ramener dans l'ordre du bien connu. Ce n'est pas non plus chercher les bribes de philosophie susceptibles d'être extraites des oeuvres de littérature où elles subsisteraient au titre d'éléments rapportés. Mais c'est faire ce que j'avais proposé d'appeler, et je maintiens cette proposition, des exercices de philosophie littéraire : c'est-à-dire, sans prétendre élucider leur sens final, car de sens final, justement, elles n'en ont pas, aborder la lecture d'oeuvres dites, en partie par convention, de littérature en essayant de dégager de cette lecture une incitation à faire de la philosophie autrement, d'une manière qui ne se substitue pas à celle que pratiquent ordinairement les philosophes, qui sont eux-mêmes des écrivains d'un type singulier, mais qui l'accompagne, sans la compléter, en lui offrant de nouvelles orientations, de nouvelles manières de poser les problèmes traditionnels de la philosophie, à défaut de pouvoir en esquisser les solutions, pour autant que les problèmes soulevés par la philosophie soient destinés à être résolus. » Cette réédition de l'essai de Pierre Macherey, paru en 1990 sous le titre À quoi pense la littérature ?, est l'occasion pour son auteur d'une mise au point. Dans sa Préface, il revient sur son parcours intellectuel et caractérise l'évolution de sa conception du rapport entre littérature et philosophie.
Le Poème en l'honneur de Louis le Pieux est une oeuvre où abondent des renseignements sur les personnages et leur rôles, sur les événements, les lieux, les moeurs, les dates. On ne sait rien des sources d'Ermold le Noir et il est impossible de dire de quelle façon il les a traitées, même s'il est certain qu'il a utilisé un livre d'annales comme support de son panégyrique. Ermold essaie d'y écrire en poète et chronique les actions les plus brillantes de Louis, en insufflant çà et là un souffle épique.
Les Épîtres à Pépin, rédigées en vers, présentent quant à elles un intérêt différent. Plus riches de renseignements sur l'auteur, elle jettent un jour assez curieux sur la place qu'il occupait avant son exil à la cour du roi comme poète et conseiller, sur les causes probables de son exil, sur le régime qui lui était appliqué dans sa prison, sur les intrigues auxquelles prêtait son nom dans l'entourage de son protecteur. Elles illustrent également un événement important du IXe siècle : l'installation de la poésie dans la vie des cours et la floraison des oeuvres de l'esprit parmi celles de la force.
Abbon de Saint-Germain-des-Prés est l'auteur vers 897, d'un poème intitulé à l'origine De la guerre de Paris, mais plus connu sous le titre Histoire du siège de Paris par les Normands, la principale source sur cet événement qui vit les Vikings aux portes de Paris. Il s'agit d'une narration en 1393 vers latins (organisés en trois livres de 660, 618 et 115 vers) du siège de Paris par les Normands en 886, dont il avait été témoin oculaire. Il s'agit d'une narration en 1393 vers latins (organisés en trois livres de 660, 618 et 115 vers) du siège de Paris par les Normands en 886, dont il avait été témoin oculaire.
Ce poème a été transmis par un seul manuscrit (Paris. lat. 1633, du xe siècle), ayant appartenu à Pierre Pithou qui en donna l'editio princeps à Paris en 1588, dans son recueil de douze historiens de l'époque carolingienne (réimprimé à Francfort en 1594). Dom Jacques du Breul, moine de Saint-Germain, le fit aussi figurer dans un recueil composé par lui en 1602. Il trouva ensuite sa place dans les collections historiques d'André Duchesne (Recueil des historiens de Normandie en 1619, et deuxième tome des Historiens de France en 1636), et au xviiie siècle dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France de Dom Martin Bouquet (tome VIII, 1752) et dans les Nouvelles annales de Paris de Dom Toussaint Du Plessis, Paris, 1753.
Les deux premiers livres sont le récit du siège proprement dit, alors que le dernier est un recueil de préceptes moraux pour les clercs, sans rapport direct avec ce qui précède. Le comte Eudes, « rex futurus », est chaleureusement célébré, et une grande importance est accordée aux miracles de saint Germain pour la victoire des Parisiens, et au paganisme des Vikings.
Dans un royaume où la lumière est reine, des créatures jalouses vont venir voler les pierres qui la génère. La guerrière réussira-t-elle à les récupérer ? "Un conte fantastique et initiatique, empreint de spiritualité."
Cet ouvrage s'inscrit dans le cadre des célébrations du centenaire de la Grande Guerre.... il présente une traduction originale de poètes-soldats britanniques engagés dans la première guerre mondiale. Des aquarelles, reproduites en illustrations (une trentaine) complètent le recueil)