Lettres et langues
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Libre réflexion sur l'influence de Bertolt Brecht dans l'oeuvre de Nina Hagen, ce texte hybride aborde deux grandes figures populaires de la culture allemande par un prisme inhabituel, par les marges, et dresse un portrait de la diva punk comme nous ne l'avons jamais perçue.
Connaissons-nous vraiment Nina Hagen?? Dans l'imaginaire collectif, la chanteuse punk est réduite au statut d'artiste déjantée adepte des provocations en tout genre. Il faut dire que la dame s'en amuse.
Lilian Auzas s'est efforcé de gratter le vernis bariolé pour découvrir la femme cachée en-dessous. Après de longues recherches et une série d'entretiens avec l'artiste, il nous livre un portrait de Nina Hagen comme nous ne l'avons jamais perçue. D'une sensibilité rare et d'une impressionnante culture, la chanteuse se révèle adepte et interprète de Bertolt Brecht... Étonnant ? Pas tant que ça. Le présent ouvrage vous aidera à reconsidérer votre perception de Nina Hagen et à pénétrer son univers polymorphe en empruntant des chemins de traverse.
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Dossier thématique : Météorologie.
Hamlet : Voyez-vous ce nuage, là-bas, qui a presque la forme d'un chameau ?
Polonius : Par la messe, c'est juste - oui, comme un vrai chameau.
Hamlet : J'ai idée qu'il est comme une belette.
Polonius : Il a le dos d'une belette.
Hamlet : Ou d'une baleine.
Polonius : Tout à fait, d'une baleine.
William Shakespeare, Hamlet (III, 2), trad. André Markowicz.
La description du temps qu'il fait est un grand sujet de conversation. Une préoccupation essentielle provoquant dialogue et échange. Les chroniques ou bulletins météorologiques sont des rendez-vous médiatiques très attendus, présentés par des vedettes, qui réalisent des records d'audience. Objet de passions ou de craintes, les prévisions des phénomènes atmosphériques sont nécessaires à certaines activités économiques, permettent d'anticiper et de prévenir des risques, et favorisent la planification des loisirs. Progressivement, la météo scientifique, « sérieuse », a supplanté le bon sens populaire ; paradoxalement, l'exode rural et l'urbanisation ont exacerbé la sensibilité des individus aux variations climatiques. Par ailleurs, le réchauffement planétaire observé depuis plusieurs décennies, enfin unanimement reconnu par les scientifiques, renforce certainement les conjectures sur le temps et suscite un intérêt encore plus grand pour la météorologie. Pluie, brouillard, nuages, vent, neige, orage. Ces manifestations aqueuses, gazeuses, électriques ou optiques, rassemblées sous le terme générique de « météore », firent récemment l'objet de l'ouvrage collectif dirigé par Alain Corbin : La pluie, le soleil et le vent. Une histoire de la sensibilité au temps qu'il fait (Aubier, 2013).
A partir d'une lecture des correspondances privées, l'historien repère une amplification de la météo-sensibilité à la fin du XVIIIe siècle qui s'accroit encore au siècle suivant. Les chapitres thématiques mobilisent des connaissances extrêmement hétérogènes, tant historiques, ou anthropologiques, que littéraires, scientifiques ou artistiques, afin de dresser un vaste panorama des rapports de l'homme à son environnement et des conséquences fécondes sur son imaginaire. Notre relation au climat passe évidemment par des sensations physiques, corporelles, qui induisent des gestes, des réflexes, des comportements. Mais elle nourrit également des projections mentales et des représentations intellectuelles que nous tentons d'approcher dans ce dossier mêlant essais, portfolio, notations, écriture. Le dénominateur commun des contributions de Jean-Christophe Bailly, David Collin, Marc Decimo, Mélanie Delattre-Vogt, Ariane Epars, Ann Veronica Janssens, Alexandre Mare ou Jacques Roman, est d'interroger la mémoire des phénomènes atmosphériques, par définition fugaces et insaisissables.