La Decouverte
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Patients zéro : histoires inversées de la médecine
Luc Perino
- La découverte
- Poche Essais
- 21 Octobre 2021
- 9782348071690
L'histoire célèbre les victoires que les médecins ont remportées sur les maladies. Mais elle néglige leurs patients dont les troubles, les souffrances ou les plaintes ont inauguré de nouveaux diagnostics, remis en cause certaines théories médicales ou ouvert des perspectives thérapeutiques inédites. Ciselés comme des nouvelles, ces récits de
patients zéro racontent une autre histoire de la médecine : une histoire " par en bas ", dans laquelle des malades qui parfois s'ignorent et des patients comptés trop souvent pour zéro prennent la place des mandarins et des héros.
Parmi ces " cas ", certains sont célèbres, comme le petit Joseph Meister, qui permit au vaccin antirabique de Pasteur de franchir le cap de l'expérimentation humaine, ou Phineas Gage, dont le crâne perforé par une barre à mine révéla les fonctions du lobe frontal. La plupart sont oubliés ou méconnus, comme Auguste Deter, qui fit la renommée d'Aloïs Alzheimer, Mary Mallon, la plus saine des porteurs sains, qui ne souffrit jamais de la typhoïde qu'elle dissémina autour d'elle, ou Henrietta Lacks, atteinte d'un cancer foudroyant, dont les cellules dotées d'un pouvoir de prolifération exceptionnel éveillèrent la quête du gène de l'immortalité en voyageant autour du monde. À travers eux, ce livre interroge les errements, les excès et les dérives de la médecine d'hier à aujourd'hui.
Prix La Science se livre 2021 -
Écoutez Pasteur demander à l'Empereur du Brésil des corps de détenus pour expérimenter de dangereux remèdes. Écoutez Koch préconiser l'internement des indigènes auxquels il administrait des injections d'Arsenic. Ce livre raconte cette histoire occultée par les historiens des sciences et interroge le lien étroit qui s'est établi entre la pratique scientifique moderne et la dévalorisation de vies qui ne vaudraient pas la peine d'être vécues. Cette étude historique des technologies d'avilissement appelle ainsi à la constitution d'une philosophie politique de la pratique scientifique.
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Charge : J'ouvre le huis clos psychiatrique
Treize
- La découverte
- Cahiers Libres
- 2 Février 2023
- 9782348075131
J'ai passé dix ans au pays psychiatrique, ma vingtaine. Années pendant lesquelles j'ai le corps bourré de chimie, la tête écrasée dans l'emprise des discours des psychiatres, une peur XXL verrouillée dans le ventre. Dans ce récit j'ouvre une fenêtre sur un espace qui est tout le temps clos : celui de l'hôpital psychiatrique et des violences qu'on y croise et subit, celui des consultations qui dissocient deux mondes bien distincts. D'un côté, les psychiatrisés, de l'autre, ceux qui possèdent les droits de dominer. Un espace dans lequel l'abus de pouvoir bat son plein. C'est cette histoire-là que je raconte.
J'ai des soucis de santé mentale, j'en avais avant la psychiatrie, j'en ai encore aujourd'hui et je surveille ma tête comme on veille le lait sur le feu. Pour me sentir plus forte j'ai eu besoin de trouver comment dire avec justesse ma propre histoire, et j'ai eu envie d'un récit collé au plus près de l'intime pour que d'autres s'y retrouvent. Ce livre vient d'un désir de mise en commun : pour une fois, les transmissions d'informations utiles se font de notre côté à nous. J'ai écrit pour que nous nous sentions moins seuls, j'ai écrit dans la crudité des événements, sans lisser les faits, sans tenter de minimiser leur cruelle portée.
Un récit chargé qui fait pourtant comme une bouffée d'air. -
Le langage des crânes ; histoire de la phrénologie
Marc Renneville
- La découverte
- Poche Sciences Humaines
- 8 Octobre 2020
- 9782348064791
Avez-vous la bosse des maths, de la poésie ou de la peinture ? Cet inconnu présente-t-il la bosse du crime ou celle de la ruse ? Au XIXe siècle, certains savants peuvent répondre à ces questions. Et pour le prouver, ils tâtent des têtes de génies (Napoléon...), de criminels (Lacenaire...) et de fous. Leur théorie est vérifiée par l'examen de milliers de moulages et de centaines de crânes récoltés à Paris, à Londres, à Berlin, en Inde et en Océanie. Sûrs de leur bon savoir, les phrénologistes oeuvrent pour un monde meilleur, peuplé de génies, de criminels amendés et de fous guéris.
Défendue par de nombreux médecins, politiciens et artistes, la phrénologie oscille entre science légitime et technique divinatoire, avant de tomber dans un discrédit total. Reléguée au statut de science occulte puis longtemps oubliée, elle semble actuellement renaître de ses cendres. Des neurobiologistes contemporains lui rendent justice d'avoir établi le principe des localisations cérébrales, et d'éminents scientifiques estiment qu'elle a été la première science de l'homme rationnelle. Qu'en est-il exactement ?
La première édition de ce livre a reçu le prix du meilleur ouvrage de la Société française d'histoire de la médecine (2000). Cette nouvelle édition a été enrichie d'illustrations, augmentée et mise à jour par l'auteur avec une postface inédite.
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Le jeûne, une nouvelle thérapie ?
Thierry de Lestrade
- La découverte
- Poche Essais
- 12 Novembre 2015
- 9782707188175
Et si le jeûne était une méthode simple et efficace pour traiter de nombreuses maladies ? Question provocante, scandaleuse même, pour certains tenants du dogme médical. Pourtant, depuis le docteur Henry Tanner, qui jeûna quarante jours en 1880 à New York sous la surveillance de ses confrères, jusqu'au biologiste américain Valter Longo qui fait jeûner aujourd'hui des souris atteintes de cancer avec des résultats stupéfiants, les études scientifiques sur le jeûne ne manquent pas.
C'est cette histoire que Thierry de Lestrade restitue dans ce livre remarquablement documenté, fruit d'une longue enquête. Jeûner est-il dangereux ? Quels sont les mécanismes du jeûne ? Peut-on en mesurer les effets ? Quelle est son action sur les cellules cancéreuses ? À toutes ces questions, et à bien d'autres, les chercheurs ont donné des réponses souvent surprenantes. Alors que dans les pays occidentaux, la médecine moderne ne parvient pas à enrayer la baisse de l'espérance de vie en bonne santé, la pratique du jeûne, si ancienne, apparaît comme une thérapie nouvelle. -
L'hôpital sous pression ; enquête sur le « nouveau management public »
Nicolas Belorgey
- La découverte
- 28 Octobre 2010
- 9782707164285
Depuis des décennies, les pouvoirs publics français s'efforcent de " réformer " l'hôpital, affine notamment d'en mieux " maîtriser " les dépenses. Ils ont de plusenplusrecoursaux outils du " nouveau management public ", cet ensemble d'idées et de pratiques d'origine entrepreneuriale visant à importer dans le secteur public les outils du secteur privé : indicateurs de " performance ", benchmarking, " responsabilisation " des professionnels, etc. Ces innovations suscitent de fortes oppositions de la part d'une partie du personnel hospitalier, qui considère qu'elles creusent la tombe de notre système de protection sociale. A l'inverse, leurs promoteurs vitupèrent des résistances qu'ils qualifient d'irrationnelles. En quoi consistent ces réformes managériales, et quels sont leurs effets sociaux ? Pendant quatre ans, l'auteur de ce livre a mené une enquête approfondie dans des services de soin, en particulier des services d'urgence, mais aussi dans une agence réformatrice proche du ministère de la Santé et dans des cabinets de conseil. Il a ainsi endossé différents rôles : dans les services administratifs des hôpitaux celui du stagiaire, et auprès des réformateurs celui de l'étudiant en gestion ou du consultant junior... Au travers d'observations directes, de l'exploitation inédite de données statistiques et d'une centaine d'entretiens (auprès du personnel hospitalier, des patients, des consultants...), il livre ici des visions de l'hôpital différentes et souvent antagonistes du point de vue des luttes qui s'y déroulent. L'appropriation par les soignants des nouvelles normes préconisées par les réformateurs ne va en effet pas de soi et dépend beaucoup de la trajectoire professionnelle et sociale de chacun d'entre eux. Enfin, ce livre révèle quelques effets inattendus des réformes, dans un des services hospitaliers étudiés parmi les plus " avancés " sur leur voie.
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Diriger les consciences, guérir les âmes
Hervé Guillemain
- La découverte
- L'Espace De L'Histoire
- 27 Avril 2006
- 9782707148506
L'histoire de la thérapie morale et psychologique des aliénistes et des psychologues doit bien davantage aux pratiques religieuses qu'on veut bien le croire.
Quand elles s'appliquent à la souffrance des âmes, médecine et religion s'opposent-elles ? L'histoire de la folie pourrait s'écrire en retraçant la lente marche vers une " laïcisation de l'esprit " : le prêtre progressivement dépossédé de son pouvoir guérisseur par le médecin, l'âme qui tend à se fondre dans l'univers neurologique, l'inconscient qui surgit avec la psychanalyse au début du XXe siècle. Pourtant, l'étude des pratiques thérapeutiques, religieuses et laïques, incite à réviser assez largement cette vision schématique. Dans ce livre ambitieux, Hervé Guillemain révèle que la thérapie morale et psychologique des aliénistes et des psychologues doit quelque chose aux pratiques religieuses. Les techniques hypnotiques regardent ainsi du côté de l'exorcisme et la psychanalyse du côté de la confession. On sait peu, par exemple, que, dans l'entre-deux-guerres, des chrétiens jouèrent un rôle important dans la diffusion de la psychanalyse dans la société française. L'histoire des pratiques thérapeutiques de la folie et des troubles psychiques, depuis le traitement moral appliqué dans les asiles d'aliénés au XIXe siècle jusqu'aux psychothérapies modernes du XXe siècle, apparaît à certains égards comme un nouveau développement de l'histoire des directions de conscience héritées du christianisme. L'auteur montre que le savoir scientifique sur la folie et sur la conscience ne peut être, lui non plus, dissocié de la morale et des concepts religieux et qu'il faut comprendre ensemble le péché et la dégénérescence, le traitement des aliénistes et la théologie morale, la possession et l'hystérie. Il avance que, loin de s'opposer, la médecine, la psychologie et la religion font partie d'une même histoire sociale et culturelle. -
Quels sont les enjeux politiques d'une crise épidémiologique qui met en cause les discours de la science autant que la gestion du pouvoir ? Un prisme original pour lire l'histoire récente de l'après-apartheid.
Avec six millions de personnes infectées, l'Afrique du Sud est le pays du monde le plus gravement touché par l'épidémie de sida. Elle est aussi le lieu des débats les plus virulents sur les causes et les traitements de la maladie, des mobilisations les plus spectaculaires et des procès les plus retentissants pour l'accès aux médicaments. Que ces faits surviennent dans le contexte de l'après-apartheid, dans une " nouvelle Afrique du Sud " où la reconstruction d'une " nation arc-en-ciel " affranchie des barrières raciales semblait enfin possible, confère à cette situation une tonalité particulièrement dramatique. En ce sens, la chronique sud-africaine du sida, de ses morts annoncées et de ses polémiques incessantes, forme le contrepoint de la Commission vérité et réconciliation, qui s'est efforcée de solder un héritage douloureux. Fruit de cinq années d'enquête dans les townships et les anciens homelands comme dans les milieux savants et politiques sud-africains, ce livre retrace les enjeux politiques d'une crise épidémiologique qui met en cause les discours de la science autant que la gestion du pouvoir : il montre, à partir des biographies de malades et de l'anatomie des controverses, comment l'histoire de la colonisation et de la ségrégation demeure vivante, dans les inégalités et les violences, dans le racisme et les accusations de racisme. Le passé est intensément présent, se dévoilant sans cesse à travers une politique de la souffrance et une économie du ressentiment. Il s'agit donc ici de comprendre, de la manière la plus littérale, comment les corps se souviennent. Au-delà de la singularité historique de l'Afrique du Sud, l'auteur propose ainsi une réflexion sur la mémoire des afflictions collectives dans les sociétés contemporaines et sur l'anesthésie politique que perpétue notre indifférence à l'égard de ces injustices. -
Le défi des épidémies modernes ; comment sauver la sécu en changeant le système de santé
André Cicolella
- La découverte
- 26 Avril 2007
- 9782707151414
Les sociétés modernes sont confrontées à une véritable épidémie de maladies chroniques : cancers, maladies cardiovasculaires, obésité et diabète, allergies, affections mentales... Or elles sont très largement évitables, car elles sont la conséquence de notre mode de vie et de notre environnement. Selon l'Organisation mondiale de la santé, elles sont responsables de 86 % des décès et représentent 77 % des cas de maladies en Europe. Elles sont ainsi devenues la cause majeure de la crise des systèmes de santé. En France, la « Sécu » a certes permis l'accès aux soins pour tous, mais elle n'arrive pas à répondre à cette crise. Et au nom de la lutte contre le « trou de la Sécu », on cherche donc à convaincre les Français qu'il faudrait remplacer le principe de solidarité par une logique individualiste d'assurances privées.
Mais les solutions libérales sont une illusion, comme le montre André Cicolella dans cet essai rigoureusement argumenté : elles ne répondent pas à la question et ne peuvent, au contraire, que faire empirer la situation. À l'inverse, explique-t-il, il est possible de surmonter la crise en agissant sur les causes environnementales et comportementales des maladies et en sortant du « tout médicament ». Mais aussi en réinventant un système de santé de proximité, un financement plus juste et en instaurant une véritable démocratie sanitaire. Bref, en refondant un véritable système de santé et pas seulement un système de soins.
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Nos années sida ; vingt-cinq ans de guerres intimes
Eric Favereau
- La découverte
- Cahiers Libres
- 9 Février 2006
- 9782707148025
Une dizaine d'entretiens approfondis réalisés tout au long de ce quart de siècle avec des acteurs clés de la lutte (chercheurs et médecins, politiques, militants...) : l'histoire du sida par ceux qui l'ont vécue et la vivent aujourd'hui.
Vingt-cinq ans de sida. Peut-on imaginer pire anniversaire, alors qu'aucun vaccin ne se profile à l'horizon et que, chaque année, les pires prévisions se confirment ? Le sida touche aujourd'hui près de 40 millions de personnes dans le monde, et fait chaque année près de 3 millions de victimes. Depuis près de vingt-cinq ans Éric Favereau suit le sida comme journaliste à Libération. Et vit au jour le jour les mystères des premiers temps, l'inquiétude qui grandit, la panique qui s'installe, puis les malades qui refusent la fatalité. Pour rendre compte de ce qui n'est pas une histoire, mais une guerre de tous les instants, une résistance contre un virus qui s'attaque au plus intime de l'individu, Éric Favereau a choisi de restituer ici la chaîne humaine qui s'est construite dans cette lutte. À partir d'une dizaine d'entretiens, ou de dialogues, réalisés tout au long de ce quart de siècle avec des acteurs clés de cette lutte (chercheurs et médecins, politiques, militants...), il donne à voir tous ces gestes, anonymes ou spectaculaires, qui, à force de se répéter, ont fini par bâtir une réponse collective. Dans l'histoire de l'humanité, jamais une maladie n'avait suscité pareille riposte. Il y a des visages, il y a des moments... ahurissants. Séparés les uns des autres, ce ne seraient que miracles, jolis coups d'épée dans l'eau. Rassemblés, ils ont la force et la fragilité d'une dune. -
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Ce livre essentiel, publié en 1992 après les terrifiantes révélations de l'auteure journaliste, aide à comprendre les ressorts de l'affaire du sang contaminé. Ce document est aussi une réflexion engagée pour éviter qu'une telle tragédie puisse un jour se reproduire.
Bénévolat, éthique et non-profit : ces trois mots-clés faisaient de la Transfusion sanguine française, depuis sa création en 1952, un modèle envié par le monde entier. Mais depuis 1991, le scandale de la contamination des hémophiles par le virus du Sida a fait exploser cette glorieuse devise : on a appris qu'en 1984 et 1985, le Centre national de tranfusion sanguine avait sciemment laissé en circulation des produits sanguins contaminés... avec l'accord tacite du ministère de la Santé. Des centaines d'hémophiles et des milliers de transfusés sont ainsi devenus séropositifs au cours de ces deux années-là.
Ce drame sans précédent était-il vraiment inévitable, comme l'affirment aujourd'hui les principaux repsonsables de la transfusion sanguine ? Pourquoi le dépistage systématique du virus du Sida n'a-t-il pas été instauré plus tôt ? Quel a été le rôle exact des considérations financières dans ces choix ? C'est à ces questions que répond avec rigueur, et sans passion, Anne-Marie Castelet dans ce livre explosif, où elle évoque également avec pudeur la souffrance des personnes contaminées.
Journaliste à L'événement du jeudi, l'auteur a révélé la première dans cet hebdomadaire les pièces les plus accablantes du dossier. Dans cet ouvrage, elle va plus loin et montre l'enchaînement fatal qui a conduit responsable médicaux et politiques à ces décisions tragiques : une combinaison inquétante de logiques scientifiques et commerciales, sans contrepoids démocratique.
Un livre essentiel pour comprendre et pour qu'une telle tragédie ne puisse plus se renouveler. -
Les deux médecines ; médicaments, psychotropes et suggestion thérapeutique
Philippe Pignarre
- La découverte
- Sciences Et Societe Decouverte
- 14 Mars 1995
- 9782707124357
Dans ce livre, Philippe Pignarre propose une compréhension nouvelle de la dualité substances chimiques/placebos que la science résiste à reconnaître. Il le fait en se penchant sur l'histoire, et plus précisément sur l'histoire de la psychiatrie, en suivant les deux " fils rouges " : d'une part, celui qui court du " baquet " autour duquel, à la fin du XVIIIesiècle, Mesmer rassemblait ses patients pour les " magnétiser ", jusqu'à la psychanalyse, en passant par les cures hypnotiques de Charcot ; et, d'autre part, celui qui relie l'invention par Pinel du " traitement moral " des aliénés à la psychiatrie biologique d'aujourd'hui.
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Qu'est-ce qu'un médicament ? un objet étrange, entre science, marché et société
Philippe Pignarre
- La découverte
- Sciences Et Societe Decouverte
- 3 Octobre 1997
- 9782707127525
Pour chacun d'entre nous, mais aussi pour de nombreux professionnels de la santé, le médicament est un objet simple : des chercheurs le découvrent, des industriels le fabriquent, des médecins le prescrivent, des pharmaciens le vendent et des patients le consomment. Et pourtant, si l'on s'intéresse de près à chacune de ces étapes, on découvre un objet en fait fort mystérieux : qu'il s'agisse de l'effet placebo ou des relations complexes entre les multiples acteurs de la " chaîne du médicament ", on se rend compte qu'aucune des définitions classiques du médicament n'est vraiment opératoire. C'est pour élucider ce mystère que Philippe Pignarre propose dans ce livre une exploration passionnante de cet étrange objet, à la fois scientifique, commercial et social. A partir de nombreux exemples concrets, il montre comment s'est constituée, en cinquante ans, une nouvelle manière de mettre en relation des substances chimiques et des êtres humains : l'expérimentation des nouvelles molécules " contre placebo ", qui est désormais au coeur des médecines occidentales. Il explique comment ce nouveau dispositif permet de produire de manière extrêmement fructueuse des médicaments, mais aussi, ce qui est beaucoup plus surprenant, comment il détermine l'économie du médicament et la manière dont les patients y ont accès. Cette analyse originale intéressera aussi bien les professionnels qui y trouveront des réponses inattendues sur les difficultés auxquelles se heurtent les réformes du système de santé, en France comme à l'étranger, que les profanes qui se posent des questions sur les mérites respectifs des médicaments modernes et des médecines dites traditionnelles ou " parallèles ".
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Inventer la biomédecine ; la France, l'Amérique et la production des savoirs du vivant (1945-1965)
Jean-Paul Gaudillière
- La découverte
- 2 Mai 2002
- 9782707136077
L'ouvrage de Jean-Paul Gaudillière retrace l'émergence du régime d'innovation biomédical qui a dominé les Trente Glorieuses, en suivant des objets aussi divers que la pénicilline, le vaccin contre la polio, les virus du cancer, l'ARN messager ou la politique de l'Institut national d'hygiène.
Génomique, médecine moléculaire, biotechnologies génétiques : depuis une vingtaine d'années, les transformations de la biologie occupent une place essentielle dans les débats contemporains sur les sciences. Autour du gène, a pris forme une nouvelle alliance entre sciences, technologie et marché, bouleversant nos conceptions du vivant et de la maladie. Cette " révolution " est le fruit d'une histoire qu'il faut prendre en compte si l'on veut la comprendre. L'ouvrage de Jean-Paul Gaudillière retrace ainsi l'émergence du régime d'innovation biomédical qui a dominé les Trente Glorieuses, en suivant des objets aussi divers que la pénicilline, le vaccin contre la polio, les virus du cancer, l'ARN messager ou la politique de l'Institut national d'hygiène. À l'inverse des idées courantes sur la science pure et ses applications, les trajectoires présentées dans ce livre montrent à quel point la médecine et l'étude du pathologique ont contribué à la " molécularisation " des savoirs du vivant. Alors que l'échelle des investissements changeait radicalement, la lutte contre la maladie est devenue un problème de modélisation au laboratoire de biochimie ou de génétique, un problème de recherche chimiothérapeutique et de contrôle des pratiques cliniques. De plus, parce que le monde de la biomédecine naissante est aussi celui de la guerre froide et des circulations transatlantiques, cette recomposition des savoirs s'est faite " en regard de l'Amérique " et de son " complexe bio-médicalo-industriel ". Les biologistes et médecins français ont massivement utilisé les fonds, les savoir-faire ou les technologies américaines, sans s'aligner pour autant sur les pratiques d'outre-Atlantique. Le complexe biomédical existe aussi en France, mais il est caractérisé par d'autres rapports entre laboratoire, service hospitalier et industrie, marqué par les interventions d'un État devenu entrepreneur de recherche plus que de santé. -
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Pasteur : guerre et paix des microbes, suivi de irreductions
Bruno Latour
- La découverte
- 11 Octobre 2001
- 9782707134837
La découverte par louis pasteur des microbes dans les années 1870 fait partie des pages célèbres de l'histoire des sciences, et même de l'histoire de france.
Loin des clichés et des mythes qu'elles ont suscités, bruno latour en propose dans ce livre une lecture passionnante. en étudiant le travail de pasteur et des pastoriens entre 1870 et 1914, il montre comment la bactériologie et la société française se sont transformées ensemble. c'est ainsi l'invention proprement politique d'une science, d'un savant et d'une époque qui se trouve mise en évidence. pasteur apparaît, dans les détails de son travail sur les microbes, comme un remarquable sociologue et comme un fin politique, puisqu'il parvient à ajouter les microbes au corps social.
Entre l'épistémologie, l'histoire et la sociologie des sciences, ce livre, initialement paru en 1984 (editions anne-marie métailié), redonne aux grands hommes les forces minuscules qui les font grands et savants. cet exemple, devenu classique en histoire sociale des sciences, invite à revenir sur la division entre rapports de force et rapports de raison, entre politique et savoir. c'est l'objet de la seconde partie du livre, qui se présente comme un petit précis de philosophie dans lequel l'auteur se propose de pratiquer, au lieu des réductions qu'impose la division entre science, nature et société, des irréductions.
Celles-ci doivent permettre de rendre les sciences et les techniques moins opaques et peut-être moins périlleuses.
" que ceux qui s'empresseront de parler d'irrationalisme s'arrêtent un instant et se laissent atteindre par la gravité rigoureuse mais brûlante de ces pages. ce livre pose les questions de ce temps. " isabelle stengers, libération.
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L'histoire des biotechnologies appliquées à la procréation est une succession inextricable de conquêtes techniques et d'innovations morales : les interventions médicales sur la procréation ont été concomitantes à la démarche consistant à " juger la vie ".
Comment le droit et la médecine ont-ils tenté de forger des outils pour juger de l'opportunité et de la qualité de la vie des enfants à venir ? C'est à cette question majeure qu'entend répondre ce livre. Son originalité est de croiser des contributions de praticiens et de chercheurs des sciences de la vie, de philosophes et de spécialistes des sciences sociales, qui confrontent leurs points de vue.
Depuis 1994, des normes ont été établies en France pour définir qui peut juger la vie des enfants à venir. Elles accordent un rôle essentiel aux médecins, mais sans leur donner pour autant des références précises pour l'assumer. Partant du malaise provoqué par cette situation et qu'expriment les acteurs eux-mêmes, cet ouvrage cherche plus à démythifier et à éclaircir les principaux termes du débat qu'à donner des solutions définitives.
Il cherche aussi à proposer quelques repères, aussi bien pour le législateur que pour la société civile, afin de se situer peut-être autrement face à des choix politiques complexes.
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Le grand secret de l'industrie pharmaceutique
Philippe Pignarre
- La découverte
- Cahiers Libres
- 20 Mars 2003
- 9782707139986
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Santé publique ; l'état des savoirs
Didier Fassin, Boris Hauray
- La découverte
- 28 Octobre 2010
- 9782707164902
L'expression " santé publique " fait tellement partie de notre vocabulaire politique et même de notre sens commun que nous ne nous posons plus la question de savoir ce qu'elle veut dire. La quarantaine de chapitres que compte cet ouvrage collectif en balise le territoire pour nous permettre d'éclairer ce point. La première partie traite des disciplines contributives à la santé publique, de l'épidémiologie et la biomédecine aux sciences économiques et sociales. Une seconde partie étudie les grandes questions de la santé publique, les abordant par maladies, problèmes et âges, mais aussi par thématiques comme le travail et la sexualité, la précarité et la violence. Une troisième partie s'attache aux politiques de santé publique, ainsi qu'aux acteurs qui les portent, dans les domaines de la sécurité et de la veille sanitaires, de la prévention, de la protection sociale ou de l'enseignement et de la recherche, mais aussi à travers un jeu d'échelles, du local à l'international en passant par le niveau européen. Une quatrième partie, enfin, analyse les principaux enjeux qui traversent aujourd'hui la santé publique, les tensions qu'ils suscitent et les perspectives qu'ils ouvrent. Le choix des directeurs de l'ouvrage et des auteurs est de s'intéresser d'abord à la santé publique en France, même si s'affirme de plusenpluslanotionde " santé globale ", pour rendre compte notamment des menaces épidémiques qui s'affranchissent des frontières aussi aisément que les firmes pharmaceutiques, ou de la circulation transnationale des professionnels pris dans la fuite des cerveaux et des malades pratiquant le tourisme médical. Nombre de facteurs, tant épidémiologiques ou sociologiques qu'institutionnels et politiques, sont en effet très spécifiques au contexte de chaque pays. Une somme indispensable aux professionnels de la santé, comme à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre un secteur en pleine évolution.
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" l'histoire des maladies est souvent racontée sur le mode de l'histoire a bataille ": une date, un savant, une découverte ou un traitement.
depuis les années 1970, d'autres façons d'aborder les relations entre connaissances, pratiques de la médecine et gouvernement de la société se sont développées. les savoirs de la maladie sont divers, souvent controversés, déterminés par le jeu des normes, des intérêts et des pouvoirs. leurs effets sont complexes, pas toujours bénéfiques. objets et techniques ont un rôle essentiel dans leur transformation.
l'auteur introduit à cette nouvelle historiographie en partant de l'idée selon laquelle la médecine est, depuis le milieu du xixesiècle, organisée autour de trois pôles: médecine clinique, médecine sociale et médecine expérimentale. leur spécificité est affaire de lieux, d'acteurs, de rapports à l'économie ou à la politique mais aussi de manières de savoir. l'ouvrage les présente en insistant sur les multiples fils qui unissent expérimentation, soin, production matérielle et gestion politique de la santé.
la dernière partie confronte cette histoire aux enjeux de la biomédecine contemporaine.
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Notre santé est-elle menacée par certains groupes d'intérêt ? C'est pour en avoir le coeur net que les auteurs de ce livre, qui enquêtent depuis des années sur ces questions, ont décidé d'aller plus loin en explorant plus particulièrement certains dossiers majeurs, comme ceux des médicaments et des dispositifs de prévention en matière d'environnement et de travail. Les résultats de leurs investigations montrent que les impératifs de santé publique ne président pas seuls aux décisions des autorités sanitaires. Les auteurs révèlent en effet le rôle considérable qu'y jouent des lobbies industriels. Qu'il s'agisse du médicament, des produits toxiques dans l'environnement, du tabac et de l'alcool, de l'amiante ou des maladies professionnelles, ces lobbies exercent une influence que l'on ne soupçonne pas pour faire prévaloir leurs intérêts économiques. Et cela - les auteurs le démontrent avec rigueur et efficacité - au détriment de la santé de dizaines de milliers de personnes chaque année.
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Les infirmières
Brigitte Ouvry-vial, Brigitte Bon-Saliba, Jacques Saliba
- Syros-La Découverte
- 15 Juin 1993
- 9782867389030