Champ Social
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Pratique en santé mentale n.2-2024 : La psychiatrie à l'heure du rétablissement, paroles d'usagers
Collectif
- Champ Social
- Pratique En Sante Mentale
- 9 Juillet 2024
- 9791034608737
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la psychiatrie a connu de profondes mutations. La psychothérapie institutionnelle, puis la mise en place progressive du secteur, à partir de 1960, ont permis à la psychiatrie de « sortir des murs », celle-ci s'exerçant désormais, par principe, en ambulatoire. Ce virage a eu pour conséquence de faire basculer les troubles psychiques dans la catégorie des maladies chroniques, appelant ainsi un changement de paradigme. C'est dans ce contexte que le terme de rétablissement a fait son apparition en France. Traduction du « recovery » déjà largement utilisé aux Etats-Unis. Le rétablissement permet aux patients de se projeter dans une vie plus satisfaisante, épanouissante et plus autonome des services de soin. Parler de rétablissement n'a pourtant rien d'une évidence. En effet, le rétablissement comporte deux dimensions, qui aujourd'hui sont envisagées de manière concomitante et complémentaire. D'un point de vue objectif, le rétablissement, c'est bien sûr, à n'en pas douter, la réhabilitation psychosociale, passant par la réduction des symptômes, s'appuyant sur une meilleure connaissance et gestion des traitements par les usagers, rendant ainsi possible un retour dans la cité. Cette définition, nécessaire, mais aujourd'hui insuffisante en contexte de maladie chronique, s'enrichit depuis quelques années d'une définition plus subjective du rétablissement. Les patients expriment de plus en plus le désir d'être entendus, d'exercer pleinement leur citoyenneté et d'être acteurs de leur parcours de vie et de soin, notamment par le soutien des Groupes d'Entraide Mutuelle (GEM). Face à cette volonté croissante, les politiques d' « aller vers » et les pratiques innovantes « orientées rétablissement » tentent de promouvoir la défense des droits des usagers, leur pouvoir d'agir, ainsi que la lutte contre la discrimination. L'institutionnalisation récente et progressive de la pair-aidance, par la création du métier de Médiateur Santé Pair (MSP), notamment, témoigne de cette volonté de prendre en compte la parole des usagers, dans un contexte généralisé de montée en puissance de l'expertise du patient. Si sur un plan purement théorique, le rétablissement est donc à la pointe de l'innovation psychiatrique, la réalité invite à questionner le rétablissement dans sa dimension concrète, au plus près des personnes concernées. Ce numéro proposera donc de mettre en lumière la parole des usagers, et en particulier la représentation qu'ils ont des institutions à l'heure du rétablissement. Si par institutions, on peut entendre non seulement les institutions de soins, mais aussi celles du médico-social, nous avons choisi ici de nous intéresser spécialement au domaine du soin au sens strict, c'est-à-dire de la psychiatrie. Où en est-on aujourd'hui du rétablissement, et est-ce que les usagers se sont réellement approprié ce terme ? Et les soignants ? Parlent-ils à leurs patients du rétablissement ? Quelles représentations se font les usagers aujourd'hui de la psychiatrie, et quelle place donnent-ils aux institutions dans leur parcours de rétablissement ? En quoi celles-ci contribuent-elles, ou au contraire, freinent-elles, leur rétablissement ?
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Fresque collective, cet ouvrage a pour ambition de témoigner d'une pratique pédopsychiatrique institutionnelle insistant sur une double dimension : l'accueil et le refuge d'une part, l'insertion et les interactions sociales d'autre part. Ouvert en 1977 à Spy, petit village du namurois disposant encore de divers commerces, les Goélands ont toujours tenu à être dans la vie sociale évitant à la fois un isolement rural et la trépidation urbaine. Dans le centre du village, l'hôpital occupe quatre lieux distincts et accueille 12 enfants et 14 adolescents psychotiques, autistes, tous en très grande souffrance psychique et dont le rapport au monde est particulièrement perturbé, insécurisé, instable. Ces expressions extrêmes, insoutenables mêmes parfois dans le cadre familial, rendent indispensables une hospitalisation, souvent de longue durée (3 ans).
Hôpital dans le village cherche à rendre combien, au fil des années, le village, avec ses habitants et ses commerçants tout comme avec ses espaces et son architecture, fait partie intégrante du projet institutionnel. Il participe indirectement à l'action thérapeutique et facilite l'élaboration psychique de ces jeunes patients dans un apprivoisement progressif du monde extérieur.
Des voisins et des parents se sont associés au projet et complètent de manière heureuse les témoignages de travailleurs. La circulation, l'espace, le dispositif sont des concepts premiers de la psychothérapie institutionnelle élaborée et éclairée par la psychanalyse.
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Pratique en santé mentale n.1-2024 : Souffrance et travail
Collectif
- Champ Social
- Pratique En Santé Mentale
- 6 Juin 2024
- 9791034608720
Avec l'apparition d'un monde digitalisé, de surcroît dans une période post-covid, le travail revêt progressivement de nouvelles formes. On constate d'une part un envahissement du numérique, d'autre part une augmentation du télétravail et des activités « distancielles » même parfois dans les milieux thérapeutiques, et enfin une remise en question de la logique hiérarchique traditionnelle (mouvement que l'on retrouve initialement dans les start-up). Pourtant, malgré les changements repérés, la souffrance au travail reste à un « niveau élevé et inquiétant », selon une étude réalisée par Opinion Way en 2023. Selon ces chiffres, la détresse psychologique au travail toucherait presqu'un salarié sur deux (48 %). En outre, un tiers des salariés français seraient en burn-out, et parmi eux 12 % en burn-out qualifié de « sévère » (soit plus de 2,5 millions de personnes). Ainsi, bien que le travail représente une épreuve subjective majeure au regard de l'accomplissement de soi et un puissant opérateur de santé (Clot, 2010), il semble également jouer un rôle puissant dans les décompensations psychiatriques et psychosomatiques, tels que le burnout ou syndrome d'épuisement professionnel, etc. Face à cette souffrance accrue, on constate simultanément une « accélération des transformations en cours dans le champ de la santé au travail. » (Jeoffrion & Manzano, 2021). De nombreux dispositifs de prévention et de prise en charge existent en effet aujourd'hui, de plus en plus variés, de ceux dits de « l'urgence psychologique » jusqu'à ceux visant le développement des ressources psycho-sociales (RPS). On peut citer la digitalisation des plateformes de prévention, le développement des méthodes d'analyses du travail, un maillage du territoire encore plus accru, avec le réseau de consultations « souffrance et travail », la présence prépondérante de psychologues en entreprise et dans le secteur hospitalier, la proposition quasi systématique d'interventions immédiates et post-immédiates après événement grave, etc. Mais alors, face à cette souffrance qui ne cesse d'augmenter, que penser des dispositifs de gestion des RPS ? Doit-on penser que la prévention et la gestion de la souffrance serait l'apanage de l'expert-consultant, du psychologue ou du médecin ? Que les acteurs de l'organisation eux-mêmes n'auraient pas, ou prou, à intervenir ? En effet, qu'en est'il de la fonction possible des dirigeants ? Des professionnels eux-mêmes ? Ce fut notre questionnement de départ. Pour construire ce numéro, nous sommes allés à la rencontre des acteurs de la santé mentale au travail, que ce soit le salarié qui a vécu un épisode de burn-out, le psychologue du personnel d'un hôpital psychiatrique, en passant par un dirigeant architecte et un Professeur émérite en psychologie du travail, etc.
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PSM 3-2024 Nature et vie psychique
Pratiques En Santé Mentale (Psm)
- Champ Social
- 24 Septembre 2024
- 9791034608843
Il est peut sembler étonnant d'associer nature et vie psychique pour constituer une thématique d'un numéro de PSM. Nous allons tenter dans ces pages, de rassembler des contributions de personnes qui ont toutes en elles à la fois le souci de l'autre et l'amour de la nature. Comment ont-elles pu rassembler dans une même dynamique personnelle ces deux dimensions jusqu'à en proposer des pratiques originales ?
Dans toute action, qu'elle soit de soin, de loisir, de convivialité, on ne peut partager ou transmettre avec quelque chance de succès que ce qui suscite notre intérêt, voire nous porte ou est constitutive de notre existence. La conviction peut être forte aussi que la nature n'est pas un « environnement » mais fait partie intégrante de notre dimension humaine.
Ces expériences nous paraissent dignes d'intérêt et certaines, peut-être même, modélisables.
Nous nous interrogerons aussi sur les questions suivantes : comment en est-on arrivés là aujourd'hui, c'est à dire à proposer un tel type de thématique? Sur quelles bases théorico-pratiques, ces expériences s'appuient-elles ? Quelle utilité peut-on y trouver ? Ne surferait-on pas uniquement sur des concepts à la mode ?
Enfin, nous tenterons de faire des liens : bien-être, qualité de vie, thérapie, hygiène mentale comme on disait autrefois, prévention, rétablissement...tout cela se tient et des liens méritent d'être faits. Nous l'avons tenté dans ce numéro. Il suscitera, nous l'espérons, vos réactions et commentaires. -
Depuis 1993, les clowns de l'association " RIRE " rencontrent les enfants hospitalisés.
Leurs scènes : les salles d'attente, les chambres des enfants. Ces clowns-là jouent avec tout et rien, transforment les ballons en animaux, ils deviennent tour à tour magiciens, musiciens, faiseurs de bulles, de sketchs. Le cancer amène l'enfant à vivre des situations angoissantes, extrêmes, à toucher les limites du pensable. Quand le clown rencontre l'enfant malade, la réalité difficile se transforme parfois en parcours de jeu, de tendresse, d'attention à la vie.
Ce clown-là n'est pas un clown de cirque, il accompagne l'enfant dans sa souffrance et tente de l'alléger au fil de son imaginaire et de la création poétique.
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Quelle médecine pour demain ? pour quelle éthique ? réflexions, propositions
Marc Levy
- Champ Social
- 22 Mai 2003
- 9782912860101
La médecine d'aujourd'hui se cherche, quelque part, entre art complexe et science humaine.
Mais l'homme, lui, se heurte, depuis toujours, à l'impossibilité d'être ou d'avoir son être.
L'humain vassal est condamné à en découdre avec le langage et ses équivoques. Si bien qu'aucun codage, aucun logiciel, aucune objectivation, n'aura raison de la dialectique fondamentale et intime qui lie l'être humain à sa corporéité via ses perceptions, ses discours, son image et ses idéaux.
En ayant opté pour une maîtrise essentiellement comptable des dépenses de santé, les Pouvoirs Publics espèrent mettre un terme à la dérive budgétaire.
C'est sans doute une erreur. Les faits le prouvent déjà. Les médecins ont donc un défi à relever : faire prévaloir leur éthique, absolument. Car seule l'éthique est apte à garantir la pertinence de l'acte médical, donc de son coût.
Placé entre la liberté et la nécessité, le questionnement éthique est fondé sur une référence tierce. L'éthique est un souci dont le ressort est dialectique, la formulation interrogative, l'intention, une esthétique du rapport à l'être, et l'effet, un accomplissement résolutif.
Dès lors, cette référence tierce, pourquoi ne pas lui offrir un visage ? Là est la clé de voûte de l'architecture que propose l'Association Nationale pour l'éthique de la médecine libérale.
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Pratique en santé mentale n.2024-4 : Les maisons des adolescents : Paradigme de la prevention en sante mentale
Collectif
- Champ Social
- Pratique En Santé Mentale
- 10 Décembre 2024
- 9791034609048
Ce numéro consacré à ces Maisons d'adolescents questionnera la réalité du travail en réseau et les liens qui ont pu se construire entre ces structures et des « forteresses » institutionnelles comme l'Education Nationale ou l'Aide Sociale à l'Enfance, mais aussi des formes d'accueil qui s'en rapprochent comme les « points accueil écoute jeunes » et les « espaces santé jeunes ».
La première maison des adolescents a été créée au Havre, il y a 25 ans, dans le cadre d'un secteur de psychiatrie infanto-juvénile, à partir du constat partagé avec la pédiatrie locale, d'une désaffection des adolescents pour les lieux de soins du secteur. Aucun des acteurs impliqués alors n'imaginait le succès qu'allait rencontrer ce modèle qui s'est aujourd'hui généralisé dans tout le pays, même s'il revêt souvent des formes différentes.
Alain Fuseau, le psychiatre qui est à l'origine de cette initiative, rappelle comment ce signifiant « Maison des Adolescents » privilégie la période de vie sur la symptomatologie et souligne comment la construction d'une culture globale, partagée par des acteurs de l'adolescence d'horizons variés, a permis qu'il existe aujourd'hui plus de 130 Maisons des adolescents en France. -
PSM 2-2025 : Loi du 11 février 2005...20 ans après
Pratiques En Santé Mentale (Psm)
- Champ Social
- 12 Juin 2025
- 9791034609383
20 ans, ça se fête. La loi « pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » a donc 20 ans. Deux décennies après sa publication il nous a semblé intéressant de dresser un premier bilan comme nous l'avions fait dans ces mêmes colonnes pour les 20 ans des lois de 1975, combattues souvent à leur sortie avant que tout leur intérêt n'émerge progressivement.
La loi de 2005 est fille de celle de 75 sur le handicap. Elle s'inscrit dans sa continuité car elle ne renonce pas totalement au modèle médical de la déficience, mais s'ouvre à une définition sociale du handicap en référence à la CIF. Si elle lui est fidèle, elle propose aussi un changement de regard et de cap sur le handicap. On se posait en 75 la question « que peut faire la personne handicapée pour s'insérer mieux » à une autre question qui serait : « que peut faire la société pour que personne ne se retrouve en situation de handicap ». D'une loi de protection on est ainsi passé à la promotion de la participation sociale et pour se faire, de la discrimination positive à la non discrimination, de l'accompagnement vers l'insertion à un modèle de société inclusive. Un pas de plus.
Dans une première partie de ce numéro, nous tendrons la plume à plusieurs grands témoins des évolutions de notre art à travers ses pratiques et ses lois. Ils sont sociologue, responsable de mouvement, militant ou chercheur.
Et puis, dans une seconde notre ambition sera de reprendre largement les évolutions législatives en les articulant aux pratiques cliniques Pour ce faire nous irons rechercher ce qui a pu être écrit sur le sujet au cours de ces 20 dernières années dans notre revue Pratiques en santé mentale. Les préconisations et la philosophie de la loi ont-elles été mises en pratique et comment. Le résultat devrait faire apparaître l'idée que notre revue poursuit toujours le même but militant: accompagner les pratiques des professionnels de terrain dans leur cheminement et leurs interrogations, contribuer à l'humanisation permanente des pratiques et continuer à tenter de promouvoir un idéal de société plus inclusive.