Dans ce recueil d'essais à la fois drôles, érudits, débordants de curiosité et étrangement prémonitoires, Margaret Atwood tourne son intelligence exceptionnelle et son humour espiègle sur notre monde et nous rend compte de ses réflexions. Elle revient sur le krach financier, l'ascension de Trump et la pandémie. De la crise climatique à la question de l'avortement, personne n'est plus à même d'interroger les mystères multiples et variés de l'humanité. Cette anthologie non seulement saisit parfaitement notre époque, mais nous en dit un peu plus sur la personnalité de l'autrice emblématique de La Servante écarlate, sur ses combats et sur les écrivains qu'elle affectionne, de Richard Powers à Doris Lessing en passant par Alice Munro.
Extrait : Le marché des futurs - QUELQUES HISTOIRES QUE NOUS RACONTONS SUR LES TEMPS À VENIR (2013) :
« L'apocalypse zombie doit donc une partie de son attrait au fait que, aussi effroyable que puisse vous paraître la situation actuelle, elle pourrait encore empirer. Cela fait paraître le présent plutôt plaisant, en comparaison. [Vous] vous trouvez laid ? Eh bien, songez que vous seriez bien plus laid encore si vous deveniez un zombie. Tous ces soins dentaires en pure perte, sans parler des traitements capillaires ! »
C'est l'histoire d'une pieuvre qui cherche à rejoindre l'Océan pacifique pour y pondre ses oeufs. Mais pour y parvenir, elle doit traverser un bras de terre, quitter son élément, croiser une route. C'est l'histoire d'une femme qui a vécu de terribles épreuves et ne sait plus très bien qui elle est ni ce qui a de l'importance à ses yeux. Une nuit, leurs chemins se croisent et pour la femme, tout bascule. Au coeur des paysages rudes et magiques de Tasmanie, s'écrit alors un récit de reconquête et de rencontres, de choix et d'idéaux.
Dans ce premier roman, Erin Hortle nous parle des échos de la vie sauvage sur notre vie humaine, dessinant avec énergie et malice le destin d'une femme qui trouve en regardant l'océan la réponse à ses questions et le chemin d'une nouvelle existence.
Quels sont les écueils auxquels les militants antiracistes se trouvent confrontés lorsqu'ils mobilisent la notion de « race » ? Et comment peuvent-ils s'en prémunir ? Asad Haider trace dans cet ouvrage une généalogie des politiques de l'identité, dont il met en relief le passage d'une inscription dans la tradition révolutionnaire à l'affirmation d'une position libérale. Revenant sur sa trajectoire personnelle au sein des luttes antiracistes menées aux États-Unis ces deux dernières décennies, il éclaire les multiples controverses suscitées en leur sein par l'héritage du Mouvement des droits civiques. Il montre ainsi que les luttes comme Black Lives Matter ont donné lieu à la confrontation de conceptions antagoniques de l'identité : tandis que l'une, abstraite et consolatrice, en fait le support d'une demande individuelle de reconnaissance qui naturalise les inégalités sociales, l'autre insiste au contraire sur la dimension construite des identités et la fonction de justification des structures sociales qu'elles remplissent.
Il résulte de cette démarche une série de mises au point à la fois historiques et théoriques sur certains des débats les plus vifs qui animent les espaces publics étatsunien et, désormais, français - qu'ils portent sur la perspective « séparatiste » théorisée par les penseurs afropessimistes, sur la rhétorique des identités offensées, ou encore sur les traits constitutifs de la blanchité
Zelda, 21 ans, n'est pas tout à fait comme les jeunes femmes de son âge. " Maman était saoule quand j'étais dans son ventre, a-t-elle coutume d'expliquer, c'est pour ça que je suis différente. " Qu'à cela ne tienne, elle mènera sa vie comme elle l'entend ! Zelda aime son grand frère et tuteur Gert, son amoureux Marxy, son nouveau travail à la bibliothèque, faire des listes et, surtout, elle voue un culte immodéré aux Vikings.
Elle parle le norrois couramment et lit les runes dans le texte. Quand Gert se retrouve menacé par des dealers, Zelda sait ce qu'il lui reste à faire. Protéger son clan. Et écrire sa propre légende...
Émoi à Washington. Derrière les murs de la somptueuse demeure d'une grande famille d'industriels, un crime abominable a été commis. M. et Mme Banks et leur fille ont été sauvagement assassinés. Personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu. Bunny, une ancienne amie d'Audrey Banks, est profondément ébranlée par ce drame. Héritière d'une famille de fabricants d'armes, elle remet peu à peu en question le milieu dans lequel elle a grandi. Cependant, dans la communauté nantie, la vie continue comme avant. Doug Wallace, sénateur républicain ambitieux, vise la présidence, en trompant allègrement sa femme, laquelle fait des pieds et des mains pour intégrer les clubs les plus huppés. L'irréprochable général Montgomery, nommé ministre de la Défense, est bientôt accusé de crimes de guerre en Afghanistan... Alors que les adultes craignent que leurs secrets soient exposés au grand jour, les adolescents, sur le point d'intégrer de prestigieuses universités, cherchent un peu de liberté dans la fête et la drogue. Et, à l'ère des portables et des réseaux sociaux, leurs frasques peuvent aussi entacher la réputation de leurs parents. Mais le royaume du pouvoir et de l'argent est difficile à ébranler.
Le Sytème Minard de Sandra Rendgen est le premier ouvrage rassemblant la collection complète des cartes statistiques de Charles-Joseph Minard conservée à l'École nationale des Ponts et Chaussées. Cet ingénieur civil né en 1781 fait oeuvre de pionnier dans le domaine de la représentation visuelle de données statistiques.
Éclairant l'histoire de ce cartographe autodidacte, dont les cartes et représentations firent date dans la façon de modéliser des données en sciences sociales, Le Sytème Minard est un document historique unique, traduit pour la première fois en français. Ces représentations graphiques donnant à voir des données diverses sont une véritable leçon de design graphique, à l'heure où les enjeux politiques de la visualisation de données (« data visualization ») gagnent en visibilité.
La rencontre entre l'artiste international Gary Hill et Martin Cothren, Amérindien ouvrier pêcheur de la réserve Yakama, jeté en prison et mort sans abri peu après sa libération : conçu par Gary Hill, cet ouvrage singulier alterne le récit par l'artiste de leur histoire commune sur vingt ans, touchante et tragique (l'occasion pour Hill de revenir sur son propre parcours) et les lettres de Cothren, entrecoupées pas ses dessins naïfs extraordinaires.
Gary Hill a rencontré Martin Cothren alors qu'il cherchait des figurants pour son installation vidéo Viewer, en 1996. La rencontre fortuite entre cet Américain californien blanc - artiste dont l'oeuvre est exposée dans les plus grands musées internationaux - et cet Indien américain - ouvrier pêcheur à Seattle - s'est transformée, au cours de leurs échanges sur une vingtaine d'années, en une amitié ambivalente dans son rapport à l'autre, englobant la frustration, la paranoïa, la générosité, le pardon et la profonde tristesse. Une relation dont le secret est peut-être dans le non-dit.
Néanmoins, dans l'espace de ce livre, cette « rencontre » prend la forme d'un jeu de piste non linéaire surgi d'une mémoire encore vivante, construisant un espace fluctuant fait de dessins et de lettres manuscrites qu'ils se sont échangés et où s'intercalent désormais des textes en prose de Gary Hill. Une manière de perpétuer cet échange dans lequel deux êtres singuliers apparemment dissemblables ne cessent de manifester leur parenté.
La traduction s'est attachée à restituer le ton des lettres de Martin Cothren en conservant les fautes d'orthographe, le mot à mot, les espaces entre les phrases, la ponctuation (où son absence), selon le souhait de Gary Hill.
« Je n'aurais jamais imaginé me lier d'amitié avec quelqu'un comme Martin. Selon ses propres termes - et c'est un peu ironique - c'était un taulard, un escroc, un voyou, un délinquant, un sans-abri solitaire, un «copin» toujours fauché, mon «bro». Cette amitié ne pouvait s'expliquer simplement par le fait que nous avions travaillé ensemble, car notre collaboration n'avait duré que très peu de temps - une journée, voire même en réalité quelques heures. Deux mois plus tard, il partait en prison. Il serait facile de mettre cela sur le compte du destin, mais je me suis retrouvé au fil des années à remuer ciel et terre jusqu'au dernier grain de sable dans l'espoir de trouver un indice qui m'aiderait à comprendre ce qui me tenait attaché à cet «Indien»... Est-ce qu'il y a un fond de vérité dans le proverbe «Qui se ressemble s'assemble» ? Est-ce que nous étions, pour ainsi dire, les deux faces d'une même pièce que je n'ai pas encore découverte ? ».
Gary Hill.
« Gary Finalement je suis pas aller pointé pour la liberté conditionel je leur ai deja dis que je ne vient pas d'Alaska et que ici j'ai nulpar ou allez je dormait chez mon copian celui qui reçu l'argent il m'a laisser dormir chez lui encore une nuit et le lendemain il ma demander de partir Il étais en liberté conditionel et il voulais pas avoir de problèmes en me laissan dormir chez lui sait normal Alors j'ai pris ce qui me restait comme argent j'ai trouver un endroit pour la nuit et le lendemain je me suis retrouver encore a la rue je me suis fai arretez prcq je trainais avec des sdf Maintenant je me dit que je serez mieux à Seattle là bas ils aide les gens quant il sorte de prison Sait la première fois que je me sent seul comme sa s'est un peu pareille comme la fois ou ma soeur été reparti en Allemagne j'allez tout le temps me couché dans son lit et je prenez son oreiller dans mes bras je pleurai ou alors je sentai son odeur Perdu C'est comme sa que je me sent. Ici je partage la chambre avec un homme il a pas de famille et personne pour leur ecrire et il est entrain de mourir s'est comme sa mes journée Si tu veut bien tu peux m'envoyé une photo de toi + tes femmes comme sa je pourrait au moin regarder des visage en liberté des amis j'ai pris 3 ou 4 ans juste pour avoir bu une bouteille de vodka avec des sdf et moi je suis sdf. ».
Extrait d'une des lettres de Martin Cothren.
Fondé en 2010, le Stanford Literary Lab a ouvert un nouveau chapitre des études littéraires. Soucieux d'explorer l'histoire de la littérature à l'aide des ressources numériques, ce collectif de chercheurs s'est d'abord attaché à traduire en langage informatique la complexité des opérations mises en oeuvre par toute critique littéraire, pour éprouver les grands récits de la naissance et de l'évolution du roman ou du théâtre européen à partir de corpus de textes trop immenses pour être embrassés par un seul savant, aussi érudit fût-il.
Au fil de leurs expérimentations, toutefois, les nouvelles technologies ont changé de statut : elles devaient rendre possible la vérification à très large échelle d'hypothèses audacieuses ; elles ont fini par défier les concepts mêmes qui entrent dans la formulation de ces hypothèses.
Au large de l'Ecosse, dissiminées sur la Mer du Nord, les plateformes pétrolières sont un monde d'hommes. Là-bas, ils vivent pendant plusieurs mois sans toucher terre, éprouvent leur endurance, risquent leur vie et amassent un joli pécule. Tabitha Lasley décide d'enquêter sur cet univers qui lui est interdit et part à Aberdeen pour y rencontrer ceux qui reviennent de ces séjours en mer. La jeune journaliste veut savoir comment sont les hommes quand ils ne vivent qu'entre eux.
Mais son sujet se dérobe. Les femmes n'ont pas accès aux plateformes et à terre les tabous restent les mêmes. Dans cette enquête où les hommes racontent leur mythologie virile, Tabitha endosse malgré elle le rôle de celle restée à terre qui attend, la douce présence qui écoute, l'icone idéalisée dont on rêve. Et la voici en train de rejouer l'éternelle histoire de la femme qui scrute le large en attendant l'homme qui a pris la mer... Quand l'amour s'en mêle l'enquête journalistique prend franchement des accents gonzo.