HELENE HENRY
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«Ma charmante, mon inoubliable ! Tant que les creux de mes bras se souviendront de toi, tant que tu seras encore sur mon épaule et sur mes lèvres, je serai avec toi. Je mettrai toutes mes larmes dans quelque chose qui soit digne de toi, et qui reste. J'inscrirai ton souvenir dans des images tendres, tendres, tristes à vous fendre le coeur. Je resterai ici jusqu'à ce que ce soit fait. Et ensuite je partirai moi aussi.»
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Dans une société assujettie au bonheur infaillible et obligatoire, alors que la "dernière" de toutes les révolutions possibles a eu lieu, les hommes, sous une cité de verre dans laquelle chaque geste est contrôlé, sont devenus des "Numéros". Ceux-ci paient de leur vie le moindre écart à l'ordre établi contre lequel, malgré tout, une poignée de dissidents va s'insurger. D-503 y tient un journal à la gloire de ce monde aseptisé et y consigne les débuts d'une insurrection qui va peu à peu le transformer. Anti-utopie prophétique qui anticipe toutes les glaciations du XXe siècle, «Nous» est considéré comme le premier chef-d'oeuvre de science-fiction, celui qui inspirera «1984 »de George Orwell et «Le Meilleur des mondes» d'Aldous Huxley. Cette nouvelle traduction vise à faire entendre, dans les mots, cet appel tragique : on a toujours raison de se révolter.
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La tempête de neige ; une aventure ; 2 pièces romantiques
Marina Tsvétaïéva
- Folio
- Folio 2 Euros
- 23 Mai 2019
- 9782072842092
Dans ces textes de jeunesse, Marina Tsvétaïéva touche à un genre pour lequel elle demeure méconnue - le théâtre -, y nouant courtes intrigues et petites scènes narratives autour de la rencontre amoureuse. C'est encore cependant sa plume versifiée qui frappe par son incandescence dans ces deux tableaux où se meuvent, poétiquement, silhouettes brûlant d'absolu et solitudes sans remède. Le monsieur : Écartez-vous ! Vous allez brûler vos cheveux ! La dame : Ne craignez rien pour moi ! Je suis moi-même Feu.
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Ma soeur la vie et autres poèmes
Boris Pasternak
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 11 Mai 1988
- 9782070324408
La poésie de Boris Pasternak, dont on découvrira avec bonheur la singulière puissance, est une célébration émerveillée du moment de «seconde naissance» où surgit la vie en même temps que s'imposent les mots. Cet «été 1917» que raconte le recueil Ma soeur la vie, ses étoiles brûlantes, ses révoltes, ses orages, ses espaces, ses murmures, la beauté de la volupté et celle de l'écriture, habitent à jamais la poésie de Pasternak:jusqu'à la fin, ses vers nous redisent que le poète, pour être poète, doit accepter de voir la nature et la vie prendre l'initiative. Mais le lyrisme haletant, éclaté, intensément métaphorique des débuts s'apaise et s'épure dans les recueils de la maturité et des dernières années. Inlassablement ils posent la poésie comme fraternité des choses et des consciences, comme certitude d'unité où «les rivières elles-mêmes refusent de se penser séparées» et où le poète, parvenu au coeur des choses, n'est plus qu'un servant dans la toute simple liturgie de l'art et de la vie. On trouvera ici l'essentiel de l'oeuvre poétique de Pasternak, dans un choix qu'il a lui-même établi à l'époque où il terminait Le docteur Jivago.
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« Au milieu des années 1970, j'ai inventé un genre personnel, celui du texte-sur-fiche , qui répondait alors chez moi à un besoin de surmonter la force d'inertie de la page. Plus encore : il s'agissait, par l'invention d'un genre inédit, d'amener le samizdat, en quoi on pouvait voir alors une situation à jamais figée, à déborder le cadre socio-culturel pour conquérir l'esthétique. Ce genre a montré une vitalité qui m'a étonné moi-même, se révélant capable d'importants développements et modifications internes ».
En 1975, bibliothécaire à Moscou, Lev Rubinstein écrit des poèmes de forme classique. Il sait par coeur, en bon intellectuel de sa génération, Pouchkine et Mandelstam (il y ajoute Tolstoï, qu'il admire). Il prête l'oreille au langage des rues et des marchés (langage cuit de l'homo sovieticus), et hante les ateliers et les cuisines où, en ces années de stagnation, se discute et s'élabore l'art non-officiel. C'est alors qu'il invente, dans une logique que lui dicte son temps, un nouveau « genre artistique » : la « mise en fiches ».
Elle devient la signature de Rubinstein. L'idée de segmenter son texte en l'inscrivant, phrase après phrase, sur de simples fiches perforées, lui a été suggérée par son quotidien de bibliothécaire, par les pratiques picturales de démultiplication du Pop Art américain, et par l'espoir qu'un discours donné à « voir » en pièces détachées serait capable de réveiller le lecteur-auditeur engourdi par le soviétisme ordinaire.
Ainsi s'est construit un objet « rubinsteinien », incongru et jubilatoire, qui déstabilisait les représentations familières. Livré maintenant sous forme de livre, il continue à nous faire douter à la fois des mots et du monde, mais, du même mouvement, leur donne vie.
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Le Voyage de Hanumân raconte l'exil de deux paumés au Danemark, et leur vie quotidienne dans un camp de réfugiés. L'estonien Johann et l'indien Hanumân, compagnons d'infortune, survivent comme ils peuvent. Entre les magouilles, les petites et grandes indignités, les humiliations et les mensonges, se dessine jusqu'au rire une carte sensible de ces zones transitoires où pataugent et se mêlent l'absurde, les espoirs et les peurs de milliers de laissés-pour-compte.
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Le secret perdu à jamais du camembert russe
Ksénia Dragounskaïa
- Les Solitaires Intempestifs
- Bleue
- 27 Avril 2001
- 9782912464941
Un article de débutant, c'est sûr, mais on s'entait déjà une maîtrise, un don journalistique absolument hors du commun.
Il exposait que le secret de la fabrication du camembert russe avait été tout bonnement perdu. Et moi, figure-toi, ce qui m'avait plu, c'était justement cette audace. Tout le monde tourne autour du pot : ah oui... le camembert russe...
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Récit en vers traduit du russe par Hélène Henry Composé au bagne entre 1948 et 1952 ce long poème autobiographique constitue une étape essentielle dans l'édification de l'oeuvre en prose qu'entreprendra Soljénitsyne une fois libéré. À l'origine, la forme versifiée était destinée à favoriser la mémorisation : le texte sitôt composé était appris par coeur, puis détruit. Le poème suit le « chemin » emprunté par son jeune héros : son enfance à Rostov-sur-le-Don dans une famille pauvre et persécutée, sa « double foi », chrétienne par tradition familiale, communiste par éducation et conviction et, surtout, son engagement dans les combats de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à son arrestation. Cette suite de portraits et de scènes décrivant une Russie stalinienne déchirée est aussi l'amorce de la quête historique, culturelle, morale, spirituelle que poursuivra, sa vie durant, l'auteur de l'Archipel du Goulag.
Figure emblématique de la dissidence sous le régime soviétique, Prix Nobel de littérature en 1970, Alexandre Soljénitsyne (1918-2008) est l'auteur d'une oeuvre considérable, dont l'Archipel du Goulag écrit dans la clandestinité, tout comme ce Chemin des forçats composé durant ses années de bagne. Contraint de s'exiler vingt ans aux Etats-Unis, il y poursuivit son grand oeuvre sur la la genèse de la révolution d'Octobre, la Roue rouge. Il regagna sa Russie natale en 1994. -
Récit traduit du russe et annoté par Hélène Henry En juin 1939, Marina Tsvétaïéva, exilée à Paris depuis 1925, retourne avec son fils Guéorgui en Union soviétique, où elle rejoint son mari, Sergueï Efron, et leur fille, Ariadna. Deux ans plus tard, elle se suicide à Élabouga, en Tatarie.
Ces deux dernières années de la vie de la grande poétesse russe sont racontées et montées scène par scène, comme un drame antique. Une grande maison abandonnée, à trente kilomètres de Moscou, où un petit groupe d'exilés rentrés de France vit en huis clos, surveillés par le NKVD. Le vide qui se fait avec les arrestations. Sergueï Efron fusillé, Ariadna déportée dans un camp où elle passera huit ans. Ne restent plus que Marina et son fils. La guerre éclate, tous deux sont évacués à Élabouga...
Le livre dresse un tableau terrifiant du destin qui attendait, en Union soviétique, à la fin des années 1930, les émigrés de l'« Union pour le retour », intellectuels sincères piégés par leurs propres espoirs et manipulés par la police politique du régime stalinien. La lourde responsabilité des services secrets dans le destin tragique de Marina Tsvétaïéva se conjugue à sa poignante inaptitude à survivre. Spécialiste de littérature russe, Irma Koudrova a consacré de nombreux travaux à la vie et l'oeuvre de Marina Tsvétaïéva, dont plusieurs ont été traduits en anglais, allemand et tchèque. Elle vit à Saint-Pétersbourg. -
La vierge chevauchant venise et moi sur son épaule
Elena Schwarz
- Alidades
- Petite Bibliotheque Russe
- 15 Février 2004
- 9782906266568
Traduite en allemand et en anglais, l'oeuvre d'Elena Schwarz (Une quinzaine de recueils, dont deux anthologies récentes) n'a connu en France que de brèves publications en revues ou au sein d'anthologies consacrées à la poésie russe des dernières décennies. L'un des plus prestigieux prix littéraires de Russie, le prix « Triumph », vient cependant de lui être décerné, portant sur le devant de la scène une écriture qui, depuis les années 70, s'est élaborée, par la force des choses et le refus des compromissions, dans le retrait.Vivant à Saint Petersbourg, Elena Schwarz appartient à cette génération d'écrivains qui ont voulu et su préserver, contre les pressions soviétiques, puis contre la déferlante des sous produits culturels consécutive à l'ouverture à l'ouest, l'exigence d'un travail éminemment personnel et original. Elle puise à différentes sources - tant la tradition biblique que les traditions populaires slaves - qu'elle transcende, une parole d'un mysticisme brutal, coloré, existentiel, hérétique sans doute (comme elle en convient elle-même) par laquelle s'exprime une intériorité forte et torturée dans sa relation complexe à la réalité humaine et à ce qu'elle peut avoir de troublant, de violent et de problématique.
Le vers d'Elena Schwarz n'est pas libre ; mais ne l'étant pas, il est néanmoins brisé, secoué, malmené, ainsi qu'on peut l'entendre lors de ses lectures (notamment lors du dernier Printemps des poètes, à Lyon, Montpellier, Bordeaux) et s'éloigne de la stricte régularité encore bien souvent défendue par nombre de poètes russes contemporains. Remarquablement et généreusement servi par la traduction d'Hélène Henry, l'ensemble proposé dans le présent recueil permet pour la première fois en français de parcourir plus de vingt cinq années de l'écriture d'Elena Schwarz et de prendre la mesure de la force extraordinaire qui traverse tout l'oeuvre de cet écrivain dont à coup sûr on reparlera.
Poèmes traduits du russe par Hélène Henry. -
Dans un monde en fuite, peuplé de silhouettes entraperçues, quelques êtres fortement éclairés, longuement désirés, tiennent lieu du père absent et de la mère disparue. Les amples paysages de la Volga participent à la célébration d'un rite de passage, au cours duquel le narrateur deviendra homme en découvrant sa sexualité.
Une écriture détaillée, comme « photographique », fait de Tendre théâtre un texte initiatique, cruel et cru, d'un érotisme délicat, aux confins du fantasme et d'une réalité violente.
Avec ce deuxième roman, Kononov s'affirme comme l'une des voix majeures de la nouvelle prose russe.
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Le récit est situé à Saint-Pétersbourg durant l?automne et l?hiver qui précèdent la célébration du tricentenaire de la ville. Le contraste entre la splendeur de la cité impériale et la réalité des rues défoncées par les travaux constitue un premier décalage dans un texte tout en dissonances et en déchirures. Au centre du livre on trouve le narrateur lui-même, un pauvre hère d?écrivain-tâcheron, et sa femme qui le persécute, prise dans le carcan de la psychose alcoolique. Leur double portrait, mené avec cruauté et impudeur, est celui d?une génération qui avait voulu croire que la « vie était belle » et qui, au seuil de la vieillesse, a perdu tous ses repères dans un monde radicalement nouveau.
Troisième Souffle constitue le fragment le plus « actuel » de la « chronique des temps présents » qu?édifie, presque au jour le jour, le prosateur Valéri Popov à partir des événements et des circonstances de sa propre existence. Ici, le récit est recentré autour de sa femme, Nonna, dont l?alcoolisme, décrit avec une véridicité poignante, devient le lieu d?un questionnement sur la vie et ses choix, au quotidien et dans l?histoire.