Saint-libéral est un petit bourg de corrèze, tout proche de la dordogne, pays d'élevage et de polyculture.
Avec dix hectares et dix vaches, on y est un homme respecté comme jean-edouard vialhe, qui règne en maître sur son domaine et sa famille : sa femme et leurs trois enfants, pierre-edouard, louise et berthe. dans cette france qui n'avait guère bougé au xixe siècle, voici que, avec le siècle nouveau, des idées et des techniques " révolutionnaires " lentement apparaissent et s'imposent. et le vieux monde craque...
Après " la Rivière Espérance, le Royaume du Fleuve.
Soudain, ce fut comme si la paille d'un grenier s'embrasait, projetant sur le fleuve des flammes dorées qui se mirent à danser. Benjamin attira Marie contre lui, prit ses mains, les posa sur le gouvernail, les retint dans les siennes. - Regarde mon royaume, dit-il. Le seul au monde qui mérite d'être défendu. Il manoeuvra le gouvernail et Marie sentit dans ses mains, dans ses bras, ses épaules, la puissance de l'eau.
- Tu sais pourquoi ? demanda Benjamin. Elle sourit, amusée, fit un signe négatif de la tête. - Parce que dans ce royaume-là, tous les hommes peuvent devenir rois. Et les femmes ? - Seulement celles qui savent tenir un gouvernail, fit-il en riant. - Alors, laisse-moi essayer. C'était encore le temps du bonheur, pour Marie et Benjamin. Mais déjà l'Histoire, la " grande ", les rejoignait. La révolution de 1848 écrasée à Paris, une répression sourde pesait sur le pays.
En Décembre 1851, le coup d'Etat du prince Napoléon déclenche dans tout le Sud-Ouest républicain une véritable insurrection. Benjamin, qui y a pris part, est arrêté, jugé, déporté en Algérie avec des milliers d'autres. Une nouvelle fois - c'était déjà le cas dans les cailloux bleus et les menthes sauvages, une femme anime un roman de Christian Signol.
La campagne française n'est pas un jardin d'agrément.
Des hommes et des femmes y livrent chaque jour de multiples combats. Irène est de ceux-là. La rousse flamboyante révélée dans La Ferme des orages est aujourd'hui une veuve meurtrie et révoltée. Non ! elle n'est pas responsable de la mort de son mari. Non ! elle ne se laissera pas chasser de son exploitation et elle ne renoncera pas aux méthodes d'élevage intensif. Aidée de la seule Léone - une étrange jeune fille que le travail de la terre fascine -, elle va affronter ce monde agricole si mal connu où les ambitions les plus légitimes se heurtent aux passions les plus violentes, où l'indépendance viscérale des agriculteurs doit plier (ou faire semblant) devant les lois inexorables du progrès et du marché.
Contre tous et contre toutes, contre ses ennemis et contre ses amis, Irène mènera ce combat furieux jusqu'aux limites de la raison. Avec La Berthe, l'histoire d'une paysanne hors du commun dans le bocage normand, Joëlle Guillais a touché un immense public.
De Toulouse la rose à Collonges la rouge...
C'est en passant de la grande ville, où sa vie de femme lui semble s'interrompre après le meurtre de son mari, au célèbre village corrézien qui rêve au flanc du Massif, qu'Andrée, avocate de trente-trois ans, parvient à reprendre confiance et espoir. Il lui faudra d'abord sauver son fils que la mort de son père laisse à la dérive. Puis elle-même qui se croyait si forte et assurée dans ses opinions - aujourd'hui blessée.
Par bonheur, elle n'est pas seule : une amie fidèle, de vieux parents bien ancrés dans le passé et le présent de la terre et, plus mystérieusement, la présence vivace en elle de son mari disparu la conduisent sur le chemin de sa résurrection. Les pierres rouges de Collonges, les pierres blanches du causse, des coeurs simples, le temps qui passe - il n'en faut pas plus à Colette Laussac pour dire que la mort n'est pas la fin de la vie.