En 1919, âgé de trente-six ans, Franz Kafka rencontre Julie Wohryzek. A nouveau déchiré entre l'écriture et l'amour, il est saisi par l'angoisse que se répète l'échec sentimental qu'il a connu lors de sa rupture avec Felice Bauer. Pour conjurer l'échec, il lui faudrait se délivrer de la culpabilité que son père a fait peser sur lui. Dans un effort halluciné d'analyse et de confrontation, il se résout à lui écrire une longue explication.
La Lettre au père résonne comme une tentative désespérée d'existence ; une ultime velléité de sortir de l'anéantissement dévastateur où l'a plongé le mépris paternel. La lettre ne sera jamais lue par le père, le fils ne se sera pas libéré de son emprise...
« Notre langue devient laide et imprécise parce que notre pensée est abrutie, lequel abrutissement est lui-même facilité par la négligence dont souffre notre langue. » George Orwell n'épargne aucun de nos travers langagiers en fustigeant la dégradation des usages chez les politiques, en littérature ou dans nos conversations quotidiennes. Grâce à nombre d'exemples éloquents, il nous enjoint à résister à la vacuité du langage préfabriqué.
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Charles Recoursé
Comment lutter contre la tendance de la majorité à soumettre les minorités ? Doit-on se plier à la loi lorsque celle-ci est injuste ? Tout geste de désobéissance contient en lui un refus des compromissions qui fondent nos institutions.
Thoreau nous confronte à la possibilité de rouvrir notre imaginaire politique : « N'est-il pas possible d'aller plus loin dans la reconnaissance et l'organisation des droits de l'homme ? »
Il est des hommes qui ont la vérité en eux mais ne l'expriment pas en paroles. Dans Le Prophète, Khalil Gibran parle de l'exil, de l'amour, des enfants, du manger et du boire, du travail, de la douleur, de l'amitié, de la beauté, de la mort. Mais l'essentiel, il ne peut le dire. C'est en creux qu'il fait sentir la vérité muette de son âme. Et l'invisible évoqué par le prophète libanais parle directement à l'invisible qui est en nous.
Dans ce texte court et ambivalent, Blandine Rinkel raconte un souvenir de ses 20 ans. Un épisode gris où elle s'est sentie abusée, à la fois par l'oeil d'un photographe et par le sien, celui d'une jeune fille qui a intégré le mépris de soi.
« Entre l'abus criminel et le consentement net, il y a un monde gris, inconfortable et trouble, dont nous avons parfois peur de parler parce que nous croyons y avoir notre part de responsabilité. » La suite se déroule lors d'une discussion inédite avec Arthur Teboul, chanteur du groupe Feu! Chatterton, qui apporte son regard masculin et moderne sur ces questions.
Qu'est-ce que l'amour ?
Ce n'est ni l'amitié, ni le désir, ni la passion.
C'est un peu tout cela et son contraire.
L'amour est instable, changeant, précaire. Imparfait.
C'est pourquoi il est le moteur tout-puissant de tant d'histoires grandioses et de nos vies ordinaires.
"Sois toujours poète, même en prose". Dans ce recueil, écrit en parallèle avec Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire (1821-1867) est tour à tour flâneur, philosophe, rêveur, moraliste, conteur, poète... Ses "Petits Poèmes en prose" réussissent le "miracle d'une prose musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience."
Ecrit de mars à août 1876, Un coeur simple ouvre le recueil des Trois Contes, publié l'année suivante. Flaubert vient de retrouver sa maison de Croisset, dont les tracas financiers l'avaient tenu éloigné pendant un an. L'écrivain est heureux de se retrouver "comme un petit bourgeois" dans ses fauteuils, au milieu de ses livres, dans son cabinet avec vue sur son jardin. Mais la vie, même la plus banale, peut-elle jamais être aussi... simple ?
Publié en 1576, Le Discours de la servitude volontaire est l'oeuvre d'un jeune auteur de dix-huit ans. Ce texte (ô combien actuel !) analyse les rapports maître-esclave qui régissent le monde et reposent sur la peur, la complaisance, la flagornerie et l'humiliation de soi-même. Leçon politique mais aussi leçon éthique et morale, La Boétie nous invite à la révolte contre toute oppression, toute exploitation, toute corruption, bref contre l'armature même du pouvoir.
Traduction en français moderne par Séverine Auffret
Sommes-nous ce que nous lisons ? présente quatre courts textes de George Orwell écrits pour la presse anglaise entre 1936 et 1946, traduits pour cette édition inédite par Charles Recoursé : Souvenirs de librairie, Les bons mauvais livres, Confessions d'un critique littéraire et Des livres ou des cigarettes.
« C'est lorsqu'on commence à entretenir une relation professionnelle avec les livres que l'on découvre à quel point ils sont généralement mauvais. ».
Ce recueil inédit présente quatre textes sur le livre et la lecture écrits par l'auteur de 1984. Nourri de ses expériences de lecteur, de critique littéraire et de libraire, George Orwell y déploie son génie visionnaire allié à un humour ravageur.
Victor Hugo (1802-1885) n'abandonna jamais son combat contre les formes les plus barbares du châtiment social : le bagne et, bien sûr, la peine de mort. Inspirée de faits réels, l'histoire atroce de Claude Gueux (1834) annonce, avec presque trente ans d'avance, la logique des Misérables : mais nulle charité ne vient ici enrayer le cycle infernal du crime et de la répression.
Au travers de cette nouvelle, infime dans l'oeuvre immense de Balzac (1799-1850), c'est le mécanisme même de l'art qui pense sur lui-même qui est représenté. Frenhofer, peintre de génie, travaille depuis plus de dix ans à son grand oeuvre, sa « Belle Noiseuse», pour finalement aboutir à un tableau quasi nul.
C'est bien du drame de la création qu'il est question ici, de l'indéfectible doute qui habite tout créateur et balaye toute plénitude.
« Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. » Qu'est-ce qu'une nation ?
Cette question que Renan posait à la Sorbonne en 1882 reste aujourd'hui d'une actualité brûlante. Dans ce petit texte d'une modernité insoupçonnée, souvent cité et rarement lu, Renan donne une leçon magistrale sur ce concept fondamental de l'histoire politique européenne.
Oeuvre de circonstance en pleine Renaissance, Le Prince s'est métamorphosé en livre de référence. Les principes de gouvernement définis par Machiavel ont infusé dans la pensée au point d'engendrer un adjectif, « machiavélique », qu'il faut entendre non comme « cynique », mais comme « pragmatique », dissociant morale et politique.
Le Prince constitue un manuel incontournable sur le pouvoir, la façon de l'obtenir, de le maintenir, de le garantir.
Si tu veux que la gloire et les succès t'accompagnent, ne perds jamais de vue la doctrine, le commandement, la discipline, la prévoyance. Car celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu'elles ne surviennent ; celui qui maîtrise autant l'approche directe et indirecte que la ruse triomphera. Voilà l'art de l'affrontement.
Connais-toi toi-même et connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais le temps, ta victoire sera alors totale.
Traduit du chinois par le père Amiot
Construire un feu est certainement l'une des plus belles nouvelles de jack london : son extrême dépouillement stylistique s'accorde parfaitement au minimalisme de l'intrigue. l'histoire — un trappeur, sûr de lui, confronté à la force de la nature —, prend très vite un côté fantastique oppressant. la nudité monotone du paysage, la répétition des mêmes gestes semblent prises dans un tourbillon sans fin : très peu de textes font ressentir à ce point cette sensation presque physique de menace mortelle.
Puissante et transgressive, Dans ton cul brandit sur scène les arguments du SCUM Manifesto. Prophétie de rue au caractère visionnaire, elle annonce la fin de la domination masculine.
« Valerie Solanas écrit du point de vue des putes, des gouines et des enragées... Son ironie est une arme, sa seule arme dans un système qui détruit les marginales, aussi brillantes soient-elles. » W.D.
Le récit drôle et enlevé d'une vie confinée, pendant 42 jours, dans une chambre à Turin à la fin du XVIIIe siècle. Un voyage immobile absolument savoureux où chaque pas devient une aventure, où chaque objet est un territoire inexploré pour donner sens et poésie à notre quotidien.
À la fin du XVIIIe siècle, à la suite d'un duel, Xavier de Maistre est condamné à six semaines d'enfermement dans un lieu qui lui est désespérément familier : sa chambre. Il invente une expérience littéraire savoureuse, où chaque pas devient une aventure, chaque objet, du canapé au lit, fait figure de territoire inexploré.
« Daignez m'accompagner dans mon voyage ; nous marcherons à petites journées, en riant, le long du chemin, aucun obstacle ne pourra nous arrêter. »
« À force de parler d'amour, on devient amoureux. » Pascal, penseur et mathématicien, grand observateur de la nature humaine, est-il l'auteur de ce Discours sur les passions de l'amour ? C'est un discours mystérieux, où la mécanique contradictoire du sentiment est analysée avec la précision d'un traité de physique.
Il s'agit tout à la fois d'un art d'aimer et d'un portrait moral de l'amoureux.
Un livre à (re)découvrir, pour les passionnés de l'amour comme de l'esprit.
Toutes les lettres que vous allez découvrir sont authentiques. Après avoir vainement cherché un emploi, Julien Prévieux s'est mis à les refuser tous. Les réponses des entreprises, automatiques ou personnalisées, alimentent un dialogue de sourds à travers lequel l'ensemble du système d'embauche se trouve pris en défaut.
Ces lettres de non-motivation nous rappellent la possibilité jouissive de dire NON à l'aliénation, sur tous les tons.