Arts et spectacles
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Frida Kahlo (1907-1954) vécut une brève existence déchirée entre de terribles souffrances physiques (à dix-huit ans, un accident de bus la cloue au lit pour deux ans) et une immense force de création (elle commence à peindre, un miroir installé au-dessus d'elle, pendant qu'elle est immobilisée). Par-delà sa beauté célèbre, ses amours, celles de son mari, Diego Rivera, ses voyages, les mille et une anecdotes ponctuant une existence tumultueuse et riche, reste son art, dont André Breton disait que c'est "un ruban autour d'une bombe".
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La photographie vaut bien une appendicite. C'est en récompense de sa vaillance lors de la bénigne opération que le jeune Erwin Blumenfeld se vit offrir son premier appareil photo. Écrite à la fin de sa vie, son autobiographie retrace son parcours photographique depuis ses débuts en amateur jusqu'à ce qu'il devienne l'un des plus grands photographes de mode des années 1950. Présentée dans une nouvelle traduction qui redonne au texte toute sa saveur, cette épopée moderne qui traverse la première moitié du XXe siècle révèle que Blumenfeld n'était pas seulement un très grand photographe : il avait aussi un réel talent d'écrivain. ""Jadis et Daguerre" raconte, d'une plume à la fois drôle et féroce, l'incroyable traversée du siècle par un artiste juif allemand : ses rencontres hautes en couleur avec les artistes dada, mais aussi son enfance et les tragédies de sa vie - deux guerres et l'exil aux États-Unis.» Claire Guillot, Le Monde
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Duchamp vint en fin d'après-midi et m'emmena dans un café des boulevards oú les jeunes écrivains dadaïstes, se retrouvaient régulièrement avant dîner.
Une demi-douzaine d'hommes et une femme étaient assis autour d'une table, dans un coin isolé. après les présentations, nous essayâmes de converser. jacques rigaut, qui parlait quelques mots d'anglais, traduisait les questions et les réponses. c'était assez sommaire, et pourtant je me sentis à l'aise avec ces inconnus qui semblaient m'accepter comme un des leurs, sans doute à cause des goûts qui m 'étaient attribués.
En outre, ils semblaient déjà au courant de mes activités new-yorkaises. andré breton, qui devait quelques années plus tard fonder le mouvement surréaliste, paraissait déjà dominer les autres et portait sa tête imposante comme un défi; louis aragon, écrivain et poète, semblait également sûr de lui et quelque peu arrogant. le poète paul eluard, avec son grand front, ressemblait à une version, en plus jeune, du portrait de baudelaire que j'avais vu dans un livre.
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"Il donnait ses leçons pour vivre et parfois, lorsque ses doigts ne supportaient plus les efforts violents et cruels, il lisait pour se reposer. Tout, à tort et à travers. De nouveau il avait cessé de fréquenter la société, il rencontrait à peine ses amis. Balzac lui aussi était très occupé. Victor Hugo travaillait à un grand roman qui avait pour cadre l'église Notre-Dame. Berlioz n'était pas à Paris, Musset courait constamment le jupon. Et lui, il restait assis pendant des heures interminables au piano et luttait avec lui comme avec un démon. Ce fut un combat effroyable".
L'itinéraire du jeune Liszt est ici restitué par un biographe attentif et complice qui, de Doborján (Autriche) où naquit le virtuose en 1811, à Vienne où il fit ses classes, en passant par l'Allemagne et Paris où il vint parfaire son éducation musicale et devint le familier du cercle romantique, le suit pour l'accompagner ensuite, compositeur au faîte de sa gloire, à Weimar, Dresde, Budapest, Rome ou Leipzig puis à Bayreuth où il mourut en 1886.
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L'art du présent : entretiens avec Fabienne Pascaud
Ariane Mnouchkine
- Actes Sud
- Babel
- 12 Octobre 2016
- 9782330070557
Ariane Mnouchkine, une des plus grandes figures de la scène française, se dévoile au travers d'entretiens menés par la rédactrice en chef de Télérama. Ils offrent un aperçu de son travail et de ses combats et proposent un panorama du théâtre au cours de ces cinquante dernières années. Publié en 2005, ce livre est ici mis à jour et comporte deux chapitres inédits.
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Des premiers spectacles aux grandes créations, la danseuse, chorégraphe et professeur retrace le parcours d'une vie tout entière dédiée à la danse.
Merveilleux testament que cette autobiographie de Martha Graham, achevée peu de jours avant sa mort, à quatre-vingt-seize ans, le 1er avril 1991. Celle qui révolutionna son art au point que, dans son domaine, on peut la comparer à Picasso, Joyce ou Stravinski, se raconte et retrace le parcours d'une vie tout entière dédiée à la danse. De ses premiers spectacles, avec trois danseurs, jusqu'à ses grandes créations, elle se révèle intensément américaine dans ses obsessions (la frontière vers l'Ouest qui sans cesse recule) et profondément de son temps (les grandes figures mythologiques revisitées par la psychanalyse la hantent).
Elle a - brisant les moules traditionnels - inventé un nouvel usage du corps, fondé sur la respiration, sur la liberté du geste, et sur la conviction que nous avons hérité de notre mémoire "ancestrale" des impulsions de mouvements. A la fois danseuse, chorégraphe et professeur, Martha Graham n'a cessé de se battre pour un art nouveau.
Ses souvenirs sont ceux d'une grande dame de notre siècle, véritable "mémoire de la danse" nourrie de ses rencontres avec les artistes et les célébrités de ce monde, de ses confrontations avec ses élèves - dont Madonna, Woody Allen ou Mikhaïl Baryshnikov ne furent pas les moindres. De chacun d'eux elle parle avec tendresse et pertinence, dressant ainsi d'elle-même, en creux, le portrait d'une femme exigeante et pugnace.
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Dans Livret de famille et La Trempe, le parolier du groupe Zebda s'est révélé en boxeur littéraire : textes engagés ou enragés voisinent avec souvenirs d'enfance et blessures d'en France.
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"en un siècle, le tango, né dans des réduits marginaux et douteux, est devenu le symbole du pays qui lui a donné le jour.
ii est le reflet d'une société qui s'est structurée, comme le remarque ernesto sabato, à partir d'éléments hybrides. la musique portègne est née du croisement de rythmes créoles et de rythmes étrangers. l'argentin est né du métissage entre créoles, italiens, espagnols et juifs, et le tango est son reflet. les crises, les régressions, les enthousiasmes et les défaites du tango sont ceux-là mêmes que son pays a connus et soufferts." (extrait)
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À l'imparfait de l'objectif ; souvenirs et portraits
Robert Doisneau
- Actes Sud
- Babel
- 1 Mars 2001
- 9782742731824
"Quand j'ai sauté en marche dans la photographie, elle était en bois. Aujourd'hui, la voici devenue quasiment électronique. Je reste le nez à la portière avec la même curiosité que le premier jour".
Celui qui a vu défiler le XXe siècle devant son objectif jamais ne se prenait au sérieux, et c'est lui tout entier, sa verve, sa drôlerie, sa tendresse, qu'on retrouve dans ces textes, fruit d'un échange épistolaire de cinq années avec Jean-Luc Mercié, l'éditeur original du livre (chez Belfond, en 1989).
Ici, souvenirs, anecdotes, portraits s'ordonnent comme autant de prolongements poétiques des images de Doisneau. Et si on voit défiler Cendrars, Braque, Brancusi, Léautaud, Picasso, Léger ou Cavanna, on retourne aussi au temps où le photographe, qui travaillait avec du magnésium en poudre, était reçu à la cuisine avec un verre de rouge...
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La rencontre de Jean Genet avec les Palestiniens fut déterminante : le texte publié ici sous le titre les Palestiniens, retrouvé et traduit de l'anglais, rend compte de quelques-unes des réflexions - sur la religion, les femmes, l'art ou la révolution - que lui inspira son séjour dans les bases de guérilla, en Jordanie, dès 1970. Mais c'est en septembre 1982 que tout bascula : au moment des massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila, l'écrivain est à Beyrouth. Bouleversé, il écrit Quatre Heures à Chatila, texte d'une violence inouïe, publié par Gallimard dans l'Ennemi déclaré (1991) et mis en scène par Alain Milianti en 1991, au Volcan du Havre.
Le présent ouvrage, prolongement du spectacle, rassemble des interventions qui toutes mettent en lumière, dans la trajectoire de l'écrivain, l'importance de ce moment où se lient de manière indissoluble quête esthétique et action politique.
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Un couple, homme et femme - de n'importe quel étiage social -, vient voir ses épreuves d'essai.
Neuf fois, j'allais dire onze fois sur dix, vous constaterez que la femme s'absorbe sur les portraits du mari pendant que le mari, non moins hypnotisé mais sur sa propre image, semble à cent lieues de seulement penser à l'image de sa moitié.
[ . ] si bonne est l'opinion de chacun sur ses mérites physiques que la première impression de tout modèle devant les épreuves de son portrait est presque inévitablement désappointement et recul.
[ . ] quelques-uns ont l'hypocrite pudeur de dissimuler le coup sous une indifférente apparence, mais n'en croyez rien. ils étaient entrés défiants, hargneux dès la porte et beaucoup sortiront furibonds.
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«La musique baroque a désormais conquis son public, un public étonnamment large et divers : et c'est un autre aspect, non moins curieux, et non moins inexplicable, de sa résurrection, où se croisent psychologie, sociologie, et quelques autres domaines des sciences humaines. Pourquoi aime-t-on tellement cette musique ? Pourquoi une telle demande ?» Philippe Beaussant, dans cette nouvelle édition de son livre paru chez Actes Sud en 1988, complète sa réflexion sur le renouveau du baroque, dont il fut l'un des principaux artisans, par une analyse de son succès... En atteste, avec Tous les matins du monde, «l'intrusion de la viole de gambe dans le paysage audiovisuel français». Mais loin de crier triomphe, l'auteur interroge l'avenir, ouvre des perspectives, pose de nouvelles questions. D'où il ressort que le «baroque» pourrait bien cesser d'être une mode pour continuer de gagner la place qui lui revient dans le patrimoine musical et artistique.
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Le roman du piano ; du XIXe au XXe siècle
Dieter Hildebrandt
- Actes Sud
- Babel
- 30 Janvier 2010
- 9782742788415
Voici l'histoire du pianoforte, de cette "boîte-à-touches-pour-jouer-fort-et-doucement", comme l'appelait Beethoven.
En mélomane passionné et érudit, Dieter Hildebrandt érige le piano en héros de roman et relate son évolution au cours des deux derniers siècles. "Totem de la culture bourgeoise", le piano à queue traverse le XIXe siècle avec jubilation : en compagnie des époux Schumann, de Brahms, Liszt, Chopin et tant d'autres, nous découvrons sa gloire, ses histoires de coeur et ses secrets de famille - tant en Europe qu'en Amérique.
A la fin du XIXe siècle, on le croyait mort. Pourtant, au fil du XXe siècle, de grands interprètes contemporains comme Rubinstein, Glenn Gould ou Horowitz ont majestueusement perpétué son culte. Créatif, le piano a même conquis de nouveaux genres tels que la musique de film, l'improvisation, le ragtime ou encore le jazz. A l'aube du troisième millénaire, le "monstre étrange, poli et vernis" n'a plus le premier rôle, mais beaucoup de nouvelles tâches à accomplir.
Ce livre amusant, qui foisonne de connaissances et déborde de passion pour son sujet, a enchanté la grande famille des mélomanes à travers l'Europe et les Etats-Unis.
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Mémoires dans lesquels la grande cantatrice française raconte sa carrière internationale, ses rencontres avec des personnalités et des anonymes, son amour de la vie, etc.
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Pianiste amateur, Catherine David fait appel à ses souvenirs, bonheurs et désillusions pour rendre hommage à ce bien-être, alliant épanouissement du coq>s et satisfaction de l'esprit, qu'apporte l'expérience esthétique quand on la vit de l'intérieur. Jouer du piano est en effet une façon de guider son existence dans le sens du renouvellement, de manifester sa joie d'être au monde, et d'accéder à une véritable paix.
Un livre bienveillant dédié aux musiciens amateurs qui, quel que soit leur niveau, n'ont pas abandonné l'idée de faire de la vie une étude sur les variations du plaisir.
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La fabuleuse histoire de la chanteuse disparue en 2011, grande interprète de la morna cap-verdienne, et celle d'un succès mondial qui a tardé à venir. A travers ce portrait se dessine également l'histoire d'une ville, d'un pays et d'un genre musical.
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BABEL ; INTERNATIONALE DE L'IMAGINAIRE n.29 : alerte : patrimoine immatériel en danger
Babel, Internationale De L'Imaginaire
- Actes Sud
- Babel ; Internationale De L'imaginaire
- 5 Novembre 2014
- 9782330037406
Le patrimoine culturel immatériel se manifeste dans des domaines très différents, et c'est précisément ce qui fonde sa richesse. Mais comment la Convention de l'Unesco pour sa sauvegarde parviendra-t-elle à protéger ce patrimoine contre les dangers qui le menacent ? Chérif Khaznadar, expert gouvernemental de la France pour cette Convention dont il a présidé l'Assemblée générale des états parties, fait part de son témoignage, de son analyse et de ses mises en garde.
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En interrogeant un large éventail de galeristes sur leur vocation, leurs artistes, leurs clients et leur fonctionnement, Anne Martin-Fugier dresse, à travers ces témoignages d'itinéraires humains, un passionnant panorama du marché de l'art à Paris depuis 1950.
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Il me semble desormais que roger est en italie babel 335
Frédéric Vitoux
- Actes Sud
- Babel
- 4 Juin 1999
- 9782742717958
Bien entendu, il prit l'habitude d'aller quatre ou cinq fois par an en italie.
Il entreprit de l'explorer région par région, province par province. il mettait des mois à préparer ses itinéraires. il détestait l'imprévu. il écrivait aux aziende di turismo de chaque ville, il se faisait adresser tous les prospectus imaginables, il notait les horaires des cars, retenait des chambres dans les hôtels les plus modestes, non pas tant par économie que parce qu'il se moquait de l'intendance, de son confort ou du qu'en-dira-t-on.
Il mit à découvrir l'italie le même acharnement, la même inépuisable érudition, le même souci du détail, le même bonheur enfin qu'il éprouvait, critique de cinéma, à tout savoir et tout retenir de la filmographie d'henry king ou d'humphrey bogart.
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"Un jour mon père, écrit Siri Hustvedt, m'a demandé si je savais ce que signifie yonder. J'ai répondu qu'à mon idée yonder était synonyme de there, là. Il a souri et m'a dit : "Non, yonder, c'est entre ici et là." Cette petite histoire me reste présente, depuis des années, comme un exemple de magie linguistique elle identifie un nouvel espace - une région médiane qui n'est ni ici ni là -, un lieu qui tout simplement n'existait pas pour moi avant d'être nommé." Et c'est dans cet espace-là, entre représentation et réalité, que Siri Hustvedt, à propos de La Femme au collier de perles de Vermeer, de L'Ami commun de Dickens, ou encore de Gatsby le Magnifique de Fitzgerald, révèle une pensée à la fois élégante, délicatement discursive et pénétrante, qui montre à quel point nous dépendons du langage par lequel nous relions à l'art les choses de la vie.
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