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Éditions Arfuyen
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L'Étrange Expérience d'un misogyne
Jack London
- Éditions Arfuyen
- Le Rouge & Le Noir
- 8 Mai 2025
- 9782845903982
« Quelque part la nuit dernière - il a généralement été admis que c'était vers minuit - d'une manière mystérieuse et inexplicable, dans le monde entier, toutes les femmes ont soudainement disparu. De même qu'il n'y avait pas eu de signe avant-coureur, il n'y a pas eu de traces. » Au-delà des premières réactions bravaches qu'elle suscite dans la gent masculine, l'événement ne tarde pas à faire apparaitre ses terribles conséquences.
Car, chez les oiseaux de même, les chants ont cessé et les abeilles ont cessé de produire. « Savez-vous que c'est probablement le dernier miel qui passera par vos lèvres ? » Avec une réjouissante ironie, Jack London se plaît à montrer les hommes rôder dépenaillés, ensauvagés, sans projet, les villes livrées à la violence et la misère, la nature condamnée au silence et à l'extinction.
Jack London a publié son premier texte à 17 ans, en novembre 1893, en gagnant un concours organisé par un journal de San Francisco. Au cours de sa brève carrière d'écrivain (il est mort à 40 ans), il a abordé avec un extraordinaire succès les genres littéraires les plus variés, du récit au roman, de l'essai au théâtre, mais est resté toute sa vie fidèle à la forme de la nouvelle.
Sa nouvelle la plus fameuse, Construire un feu, écrite dès 1892, ne fait partie d'aucun des recueils parus de son vivant. Les cinq nouvelles ici présentées, inédites en français, ont été écrites en 1897-1898. Dans leur étonnante diversité et liberté de ton, elles témoignent de cette richesse d'imagination et cette sûreté d'écriture qui font tout le génie de l'oeuvre de London. -
Fumiko Fumiko Hayashi a souvent dit combien les littératures française et russe l'ont influencée. Ses pages les plus intimistes présentent par exemple des accents nettement tchekhoviens. On a également comparé son parcours à celui du héros de Martin Eden de Jack London même si bien sûr, entre le jeune marin de la baie de San Francisco et la fille de marchands ambulants du sud du Japon, les sensibilités sont radicalement différentes.
Marquée par une enfance misérable et par les problèmes sociaux et politiques de son pays, cette romancière qui fut grande voyageuse en Sibérie et en Europe mais aussi reporter de guerre en Indonésie, décrit de manière poignante, à travers le destin d'un animal ou le regard d'un enfant, la lutte de ses compatriotes, et en particulier, des femmes, pour leur dignité.
Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma, de son vivant et après sa mort, notamment par Mikio Narusé, ce qui n'a fait qu'augmenter la très grande notoriété. Sa place dans la littérature japonaise du XXe siècle se situe aux côtés des plus grands grâce à une exceptionnelle qualité d'observation de la vie moderne et à une profonde sensibilité au sort des plus démunis.
Après La Flûte de la grue, paru chez Arfuyen en mai 2024, paru chez Arfuyen en mai 2024, le nouvel ensemble de textes ici présenté par René de Ceccatty comprend, à côté de contes d'inspiration plus ou moins fantastique, plusieurs nouvelles et récits autobiographiques comme l'admirable « Une femme célèbre » qui donne son titre au recueil. -
Ainsi parlait Tome 48 : Barbey d'Aurevilly : Dits et maximes de vie
Jules Barbey d'Aurevilly
- Éditions Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 5 Juin 2025
- 9782845903890
En 1856, Barbey d'Aurevilly revient dans son Cotentin natal après 20 ans d'absence ! Lui dont toute l'oeuvre est inspirée par ce terroir, il a vécu presque toute sa vie à Paris. Lui qui a été l'incarnation du dandysme et s'est rêvé grand seigneur, il a fini sa vie dans une simple chambre louée à Paris.
Immense est pourtant l'ambition de cette oeuvre. « J'ai tâché de faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin », écrit-il à son ami Trébutien. « Il y a là-dedans, ajoute-t-il, l'audacieuse tentative d'un fantastique nouveau, sinistre et crânement surnaturel. »
Proust l'a bien compris, lorsqu'il compare la magie de la « sonate de Vinteuil » à certains éléments qu'il trouve chez Barbey d'Aurevilly, « une même sensation d'anxiété dans un passage, que ce soit la femme cherchant son mari dans une Vieille Maîtresse, ou le mari, dans L'Ensorcelée, parcourant la lande ».
La personnalité de Barbey d'Aurevilly est un tissu de paradoxes. « Débordant psychologie et psychanalyse, écrit Wanda Bannour, Barbey nous révèle sa vraie dimension : celle d'un métaphysicien que n'effraient ni l'occultisme ni la gnose, poète qui a su créer des êtres à la mesure de son imaginaire puissant et étonnamment fertile. »
Au-delà de son maître-livre, Les Diaboliques, l'oeuvre de Barbey d'Aurevilly est immense : romans, essais, textes polémiques, correspondances, mais surtout, la somme imposante de ses textes critiques. -
Le Rêve de Dostoievski
Cécile A. Holdban
- Éditions Arfuyen
- Les Cahiers D'Arfuyen
- 5 Juin 2025
- 9782845903920
« Un être qui s'habitue à tout, voilà, la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme. » Cette phrase de Dostoïevski dans ses Souvenirs de la maison des morts sert d'épigraphe au livre de Cécile A. Holdban. Dans un lumineux texte liminaire, l'autrice évoque « ces hommes et de ces femmes que l'on qualifiait souvent de fous ou de sorcières, et que la tradition yiddish dépeint sous les traits du shlemiel » : « repoussés à la lisière des communautés humaines » mais « proches de la nature par une forme d'attention et de sensibilité décuplées ». Ce « rêve de Dostoïevski » qui donne son titre au livre, c'est « le désir insensé d'approcher la singularité de l'expérience humaine dans un monde disloqué. De faire alliance avec la vie, envers et contre tout ». Fait des présences de cette foule de rêveurs et de déclassés, le livre se présente comme « un choeur de solitaires cherchant à exorciser le constat de "l'homme du sous-sol" de Dostoïevski : "Eux, ils sont tous, et moi, je suis seul." Pas de révélations, pas de grands mots d'ordre : leurs paroles ne sont que d'humbles témoignages sur la nature et sur la vie. Là est leur force paradoxale : « Trois baies / une brindille / l'inventaire pourrait cesser là / s'il n'y avait ce petit or / que chacun espère secrètement forger / dans la banalité du jour. » Mais ce sentiment très simple, très fort qui constitue leur vie suffit à remettre en cause les fausses valeurs de toute une société : « La rose en moi éclate. / C'est alors, seulement, que je sais / cette chose en moi / était une rose, et elle a éclaté. »
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Ainsi parlait : Etty Hillesum ; dits et maximes de vie
Etty Hillesum
- Éditions Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 9 Janvier 2020
- 9782845902923
L'édition intégrale des Écrits d'Etty Hillesum (De nagelaten geschriften van Etty Hillesum 1941-1943) a paru en néerlandais en 1986 et a été traduite dans de très nombreuses langues. Sa traduction française par Philippe Noble a paru en 2008 (Seuil, plus de 1000 pages). Hors de toute église et de toute confession, la voix de cette jeune femme est devenue pour nos contemporains une référence et un soutien essentiels.
La collection Ainsi parlait permet cette fois encore d'offrir une approche très nouvelle de l'oeuvre d'Etty en allant directement à l'essentiel de son message spirituel et en revenant au plus près du texte original. Etty y apparaît dans toute l'urgence et la spontanéité de son écriture, écrivaine toute débutante rassemblant dans des notes improvisées le matériau de ses futurs livres, quand la guerre serait finie.
On trouve dans les 228 fragments ici recueillis dans l'ensemble de ses écrits et présentés en édition bilingue néerlandais-français toute la force et la liberté de pensée de cette jeune femme exceptionnelle, affrontée à l'extermination méthodique des siens. De nombreuses réflexions qui passent souvent inaperçues dans la masse des Journaux et des Lettres sont ici mises en relief dans un phrasé qui s'efforce de retrouver un peu la spontanéité et la flamme de cette voix passionnée.
Ce qui frappe, c'est l'importance et la permanence de Rilke dans la méditation quotidienne d'Etty. Lorsqu'elle est à son tour internée au camp de Westerbork, c'est encore un livre de Rilke qu'elle emporte, avec la Bible et son dictionnaire de russe. Rilke est maître à écrire, autant que son maître de vie. C'est sur la place de Rilke dans la pensée d'Etty que se concentre ici la préface de Gérard Pfister, dans la droite ligne de celle qu'il a donnée en octobre dernier à sa traduction du Livre de la vie monastique, le livre de Rilke que cite le plus abondamment Etty.
Rappelons que, dès 2007, les Éditions Arfuyen ont publié un ouvrage intitulé Etty Hillesum, «histoire de la fille qui ne savait pas s'agenouiller », présentant trois lectures parallèles de cette oeuvre : juive (Claude Vigée), chrétienne (Dominique Sterckx) et laïque (Charles Juliet).
Cet ouvrage donnait aussi pour la première fois la parole à la famille d'Etty,?à travers le témoignage de notre cousine Liliane Hillesum, seule survivante de la famille de l'écrivaine. C'est à elle qu'est dédié le présent ouvrage.
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La vie d'un poète : poèmes et écrits sur la poésie
Stefan Zweig, Marie-Therese Kieffer
- Éditions Arfuyen
- Les Vies Imaginaires
- 3 Juin 2021
- 9782845903135
« On n'aime rien tant que ses poèmes, écrit Zweig en 1905 : ce sont les seuls textes dont on se prend parfois à rêver qu'ils soient achevés, qu'ils aient leur vie propre et qu'ils ne puissent plus mourir. » Stefan Zweig a beaucoup écrit : nouvelles, théâtre, essais, biographies. Son succès a été immédiat et considérable. Il demeure aujourd'hui un des auteurs les plus lus. Et par les publics les plus différents.
« De tous les auteurs que je connais, écrit-il cependant, je suis celui qui déteste le plus son soidisant succès ». Il s'étonne du succès que reçoivent ses proses et se désole d'en être devenu l'otage. Car c'est toujours à la poésie qu'il donnera la première place : « J'ai l'impression d'être un chasseur qui en réalité est végétarien, et à qui le gibier qu'il doit tuer ne procure aucune joie. » « Le chasseur végétarien », tel est le titre de la préface du présent volume. C'est une sorte d'autobiographie de Zweig en poète qui est ici donné :
Ce poète qu'il a toujours rêvé d'être, sur les traces des idoles de sa jeunesse, Hofmannsthal et Rilke.
Zweig a écrit des poèmes toute sa vie. Il a publié trois recueils de poésie : en 1901, en 1905 et en 1922.
Et il n'a cessé d'écrire à la gloire des poètes, de Kleist et Hölderlin à Verhaeren et Rilke. Ces textes ici réunis (et, pour les poèmes, traduits pour la première fois en français) constituent le journal d'une vie, la « vie rêvée » de ce poète qu'il brûlait d'être et qu'il est mort, peut-être, de n'avoir pu être pleinement.
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Ainsi parlait : Emily Dickinson
Emily Dickinson
- Éditions Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 2 Juin 2016
- 9782845902343
Après deux maîtres spirituels (Eckhart et Thérèse d'Avila), deux philosophes (Sénèque et Lulle) et un écrivain (Shakespeare), ce 6e ouvrage de la collection « Ainsi parlait » est consacré à un écrivain américain majeur. Emily Dickinson n'a rien publié de son vivant, mais les 1789 poèmes, 1049 lettres et 124 fragments publiés après sa mort constituent une oeuvre ample et inépuisable où est frappant le contraste entre une sensibilité d'écorchée vive et une intelligence puissamment libre et lucide.
T. W. Higginson, le seul à qui elle confia ses textes, fait à sa femme Mary un portrait fascinant de celle qu'il nomme « mon excentrique poétesse » : « un trottinement pareil à celui d'une enfant », « une femme petite et quelconque avec deux bandeaux lisses », « une voix douce, effrayée et haletante d'enfant », « disant bien des choses que tu aurais trouvées folles et moi sages. » « J'ai bien peur, écrit-il à ses soeurs, qu'une remarque de Mary : «Oh, pourquoi les fous s'attachent-ils tant à toi ?» ne soit vraie. » Folle ? Sage ? Bien plus :
Emily Dickinson est une visionnaire, qui parle d'un lieu qui n'est ni vie ni mort.
Une sibylle dont les paroles elliptiques livrent des vérités aussi foudroyantes que les fragments d'Héraclite auxquels elles font penser ou à ce Shakespeare qui, disait-elle, lui a « apporté plus de connaissances qu'aucun être vivant ».
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Ainsi parlait Tome 41 : Eugène Delacroix : dits et maximes de vie
Eugène Delacroix
- Éditions Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 12 Octobre 2023
- 9782845903562
Les écrits de Delacroix se partagent en trois ensembles : le Journal (1800 p.), plusieurs volumes de correspondance, les articles publiés en revue. Delacroix redoute toujours de figer les choses, que ce soit par la forme qui cerne ou par la pensée qui définit. Pour lui la matière est vie et la peinture espace en mouvement. Ce solitaire est toujours en dialogue, ce pessimiste est toujours en recherche de nouveauté. Reconnu et commenté dès ses premières présen-tations, il a aussi été haï jusqu'à sa mort. Jamais on ne lui a permis d'enseigner, et il n'est admis à l'Institut qu'à sa 7e candidature. Delacroix choque, car il montre la violence et le tragique du monde : guerres, crimes, suicides, viols, corruption. « Le sauvage revient toujours, écrit-il. La civilisation la plus outrée ne peut bannir de nos villes les crimes atroces qui semblent le partage des peuples aveuglés par la barbarie. » Il y une profonde parenté entre Baudelaire et Delacroix, dans la violence et la cruauté même. Mais Baudelaire déteste la nature, Delacroix l'aime profon-dément. Baudelaire déteste la femme, Delacroix la respecte. « Delacroix n'a pas et n'aura pas de vieillesse, écrivait George Sand. Il est, dans son art, l'innovateur et l'oseur par excellence. » Quelques semaines avant de mourir, il écrit les dernières lignes de son Journal : « Un tableau doit être une fête pour l'oeil ». Sagesse pratique de Delacroix : opposer la joie de l'art au tragique inexorable de la vie.
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La petite chambre qui donnait sur la potence
Nathan Katz
- Éditions Arfuyen
- Les Vies Imaginaires
- 18 Juin 2020
- 9782845902978
C'est en juin 1915 que Nathan Katz est interné au camp de prisonniers de Nijni-Novgorod. Comme Etty Hillesum au camp de Westerbork, il écrit ce qu'il voit. Les paysages grandioses de la plaine russe en hiver. Mais aussi, sous forme de courtes nouvelles, des por-traits : un camarade de détention, une infirmière...
Cela aurait pu n'être que le témoignage d'un soldat prisonnier de guerre en Russie de juin 1915 à août 1916. Mais c'est le premier livre de Nathan Katz et il préfigure déjà toute son oeuvre. Autodidacte passionné de littérature, jeté dans la guerre et blessé à 21 ans, il passe tout le temps de sa captivité à une seule chose : travailler sur lui-même. Et ce travail est avant tout, comme le proclame le sous-titre du livre, Un combat pour la joie de vivre : « J'aimerais bien savoir, écrit-il, qui pourrait m'interdire de me sentir libre ici, dans un camp de prisonniers, entouré de hauts murs certes, mais où le soleil brille dans la cour. » Ne croirait-on pas lire le journal d'Etty Hillesum au camp de Westerbork ?
Écrit en langue allemande (l'Alsace était annexé au Reich depuis la défaite de 1870), Das Galgenstüblein raconte le devenir d'une conscience qui, jetée dans la mêlée d'une guerre, parvient à se former et à se dépasser en se hissant à l'universel. « Ce n'est sans doute pas un chef d'oeuvre littéraire, écrit Jean-Paul Sorg dans sa préface. C'est mieux que cela ! [...] C'est une confession singulière, à nulle autre pareille, qui prend place doucement - à pas de colombe - dans le champ de la littérature spirituelle mondiale, cent ans après sa première édition. »
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La présente édition est un hommage collectif rendu par les écrivains d'Alsace à celui qui est comme le « père » de la littérature moderne d'Alsace, Nathan Katz. Les textes de ce premier volume ont été traduits de l'alémanique par Claude Vigée, Jean-Paul de Dadelsen, Guillevic, Alfred Kern, Jean-Paul Klée, Gérard Pfister et Théophane Bruchlen. Les postfaces et les notes sont de Yolande Siebert, la mailleure spécialiste de Katz.
« Katz a derrière lui, écrit Jean-Paul de Dadelsen, de longues générations de paysans qui ont labouré, qui ont semé et qui ont fait l'amour dans les chaudes alcôves au parfum dense et vieux. De là cette poésie profonde, mûrie et comme juteuse, qui fait penser à un fruit plutôt qu'à une couleur ou à une mélodie. » Si Nathan Katz prend le risque magnifique d'écrire dans une langue connue des seuls enfants de son Sundgau natal, ce n'est pas pour s'y enfermer mais, au contraire, pour la faire accéder à l'universel, du côté de ces oeuvres qu'il aime et qui l'inspirent : les poètes chinois et les tragiques grecs, les poètes persans et Rabindranâth Tagore.
Durant sa vie de voyages incessants, trois livres n'ont cessé de l'accompagner : le Faust de Goethe, les discours du Bouddha et la Vie de Jésus de Renan. Et lorsqu'en 1972 un hommage solennel lui est rendu pour son 80e anniversaire, il a ces mots qui le montrent tout entier : « J'ai tenté de faire oeuvre d'homme. Au-dessus des frontières et des clans. Pardelà le fleuve Rhin. J'ai chanté les paysages, l'eau, les jours et la femme. En paix et en joie. C'est tout. »
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Villa Florida : Journaux 1918-1934
René Schickele
- Éditions Arfuyen
- Les Vies Imaginaires
- 9 Novembre 2023
- 9782845903487
Sur Schickele, il faut lire ce qu'écrivait Thomas Mann, Prix Nobel 1929 : « Schickele est Alsacien, il est né dans ce pays formant frontière, où depuis toujours les destinées de l'Europe ont balancé entre la France et l'Allemagne : voilà ce qui détermine l'allure et le ton de son oeuvre si riche et si pleine de charmes. ».
Dès 1931, Schickele est violemment attaqué par la presse nazie et doit s'exiler sur la Côte d'Azur, d'abord à Sanary, puis à Nice-Fabron, « Villa Florida » : « La maison est belle, au-delà de toute attente. [...] La nuit, j'ai le sentiment d'être sur un navire qui entame une longue croisière, au but inconnu. ».
Schickele partage cette « croisière » vers l'inconnu avec d'autres exilés célèbres, de Huxley et D.H. Lawrence à Thomas et Heinrich Mann. Schickele note au jour le jour les événements et ses rencontres et son journal a toute la vivacité de l'improvisation.
Au niveau littéraire, on y trouve d'admirables portraits, pris sur le vif, mais aussi, au début du livre, à la date du 5 janvier 1918, des descriptions émerveillées de la Riviera, des séquences pleines d'humour ou de nostalgie.
Au niveau historique, on y lit également, analysée au jour le jour, la montée comme inéluctable du populisme nazi, mais aussi une profonde réflexion sur l'identité allemande. Qu'est-ce que l'Allemagne ? se demande-t-il avec angoisse : « Vous et moi et mon frère [...], il faut qu'on dise un jour que c'est nous qui étions en ce temps - là l'Allemagne authentique. » -
Remédier aux grands désordres : prêtres, religieux, laïcs
Marie de la trinité
- Éditions Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 8 Septembre 2022
- 9782845903418
Prenant la suite des 7 volumes parus chez Arfuyen, les Éditions du Cerf ont sous la direction d'Éric de Clermont- Tonnerre ont publié 11 gros volumes consacrés à Marie de la Trinité : l'intégralité des Carnets (5 vol.) ; la Correspondance avec Mère Saint-Jean (3 vol.) ; la biographie écrite par Christiane Sanson ; enfin deux volumes d'études.
Un aspect essentiel de la pensée de Marie de la Trinité restait aujourd'hui à aborder : sa réflexion très stimulante et novatrice sur le rôle des laïcs dans l'Église.
Réflexion qui se fonde sur une expérience personnelle très douloureuse : « Je voudrais, écrit-elle, réunir tous les prêtres du monde et leur montrer en exemple vivant ce que c'est que de faire pression sur les consciences, de se substituer à elle ; de développer, pour obtenir plus de soumission, la défiance de soi-même. » Ce sont précisément de tels abus de pouvoir qui sont à l'origine du vaste scandale dénoncé en France par le rapport du CIASE sur la pédophilie dans l'Église.
Réflexion qui se fonde aussi sur la mission que Marie de la Trinité a reçue pour « remédier aux grands désordres ». Ces désordres, autant spirituels que psychiques, viennent de conceptions erronées de la Filiation, et en particulier de l'usurpation par les clercs d'une fausse paternité, entraînant « l'exaltation, transférée au plan religieux - mais souvent non purifiée - de leur sexualité masculine ».
« N'appelez personne sur la terre votre père », prescrit l'Évangile (Matthieu 23, 9). Pour Marie de la Trinité, le sacerdoce appartient à tous. Prêtres et religieux n'ont qu'un ministère pour le service des laïcs. C'est toute une fausse conception qu'il faut donc renverser.
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Je t'écris de Bordeaux : blessures et refleurissements
Giuseppe Conte
- Éditions Arfuyen
- Neige
- 7 Avril 2022
- 9782845903265
Poète, romancier, essayiste, dramaturge, Conte est aujourd'hui l'une des plus grandes voix de la littérature italienne. Son oeuvre a été découverte en France grâce à deux traducteurs : Jean-Baptiste Para a traduit L'Océan et l'Enfant (1989) et deux autres recueils de poésie en 1994 et 2002 ;
Monique Baccelli a traduit deux romans en 2007 et 2008. Puis, étrangement, plus rien. C'est ainsi que l'un de ses plus grands recueils, Ferite e rifioriture, prix Viareggio 2006, n'a jamais été traduit ici.
Livre pourtant largement écrit en France (Bordeaux, Nice...) et marqué par la littérature française : le texte central est un long monologue imaginaire de Baudelaire à l'île Maurice en 1841 !
Mais surtout puissant livre symphonique, chant d'amour à la vie menacée : menacée sur la planète par la folie destructrice de l'homme comme, chez le poète, par la venue de l'âge. « Il n'est pas possible, déclarait Conte dans une interview, de dire «Il faut sauver la nature» si l'on ne change pas la perception même de la nature. La nature n'a pas de langage propre mais je pense qu'elle trouve un langage à travers nous. ».
C'est ce langage de la matière et du corps qui est au coeur du livre. Langage d'humilité et de tendresse, lucide et démuni : « Oh vie, je t'en prie / aie avec moi la main / légère. / Ne t'acharne pas contre qui t'a aimée / tant et sans raison, / comme doit aimer toujours celui qui aime. ».
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Le destin de Katz est tout entier contenu déjà dans son nom. Si l'allemand Katz signifie « chat », le nom de famille est l'abréviation de l'hébreu Kohen tzedek, « l'homme dévoué à la justice » : « Aux oeuvres de la haine, écrit G.eorges-Emmanuel Clancier dans sa préface, la poésie de Nathan Katz oppose le clair regard de l'enfance, la lumière de l'amour, et tout simplement la bonté - en laquelle il voit l'essence même du divin. ».
Lorsqu'en 1972 un hommage solennel lui est rendu pour son 80e anniversaire, il a ces mots qui le montrent tout entier : « J'ai tenté de faire oeuvre d'homme. Au-dessus des frontières et des clans. Par-delà le fleuve Rhin. J'ai chanté les paysages, l'eau, les jours et la femme. En paix et en joie. C'est tout. ».
« Ils sont rares, écrit Jean-Paul Sorg, les hommes qui ainsi élèvent, sans violence, par la seule exigence de noblesse qu'ils incarnent, imposent et transmettent, ceux qui s'approchent d'eux. [...] Sa poésie est expression de la joie ou expression de la pitié, et rien de plus. Ce qu'a toujours été la poésie authentique, essentielle, depuis les premiers Grecs. ».
Issu de la communauté juive du sud de l'Alsace, Katz est l'un des plus grands auteurs de l'Alsace au XXe s. par l'universalité de ses thèmes et le rayonnement spirituel de sa personnalité.« Katz a derrière lui, écrit Jean-Paul de Dadelsen, de longues générations de paysans qui ont labouré, qui ont semé et qui ont fait l'amour dans les chaudes alcôves au parfum dense et vieux. De là cette poésie profonde, mûrie et comme juteuse, qui fait penser à un fruit plutôt qu'à une couleur ou à une mélodie. ».
La présente édition est un hommage collectif des écrivains d'Alsace au « père » de la littérature moderne d'Alsace, Nathan Katz. Les textes de ce second volume ont été traduits de l'alémanique par Claude Vigée, Jean-Paul de Dadelsen, Guillevic, Camille Claus, Adrien Finck, Jacques Goorma, Gaston Jung, Gérard Pfister, Sylvie Reff, Yolande Siebert, Jean-Paul Sorg, Albert Strickler, Jean-Claude Walter, André Weckmann et Conrad Winter. Les notes sont de Yolande Siebert, la meilleure spécialiste de Katz.
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Entretien avec motovilov (l)
De Sarov S
- Éditions Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 14 Mai 2002
- 9782845900103
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L'île du Vésuve
Clotilde Marghieri
- Éditions Arfuyen
- Les Vies Imaginaires
- 13 Octobre 2022
- 9782845903357
« Depuis quelques années je me suis retirée à la campagne. La petite maison où je vis, entre vignes et pinèdes, s'adosse au Vésuve et a devant elle le superbe décor du golfe. » C'est ainsi que commence L'Île du Vésuve. Le ton est donné. Suivent 28 courts chapitres où Clotilde Marghieri nous raconte tout simplement, mais avec une grâce et un humour délicieux sa vie dans sa villa du Vésuve. Leurs titres ? « La Villa des Genêts » (celle, toute voisine, qu'occupa Leopardi), « La marquise », « La pinède vendue », «Télévision à la villa» ou «Messieurs (ou les angoisses nocturnes) ».
Marghieri, c'est avant tout cela : une liberté d'allure, une élégance d'esprit, un charme irrésistible qui donnent au lecteur l'impression de partager l'existence d'une amie. Elle aimait le ton de Colette et de Madame de Sévigné. Mais c'est tout autant Proust ou Sagan qu'on retrouve dans ces pages à bien des moments. Une même manière de capter tout à la fois la légèreté de la vie et sa tragédie.
« Les lettres que mon grand-père m'écrivait en pension, se souvient-elle, m'exaltaient à tel point que, ne sachant pas comment en profiter pleinement, comment les faire miennes, j'en découpais les passages les plus beaux et les plus touchants en lanières minuscules et après les avoir lus et relus (je les sais encore par coeur), je les mangeais. » L'écriture est ici chose vitale, mais jamais pesante ni sombre. Vivre aux flancs du Vésuve, c'est cela : célébrer sans cesse la lumière sans oublier, toute proche, la menace. -
De la vie au dela des sens
Bohme J
- Éditions Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 5 Avril 2013
- 9782845901858
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L'amour de Madeleine
Rainer Maria Rilke
- Éditions Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 2 Avril 2015
- 9782845902169
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"la poésie c'est autre chose" 1001 définitions de la poésie
Gérard Pfister
- Éditions Arfuyen
- Les Cahiers D'Arfuyen
- 15 Mai 2008
- 9782845901216
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Le mot de pauvreté
Paul Laborde
- Éditions Arfuyen
- Les Cahiers D'Arfuyen
- 12 Octobre 2023
- 9782845903494
Le mot de pauvreté : titre étrange. Qui d'emblée récuse le jeu illusionniste de l'écriture et consent à donner le poème pour ce qu'il est : fait de mots, seulement de mots - même si les plus lumineux. Et qui d'emblée récuse l'idée même de tout accomplisse-ment par les mots : les mots ne sont à proprement parler que pauvreté. Il n'y a en eux de richesse, de plénitude que pour autant que nous nous aveuglons. Dire donc cette pauvreté inhérente aux mots, et rien de plus : « il n'y a rien à dire de plus / que ce qui manque par-dessus tout // si quelque chose est vrai / c'est la pauvreté. » Car il n'y a de parole vraie que celle qui consent sa propre pauvreté : « la pauvreté est une conscience / sans prétention » Qui renonce à feindre, à briller. Qui laisse les choses être ce qu'elles sont : « un mot de pauvreté ne construit rien / par-dessus le vide / qui fait peur // sinon ce serait abandonner / la pauvreté » Car les choses ne sont rien que l'on pourrait dire : « tout le travail est de / comprendre que rien n'est pas une idée / rien n'est rien d'abstrait » Les choses ne sont que les choses, si pauvres que nous ne savons rien en dire et qu'incapables de faire face à ce rien nous en faisons une idée : « ni échec ni succès : une langue / pauvre ne serait plus dupe d'elle-même // (celui qui parle en croyant / ce qu'il dit / croit en la richesse) » Mais voulons-nous vraiment comprendre? On dirait que sans cesse « la pauvreté s'éloigne // nous / entretenons / les clôtures ».
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Journal de Baden
Nicolas Dieterle
- Éditions Arfuyen
- Les Vies Imaginaires
- 14 Janvier 2021
- 9782845903081
La parution de L'Aile pourpre en 2004 a révélé l'oeuvre littéraire de Nicolas Dieterlé, dont la reconnaissance posthume n'a cessé de s'étendre depuis lors. Deux volumes ont suivi : Ici pépie le coeur de l'oiseau-mouche, en 2008, et Afrique et autres récits, en 2013, marqués par un même regard tout à la fois joyeux et voilé d'une étrange mélancolie.
« Notre joie la plus pure, écrit Dieterlé dans ce Journal de Baden, est dans l'oubli et la transparence. Toutes les autres joies sont des joies mélangées. » Dans la contemplation d'un oiseau ou d'un arbre, c'est une lumière qui nous saisit ;
Ou, dans un rêve, telle révélation qui s'impose à nous ;
Ou, dans la rencontre, ces instants où l'amour nous ouvre à une éternité...
Récits, souvenirs, promenades, méditations, sans relâche Dieterlé interroge le présent et tente d'en recueillir la voix. Cinq mouvements constituent cet ensemble : le « Journal de Baden », écrit dans cette Forêt-Noire si chère aux grands Romantiques allemands que Dieterlé aimait tant, « Mélancolie », « Parmi les bris de la matière », « 30 fragments » et « Les oiseaux ».
« Nicolas Dieterlé est, tout ensemble, écrit dans sa préface Yves Leclair, l'enfant inconsolable d'une terre africaine, exotique, puissante, sensuelle et colorée, une sorte d'acrobate de la joie divine à la manière d'un Chagall et, tout autant, le fils prodigue du plus alchimiste des poètes romantiques allemands, ce Novalis dont il avait déjà rédigé le synopsis d'un essai à venir quand la maladie dépressive l'assiégea et lui fit mettre une fin aussi cruelle que soudaine à sa quête inachevable. »