Figure majeure du féminisme des années 1970, icône de l'écriture et de la pensée lesbiennes, Monique Wittig reste une énigme. Tenant à la fois de l'enquête, du récit et de l'étude, ce « brouillon pour une biographie » cherche à percer son mystère et à écrire sa « vie éternelle » - sa vie vécue et celle qu'elle continue d'avoir après sa mort. Nous n'en avons pas fini avec Wittig, cela ne fait que (re)commencer.
Agir sur le langage pour agir sur le monde : tel est le programme des mouvements sociaux qui s'engagent dans la lutte pour la signification. Le féminisme a de longue date pris à bras le corps cette question de la langue, et pour cause : le langage est un des lieux majeurs de notre catégorisation du monde. Il s'agit de contester la mainmise du masculin sur l'humanité, de pouvoir s'énoncer, de participer au sens du monde à part pleine et entière. C'est dans cette urgence politique et sémantique à exister en tant que sujet que des féministes se sont mises à « bousculer la grammaire ». Loin des arguments hygiénistes ou corsetés sur la langue se déploie une politique du sens, qui invite à la prolifération des discours. Une politique du sens qui incite à s'installer en langue et à tenir.
Hystériques, superficielles, traînées, coincées, carriéristes... Généralement réduites à des clichés misogynes, les anti-héroïnes passent souvent sous les radars de la critique, quand elles ne suscitent pas le rejet pur et simple des téléspectateurs. Pourtant, ces personnages parfois difficiles à aimer brisent les codes de la féminité et contribuent à élargir les normes très restrictives de la représentation des femmes à l'écran, permettant un processus d'identification puissant pour toutes celles qui ne se retrouvent pas dans les standards traditionnels. De la peste Cordelia (Buffy contre les vampires) aux mères indignes Livia Soprano (Les Soprano) et Cersei Lannister (Game of Thrones), en passant par la castratrice Skyler White (Breaking Bad), la revêche Annalise Keating (How to Get Away with Murder) ou l'insupportable Hannah Horvath (Girls), ce Petit éloge propose un panorama original des femmes les plus subversives du petit écran.
Psy, pute (terme qui ne comprend pas, ici, les esclaves sexuelles) et curé ont pour fonction d'accueillir celles et ceux qui ne peuvent faire autrement que payer pour obtenir ces services. Ce rôle de réceptacle de ce que la société ne peut évacuer ailleurs explique-t-il leur statut à part ? Quelle est la place de l'intime, voire de l'amour, dans la confession, la séance et la passe ?
La chanson française a largement participé à ce que Didier Tronchet appelle sa « formation émotionnelle ». De la variété des années 1970 à la fraîcheur des chansons contemporaines, en passant par l'exaltation de la « chanson contestataire » et bien sûr les grands auteurs qui ont forgé la noblesse du genre, il réveille dans ce Petit éloge ses souvenirs... et les nôtres.
Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Barbara, Bashung, Souchon, Julien Clerc, Renaud, mais aussi Pierre Perret, Gérard Lenorman, Michel Sardou, Michel Delpech... et bien sûr la génération contemporaine sont mis à l'honneur. Ce voyage subjectif est empreint d'une forme de nostalgie, certes (c'est d'ailleurs la couleur de la plupart des chansons), mais c'est une nostalgie joyeuse, qui laisse toute sa place à l'humour et l'autodérision.
L'absence de sensations. Les inquiétudes irrationnelles. La peur que, soudain, tout s'arrête.
Alors, stupéfier les joies dans le sillon des lendemains incertains. Ne pas s'amouracher d'un tubercule en formation, c'est bien trop ridicule et puis, sait-on jamais, il pourrait.
Mourir.
Je me sens coupable. D'un bonheur qui ne vient pas.
Je me sens coupable. Des larmes insensées alors que je devrais sourire.
Et puis, ce matin-là, j'entends. Entre les quatre murs silencieux qui ne voient pas le désordre alentour, j'entends. Le balbutiement de son coeur.
Diego Maradona est l'exemple type du héros romanesque : parti d'un bidonville, il arrive au sommet, est adulé et côtoie des chefs d'État, avant d'être poursuivi par la justice et de mourir à soixante ans dans la solitude.
Philippe Vilain se propose d'argumenter une défense de Maradona, dont l'aura s'est construite sur une image paradoxale de footballeur talentueux mais peu éthique. Le joueur argentin ne semble apparaître comme un modèle que pour la classe populaire internationale (en témoigne le culte quasi religieux qui lui est encore voué, à Naples et en Argentine notamment) : Maradona fils du peuple est le héros d'une gauche révolutionnaire.
En (d)écrivant ses exploits les plus retentissants, Philippe Vilain nous raconte la geste de Maradona, véritable esthétique politique.
Beauté fascinante et caractère de feu : qui est vraiment Greta Garbo ? Une projection du film jamais réalisé Le Portrait de Dorian Gray, dans lequel elle aurait dû tenir le premier rôle, pourrait bien nous révéler les différentes facettes de cette femme audacieuse...
La jouissance féminine a fait au fil des siècles l'objet de discours religieux, médicaux, psychanalytiques, le plus souvent tenus par des hommes. Celles qui prétendaient jouir ont ainsi été réduites au silence ou mises au ban de la société.
Adeline Fleury a joui pour la première fois à 35 ans. Il aura fallu qu'elle remette ses sens en éveil, qu'elle décide de séduire et de se laisser séduire. Quand le désir est entré dans son quotidien, elle a laissé place à Adèle, son alter ego littéraire, son double désirant, un reflet de toutes les femmes qui refusent que leur désir soit bridé.
Entre essai littéraire et autofiction, le Petit éloge de la jouissance féminine, nourri de références culturelles, nous fait ressentir à chaque page que jouissance et liberté sont indissociables.
Comment expliquer qu'une société obsédée par le travail ait pu propulser le jeu au sommet des activités de loisirs et des industries mondiales ? Les jeux de société, le cosplay, les Zombies Walks, les jeux vidéo, les films de super-héros, les applications de rencontre, les mondes numériques persistants, les réseaux sociaux, Minecraft ou, plus récemment, les projets de « metavers », Fortnite, TikTok, la réalité augmentée offrent des espaces d'expérimentation de nouveaux récits collectifs et de nouvelles formes sociales (couple, travail, genre, famille, communautés). Plutôt que de cantonner les activités ludiques à l'enfance, l'auteur choisit d'en faire la clé de lecture de notre époque et de ses mutations, une échappatoire, un ensemble de mondes où se forgent les sociétés à venir.
Vieille. Le mot lui-même est tabou. Alors que la société elle-même vieillit, elle a un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier, soumises à une double injonction contradictoire : être authentiques, mais rester minces et jolies.
Si elles sont moins regardées, invisibilisées, mises de côté passé un certain âge, de nombreuses « vieilles » se découvrent en contrepartie une liberté nouvelle. Alors pourquoi a-t-on, malgré tout, peur de vieillir ?
Mêlant témoignages, analyses historiques et sociologiques, références culturelles et réflexions de l'autrice sur son propre rapport à la vieillesse, Qui a peur des vieilles ? apporte un regard rafraîchissant sur une question politique toujours tabou et démonte les stéréotypes sur les femmes ménopausées.
Avant de devenir un scientifique reconnu, Joël de Rosnay découvre le surf à la fin des années 1950.
C'est le début d'une passion qui le conduit à lancer ce sport en France, avant d'en devenir un des champions.
Le surf est aussi, pour lui, un style de vie, une symbiose avec la nature et une philosophie fondée sur le concept de « glisse », qui enseigne à négocier les difficultés de la vie comme on apprivoise la vague. S'appuyant sur l'histoire du surf depuis sa découverte à Hawaï au XVIIIe siècle, convoquant ses personnalités, de Duke Kahanamokou à Kelly Slater en passant par les frères Lartigau, racontant ses beautés et ses dangers, jouant avec les références à la surf culture, de la musique des Beach Boys au film culte Point Break, Joël de Rosnay signe un éloge épique, drôle et émouvant.
À travers le regard d'Inaya, une fillette de 8 ans, Pour leur bien nous emmène sur les routes d'Afrique et dans les méandres de l'adoption. Une intrigue inspirée par le scandale de l'Arche de Zoé.
Si belles en ce mouroir Alexandrine Dumas, quatre-vingt-cinq ans, est en convalescence dans un Ehpad où elle s'est liée d'amitié avec Marie-Thérèse, malicieuse centenaire qui rêve de revoir le marronnier majestueux qui faisait la gloire de son jardin, et Gisèle, une vieille fille de quatre-vingts ans insupportable d'indiscrétion qui pleure encore et toujours la mort de son chien. Galvanisées par un remake noir de La Belle au bois dormant qu'Alexandrine écrit jour après jour dans un cahier d'écolier, les vieilles dames fomentent des idées de vengeance. Projets de meurtres et souvenirs accompagnent les promenades, les repas infects et les parties de scrabble. Conjuguant récit à énigmes et satire sociale avec un humour irrésistible, Marie Laborde décrit les aléas du grand âge à travers ses héroïnes autour desquelles gravitent personnel médical et vieux Casanova lubriques. On rit, la larme à l'oeil.
C'est le portrait d'un homme qui ne dormait jamais puisqu'il consacrait ses jours et surtout ses nuits, toutes les nuits, à une oeuvre singulière. C'est aussi le récit d'un artiste, conscient très jeune de son destin, qui créera un projet musical et artistique sans équivalent, ni dans les musiques classiques ou savantes, ni dans l'histoire du rock.
L'histoire du maillot de bain, c'est aussi une histoire du genre, du corps, de l'eau, de la sphère publique. Le vêtement de bain a transformé le bord de mer, les centres de thalassothérapie et les piscines en lieux de l'émancipation des femmes. En contrepartie, le corps rendu public subit de nouvelles injonctions à une beauté normée. Ces exigences sont notamment imposées par la publicité, l'industrie... et une domination masculine renouvelée.
Bikini, monokini, trikini, burkini ou facekini, le vêtement de bain est devenu une pièce éminemment politique et religieuse. La remise en perspective historique des avancées et reculs autour du maillot de bain révèle bien la portée symbolique de ce bout de tissu, véritable enjeu de pouvoir.
Simone de Beauvoir dévorait la vie en en consommant les multiples possibles : la vitesse avec la voiture, la musique et la danse dans les caves germanopratines, l'ivresse grâce aux alcools forts et, enfin, le sexe avec ses passions et ses amitiés polyamoureuses. Quarante ans après la mort de Jean-Paul Sartre, elle est plus citée, lue et admirée que le philosophe de l'existentialisme. Ses écrits et ses engagements répondent à aux doutes, rages et désirs des jeuens générations.
Dans Beauvoir, Géraldine Gourbe aborde cette figure mythique du féminisme par le biais de différentes personnalités qui l'ont inspirée et qui permettent de (re)découvrir une autre Beauvoir : la journaliste anticonformiste dressant le portrait de Brigitte Bardot, l'éditrice de Violette Leduc, la militante anticolonialiste ayant défendu Djamila Boupacha, l'écrivaine amoureuse de Nelson Algren, la figure de proue féministe pour Françoise d'Eaubonne...
Cette approche originale et inédite replace ainsi Simone de Beauvoir dans la perspective des féminismes contemporains. Géraldine Gourbe est philosophe, critique et commissaire d'art, spécialiste de la scène artistique de la Californie du Sud, de l'histoire des pédagogies radicales et du féminisme inclusif. Elle a enseigné la philosophie de l'art à l'Ensad, l'université de Metz, Sciences Po Paris, aux Beaux-Arts de Marseille et d'Annecy.
Depuis 2015, elle oeuvre à une contre-lecture de l'histoire des idées et de l'art de la France de 1947 à 1989, en partenariat avec l'historienne de l'art Florence Ostende. En 2020, elle co-signe avec Hélène Guenin l'exposition She-Bam Pow POP Wizz ! Les amazones du POP au Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice.
Acteur populaire devenu réalisateur iconique, Chaplin a réussi à faire passer le cinéma de la technique à l'art. Du Kid (1921) au Dictateur (1940), ses films sont toujours porteurs, sous leurs dessous comiques, d'une grande force politique.
Souvent drôles voire franchement burlesques, ses personnages, notamment celui de Charlot, placent la précarité affective, financière et politique au coeur de chaque film.
Par des entrées aussi diverses que l'enfance, les foules, le décor ou le silence, l'artiste Rose Vidal tente de discerner les profondeurs derrière la surface de l'icône, la mélancolie dans son humour, elle analyse la place du corps dans son cinéma, la singularité intime de la figure universelle, et s'interroge sur l'héritage que nous a laissé cet artiste complet.
Alors que les baisers sous leurs formes les plus vibrantes ou imprévues sont devenus presque subversifs, Jérôme Attal leur consacre un réjouissant patchwork de textes drôles et poétiques.
Ceux que l'on donne, ceux que l'on reçoit, ceux que l'on manque, ceux que l'on fantasme... On trouvera dans ce livre une ode au baiser clandestin, des baisers pornographiques ou politiques, des souvenirs personnels qui font appel à la mémoire collective - le baiser échangé entre Rachel et Ross de Friends, celui de Sophie Marceau et d'Alexandre Sterling dans La Boum, chez Proust ou Truffaut, dans Cyrano de Bergerac ou chez Doisneau, les baisers dans l'art, la littérature, la musique et au cinéma.
Mais surtout, vous trouverez dans ce livre un secret ultime : la recette imparable du parfait baiser !
Qui est Andy Warhol ? Depuis quelques années, les découvertes des chercheurs qui ont plongé dans les archives de Warhol tendent à troubler l'image que les spécialistes comme le grand public se faisaient du « pape du pop ». Les enregistrements originaux de ses interviews les plus célèbres ou les matériaux préparatoires de ses oeuvres, recueillis dans des « time capsules », rappellent que, si l'art de Warhol n'est pas une satire du consumérisme, il ne relève pas non plus d'une adhésion amorale au capitalisme postmoderne. En mettant l'accent sur le queer chez Warhol et son opposition aux diktats genrés, cet essai biographique tente de montrer que l'oeuvre picturale, cinématographique et médiatique de Warhol reste à ce jour un modèle de résistance aux assignations identitaires et que, à sa façon cynique, elle appelle à la « vraie vie » que Michel Foucault défendait dans son dernier séminaire, Le gouvernement de soi et des autres.
Entre confessions personnelles et analyses fascinantes, le style parfois absurde et décalé d'Éric Loret nous embarque avec une efficacité redoutable dans l'incongruité de l'univers warholien, pour nous proposer un portrait personnel de cet artiste insaisissable et inclassable.
Joséphine Baker, performeuse africaineaméricaine, est une figure complexe qui a produit un ensemble de significations raciales et genrées parfois contradictoires. En 1925, à 19 ans, elle défraie la chronique suite à ses performances érotico-comiques au sein de la Revue Nègre à Paris. Son arrivée en France coïncide avec l'apogée des mouvements Art déco et de la Vogue Nègre, alors que se poursuivent les ambitions coloniales de l'Europe vers l'Afrique. Comme cette modernité, Baker est noire, brillante, marchande, ultramédiatisée, prise entre les débats nationalistes sur l'identité et la préservation culturelle. Mais Baker incarne surtout l'émergence d'un empouvoirement féminin noir :
Elle en est la première manifestation, fascinante et populaire, du XXe siècle.
Sophia est la plus vieille amie de Maria Callas. Du Brooklyn de leur enfance aux plus grands opéras du monde, elle l'a accompagnée toute sa vie. Pourtant, elle ne figure nulle part, n'est mentionnée dans aucune des biographies de la Callas et n'apparaît pas sur les photos.
À quatre-vingt-quinze ans, elle confie ses souvenirs à un mystérieux musicien qui veut en savoir plus sur la diva. Sophia lui (et nous) révèle alors les véritables identités de Maria Callas et la manière dont celle-ci, avec son aide, a dupé le monde entier.
Avec ce roman impertinent mené tambour battant, Sophie Rabau se glisse dans les interstices de l'histoire pour nous conter ce qu'a peut-être été la vraie vie de la Callas : un opéra qu'elle a elle-même mis en scène.
L'un des grands avantages de la pensée de Guy Debord est sa concision. Il a ramassé le fond de ses idées en douze mots : Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. Un mantra qui, surtout si on le trouve juste, se conserve facilement. Cette phrase (la deuxième de La société du spectacle) est bien plus facile à comprendre de nos jours qu'en 1967. La politique-spectacle, l'omniprésence des écrans et des caméras de surveillance, l'addiction aux téléphones portables et la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux, tout cela va dans le même sens : le règne des apparences, du look, du spectacle.
D'autres aspects de Debord, comme sa défense d'une langue française classique et sa détestation de la nourriture frelatée, le rendent tout aussi actuel. Outre une démonstration de la pertinence de la pensée de Guy Debord pour analyser le monde contemporain, cet essai biographique remet les idées du cinéaste et théoricien dans leur contexte, en soulignant les points communs avec diverses figures - attendues (Marx, Breton, Cravan) et non attendues (Hemingway, Léon Bloy, Sylvia Plath).
De l'échauffement à l'arrivée, en passant par les sensations des premiers kilomètres et la vacance des ravitaillements, Cécile Coulon nous entraîne dans un passionnant marathon littéraire, et physique...
"Chaque coureur apparaît comme un maillon d'une chaîne immense, qui ne se referme jamais et ne cesse de s'étendre. Nous faisons partie d'un gigantesque ensemble, où se côtoient professionnels et amateurs, débutants et expérimentés, têtes et fins de peloton. Et la course à pied, au sens large du terme, contient tout ce que l'Histoire contient d'histoires : de l'ère paléolithique à nos jours, elle incarne le drame humain, ses passions, ses conquêtes, ses victoires et défaites."