En 1940, la France capitule.
En 1941, Jacques Lusseyran, alors qu'il est aveugle et n'a pas 18 ans, entre en résistance en rejoignant le mouvement défense de la France. Le 20 juillet 1943, il est arrêté par la gestapo, interrogé pendant des jours interminables et enfermé à Fresnes. Il sera. déporté en 1944 à Buchenwald. Comment un aveugle peut-il survivre à cet enfer ? Grâce à la protection d'un groupe de russes et à sa connaissance de l'allemand qui lui permettra d'informer les autres déportés des agissements des S.S.
Après un an et demi d'horreur, il est libéré et revient en France où il poursuivra ses études en affirmant ses aspirations littéraires balayées par la guerre. Cette autobiographie est un exceptionnel exemple d'amour de la vie, de courage et de liberté face à l'adversité.
De l'invention de la conserve à la démocratisation des restaurants en passant par la vulgarisation de la pomme de terre, le développement de l'ostréiculture, la publication des premiers livres de recettes ou l'émergence des critiques, l'historien met en lumière les meilleures tables, les mets les plus raffinés et les chefs les plus inventifs de la gastronomie française au XVIIIe siècle.
Marian Anderson (1897-1993) fut l'une des plus grandes contraltos de son temps, une voix « comme on en entend qu'une par siècle ». Mais dans une Amérique encore ségrégationniste, la couleur de sa peau l'obligera à surmonter bien des obstacles.
Emilio Lussu (1890-1975) est l'un des grands témoins de la montée du fascisme en Italie. Député de 1921 à 1924, opposant de la première heure à Mussolini, il est déporté à Lipari, l'île prison où la dictature éloignait ses ennemis politiques. Il s'en évade de façon spectaculaire et trouve refuge en France où il publie, en 1933, La Marche sur Rome et autres lieux, un livre militant, destiné aux Français, qui raconte la prise du pouvoir par les fascistes.
Cette chronique permet de saisir, avec une étonnante finesse, littéraire et politique, la réalité du fascisme quotidien. Intimidations, violences, manipulations... le fascisme se révèle dans ce livre, par petites touches, tel qu'il fut perçu par les Italiens de l'époque. Un document exceptionnel, devenu un classique de la littérature antifasciste.
Parmi ses autres ouvrages, Un anno sull'altipiano (Une année sur le haut plateau) a inspiré le scénario du film de Francesco Rosi, Les Hommes contre, une charge impressionnante contre les horreurs de la Première Guerre mondiale.
De ses plus anciennes expressions mythologiques jusqu'à l'urbain diffus contemporain, cette histoire couvre plus de trois millénaires. Elle aboutit aujourd'hui à un paradoxe insoutenable : la quête de « la nature » détruit son objet même : la nature. Associée à l'automobile, la maison individuelle est effectivement devenue le motif directeur d'un genre de vie dont l'empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation, insoutenable à long terme, des ressources de la nature.
Des Caraïbes à la Méditerranée, de la Manche à la mer de Chine, les rapines de ces fougueuses aventurières furent aussi célèbres que leurs amours impétueuses. À la tête de leurs expéditions, elles subjuguèrent tous ceux qui ont croisé leur chemin, ennemis ou compagnons de fortune, parce qu'elles surent jouer de la ruse et de la force, suscitant ainsi le respect, la colère et l'envie. Un mélange d'attirance et de répulsion.
Avec ces 17 portraits taillés au sabre tranchant de l'aventure maritime, dans la fumée suffocante des canonnades, des abordages audacieux, des courses au bout du monde, Gérard A. Jaeger retrace plusieurs siècles d'exploits flamboyants.
Dag Hammarskjöld est curieusement méconnu en France, où aucune biographie ne lui a jamais été consacrée. Secrétaire général de l'ONU de 1953 jusqu'à sa mort en 1961, il a participé aux côtés des plus grands dirigeants à l'organisation du nouveau monde libre.
Henrik Berggren dresse un portrait précis et sobre de ce personnage si attachant et si inspirant. Il en explore toutes les facettes et tourne autour du «mystère Hammarkjöld». Il ne prétend pas le dévoiler mais cherche à comprendre les sources du génie : son rapport à la religion, à l'amitié, son amour de la littérature, son célibat, s'attachant à décrire comment la personnalité du Secrétaire général a pu s'articuler avec sa volonté de créer un monde plus juste.
Le 1er juin 1940, Jeanne Bohec décide de partir pour l'Angleterre. Elle n'a pas entendu le discours du général de Gaulle, mais tout la pousse instinctivement à refuser la défaite. Elle a tout juste 21 ans.
Après un entraînement dans une école de sabotage anglaise, elle est parachutée en France. Experte en explosifs, elle devient instructeur dans sa Bretagne natale où elle forme les groupes de résistants à leur maniement. A bicyclette, elle parcourt la région sans relâche, avec efficacité et audace, n'hésitant pas à demander l'aide des camions de l'armée allemande quand la côte est trop rude !
Documents d'un intérêt historique majeur portés par un style littéraire enlevé, le Journal de marches et d'opérations et le Journal de Bir Hakeim rédigés par le médecin-chef de la 1ère brigade française libre Jean Vialard-Goudou sont, avec cette édition, portés à la connaissance du public pour la première fois près de quatre-vingts ans après leur rédaction.
Jean Vialard-Goudou est un homme franc dont la personnalité affirmée peut conduire à exprimer parfois sèchement son opinion ; mais si la forme, comme le lui suggère une fois le général de Gaulle, laisse parfois à désirer, le but qu'il recherche est en toutes circonstances l'amélioration de la prise en charge des blessés.
Comment explorer plus de 22 siècles de l'histoire du vin en France !? Éric Glatre a sélectionné pour nous 36 des dates qui ont façonné les vignobles français tels que nous les connaissons aujourd'hui.
De l'invention du tonneau à celle du bouchon de champagne, des premières lois des burgondes aux classements Grands crus, du travail des moines du moyen-âge aux prémices du marketing. La grande histoire des vins de France regorge de ces petites histoires qui sont le reflet de la diversité et de la richesse de nos vignobles.
Best-seller de la littérature prolétarienne initialement publié en feuilleton dans L'Humanité en 1928, Je Brûle Paris raconte l'histoire de Pierre, mis au chômage, prenant sa revanche sur la capitale française pour les humiliations qu'il y a vécues. Après avoir volé des bactéries de la peste noire, il les utilise pour infecter le réseau hydraulique. Le 14 juillet, jour de Fête nationale, les premières victimes de l'épidémie sont emmenées dans les hôpitaux. La ville, mise en quarantaine, se divise en républiques nationalistes - les Chinois, les Juifs, les ouvriers de Belleville, les Russes blancs de Passy, la concession anglo-américaine, la république bleue des flics - qui se déclarent la guerre et se dressent les unes contre les autres.
Jasienski, jeune poète révolutionnaire d'avant-garde, qui avait quitté la Pologne peu hospitalière pour les « rouges », avait 27 ans quand il écrivit ce livre à Paris. Son Je brûle Paris constituait une riposte au Je brûle Moscou de Paul Morand : cette courte nouvelle figurait dans son Europe galante et décrivait la capitale soviétique comme infestée par des juifs passablement sales et couverts de puces. C'était une délicieuse petite infamie qui montrait la Mecque de la Révolution sous l'aspect repoussant d'un bolchevique au nez crochu.
En 1919, bien avant Black Lives Matter, un policier militaire américain abat froidement à Nantes un promeneur guadeloupéen. On lit alors dans la presse indignée que les Français ne cultivent pas le préjugé des races, lequel est solennellement condamné par les députés de la seconde puissance coloniale du monde. Bars ségrégationnistes des années 1920 ou 1960, piscine fermée aux Algériens (1964) ou diarrhée antisémite d'un sénateur SFIO (1959), d'autres affaires offrent à l'opinion l'occasion de s'indigner et d'énoncer la norme idéale d'une France immunisée contre le racisme : Raymond Poincaré s'oppose à Paris à une discrimination, forcément américaine et René Pleven juge longtemps inutile une loi antiraciste finalement votée en 1972 et qu'on persiste à tort à lui attribuer.
Loin de l'anachronisme dogmatique ou de l'idéalisation naïve, l'historien Dominique Chathuant explore le mythe immunitaire à l'échelle du XXe siècle, au coeur puis en aval du contexte colonial. Il nuance l'apparente nouveauté du présent en montrant qu'on dénonce déjà en 1917 l'importation d'idées américaines, qu'on teste les discriminations dès 1939 ou qu'on emploie très tôt les termes "raciste" (1924) et "racisé" (1965).
Bien malin celui qui a quelques mois de l'élection présidentielle serait capable de donner le trio de tête !
Avec force témoignages et citations, Le Troisième homme nous replonge plaisamment dans « la surprise » suscitée par le troisième homme, que ce soit dans un sens de promotion comme Lecanuet, Duclos, Chirac, Bayrou, Le Pen ou, à l'inverse, dans un processus de relégation comme ce fut le cas pour Chaban-Delmas, Barre, Balladur, Jospin et bien sûr, le dernier d'entre eux : François Fillon.
Comment la droite, qui venait pourtant d'élire Valéry Giscard d'Estaing, un président jeune et dynamique soutenu par les plus purs héritiers du Gaullisme dont le premier d'entre eux, Jacques Chirac sera aussi le Premier ministre, comment cette droite au sommet de sa gloire a réussi l'improbable : perdre l'élection présidentielle de 1981 !?
Si de nombreuses études sont revenues en détail sur les conditions de la victoire de François Mitterrand, le propos de Pierre-Frédéric Charpentier entend en premier lieu inverser le prisme de l'analyse en s'attachant plus particulièrement à celui que l'histoire oublie volontiers :
Le vaincu.
Reçu premier à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de philosophie en 1927, Jean Cavaillès fut l'un des intellectuels les plus brillants de sa génération. Gaston Bachelard, avec qui il noua une forte amitié, notait : «Jean Cavaillès avait une volonté de héros.» Lié dès le début au mouvement de résistance Libération, animé entre autres par Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Jean Cavaillès fut arrêté par les Allemands en août 1943, puis condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard. Gabrielle Ferrières retrace dans ce livre émouvant la vie d'un philosophe, inséparable de celle de l'homme d'action et de convictions.
Le texte est suivi d'une étude de l'oeuvre de Jean Cavaillès par Gaston Bachelard.
Le soldat inconnu est, en France, avec le bleuet, le casque Adrian et nos 36 000 monuments aux morts, l'un des symboles emblématiques de la Première Guerre mondiale et de l'armistice du 11 novembre 1918. Il en est même le symbole universel pour avoir été « adopté » dans de nombreux pays.
Cependant, le Soldat inconnu n'est pas arrivé sans mal sous l'Arc de Triomphe. Loin de rassembler, ce combattant français anonyme a suscité, d'emblée, de nombreuses polémiques, devenant un point de crispation et de cristallisation des querelles idéologiques et politiques franco-françaises.
C'est à la découverte de cette histoire méconnue que le lecteur est convié.
II y aura soixante-dix ans, le 5 avril 1951, que les époux Rosenberg furent condamnés à mort pour des faits d'espionnage qu'ils n'ont pas commis. Exécutés 2 ans plus tard, parce que juifs et communistes en pleine guerre froide.
Au-delà des jugements sur leur innocence ou leur culpabilité, leur geste de liberté face à l'accusation ne doit pas être considéré comme un épiphénomène de l'Histoire, mais bien comme un acte de résistance contre la « chasse aux sorcières ».
Tout cela nous rappelle avec force qu'aucune fin ne peut justifier l'injustifiable : l'atteinte aux libertés individuelles.
Dans cet ouvrage, publié à Londres en décembre 1942 et jamais réédité depuis 1945, l'auteure retrace en détail son propre parcours depuis les jours dramatiques de juin 1940 jusqu'à son arrivée en Angleterre et son engagement dans la France libre, un peu plus d'un an et demi plus tard, à la toute fin de l'année 1941.
Conçu et rédigé dans le feu de l'action ou presque, c'est-à-dire sans attendre l'après-guerre, le livre possède d'abord la fraicheur d'un témoignage livré à vif. Récit précurseur, il figure au rang des tous premiers témoignages à paraître sur l'effondrement de la France et ses conséquences immédiates.
D'une richesse rare, les pages de ce livre constituent bien une source de première main sur une période certes brève mais à la densité événementielle horsnorme
Document exceptionnel connu jusqu'à présent des seuls spécialistes, les mémoires de Jacques Lecompte-Boinet constituent le témoignage rédigé à chaud par une des grandes figures méconnues de la Résistance.
Ce Compagnon de la Libération a fondé une des principales organisations clandestines de zone occupée, Ceux de la Résistance. Devenu un des seize membres du Conseil national de la Résistance, il a siégé en novembre 1943 à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger, avant de revenir en France.
Dans cette existence sur le fil du rasoir, apparaît ce qui unit Lecompte-Boinet à tous les résistants : la conscience de participer à une aventure collective engageant le destin de leur pays en même temps qu'elle les dépasse, et qui, ce faisant, donne à ce moment de leur vie une intensité unique.
Gilles Martinet disait de ce livre que c'était « l'un des meilleurs qu'on ait pu écrire sur la Résistance ».
Et il faut bien dire que cette aventure incertaine, celle de la Résistance telle qu'elle fut vraiment, au plus haut niveau, est racontée ici par l'un de ses artisans les plus importants. Claude Bourdet est cofondateur avec Henri Frenay du réseau Combat, il crée et développe le service du Noyautage des administrations publiques et devient membre du Comité directeur des Mouvements unis de Résistance. Enfin, aux côtés de Jean Moulin, il en est membre du Conseil National de la Résistance dès mai 1943 avant d'être arrêté et déporté à Buchenwald.
Ces mémoires sont une véritable référence pour qui veut comprendre ce que fut vraiment, de l'intérieur, la Résistance française.
"Ce livre raconte, à travers ses liens et ses rencontres, le destin d'une génération d'étudiants devenus résistants. C'est le récit vivant, à la fois plein de poésie et d'humour, y compris un peu d'autodérision, de tous les milieux intellectuels parisiens qu'il fréquentait, et, enfin, il s'arrête au moment décisif de sa rupture avec le communisme. Ce livre est la confession d'un enfant du XXe siècle, d'une très grande beauté d'écriture, alerte, évocatrice, gouailleuse parfois.
Rolland avait écrit des romans, la plupart nourris de son expérience résistante, mais le roman véritable, celui de sa vie et de son destin, est ce livre même". Extrait de la préface d'Edgar Morin Jacques-Francis Rolland (1922-2008) est un écrivain, journaliste et résistant français. Après la Libération, il devient reporter pour le quotidien Ce soir puis collabore avec l'hebdomadaire Action. En 1952, il publie La Chute de Barcelone et devient ensuite directeur littéraire du magazine France Observateur.
Entre-temps, en 1956, il quitte le PCF. Parmi ses oeuvres principales, Le Grand Pan est mort (1956), Le Grand capitaine (1976), Le Tango chinois (1970). Un dimanche inoubliable près des casernes (1984, Grand Prix du roman de l'Académie française), enfin Boris Savinkov, l'homme qui défi à Lénine (1990).
Quelque part entre le Baron de Münchhausen et Tartarin de Tarascon, Háry János est le soldat fanfaron magyar. Drôle, hâbleur, bravache, Kodály disait de lui qu'il était le plus beau représentant de l'âme hongroise.
Un vétéran, Háry János, un ancien hussard de l'armée autrichienne, raconte dans une auberge de village ses aventures et ses exploits fantastiques lors des guerres napoléoniennes. Il prétend entre autres qu'il a conquis le coeur de Marie-Louise d'Autriche, la femme de Napoléon, défait l'armée de son rival à lui seul avant de le capturer puis de dîner, en toute simplicité, chez l'Empereur François.
Avant de devenir la plus célèbre des comédies lyriques de Zoltán Kodály, Háry János, le vétéran est d'abord un court poème d'à peine 200 vers écrit au milieu des années 1840 par un jeune poète hongrois, János Garay.
S'il est une figure chère aux Hongrois, c'est bien Háry János. Ce miles gloriosus à la magyare est plus connu et aimé là-bas que chez nous Tartarin, sans doute parce que la mentalité régionale d'un « petit État d'Europe de l'Est » (selon l'expression d'István Bibó) donne un sens politique plus profond à ses vanteries que nous ne voulons en prêter à nos gasconnades.
Háry János est un des plus grands classiques de la littérature hongroise, immédiatement traduit en allemand puis en anglais, il ne l'avait encore jamais été en français.
Modernité hermaphrodite aborde près de deux siècles de l'histoire de ceux qu'on appelait jusqu'au début des années 2000 les hermaphrodites, qui, pour beaucoup, aujourd'hui préfèrent adopter la dénomination d'intersexes. Il commence au moment où pendant la seconde moitié du xviiie siècle les savants, anatomistes, philosophes, mythologues, artistes, littérateurs et érudits éclairés leur ont accordé un intérêt méthodique et symbolique particulier, et se termine au début du xxe siècle lorsqu'on a commencé à vouloir faire disparaître leurs anatomies sous les scalpels des chirurgiens. L'attention toute particulière qu'accorde Johann Winckelmann, père de l'histoire de l'art, aux hermaphrodites en fait le symbole du beau idéal, transcendant l'anatomie de deux sexes au travers d'un individu, jusqu'au xxe siècle où les mutilations quasi systématiques de ce qui représente, dès la naissance, un tabou médical et social deviennent la norme. Magali Le Mens met en lumière les paradoxes et le conséquences de la confusion entre une population bien réelle et tout l'imaginaire qu'elle véhicule.
Ce volume enrichi de 110 illustrations en couleur vient combler un manque dans l'histoire des personnes intersexuées. Jusqu'à présent, les ouvrages existants se concentraient uniquement sur l'aspect médical et biologique de leur histoire. Magali Le Mens propose de redonner une présence à cette population oubliée qui nous permettra de mieux aborder encore l'histoire binaire de la différence des sexes, pour mieux la dépasser.