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Valère Novarina
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Né en mai 1942 à Chêne-Bougeries, Valère Novarina passe son enfance au bord du Léman et dans la montagne : à Torchebise, au col du Feu, à Outanne, à Jambe-de-ça, à Jambe-de-là ; à Ouatapan ; il découvre au passage que le patois n'est pas du français estropié mais une autre façon de descendre du latin...
Quant à la chanson hongroise composée par Istvan et chantée par sa mère Manon Trolliet, il y reconnaît - lui apparaissant peu à peu - une seconde langue maternelle incompréhensible.
À partir de la fin des années 1960, il déploie une oeuvre littéraire, théorique et picturale largement reconnue : développement dans la lumière du drame comique, optique, charnel de la « respiration », forme primitive de la pensée. -
«Deux mots placés au fond d'une grotte sont aussi l'espace du langage. Je pénètre à nouveau dans cette grotte et m'enfonce dans les soubassements du langage, armé de ce paradoxe qui doit nous servir de guide. Avec cette contradiction, creuser la langue, en explorer les galeries ; ouvrir l'espace des mots pour y découvrir des cavernes insoupçonnées.» Valère Novarina
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Ce livre est la réédition de celui publié en 1989. Il regroupe une série de textes parus en revue ou en volume ou à l'époque inédits, dans lesquels Valère Novarina expose ses conceptions sur le théâtre, les acteurs, la littérature. Conceptions peu conformistes, on s'en doute, essentiellement axées sur la libération des forces vitales et créatrices de l'écrivain comme de l'acteur.
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«Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. À la fin, nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole.»
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Un homme parle à des animaux, c'est-à-dire à des êtres sans réponse. Il pro- nonce Le Discours aux animaux qui est une suite de douze « promenades », une navigation dans l'intérieur - c'est-à-dire d'abord dans sa langue et dans ses mots.
Un homme parle à des animaux et ainsi il leur parle des choses dont on ne parle pas : de ce que nous vivons par exemple, quand nous sommes portés à nos ex- trêmes, écartelés, dans la plus grande obscurité et pas loin d'une lumière, sans mots et proches d'un dénouement. Les autres siècles appelaient ça « crise intérieure », le nôtre « dépression ». Valère Novarina pense que c'est un état très nécessaire, très salutaire, à ne pas soigner : l'homme a encore beaucoup à se parler à lui-même...
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L'homme est un animal plusieurs.Le jour où elle deviendra uneL'humanité disparaîtra.
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L'un des dramaturges les plus représentés en France, aujourd'hui, est sans doute celui qui bouleverse le plus radicalement les certitudes théâtrales, se jouant des règles comme du caractère des personnages ou de la conduite de l'intrigue. C'est que son projet est autre : pour lui, la scène où tout naît et s'accomplit appartient au langage lui-même. En cela son aventure s'apparente à celle de la poésie, puisque son écriture, où qu'elle se donne à entendre, affronte et régénère la matière verbale, multiplie les questionnements, piège les stéréotypes, pratique, non pas le dérèglement de tous les sens, mais la mise en déroute du sens commun, de l'habitude dont les mots, les phrases et les discours sont lestés. «Le drame de la vie», c'est celui d'Adam et de tous les hommes engendrés à sa suite qui se demandent : «D'où vient qu'on parle ?» Valère Novarina répond par une suite ininterrompue de vertiges, d'échos qui, de proche en proche, prolifèrent, se changeant en rumeur de vocables et de signes, livrent des énumérations sans fin, comme si la survie même du genre humain tenait à cette prolifération en perpétuelle expansion. L'apparente gravité du sujet, les énigmes et les abîmes soudain dévoilés se défient pourtant de toute grandiloquence. Pour être irrémédiable, le drame de la vie n'en est pas moins cocasse. Et le chaos, pour être lui aussi structuré comme un langage, peut être décidément joyeux.
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Le théâtre est l'autre lieu. L'espace s'y appelle autrement : à droite la cour, devant la face, à gauche le jardin, au fond le lointain, au ciel les cintres, sous le plateau les dessous. Au singulier, «les dessous» deviennent le dessous, l'inférieur - qui, remis au pluriel, ouvre les enfers... Qui est dessous ? En dessous de tout ? - Le langage, le verbe, la parole. - Qui est descendu aux Enfers ? - Orphée, Mahomet, Dante, le Christ. Qui soutient tout, nous constitue, nous structure, nous porte ? nous supporte ? nous sous-tend ? Quel est notre sous-sol ? - Notre langue. C'est sur elle que toute la construction humaine repose. C'est par elle que nous avons été (légèrement, fragilement¿ !) séparés des animaux. Nous sommes des animaux qui ne s'attendaient pas à avoir la parole.
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à la tradition et sa verve de parolier a un air " belle époque " à s'y tromper : calembredaines et gaillardises se bousculent dans ses vers de mirliton. Exercice d'école, L'Opérette imaginair recense, pour les moquer, tous les trucs de la composition dramatique ; elle fait aussi la part la plus belle aux comédiens pour des performances à couper le souffle.
Du coup, on n'y reconnaîtrait pas le Novarina du Drame de la vie et de L'Acte inconnu si l'un des personnages ne se nommait Le Mortel, qui parle souvent d'outre-tombe. Opérette imaginaire ? Opérette à surprise, plutôt.
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Dans Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot, on découvre le jeune acteur Roger Blin, allongé dans un lit d'hôpital, prêt à mourir. On le retrouve hospitalisé dans le livre d'Hermine Karagheuz, et de nouveau mourant. Entretemps, il aura monté les textes de Samuel Beckett et Jean Genet, enregistré Pour en finir avec le jugement de Dieu avec Antonin Artaud et Maria Casarès, et rencontré Hermine, jeune voleuse de Saint-Germain-des-Prés, vendeuse de petits poèmes écrits sur des bouts de papier avec des fautes d'orthographe, qui bientôt deviendra comédienne. C'est de cette vie qu'il est question ici, des engagements artistiques, politiques et amicaux d'un homme bègue, vus par une femme dyslexique. La traversée d'une époque, de la rive gauche en ruines à la décentralisation, en passant par mai 68, avec l'art pour boussole. Ce qui est très beau dans ce livre, et qui le distingue d'une simple biographie, c'est que la mort de Roger Blin est décrite avec autant de détails et de précisions que sa vie, et l'une comme l'autre sont admirables. C'est l'hypothèse d'Hermine Karagheuz : on meurt comme on a vécu, d'un même feu sacré. Le récit est vif, épuré, vibrant, on traverse toutes les époques très rapidement, on les enjambe, on court, on n'esquive rien pourtant. Quelque chose de ce passé nous emporte, comme il a emporté Roger Blin, et Hermine Karagheuz après lui, qui note les répliques comme s'il s'agissait d'une pièce - la dernière sera : « je n'ai pas faim, merci ». Si être artiste est avant tout une façon d'être au monde, il s'agit aussi de le quitter : l'art est partout, jusqu'au bout. De le donner peut-être, de le transmettre : ainsi ce livre, que Roger a offert à Hermine en lui montrant comment il a vécu et comment il est mort, et que Hermine rend à Roger en l'écrivant vraiment.
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«J'écris ce que je ne pense pas encore. Ne plus être le maître du livre, celui qui en détiendrait le sens, ne plus être le guide du lecteur mais celui qui fait le voyage avec lui. Un qui a été doué d'ignorance et qui voudrait l'offrir à ceux qui en savent trop. Un qui lui bande les yeux, un porteur d'ombre, un montreur d'ombre pour ceux qui trouvent la scène trop éclairée ; quelqu'un qui a reçu quelque chose en moins... L'espace, par exemple...»
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Adramélech, à travers son monologue, vient raconter sa vie. La vie de celui à qui on ne donne pas la parole, tandis que les classes dangereuses babillent. Une vie universelle. C'est l'ouvrier, le petit, le sans-grade qui déblatère jusqu'à plus d'air pour témoigner de sa condition. C'est un bonhomme venu nous dire ses colères, ses peines, ses joies, ses questions, ses doutes et ses inquiétudes. Il est l'ambassadeur d'un monde muet ou muselé, et tout à coup, par trop plein d'air, il craque et dit tout, d'une traite, pour se taire à la fin, vidé, essoufflé...
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Cette nouvelle pièce de Valère Novarina sera créée au Cloître des Carmes, au Festival d'Avignon, le 5 juillet 2015.
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Confronté au problème de l'adaptation théâtrale de certains de ses livres non directement écrits pour le théâtre, comme Le Discours aux animaux, ou difficiles à monter, comme Le Drame de la vie, et pour éviter des interventions extérieures hasardeuses, Valère Novarina a décidé de proposer lui-même aux éventuels metteurs en scène des adaptations en quelque sorte «clé en mains». Le Repas est une adaptation pour la scène des première pages de La Chair de l'homme.
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Personne n'est à l'intérieur de rien
Valère Novarina, Jean Dubuffet
- Atelier Contemporain
- 18 Mars 2014
- 9791092444094
Des lettres échangées entre 1978 et 1985 par Jean Dubuffet et Valère Novarina, rien ne devrait nous permettre de dire qu'elles sont de l'ordre de l'amitié, de la déférence, ou de l'admiration. Bien plus, on ne saurait à les lire tenir pour assuré, quoi qu'en disent les biographes, que l'un est un des peintres majeurs de son temps, arrivé au grand âge, et l'autre un écrivain au tout début de sa reconnaissance, peintre au vif et dramaturge.
Pour un peu c'est l'inverse qui pourrait être vrai, tant ce qui paraît compter n'est pas de cet ordre-là. Pas de croustillant dans l'entretien d'un vieil homme avec un plus jeune sur l'art et la langue, mais un vivant essor, réciproquement salué. (P.V.) Préface de Pierre Vilar Édition complète de la correspondance entre les deux artistes, largement inédite, augmentée d'un entretien, et de textes de Valère Novarina en échos à la figure de Jean Dubuffet. Avec la reproduction de 46 documents et oeuvres tous inédits.
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Livre d'entretiens et journal de voyage, portfolio et carnet de notes, Paysage parlé rassemble six conversations menées in situ à Paris, Lausanne, Debrecen, Champigny-sur-Marne, Varallo et Trécoux de janvier 2009 à août 2010. Au fil d'un dialogue itinérant, faisant étape dans ces multiples lieux où l'écrivain vient s'affronter à la matière, Valère Novarina évoque avec Olivier Dubouclez les circonstances concrètes de son travail. C'est lorsque tout est encore à l'état natif, vacillant, que débute chaque entretien : on y découvre alors comment l'écriture et la mise en scène croissent dans un lieu donné, intime ou inconnu, qui résonne à travers tout le corps du langage.
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D'après Henri IV de Shakespeare
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«Purgatorius ceratops, plesiadapis tricuspidens parapithecus grangeri , ælopithecus chirobates, ouranopithecus macedoniensis...» LA FEMME DU SEPARACIDE essaye de mettre en ordre les ancêtres de l'homme ; puis elle accouche. JEAN TERRIER lui déclare son amour en algèbre. LE BONHOMME NIHIL essaye de se souvenir d'une dictée qui commençait par : «L' autel était à Jérusalem mais le sang de la victime baigna l'univers.» En pleine nuit, L'HOMME EN MATIERE VIDE peint des anthropoglyphes sur le sol du théâtre, jette sommairement des figures, des organes, du schéma humain : ses personnages entrent vivent et le tuent. Ce sont 8 pantins qui s'insoumettent à l'image humaine, prient les écriteaux et parfois font l'animal. Ils cherchent au sol, n'ont qu'une passion : s'interroger sur leur pantinitude, veulent voir simultanément leur animal et leur pensée - et le langage matériellement sortir de leurs bouches, filer dans l'air en ruban. Quatre fois la scène est traversée à l'improviste par la MACHINE A DIRE VOICI... JEAN CHRONODULE carillonne LES HOMMES D'HECATOMBE passent en courant. UN HOMME PAR LA FENETRE se demande tout haut si ce n'est pas le langage qui est acteur. Ce qu' il résume à lui-même en deux mots : le sujet est-il agi par le verbe ? la parole est-elle notre sang ?... Il martèle : l'histoire n'est faite ni par les individus, ni par les masses, ni par Geist, ni par Klassenkampf mais par le langage. Puis il se jette par la fenêtre.
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La première partie de ce nouveau livre est haïtienne. C'est elle qui donne son titre à l'ensemble. Il y est question en effet d'Haïti où Valère Novarina a effectué deux séjours pour préparer et jouer sa mise en scène de L'Acte inconnu (P.O.L 2007). Il y est aussi question du travail avec les acteurs, de théâtre et de peinture, de l'accord profond qui s'est produit lors des répétitions et du travail plastique. C'est un texte joyeux.
La deuxième partie du livre, son deuxième acte, s'intitule Vue négative ou Voie négative (le choix n'est pas encore fait). Il aurait pu tout aussi bien s'intituler Variations sur une idée fixe. Cette idée de plus en plus ferme chez Valère Nova- rina que 'l'esprit respire'. Et s'il respire, c'est parce qu'il renverse, parce qu'il passe par ce que l'auteur appelle le niement (quelque chose comme une négation positive, dialectique).
Le lien entre la pensé et la respiration, Valère Novarina le ressent très concrètement. Pour lui, il saute aux yeux, lorsque l'on regarde de près travailler les acteurs, la respiration animale préfigure la pensée, l'annonce.
Cette partie du livre revient donc sur une idée éparse, disséminée dans presque tout ce que l'auteur a écrit, mais elle l'exprime peut-être plus nettement, avec plus de force, et avec d'autres exemples. Exemples tirés de la pratique de l'écriture, mais aussi de la pratique de la peinture. Valère Novarina aime à se définir comme écrivain pratiquant. (Prati- quant écriture, peinture, mise en scène... ) La troisième partie s'intitule Désoubli. C'est un texte qui parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues, la langue maternelle bien sûr, mais aussi d'autres langues, insolites, secrètes, apparemment mortes, vivant toujours au fond de nous... Valère Novarina tourne ici autour de l'idée que le langage est un fluide, une onde, une ondu- lation, un geste dans l'air, une eau...Chaque « parlant » porte en lui un peu de la mémoire de toutes les langues.
La quatrième et dernière partie du livre, Entrée perpétuelle est une métamorphose, un déguisement, une autre version, en tout cas un regard nouveau sur la mystérieuse machinerie organique du Vivier des noms (P.O.L 2015). C'est une réduction - ou plutôt un précipité du livre (au sens chimique) - une nouvelle entrée, sous sa forme active, agissante. Sa version nouvelle pour la scène.
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Depuis 517 ans, chaque premier jeudi de septembre, des milliers d'habitants du Chablais, montant des bords du Léman ou descendant de la montagne par les trois vallée de la Dranse (Dranse d'Abondance, Dranse de Morzine, Dranse de Bellevaux), se retrouvent, le jour de la "Foire de Crête" , sur l'une des collines qui dominent Thonon, pour vendre, boire, manger, danser, acheter, jouer. Le chapitre XII de La Chair de l'homme décrit l'action de 1471 d'entre eux au moment précis où la roue de la Loterie Pierrot s'immobilise sur le 8.
Tous les personnages de cette scène sont réels. L'usage , en Savoie, est de désigner plus volontiers les gens par leur sobriquet que par leur état civil : Aimé Stehlin est dit Gabin ou Aimé à l'Ancien , Marcel Trabichet est dit Marcel à Bison , Louis-Nestor Liardet est dit Razibus ou Louis la Grêle ou Grêlon... L'auteur, après avoir rassemblé ceux qu'il connaissait, a collecté auprès d'amis des trois vallées, plusieurs milliers de noms, surnoms et sobriquets, acquis ou héréditaires, célèbres ou presque oubliés. Cette enquête a duré de décembre 1992 à novembre 1994.
Il fallait attribuer à chacun selon ce qu'on savait de lui l'action qui lui convienne : la règle dite du renouvellement verbal voulait que cette action soit unique et que le verbe qui la désigne ne soit pas utilisé une seconde fois.
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Ensemble - plus que recueil- de 9 textes, "La quatrième personne du singulier" fait partie de ces livres "théoriques" (mais tout aussi lyriques que théoriques) grâce auxquels Valère Novarina fait régulièrement le point sur son travail.
Ici, les thèmes sont identiques à ceux des précédents ouvrages du même type ("Le théâtre des paroles", "Lumières du corps", "L'Envers de l'esprit"). Peut-être y est-il un peu plus emporté, flamboyant, qu'il s'agisse de parler de la langue (et singulièrement du patois, dans l'extraordinaire texte d'ouverture), du théâtre toujours, de l'acteur, du sacré. "Le théâtre peut opérer au fond de nous la rare division mentale : il nous ouvre, par une suite de joies libres, par scènes déchaînées et par un soudain chemin plus court ce qui était grammaticalement interdit dans toutes les langues : la quatrième personne du singulier.
Je tu il et moi toi lui tournent en ronde infernale s'ils ne s'ouvrent à la quatrième personne du singulier. moteur invisible, délivreur du drame pronominal : comme dans le Livre de Daniel, les trois Hébreux dans la fournaise : un quatrième est avec eux."
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«Boucan animal, concert des tuyaux. Bal, poussée des chars, tout le monde qui roule, monte au poteau. À ceux qui creusent, qui poussent sans fin, brandissent l'outil, Bouche et Oreille répètent toujours : le babil des classes dangereuses, faut qu'il cesse ! Au repas les paroles ! Au concert les museaux ! Muséum des nourritures, des maladies dans la parole et des repas des animaux. Antipodistes et hommes-canons, record des morts et course en trou. Entrée du défilé par la sortie. Gendrée du perpétuel des morts, dialogue des matières, musée des mixtures. Chute de l'épisode de reproduction en cours. Encore pire ! Au moteur métronomique ! À la machine à réciter la suite ! Allegro perpétuel. Les langues luttent dans les postures. Bouche et Oreille reviennent toujours, faire le refrain, remettre au pas, conduire au point et asphyxier. Chaîne de résurrection. À reculons, dans la représentation continue, le numéro le plus difficile du monde, des mots horribles, sonoribus, l'homme portant rythmus, le coeur son métronon.»
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Nourri des récentes expériences d'écriture et de mise en scène de Valère Novarina (L'Origine rouge, La Scène) ce texte poursuit un travail de réflexion sur l'espace, l'acteur, l'écriture, la force de la parole, les pouvoirs du langage... Il prolonge, peut-être même achève, le chantier ouvert par Le Théâtre des paroles, et Devant la parole.
Lumières du corps c'est huit mouvements plus que huit parties. Le livre ne fonctionne pas du tout comme un recueil mais comme une fugue, un jeu de contrepoints où des thèmes simples font retour, reviennent autrement, sont repris avec variations, inversés, décomposés comme en optique. Dans Lumières du corps les mots sont des personnages et la pensée un drame respiratoire sur la page. Et, on l'a compris, si Lumières du corps est bien un essai qui développe des thèses et argumente, c'est aussi un essai lyrique, bien à la manière de Valère Novarina, emporté, poétique, enthousiaste et enthousiasmant.
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L'Acte inconnu est un archipel d'actes contradictoires : acte forain, prologue sous terre, cascades de duos, accidents de cirque, spirales, rébus. Autant de figures, d'attractions, comme autant de mouvements d'un ballet... « L'Ordre rythmique », « Comédie circulaire », « Le Rocher d'ombre », « Pastorale égarée » : quatre mouvements renaissent l'un de l'autre et sont jetés aux points cardinaux.
Entrent et tournent : Le Bonhomme Nihil, Le Coureur de Hop, Jean qui corde, Raymond de la matière, L'Ouvrier du drame, La Machine à dire beaucoup, Le Chantre, La Dame de pique, L'Homme nu, La Femme spirale, Le Déséquilibriste, L'Esprit, Autrui.
On déplace le socle du monde : la scène est divisée en deux, en quatre... Tout passe de cour à jardin, dans le tournoiement du magnétisme animal. Entre les actes, le Bonhomme Nihil glisse des prières dans le mur humain. Au-dehors le monde court à son renouveau.