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Régine Foloppe
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Si nous ne l'avions pas, nous aurions quoi
Pour incendier la cervelle de nos chiens dans l'aube, si seuls
Les faire descendre dans leur sang, le sang, un givre
Nous aurions quoi comme roc, en pointe, au corps
Quelle involution
Nous aurions quelle salive
Quels genoux, incrustés de farine, plantés, en lumière qui faiblit, le fil
On rentrerait encore plus lourds du fond des arbres, dans l'ombre, le lait
On avalerait la mort
Sans les yeux scintillants, suppliciés
Sans la gorge déployée, entravée
D'une dernière caresse, carcasse fauve
On aurait quoi -
Famines est un recueil de poèmes que l'on peut dire lyriques.
La justesse et la rigueur demeurent des valeurs centrales de cet ensemble. L'interrogation sur l'autre, sur soi, sur la perte, y devient de plus en plus liée à un questionnement sur la langue, sur sa valeur et son emprise dans le réel.
Il semble que ce soit pour l'auteur le début d'une poésie plus « affranchie » des circonstances et sentiments fondateurs, au sens où la parole se fait peu à peu plus désireuse de partager une inquiétude, une conjecture et un inconnu, que de sauvegarder un vécu.
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Quelle force de vérité accorder à la poésie ? Apparemment aucune selon Baudelaire. C'est pourtant lui qui assure le passage décisif vers une poésie qui remet en question ses fondements, son devenir, sa nécessité, une poésie qui exige d'être sans cesse perception à valeur existentielle. La réflexivité poétique qui s'exerce entre apparence et tréfonds de l'homme exacerbe le poétique et le menace. Où, quand, comment et vers quoi se joue le vrai du poème ? Pourquoi cette oeuvre pose-t-elle les enjeux de la modernité ? Se débattant contre tout Idéal absolu, la poétique baudelairienne désire la liberté incarnée et douloureuse de l'artiste, de l'humain.
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