À Mathilde Urrutia[...] Avec grande humilité moi j'ai fait ces sonnets de bois, en leur donnant le son de cette substance opaque et pure, et qu'ils atteignent ainsi tes oreilles. Toi et moi cheminant par bois et sablières, lacs perdus, latitudes de cendres, nous avons recueilli des fragments de bois pur, madriers sujets du va-et-vient de l'eau et de l'intempérie. De ces vestiges à l'extrême adoucis j'ai construit par la hache, le couteau, le canif, ces charpentes d'amour et bâti de petites maisons de quatorze planches pour qu'en elles vivent tes yeux que j'adore et que je chante. Voilà donc mes raisons d'amour et cette centaine est à toi:sonnets de bois qui ne sont là que de cette vie qu'ils te doivent.Octobre 1959.
Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée suivi par Les vers du capitaine forme le livre d'une célébration nouvelle : l'amour y est toujours surprise, risque, désir, submersion, insurrection perpétuelle. L'homme y est autre, la femme y est autre, l'un et l'autre non pas meilleurs, mais en alerte, sur le qui-vive et, par là, plus vivants.
Les Vingt poèmes d'amour ont connu, dans tout l'univers hispanique, une extraordinaire fortune, plus d'un million d'exemplaires diffusés. Les vers du capitaine, qui semblent l'oeuvre d'un forban inspiré, ont d'abord été publiés anonymement - pour préserver le secret de la relation amoureuse, dira Neruda - avant, eux aussi, de chanter dans toutes les mémoires du Chili, d'Amérique et d'Espagne.
Généreuse, sensuelle, éblouie, passionnée est la poésie de Pablo Neruda. Militante également, si l'on accorde à ce terme son poids de révolte, de fraternité, d'utopies partagées. La parole de Neruda, c'est d'abord un élan, une houle de mots qui font sens et font chant. Cela touche au coeur et au corps avant de monter à la tête. L'écriture ici, même quand elle se nourrit des tourments du monde, est une fête, un plaisir, une jouissance.
«Peut-être n'ai-je pas vécu en mon propre corps : peut-être ai-je vécu la vie des autres», écrit Pablo Neruda pour présenter ces souvenirs qui s'achèvent quelques jours avant sa mort par un hommage posthume à son ami Salvador Allende. Les portraits d'hommes célèbres - Aragon, Breton, Eluard, Garcia Lorca, Picasso - côtoient les pages admirables consacrées à l'homme de la rue, au paysan anonyme, à la femme d'une nuit. À travers eux se dessine la personnalité de Neruda, homme passionné, attentif, curieux de tout et de tous, le poète qui se révèle être aussi un merveilleux conteur.
"Macchu Picchu, cité ou forteresse cyclopéennes, se dresse, au-dessus des lianes et des orchidées, sur une étroite plate-forme au flanc d'un pic des Andes. Découverte en 1911 par un professeur de Yale, Hiram Bingham, elle passe pour le dernier refuge où s'isola, après la conquête de Cuzco par Pizarre, un parti d'Incas irréductibles. [...] Nid d'aigle émergeant de l'inextricable et vivace entrelacs de la forêt-mère, les murs gigantesques demeurent un défi et une énigme de l'homme à l'Histoire. Ces blocs énormes, hissés à telle altitude, polis, strictement assemblés, témoignent d'un monstrueux et inutile effort." Pablo Neruda s'est approché de ces hauteurs en pèlerin, venu s'interroger sur un immense et obscur martyr. Dans ce deuxième chant du Canto general, le poète entreprend une longue méditation lyrique sur la grandeur et peut-être l'absurdité d'une telle entreprise. S'interrogeant sur l'homme face au temps et face à la légende, il signe le récit, la chronique dirait-il, de la vie et de la mort, puis de la renaissance des peuples natifs de l'Amérique du Sud, au coeur des vestiges de la grande civilisation rouge.
Quarante ans après sa mort, Pablo Neruda demeure l'une des voix les plus populaires du continent latino-américain et incarne, aux yeux de chacun, une figure immuable de la poésie de combat. Écrits entre 1956 et 1973, période de maturité du poète, et contemporains de La Centaine d'amour et du Mémorial de l'île noire, les poèmes de ce recueil se présentent de façon modeste, comme des fragments, souvent griffonnés à l'encre verte sur des brochures, des menus, des prospectus (reproduits en fin de recueil dans un carnet de fac-similés de trente pages en couleurs). Les motifs que développe ici Neruda sont ceux qui composent son oeuvre depuis Résidence sur la terre : l'amour pour les femmes (« De pain, de feu, de sang et de vin / est le terrestre amour qui nous embrase ») ; le voyage (« J'ai roulé sous les sabots, les chevaux / sont passés sur moi comme les cyclones ») ; le pays natal livré aux séismes (« Je dis bonjour au ciel / Plus de terre. Elle s'est détachée / hier et cette nuit du navire. / Derrière est resté le Chili »), à l'incertitude politique (« Cordillères / enneigées,/ Andes / blanches / parois de ma patrie, / que de silence / tout autour de la volonté, des luttes / de mon peuple. ») ; la poésie (« je dois écrire des lignes / que je ne lis pas, / je dois chanter pour quelqu'un/ que je ne connaîtrai / même pas un jour ») ; les forces telluriques et enfin la nature, toujours féconde et luxuriante (« Alors traversant l'incitation de ta cime son éclair parcourt / sables, coroles, volcans, jasmins, déserts, racines / et porte ton essence aux oeufs de la forêt, à la rose furieuse / des hannetons. ») Les lecteurs, nombreux, de Pablo Neruda ne seront pas déçus par cette dernière moisson de poèmes. Ils sauront y lire cette foi étonnante dans l'amour humain.
«Avec le Chant général, j'ai travaillé sur le terrain de la chronique et du mémorial, un terrain qui, les premiers temps, me parut rocailleux et inhospitalier. Mais soudain je découvris [...] qu'il n'y avait pas de matériel antipoétique lorsqu'il s'agissait de nos réalités. Les faits les plus obscurs de nos peuples doivent être brandis en pleine lumière. Nos plantes et nos fleurs, pour la première fois, doivent être contées et chantées. Nos volcans et nos rivières sont restés dans les espaces desséchés des textes. Que leur feu et leur fertilité soient livrés au monde par nos poètes. Nous sommes les chroniqueurs d'une naissance retardée. Retardée par le féodalisme, par la stagnation, par la faim. Il ne s'agit pas seulement de préserver notre culture, mais de la livrer à toutes nos forces, de la nourrir et de lui permettre de fleurir.»Pablo Neruda.
«Qui ne connaît pas la forêt chilienne ne connaît pas cette planète. C'est de ces terres, de cette boue, de ce silence que je suis parti cheminer et chanter à travers le monde.» Pablo Neruda livre les souvenirs colorés et poétiques de son enfance et de sa vie étudiante au Chili, et lève ainsi le voile sur la genèse de ses amours pour la nature, la poésie et l'engagement politique.
Au fil des paysages et des rencontres se dessine la personnalité de Neruda, homme passionné, attentif, curieux de tout et de tous, le poète qui se révèle être aussi un merveilleux conteur.
Les huit livres réunis dans le présent volume constituent l'oeuvre poétique posthume de Pablo Neruda.Dans La rose détachée, Neruda s'interroge sur le mystère des statues de l'île de Pâques «entourées par le silence bleu».Jardin d'hiver est une émouvante méditation sur l'homme vieillissant, admirablement complétée par les souvenirs et fables guillerettes égrenés dans Le coeur jaune.2000 poursuit l'interrogation commencée dans Fin de monde:à quels événements, à quelle mutation assistera le squelette du poète en cet «an 2000 à l'an 1000 pareil»?Élégie est consacré aux rues et aux curiosités de Moscou et surtout à l'évocation des figures présentes ou disparues des amis russes ou exilés en Union soviétique:Ehrenbourg, Maïakovski et Lily Brik, Evtouchenko, Nazim Hikmet...La mer et les cloches présente de nouveaux aspects de la retraite chère à Neruda:l'Île Noire.Enfin, Défauts choisis réclame avec humour le droit aux faiblesses et aux erreurs, sans lesquelles l'homme ne serait plus l'homme.
«Dans les années 40, en une période où presque tous les poètes suivaient une voie lyrique sans surprise, il tombe sur une génération sud-américaine stupéfaite, émerveillée ou furieuse, une énorme alluvion de mots chargés de matière épaisse, de pierres et de lichens, de sperme sidéral, de vents du large et de mouettes de fin du monde, une nomenclature de bois et de métaux, de peignes et de femmes, de falaises et de bourrasques, et tout cela nous arrive, comme tant d'autres fois, de l'autre côté du monde, où un poète regarde par-dessus la mer son lointain Chili et le comprend et le connaît tellement mieux que d'autres qui ont le nez dessus. Parce que le Chili des Résidences c'est déjà le monde latino-américain embrassé dans sa totalité par une poésie toute -puissante et c'est aussi la planète entière, la somme des mers et des choses avec, en son centre, un homme solitaire, le vieil homme parmi les ruines d'une histoire qui se dégonfle not with a bang but a whimper, le vieil homme naissant à sa véritable jeunesse, à sa virilité conquise vers après vers, peine après peine, le vieil homme laissant derrière lui le catalogue frénétique des amours et des souffrances, des plongées sans issue dans le magma de l'individu qui réside sur terre comme Robinson sur son île, l'homme Neruda se dresse, enfin libre et nu, il regarde devant lui et il voit un peuple en lutte, il entre dans la guerre d'Espagne comme on entre dans la mer à bout de sueur et de poussière, Pablo peut écrire L'Espagne au coeur, Pablo est déjà parmi les hommes, le Chant Général bat dans son sang, il sait déjà, lui, que nous ne sommes pas seuls, que no man is an island, que nous ne serons plus jamais seuls sur l'île Terre.» Julio Cortazar.
Pablo Neruda publie Estravagario, présenté aujourd'hui en français sous le titre de Vaguedivague, en 1958. Il en parle comme d'une oeuvre essentielle pour lui et insiste sur l'humour grave dont le rôle est d'exorciser la mort, voire de l'insulter avec la dérision qui minimise l'instant où la terre reprend ce qu'elle a donné.
Vaguedivague est, peut-on dire, une oeuvre métaphysique, dans la mesure où elle tente l'esquisse d'une philosophie terrestre capable d'élucider l'existence. Neruda rassemble et sonde des souvenirs, des expériences, des voyages - réels et légendaires - et ne fait jamais que revenir là où le rocher, l'arbre, la vague océane et la lumière solaire s'unissent. Ce point d'équilibre c'est la terre de prédilection désertée en vain.
Neruda confie à Vaguedivague ce cheminement de la terre vers la terre. Il s'agit donc aussi d'une oeuvre profondément matérialiste, opérant d'inlassables retours à la matière et cherchant à unir l'animé à l'immuable, le mouvement et la fixité.
En 1928, Pablo Neruda est nommé consul à Colombo, Ceylan, puis à Singapour et Batavia. Accompagné de Kiria, sa fidèle mangouste, le poète chilien découvre les odeurs et les couleurs des rues asiatiques, les plaisirs et cauchemars de l'opium, la chasse à l'éléphant, le sourire paisible des Bouddhas...Neruda livre ses souvenirs colorés et poétiques d'un Orient colonial et se révèle comme un homme passionné, curieux de tout et de tous, et un merveilleux conteur.
Ce recueil rassemble des poèmes en prose, des préfaces, des articles, des discours, des essais et d'autres écrits de Pablo Neruda. Dans ces textes, chargés d'humour, de tendresse et parfois de violence lucide, il raconte l'Extrême-Orient des années de jeunesse qui inspira Résidence sur la terre, évoque l'Espagne de 1936, la condition des Indiens du Mexique, la revue Cheval vert, les amis d'alors : Lorca, Alberti, Miguel Hernández, Ramón Gómez de la Serna, et fait revivre les rencontres insolites sous toutes les latitudes. Il célèbre le paysage marin, les brodeuses et les personnages typiques de l'Île-Noire, recrée les mystérieuses cérémonies auxquelles se livrent d'étranges invités dans la maison d'un écrivain célèbre de Santiago, éclaire le drame du Chili sous la dictature de Gonzáles Videla et la lutte civique et politique qu'il mena avant d'entrer dans la clandestinité.
Ce volume complète ainsi les Mémoires du célèbre poète, publiés sous le titre J'avoue que j'ai vécu, qui oscilla toujours entre la prose lyrique et la description éblouie de la découverte du monde, et révèle un homme déchiré par les contradictions du monde moderne.
Autobiographie poétique, ce Mémorial est un portrait, en multiples tableaux, de l'auteur, depuis son enfance dans un village glacé des hauts plateaux péruviens jusqu'à la maturité, où il devient le chantre reconnu de la Révolution prolétarienne. C'est une galerie de tableaux sombres ou clairs, de scènes grotesques, furieuses ou passionnées, par un grand poète engagé.
Me gusta cuando callas porque estás como ausente. Distante y dolorosa como si hubieras muerto. Pablo Neruda, seudónimo de Neftalí Ricardo R eyes, nació en Parral, Linares (Chile), en 1904. De 1920 a 1927 residi ó en Santiago, y en esta época escribió sus primeros poemas: La canció n de la fiesta (1921), Crepusculario (1923) y Veinte poemas de amor y una canción desesperada (1924), títulos que muestran las primeras fase s de su evolución, desde sus inicios posrubenianos hasta la adquisició n de un tono más personal y libre de la expresión poética. En 1927 emp ezó su existencia viajera y ocupó varios cargos consulares en China, C eilán y Birmania. Residencia en la tierra (1933) le reveló como un poe ta de intensa originalidad, vinculado indirectamente con la corriente surrealista. Entre 1934 y 1938 ocupó el cargo de cónsul de Chile en Es paña, y en estos años entró en contacto con escritores españoles de la Generación del 27. En 1941 se instaló en México y, posteriormente, re gresó a su patria donde, en 1945, fue nombrado senador. En 1971 le fue concedido el Premio Nobel de Literatura y fue Me gusta cuando callas porque estás como ausente. Distante y dolorosa como si hubieras muerto . Una palabra entonces, una sonrisa bastan. Y estoy alegre, alegre de que no sea cierto.
En Confieso que he vivido, el autor expone tanto su concepción del arte y de la poesía como los motivos que le llevaron a defender hasta el final de su vida sus conocidas posiciones políticas. De forma no menos brillante, rememora la figura de algunos amigos: García Lorca, Alberti, Miguel Hernández, Eluard, Aragon y su relación con personajes destacados de la política contemporánea. A este respecto, resulta particularmente emotiva la evocación -que cierra este libro- de su amigo el presidente Allende, escrita a los tres días de su trágica muerte.
Ce grand poème de Neruda était resté jusqu'à aujourd'hui inédit en français. C'est notamment lors d'une traversée d'Amérique en Europe à bord du paquebot Louis Lumière, au printemps 1960, que Pablo Neruda l'a composé. La chanson de geste porte bien son titre, car il s'agit là d'une épopée : celle du combat pour la liberté en Amérique latine, et, plus particulièrement, dans les Caraïbes. Ce poème est un salut à la Révolution cubaine qui vient d'avoir lieu (en 1959), mais aussi aux luttes démocratiques au Venezuela, au Nicaragua...
Et une protestation contre la situation de Puerto Rico qu'il nomme " port misère ". On retrouve dans ce livre, le ton, la forme, le souffle du Chant général dont il semble être le prolongement.
Découvert à l'occasion d'un minutieux travail de catalogage des manuscrits et tapuscrits originaux, ces poèmes ont d'ores et déjà créé l'événement : avant même qu'ils soient traduits en France, la nouvelle de leur publication en espagnol puis en anglais a été relayée par la presse internationale. Pourquoi cette ferveur, plus de quarante ans après la mort du poète ? Parce que Pablo Neruda demeure l'une des voix les plus populaires de langue latino-américaine et qu'il incarne, aux yeux de chacun, une figure immuable de la poésie de combat. Écrits entre 1956 et 1973, période de maturité du poète, et contemporains de La Centaine d'amour et du Mémorial de l'île noire, ces textes se présentent de façon modeste, comme des fragments, souvent griffonnés à l'encre verte sur des brochures, des menus, des prospectus (reproduits en fin de recueil dans un carnet de fac-similés de trente pages en couleurs).
Les motifs que développe ici Neruda sont ceux qui composent son oeuvre depuis Résidence sur la terre : l'amour pour les femmes (« De pain, de feu, de sang et de vin / est le terrestre amour qui nous embrase ») ; le voyage (« J'ai roulé sous les sabots, les chevaux / sont passés sur moi comme les cyclones ») ; le pays natal livré aux séismes (« Je dis bonjour au ciel / Plus de terre. Elle s'est détachée / hier et cette nuit du navire. / Derrière est resté le Chili »), à l'incertitude politique (« Cordillères / enneigées,/ Andes / blanches / parois de ma patrie, / que de silence / tout autour de la volonté, des luttes / de mon peuple. ») ; la poésie (« je dois écrire des lignes / que je ne lis pas, / je dois chanter pour quelqu'un/ que je ne connaîtrai / même pas un jour ») ; les forces telluriques et enfin la nature, toujours féconde et luxuriante (« Alors traversant l'incitation de ta cime son éclair parcourt / sables, coroles, volcans, jasmins, déserts, racines / et porte ton essence aux oeufs de la forêt, à la rose furieuse / des hannetons. ») Les lecteurs, nombreux, de Pablo Neruda ne seront pas déçus par cette dernière moisson de poèmes. Ils sauront y lire cette foi étonnante dans l'amour humain.
Cúspide, desde la perspectiva de la plenitud de la edad, de la poesía amorosa nerudiana, estos Cien sonetos de amor sorprenden ante todo por el contraste entre la palpitación de la palabra y la imagen, y la deliberada elección de una desnudez que rehúye los prestigios sonoros o constructivos del soneto clásico. «Con mucha humildad?escribe Neruda?hice estos sonetos de madera, les di esta opaca y pura substancia», que contrapone a las «rimas que sonaron como platería, cristal o cañonazo» de los poetas que anteriormente abordaron el soneto. Del mismo modo, es evitado el principio del mantenimiento de un patrón métrico y rítmico invariable, y, con mayor razón todavía, la estructura silogística y simétrica en la exposición de lo contenido en cuartetos y tercetos. Pero este despojamiento voluntario es un medio para dejar expedita la más soberana libertad en la visión: se conquista una nueva y poderosa cohesión, la de una palabra de tierra, agua, aire y llama, la de una voz que es el metal y el elemento y oye el latido de un mundo en el latido del cuerpo amado. Himno a lo tangible, el amor en Neruda es también vía de acceso a la fusión con el núcleo último donde la conciencia reconoce su ser en el ser del mundo.
Ce grand poème de Neruda était resté jusqu'à aujourd'hui inédit en français. C'est notamment lors d'une traversée d'Amérique en Europe à bord du paquebot Louis Lumière, au printemps 1960, que Pablo Neruda l'a composé. La Chanson de geste porte bien son titre, car il s'agit là d'une épopée : celle du combat pour la liberté en Amérique latine, et, plus particulièrement, dans les Caraïbes. Ce poème est un salut à la Révolution cubaine qui vient d'avoir lieu (en 1959), mais aussi aux luttes démocratiques au Venezuela, au Nicaragua... et une protestation contre la situation de Puerto Rico qu'il nomme « port misère ». On retrouve dans ce livre, le ton, la forme, le souffle du Chant général dont il semble être le prolongement.