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Nicolas Pesquès
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La face nord de Juliau, Dix-neuf
Nicolas Pesquès
- Flammarion
- Gf ; Poesie
- 21 Février 2024
- 9782080437136
La colline est toujours plusieurs corps, c'est la force de l'apparence. Elle peut devenir le vôtre, celui du désir d'écrire, d'aimer. Alors toutes les images tourbillonnent jusqu'à vouloir suspendre le dialogue qui les nourrit, mettre la présence à l'épreuve de leur élan. Dans la vraie vie, avec les images arrive la fiction, et quand les corps touchent à ça, quelque chose se brise. La vitre des mots vole en éclats. La catastrophe affronte l'hypothèse du bonheur. C'est la fin d'une aventure. La fin des Juliau. N. P.
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Franck André Jamme (1947-2020) était un poète rare (on ne compte qu'une quinzaine de livres, plus des reprises ou des traductions en américain, aux éditions Unes, Virgile ou aux éditions isabelle sauvage principalement), resté assez confidentiel alors qu'il avait reçu en 2005 le Grand prix de poésie de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son oeuvre. Celle-ci est marquée par l'art de l'épure, la profondeur et la simplicité afin de « rassembler presque tout dans presque rien », comme il le disait de la peinture tantrique qu'il admirait tant et dont il était spécialiste.
Le dernier été qu'il lui restait à vivre, il avait réalisé 28 ardoises, 21 en français et 7 en anglais, ensemble « testamentaire » qui avait été mis en ligne dès septembre 2020 par la galerie Hervé Perdriolle. Elles font partie des « petites formes » qu'il pouvait fabriquer, véritables oeuvres d'art à poser ou accrocher. Ce travail a dû commencer vers la fin des années 1990, et avant de choisir les ardoises d'écolier comme support, il avait utilisé des feuilles de papier doré puis des miroirs. Dès 1998, il publiait déjà des poèmes de même composition dans des recueils, un par page, dont beaucoup sont d'ailleurs repris sur les ardoises. Une quarantaine de ces ardoises sont reproduites en couleur dans cet ouvrage, celles du catalogue d'Hervé Perdriolle, et une dizaine d'autres que Franck André Jamme avait offertes à ses proches ou ses amis.
Toutes ont en commun de proposer des poèmes courts, une seule phrase comme une maxime, un souhait, une recommandation, écrits sans espace entre les mots sur quelques lignes du même nombre de lettres correspondant au premier mot, un infinitif toujours : noter, penser, songer, imaginer, comprendre... Les sauts de ligne en dépendent arbitrairement, et dessinent carrés ou rectangles (souvent « ponctués » d'une ou quelques lettres en débord). La lecture en est d'abord totalement perturbée, obscurcie pour mieux permettre ensuite de déchiffrer ces pensées avec l'attention nécessaire qu'elles requièrent. C'était, pour lui, « se distraire pour une fois avec des lettres et des mots » - mais « un jeu où les pensées ne sont ni drôles ni ludiques ».
C'est ce travail sur la lettre que Nicolas Pesquès interroge, en un essai lumineux, hommage sensible à l'auteur de ces « brèves séquences textuelles » écrites au Tipp-Ex, sa poésie « ramassée, serrée », la « revivification » qu'il a opérée de la langue « ayant quitté son immobilité en se dressant autrement ». À ces « petites choses farouches qui brillent obstinément », ou capables de faire que l'oeil puisse aussi connaître « des sortes de frissons », comme Franck André Jamme disait de certaines peintures tantriques. -
Chère images : peinture et écriture chez Gilles Aillaud
Nicolas Pesquès
- Atelier Contemporain
- 15 Septembre 2023
- 9782850351150
Dans son hommage à la peinture figurative et animalière de Gilles Aillaud, Nicolas Pesquès entremêle avec finesse notations poétiques, fragments de théorie sur l'art, descriptions de tableaux, bribes de souvenirs en compagnie du peintre. Le côtoiement des formes et des couleurs de Gilles Aillaud, l'encourageant à écrire, semble lui révéler en même temps qu'écrire et peindre sont deux formes d'un semblable besoin d'expression, qui, sans se confondre, convergent vers la même question impossible. «?La seule question qui vaille est celle à laquelle on ne peut pas répondre. Les bêtes nous indiquent la possibilité de ne pas la poser. L'expression est ce que nous avons trouvé de mieux pour ne pas la résoudre sans l'étouffer. Par la peinture, par le poème, nous la restituons dans son malheur.?» (Dans le mauve à l'aplomb des corbeaux) On ne trouvera aucune réponse définitive à l'énigmatique question, ni dans la peinture de Gilles Aillaud, ni dans la littérature de Nicolas Pesquès?; seulement «?des formules possibles, inventives et vouées à la vision de sa nuit?». La formule qu'il invente dans son livre s'élabore dans une intimité étroite et de longue date avec l'oeuvre de l'artiste lié au courant de la Figuration narrative. Ce volume constitue une traversée de la peinture de Gilles Aillaud en cinq chapitres?: Dans le mauve à l'aplomb des corbeaux (texte d'une monographie parue chez André Dimanche en 2005), Pan ! (paru dans Sans peinture, L'Atelier contemporain, 2017), Après l'image, Chères images, et Vous la dirai-je (inédits). Cherchant sans relâche une manière de dire attentive à l'étrangeté de ce qui se présente, Nicolas Pesquès tente de cerner au plus près la singularité du sillon creusé par le peintre dans la réalité rugueuse?: «?Peindre ce que l'on a devant soi, présenter le monde. Gilles Aillaud, une fois accompli le choix de cet écart plutôt que celui de la philosophie - mais celle-ci n'a pas cessé d'accompagner sa démarche -, n'a jamais eu d'autre souci. Il s'est d'emblée installé au coeur perpétuel de la peinture.?» Ce coeur de la peinture, ce noyau, chez Gilles Aillaud, est celui d'une figuration des existences animales, végétales, minérales?: «?Il ouvre et accède au monde. À ses rivages, à ses arbres, à ses cailloux. Il ouvre et accède au grand large de l'anonyme flux des choses précises.?» (Dans le mauve à l'aplomb des corbeaux) Choses anonymes et précises à la fois, que le peintre saisit à la croisée du mystère de leur venue et de l'évidence de leur présence. L'écrivain tente de suivre le peintre dans ce flux, ce labyrinthe où il s'est engouffré, où l'idée d'achèvement n'a plus cours, où seuls comptent les mouvements de la pensée et les gestes de la main, toujours à recommencer?: «?Le labyrinthe?: c'est l'autre nom du dehors, c'est tout ce qui est là?: le paysage, la bête qui vaque, la main qui dessine, l'homme qui bifurque et continue. C'est peut-être la première image, celle de notre connaissance des choses, de la peinture, etc. Gilles Aillaud a toujours voulu y revenir, y séjourner. Que faire après l'image s'il n'y a rien avant?? En produire d'autres, de nouveaux textes, de nouveaux tableaux?; c'est cela vivre dans le labyrinthe.?» (Après l'image) Le labyrinthe, à la fin, apparaît comme un fourmillement d'images. Non seulement celles de la peinture, mais aussi celles du langage, qui toutes deux défont les logiques discursives et grammaticales parfois réductrices. Si la rencontre entre la peinture et la parole a lieu, c'est par la grâce d'un étoilement d'images?: «?Et si l'idiome commun à toutes les expressions était l'image?? Et qu'à l'empire du discours on puisse opposer un étoilement du corps et de la pensée, un rayonnement de plusieurs puissances. Une imagerie venue de partout et de tous nos sens. Ce serait l'empire de l'image, toutes images confondues, pour faire rentrer le discours dans le rang. Décoloniser l'espace occupé par la grammaire, laisser les images à leur tâche, nous abasourdir par leur manège et leur grégarité.?» (Vous la dirai-je)
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Comme tout le monde, j'ai regardé des tableaux avant de savoir lire et écrire. J'ai toujours regardé les couleurs, longtemps, incompréhensiblement. Je ne suis pas devenu peintre. Plus tard, j'ai commencé à écrire. J'ai voulu reprendre ces plongées, poursuivre ces tableaux, courir après l'effet qu'ils me faisaient. Presque toujours de mon propre chef, j'ai essayé de savoir ce que ces oeuvres voulaient, et me voulaient, comment elles portaient mes couleurs en emportant leur désir. Réunir certains de ces textes m'a donné l'occasion de faire le point sur ces chemins d'art. C'était aller voir comment écrire et peindre se croisent, se quittent, s'accompagnent. Comment chacun sépare pour agir côte à côte, mais regarder le monde ensemble.
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La face nord de Juliau ; dix-sept, dix-huit
Nicolas Pesquès
- Flammarion
- 14 Octobre 2020
- 9782081500358
Nicolas Pesquès entreprend la rédaction de La face nord de Juliau en 1980, devant la colline ardéchoise qui lui donne son titre. D'abord accueilli par André Dimanche, ce long work in progress est publié depuis 2013 dans la collection Poésie/Flammarion.Au fond, La face nord part de ce qui est là pour y revenir. D'un paysage vu, et qui à la fin le sera à nouveau. Lu : vu de lecture. En sorte que cela demeure une stricte histoire de langage, quand bien même ce qui est là en serait dénué.D'un monde sans nous, sans langue, nous aboutissons à un monde pour nous. Rien ne manque. Nous essayons d'éliminer les lubies mais pas les fantasmes, les fictions mais pas les désirs. Ce qui veut à la fin se produire : des effets de colline, le désir de ces effets, une envie de vivre sur terre avec la question de la langue, la stupeur de cette question.Des sensations de paysage qui relèvent de la lecture, de corps neutre à corps engouffré, jusqu'au jaune de nuit.Coeur de langue.
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Suite du long poème initié en 1980, centré sur la colline de Juliau. Ce volume s'ouvre sur une longue station nocturne avant de reprendre son périple obstiné dans les diverses strates du réel.
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Suite du long poème initié en 1980, centré sur la colline de Juliau. Ces quatre nouvelles sections prolongent la réflexion du poète sur la perception du monde et sa traduction dans le langage.
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Ce septième livre approfondit la réflexion sur le langage que toute la série des Juliau poursuit sans relâche à partir de la même injonction : écrire une colline. Mais ici, J7 s'installe de plein pied dans l'écart entre le paysage vu et le paysage écrit, entre la colline et elle-même. Le motif autant que la couleur restent la source principale du questionnement et de ses effets sur le corps - le corps qui regarde comme celui qui s'exprime. Et aussi le corps qui lit. Dans la quatrième partie, écrite « en compagnie » d'Emily Dickinson, le poème éprouve l'acuité d'une grande praticienne de la séparation : celle des mots et des choses et celle des corps entre eux. Cette notion de séparation, que toute espèce d'expression produit relativement à ce qu'elle exprime, occupe de plus en plus le coeur de l'aventure de la face nord. La dernière partie - Après J7 - en entame une exploration intensive.
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Gerard Schlosser ; retrospective 1957-2013
Samuel Monier, Nicolas Pesquès, Amélie Adamo
- Somogy
- 22 Juin 2013
- 9782757206805