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Marion Fayolle
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«Les enfants, les bébés, ils les appellent les "petitous". Et c'est vrai qu'ils sont des petits touts. Qu'ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu'ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout. C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi.» Dans une ferme, l'histoire se reproduit de génération en génération : on s'occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l'étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer. Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s'imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.
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Premier livre de Marion Fayolle, "L'Homme en Pièces" collecte une cinquantaine d'histoires courtes sous forme de scénettes de bandes dessinées sans paroles dans lesquelles l'autrice de
"La Tendresse des Pierres" (Magnani) et du roman "Du Même Bois" (Gallimard) pose, tant les fondations de son langage graphique, que celles
de ses préoccupations littéraires: une ligne claire et sensible qui la distingue aussitôt, un surréalisme et des allégories inimitables, un regard poétique sur la famille et les rapports hommes-femmes... Ce livre est la première pièce de l'oeuvre d'une autrice incontournables
de la littérature contemporaine, maintenant disponible dans la collection La Maison de Poche. -
«Je m'efforçais de mettre mes pieds où elle avait mis les siens et cela m'obligeait à faire de grands pas pénibles. Parfois mes bottes trop grandes collaient à la boue. J'arrachais mon pied de la botte, la botte à la boue, je la remettais. J'essayais de la rattraper. Elle allait loin devant avec la lampe, et moi j'étais dans le noir à patauger.» La narratrice, Marie, jeune bâtarde, parle de sa mère. Sa mère, c'est Génie la folle, cette fille de bonne famille qui, déshonorée, s'est faite domestique agricole. Sa mère, c'est ce mutisme terrible qui encaisse la rudesse d'une vie rurale semée de secrets. Collée à une ombre, Marie suit et attend, sans cesse, dans la crainte d'être abandonnée. Dans un style poétique désarmant et naïf, avec la pudeur de ceux qui ont trop souffert, la jeune Marie évoque avec
ses yeux d'enfant le froid monde du dehors. Résiliente, portée par un amour immense, elle transforme la boue en beau. Poignant tableau dans lequel coexistent la bassesse de l'âme et la plus grande pureté, le roman d'Inès Cagnati est une déflagration.