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Jean Malaquais
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Marseille, 1942. Quelques mois avant l'invasion de la zone libre par les Allemands, la ville perçoit déjà la menace insidieuse du régime collaborationniste de Vichy. Le grand port méditerranéen, où se côtoient proscrits, réfugiés, délateurs, lâches, " braves gens ", est devenue cette nasse où sont allés se prendre tous les indésirables pourchassés par Vichy.
Des quatre coins de l'Europe, ils fuient la tyrannie, l'oppression et la guerre, et espèrent décrocher le précieux sésame qui leur permettra d'embarquer vers une terre de liberté et de paix : un visa vers l'improbable Amérique.
Entre descriptions réalistes et évocations lyriques, Jean Malaquais brosse un terrible portrait de la foule cosmopolite et fourmillante des proscrits du Vieux-Port, et sans concession nous rappelle au souvenir de cette sombre époque.
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En Provence, dans les années 1930, des travailleurs venus des quatre coins du monde s'exténuent dans les mines d'argent et de plomb. Ils sont allemands fuyant le Führer, russes en délicatesse avec Staline, espagnols, italiens, mais aussi arméniens, turcs, polonais, lithuaniens, arabes. Le quartier de baraquements où on les parque est vite baptisé « l'Île de Java ». La vie n'y est pas rose mais on ne s'ennuie pas. L'alcool encourage les élans philosophiques, les putains ont le coeur généreux et les rires défient le tragique.La langue truculente et inventive des Javanais enthousiasma Trotski et fit comparer son auteur qui n'écrivait le français que depuis dix ans à peine à Villon, à Rabelais, à Céline...
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De retour chez lui, un employé sans histoire trouve son appartement occupé, sa femme évaporée et finalement son existence complètement niée par une administration toute puissante. S'ensuit le récit insolite et angoissant d'une descente aux enfers, celle d'un réfractaire sur qui l'étau d'une gigantesque bureaucratie va se refermer.
D'une rare noirceur, ce roman à la dimension étonnamment prophétique ne pouvait être écrit que par un franc-tireur de la littérature, doublé d'un authentique révolutionnaire.
Il constitue un réquisitoire implacable contre le conformisme, la dissolution de l'identité, les réseaux de communication, la mutilation de la conscience.
Quelque part entre Le Procès de Kafka, 1984 d'Orwell, et le film Brazil de Terry Gilliam, Le Gaffeur est l'une des grandes oeuvres qui décrivent un monde imaginaire pour nous aider à ne pas accepter le nôtre.
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Le nommé Louis Aragon...
Benjamin Fondane, Louis Janover, Jean Malaquais
- Non Lieu
- 13 Octobre 2022
- 9782352703303
Trois textes, trois pamphlets pour s'opposer à toute réhabilitation du stalinien Aragon.
Aragon n'a-t-il pas mis tout son génie de poète et d'écrivain, tout son génie de polémiste à célébrer les exploits du parti de Thorez, à chanter la terreur entretenue par les tueurs du Guépéou, à se réjouir du châtiment exemplaire infligés aux traîtres démasqués lors les procès de Moscou ?
Ce rappel historique sur la période de l'histoire où le nommé Aragon indiquait à l'intelligentsia la tâche à suivre demeure nécessaire. On a parlé du siècle d'Aragon. À juste titre, car ce siècle fut celui de tous les mensonges, en politique comme en littérature Pour les dénoncer, cet ouvrage propose trois essais écrits en des périodes difféntes qui mettent en évidence la continuité dans l'imposture.
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La marche du XXe siècle a taillé bien des croupières à l'oeuvre très belle et très originale de l'écrivain Jean Malaquais (1908-1998). Le prix Renaudot avait salué Les Javanais ; mais c'était en 1939. On sait la suite. Planète sans visa partait parmi les favoris du Goncourt, mais c'était en 1947, au sortir de la guerre. Pour sa part, le recueil de sept nouvelles qu'est Coups de barre n'a jamais été publié en France ; il est sorti à New York, en 1944.
Chronologiquement, Coups de barre se situe donc à mi-chemin entre Les Javanais, le roman du métèque « à la grandeur épique, à la fois bouffonne et tragique », pour reprendre le salut d'André Gide, et Planète sans visa, la fresque de « Marseille-sous-Vichy », dont l'écrivain américain Norman Mailer a loué « la puissance, l'ambition, l'ironie et l'indignation sourde à l'endroit d'une société, la nôtre [...]. Ce livre avait cinquante ans d'avance : il est temps de le lire ! ».
Du récit à la tonalité joyeuse qu'est « La montre », dont le personnage central est un adolescent ouvert à toutes les aventures, à « Marianka », dont la sobriété tragique reflète la violence collective de l'histoire, en passant par l'humour à la fois tendre et grinçant du « Marchand de balais » ou de « Garry » ou encore par la folie meurtrière des nouvelles maritimes « Il Piemonte » et « El Valiente », Malaquais trempe sa plume dans la mouvance du réel. Il s'entend à faire voyager son lecteur. Ses personnages sont des nomades par essence, qui ne parlent que de partir, et le dynamisme de son écriture ouvre l'antre des mille langues qui se croisent sur la terre et parviennent, envers et contre tout, à communiquer.
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Les écrivains français qui ont traversé la guerre (la dernière, s'entend) sont restés dans l'ensemble remarquablement silencieux sur tout ce qui touchait d'un peu près aux déplaisantes réalités de l'époque.
Il n'est que de lire la plupart des journaux intimes signés par les grands noms de la littérature d'alors pour le constater, non sans effarement. Rien de tel avec Jean Malaquais (prix Th. Renaudot 1939 pour les Javanais, qui le firent comparer à Céline : un Céline de gauche, et même d'extrême gauche). Juif venu de Varsovie par les mauvais chemins, apatride jusqu'à ce que la République s'avise, à l'été 39, qu'il pourrait faire aussi bien qu'un autre son poids de chair à canon, il n'a jamais pris de gants pour manipuler la matière, souvent peu ragoûtante, dont se bâtit l'Histoire.
Son Journal de guerre (août 39- juillet 40), publié en français à New York en 1943, sera vite mis sous le boisseau. Quant au Journal du métèque qui lui fait suite, et qui évoque la survie d'un coupe traqué dans la France du Maréchal, il trouvera le moyen de rester indédit jusqu'à ce jour. Douce France ...
Tout citoyen de ladite se devrait pourtant de lire ces pages, où l'on tire sans tricher un portrait d'époque de son cher et vieux pays.
Et dans quel style ! On n'oubliera pas de sitôt cette " traversée de la France " que s'offrent en juin 40, en pleine débâcle, le prisonnier Malaquais et son copain Kaldor, qui ont réussi à filer à la barbe de leurs gardes vert-de-gris. Une radiographie sans bavures du corps national. Pas joli-joli, mais instructif. Et annonçant de tristes suites - dont nous n'avons peut-être pas vu le bout.
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La correspondance inédite de Norman Mailer et de Jean Malaquais.
Le célèbre écrivain américain Norman Mailer (prix Pulitzer en 1969 pour Les Armées de la nuit et en 1980 pour Le Chant du bourreau) et le romancier français Jean Malaquais (prix Renaudot 1939 pour Les Javanais) se sont rencontrés en 1947. Malaquais traduisit en français Les Nus et les Morts. Ce premier roman allait projeter Mailer sur la scène littéraire internationale.
Leur tempérament et leur culture n'appelaient peut-être pas le rapprochement de ces deux hommes qu'une amitié chaleureuse et exigeante a cependant unis pendant un demi-siècle, et Mailer n'a jamais manqué de rappeler sa dette à l'endroit de son aîné : " Il a exercé sur moi plus d'influence que quiconque. "
Très nourrie à certaines époques, la correspondance des deux écrivains ouvre, avec la lucidité de ses analyses tant littéraires que sociales et politiques mais aussi avec sa franchise sans compromissions, une fascinante fenêtre sur la trajectoire, publique et privée, de deux créateurs et sur des moments clés de la seconde moitié du XXe siècle.
Cette correspondance n'est pas encore publiée en langue anglaise. -
Correspondance ; 1935-1950
André Gide, Jean Malaquais
- Phébus
- Litterature
- 9 Février 2000
- 9782859406103
Ces 120 lettres tranchent d'assez surprenante façon sur le reste de la Correspondance - un monument en soi - qu'André Gide entretint au long de sa vie avec divers " passants " de son époque.
Avec ceux du sérail (Valéry, Claudel, Jacques Rivière), tous membres d'une même famille d'esprits, il échange la monnaie qui a cours dans le milieu littéraire : vues sur la création, sur le rôle de l'artiste, bruits de salons, amabilités plus ou moins mouchetées. Son aventure épistolaire avec Vladimir Malacki (devenu bientôt Jean Malaquais), petit Juif polaque cabochard comme il n'est pas permis, insoumis par conviction autant que par tempérament, est d'un tout autre jus.
Personne jamais n'aura osé adresser à Gide des lettres d'une si brutale franchise, le pousser aussi loin dans ses retranchements. Personne non plus, semble-t-il, n'aura reçu de lui des aveux de cette sincérité-là. Deux hommes se proclament engagés - chacun à sa façon - dans les querelles de leur siècle. Ces deux hommes s'estiment et se malmènent. Evadé de son camp de prisonniers, traqué par la police de Vichy, Malaquais réussit à gagner par miracle le Mexique puis New York.
Mais l'éloignement ne compte pas pour les deux amis, qui ont décidément trop de choses à se dire, trop dé combats - intimes ou publics - à mener, trop d'arguments à affûter. Une vraie " correspondance de guerre ", à tous les sens de la formule.
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Faire art pour faire politique : Arts, pouvoirs et dissidences
Dominique Malaquais, Silvia Forni, Jean-Christophe Lanquetin, Kadiatou Diallo, Julie Peghini, Lionel Manga, Dominique de Menil, Eléonore Hellio, Ntone Ejabe
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Afrique(S)
- 22 Mai 2025
- 9782735130887
Dominique Malaquais, historienne de l'art et politiste (1964-2021): son existence et sa formation sont ancrées dans deux pays (Etats-Unis, France), deux cultures et deux langues. Pour elle, penser l'art et penser le politique ne font qu'un. Et c'est aux Afriques, à leurs cultures urbaines et à leurs arts que, pendant plus de trente ans, elle consacre son activité de chercheure, d'enseignante, de curatrice, de traductrice et d'écrivaine.
Parce que le travail en collectif était essentiel pour Dominique Malaquais, elle se raconte ici avec des compagnes et compagnons de route - Kadiatou Diallo, Silvia Forni, E'le'onore Hellio, Jean-Christophe Lanquetin, la paperson, Lionel Manga, Dominique de Me'nil, Ntone Edjabe et Julie Peghini. Elles et ils sont universitaire, vide'aste, curateure, sce'nographe, bloggeuse, activiste, essayiste, édiiteur ou encore DJ. Avec chacune, avec chacun, un échange. Il y est question d'insoumission, de convictions partagées et de pratiques communes, de prises de position et de désaccords, d'incertitudes, de colères, de joies, de possibles, de culs-de-sac. Au fil de ces récits se construit un atlas de trajectoires entrelace'es.
L'importance du travail accompli par Dominique Malaquais a pour nom Afriques. Les Afriques où elle a engagé son expérience affective, sensorielle, relationnelle, artistique et politique. Les Afriques qu'elle place d'autant plus haut qu'elle a toujours la plus vive conscience de rester, quoi qu'elle dise ou quoi qu'elle fasse, une Occidentale, enseignant dans les plus prestigieuses universités états-uniennes ou oeuvrant au CNRS. L'exigence, la lucidité, la clairvoyance des échanges qui trament cet ouvrage tiennent indissociablement à ce que Dominique Malaquais y relaie les arts africains d'êtres engagés et engageants - qui font humain ensemble: ubuntu - et aux façons dont elle effectue cette passe, suggérant par quelles coopérations à géométrie variable peut s'opérer ce relais. -
Le nommé Louis Aragon ou le patriote professionnel
Malaquais J
- Syllepse
- 10 Décembre 1998
- 9782907993869
" Le prototype du patriote professionnel apatride, celui qui atteint une espèce de grandeur dans le maniement du bénitier stalinien, est le nommé Louis Aragon, poète par la grâce des dieux, clarinette par la grâce de saint Joseph ; Louis Aragon, ex-dadaïste, ex-surréaliste, ex-auteur du Con d'Irène, du Paysan de Paris, du Traité du Style, ex-lui-même...
" Jean Malaquais
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"En 2019, Kinshasa compte quelque treize millions d'habitants. En 2075, selon les démographes, elle en aura quarante millions de plus. De ces chiffres et d'une histoire, coloniale et postcoloniale, souvent marquée par la violence politique et économique, émerge une réalité urbaine extraordinairement complexe. Kinshasa Chroniques dit avec verve cette expérience : soixante-dix artistes, pour la plupart membres d'une très jeune génération, proposent une déambulation dans l'un des centres de créativité les plus dynamiques de la planète. Les thèmes abordés - « ville performance », « ville sport », « ville musique », « ville paraître », « ville captal(ist)e », « ville esprit », « ville débrouille », « ville futur(e) », « ville mémoire » - sont multiples et multiples aussi les médias déployés - photo, vidéo, installation et performance, sculpture, peinture, dessin, BD, musique, slam, poésie. Le résultat est explosif, ultra-contemporain, engagé : passionné et passionnant."
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Charles auffret 1929 2001 sculpteur et dessinateur
Galerie Malaquais
- Atelier Des Brisants
- 10 Juillet 2012
- 9782846231121
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Architecture, pouvoir et dissidence au Cameroun
Dominique Malaquais
- Karthala
- Recherches Internationales
- 1 Novembre 2003
- 9782845862319
L'architecture est un phénomène politique.
Au vu de monuments tels que le palais du Roi-Soleil à Versailles, cela semble aller de soi dans le contexte de grands Etats. Mais il n'est pas nécessaire qu'un site ou un bâtiment existe pour qu'il soit opératoire : il peut n'être qu'imaginaire, à l'instar de la première mosquée de Médine, qui n'a jamais été construite. En outre les sociétés étrangères à la tradition de centralisation politique n'ignorent pas que le pouvoir se construit, au sens littéral du terme.
Ainsi, en pays bamiléké, au Cameroun, l'environnement bâti joue un rôle capital dans la constitution de systèmes juridiques, d'institutions religieuses et d'entités sociales privilégiant une minorité d'aînés aux dépens d'une majorité de cadets et de femmes. En bref, il est l'un des instruments clefs de la domination d'une élite dirigeante, mais aussi de l'articulation de l'identité individuelle. Dans le même temps l'architecture bamiléké est le lieu de démarches subversives et de contre-récits qui ont culminé dans la violence des années cinquante.
L'analyse du bâti comme appareil de domination conduit à la compréhension de la dissidence. Ce n'est pas le moindre mérite de cet ouvrage que d'apporter un éclairage inédit sur l'une des rébellions les plus importantes et pourtant les moins étudiées de l'Afrique subsaharienne : celle de l'UPC dans l'ouest du Cameroun, à l'aube de son indépendance. L'appréhension de la culture matérielle est nécessaire à celle du nationalisme et de la lutte contre l'inégalité.
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Afrique-Asie : Arts, espaces, pratiques
Dominique Malaquais
- Pu De Rouen
- 18 Octobre 2016
- 9791024005799
Les liens entre l'Afrique et l'Asie sont au coeur même de la globalisation. En appréhender toute la complexité demande une étude menée à partir de points de vue divers, tant au présent que sur les moyen et long termes. Une attention particulière portée à la culture - aux arts, au sens large - est capitale. Centrés sur le travail de plasticiens et de performeurs, sur l'urbanisme, la littérature et la spiritualité, les essais collectés dans cet ouvrage en appellent à une palette de disciplines: histoire et histoire de l'art, anthropologie, sociologie, géographie, architecture, littérature comparée, visual et culture studies. Ensemble, ils constituent un réseau de regards croisés sur un sujet dont aucune réflexion sérieuse sur la globalisation ne peut aujourd'hui faire l'économie.
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Archive (re)mix ; vues d'Afrique
Maëline Le lay, Dominique Malaquais, Nadine Siegert
- Presse Universitaire de Rennes
- Arts Contemporains
- 11 Décembre 2015
- 9782753542709
La production d'art en tant qu'instrument d'exploration des matériaux et des techniques relatifs à l'archive est une pratique qui est familière, mais la place qu'elle occupe en Afrique a attiré relativement peu l'attention. Cette rencontre en Afrique entre artistes et archives est ici approchée de façon multi- et transdisciplinaire. Les modes d'expression abordés vont du hip-hop à la muséologie, à la sculpture, en passant par l'installation, le film, la photographie ou le théâtre.
Avec le soutien de Sciences Po Bordeaux, université Bordeaux-Montaigne, laboratoire LAM, université de Bayreuth, le conseil régional d'Aquitaine et l'université Franco-Allemande de Sarrebruck.