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Gérard Bocholier
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Un jardin. Le début de l'automne : « Cette allée qui s'efface / De pétales se comble/ De feuilles qui se plaignent / A l'avancée des pas // Dessous la terre vibre / Couve l'appel des gouffres » C'est le poème liminaire et tout est suggéré : la beauté inépuisable du monde et la mélancolie inguérissable de qui sait devoir la quitter. Tout devient objet de rêverie, matière à contemplation, que scandent cinq moments : « Chemins », « La maison », « Tout le temps », « Un souffle », « Le passage », « L'allée ».
« J'ai marché / Entre des fossés des flaques / Écrit / Quelques livres / Ému / Au simple cristal du jour // J'arrive en vue / D'une plaine immense / Où ondoient des draps de neige. » Et puis quoi ? Notre présence est si légère, si fugitive. Tout ce que nous avons aimé n'était peut-être qu'une odeur dans nos narines.
« J'ai aimé beaucoup de poussières / Et toutes leurs odeurs de temps // Les plus âcres montaient des ruines / Les plus poignantes des vieux livres. » Ces « odeurs de temps » continuent de flotter dans les murs aujourd'hui inhabités, dans les livres depuis longtemps oubliés, acides jusqu'à faire venir aux yeux les larmes. « Il n'y a qu'une ravine de vent, dit l'ultime poème / D'ici à cet arbre / Qui pousse ses bras de flammes / Au plus épais des ténèbres // Les maisons sont désertées / Les vignes mortes / La trace des lèvres / Sur le portrait / Effacée // Reste la lumière. » -
Ainsi parlait Tome 34 : André Gide ; dits et maximes de vie
Gérard Bocholier
- Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 12 Mai 2022
- 9782845903319
En 2019 le plus grand journal luxembourgeois titrait : « Relecture d'un classique à l'ère du #metoo :
Faut-il bannir l'oeuvre d'André Gide ? ».
Les Nourritures terrestres, parues en en 1897, ont été dans une époque encore étroitement conformiste un évangile de libération : « Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. » En plein symbolisme, Gide invitait avec une force inouïe, à revenir au naturel et à la vie authentique.
Qui est André Gide ? Le Journal le montre tout à la fois sincère, esthète, immoraliste, nomade, engagé, pervertisseur. Gide préfère l'inquiétude à toute forme de tranquillité morale ou intellectuelle : « Je ne suis qu'un petit garçon qui s'amuse, écrit-il, - doublé d'un pasteur protestant qui l'ennuie. » Comme Montaigne, il n'est que mouvement :
« Tour à tour je ressemble et diffère. » Gide place la sincérité au sommet de toutes les vertus. Elle est à la racine de toute morale authentique : « Ne pas se soucier de paraître. Être seul est important. » Gide vit jusqu'au bout cette exigence comme un drame, dont le noeud se situe en lui-même.
La matière de la création littéraire gidienne est constamment faite de problèmes moraux. Ceux-ci en sont « l'étoffe », mais ils sont subordonnés à l'art :
« Ne prendre chacun de mes livres que pour ce qu'il est : une oeuvre d'art. » Cinq ans avant sa mort, il écrit dans son Thésée : « Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres. Pour le bien de l'humanité future, j'ai fait mon oeuvre. »
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Ainsi parlait : Georges Bernanos ; dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Bocholier
Gérard Bocholier
- Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 12 Septembre 2019
- 9782845902893
En épigraphe de sa préface, Gérard Bocholier cite cette phrase révélatrice de Bernanos : « Qu'importe ma vie ! Je veux seulement qu'elle reste jusqu'au bout fidèle à l'enfant que je fus. » D'instinct Bernanos déteste les postes, les fonctions, les honneurs. Tout cela qui ne peut que nous tromper. Nous ne sommes pas faits pour ça.
Vivre est une aventure, pas une boutique. Avant que l'argent ne prenne le pouvoir en toutes choses, les hommes le savaient bien : « C'étaient des gens qui savaient vivre, et s'ils sentaient un peu fort la pipe ou la prise, ils ne puaient pas la boutique, ils n'avaient pas ces têtes de boutiquiers, de sacristains, d'huissiers, des têtes qui ont l'air d'avoir poussé dans les caves. » Bernanos n'a pas de mots assez durs pour ceux qu'il nomme les « réalistes » ou les « cyniques », tous ceux qui apportent leur consentement ou leur soumission au « conformisme universel, anonyme ».
Bernanos dénonce les ruses de ce type nouveau d'homme égoïste, logicien, hypocrite, ne vivant que pour le profit et la jouissance. D'où aussi, sur le fond, sa rupture avec Maurras, dont l'esprit lui paraît « abso-lument dépourvu, dépouillé, destitué de toute charité ».
Polémiste, Bernanos ? Certes il admirait Bloy et sa plume était vive. Mais il détestait ce terme. Bien plutôt un « combattant de l'Esprit », n'écrivant que pour se justifier « aux yeux de l'enfant » qu'il fut et qui ne veut pas mourir « sans témoigner », qui va « jusqu'au bout du vrai, quels qu'en soient les risques ».
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Ensemble de poèmes, divisé en trois temps : Veilles, Une échancrure, Le visage, qui sont autant d'étapes de l'expérience d'une vie de foi et d'écriture, partagée entre enfance, paysage du lieu natif, amour et lumière pacifiée. Recueil qui va vers une dénudation intérieure; poésie d'espérance et de silence, fragile refuge qui tend vers le Visage en fin de livre.
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Pierre Reverdy nous désigne «celui qui cherche / Plus grand que ce qu'il cherche.». Toute écriture poétique n'est-elle pas exercice spirituel, dans la mesure où le travail de la langue est aussi travail sur soi-même, dans le sens aussi où, plus ou moins confusément, le poète sait qu'il doit s'effacer devant quelque chose - ou quelqu'un - de plus grand et de plus fort que lui?
Après deux recueils de poésie - Psaumes du bel amour et Psaumes de l'espérance -, Gérard Bocholier marque une pause et propose dans ce livre une série de courtes méditations sur l'acte poétique. La poésie a pour fonction première de faire communier le lecteur à la source à laquelle l'auteur a puisé. Ni pure transparence, ni expression détournée de soi, le poème doit découvrir ce qui est déjà là, mais caché. La poésie, «achèvement de la philosophie», comme le pense Heidegger - c'est-à-dire dévoilement de l'être? Gérard Bocholier le dit à sa manière: «Tout est inscrit, déjà, au plus intime.
Tout est donné. Une seule mission: restituer.» Qu'il soit croyant ou non, tout poète sent l'existence de la Présence, de ce qu'il hésite parfois à nommer «quelqu'un» et qui n'est autre que tout l'invisible qui le dépasse.
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Cet essai rend justice au poète Pierre Reverdy (1889-1960) : solitaire, secret, vivant retiré à Solesmes, il a marqué en profondeur toute la création poétique contemporaine. Proche des peintres cubistes, il témoigne en son temps d'une « transformation fondamentale de l'art ». Chacun de ses poèmes élève la parole à la hauteur d'une véritable tragédie spirituelle, où la condition humaine se révèle à nu, dans un intemporel bouleversant. Avec lui, « on franchit l'émotion qui barre le chemin et sans se retourner on va toujours plus loin. »
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Étrange titre que celui-là : ce chant qui depuis toujours se fait entendre, de qui est-il ? Qui chante, qui parle, qui se tait ? Le tutoiement du poème liminaire le laisse pressentir : « Depuis toujours ton silence / Ton souffle pourtant ne cesse / De courir parmi les prêles [...] // Depuis toujours le poème / Que ton vent écrit efface / Qu'ici veilleur je recueille » Gérard Bocholier aime considérer le poète comme un « veilleur ». C'est déjà sous le titre de Veille qu'il a publié en 2000 un recueil et c'est sous comme des « Chroniques du veilleur » qu'il publie ses notes de lecture. Le mot réapparaît dans le présent recueil : « Nous sommes de cette âme / Qui veillait sous la pierre / Et qui a tressailli / À la voix bien aimée ». Si le poète veille, c'est qu'il est entouré par la nuit, enfermé dans la pierre : et c'est parce qu'il sait que sa patience ne sera pas en vain.
Il sait qu'une voix se fera entendre, qu'une parole s'élèvera. Cette voix qu'évoque ici un autre poème : « La voix plus profonde / Cachée dans un souffle / Sa courte visite / Inscrite à jamais ».
Cachée toujours, en effet, cette voix : fidèle mais discrète. Secrète, même (et c'est le titre d'un recueil de 1995 : Secrète voix). Mais le poète sait la reconnaître : « Ta voix cherche en chaque épreuve / À toucher ma nuit d'un souffle / À glisser comme aux fissures / Un rayon de ta lumière. » Et, fuyant les clartés aveuglantes, son écriture sait mieux qu'aucune autre accueillir cette douce lumière
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"En lisant les Psaumes du bel amour, on perçoit comme le murmure des commencements.
On est doucement pris, porté, guidé par une voix dont l'origine et la direction sont inassignables, et l'on songe aux paroles du Christ à Nicodème dans l'évangile de Jean : " Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va ". Le monde est là, mais comme traversé par un courant doux et discret qui nous entraîne vers le " jour au-delà ". Le courant secret qui irrigue ces vers nous porte plus loin que les mots.
Il conduit le poète à s'effacer aux dernières pages, laisser monter la musique silencieuse des " vagues d'or du vent ", des " doigts du souffle " - le murmure de l'Esprit qui nous guide dans les ténèbres. On n'avait pas entendu d'accents aussi intimes dans le dialogue du poète avec son Dieu depuis les derniers recueils de Jean Grosjean" Jean-Pierre Lemaire
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J'ai joint les mains pour garder.
La toute petite flamme.
Que confondent les orages.
Avec la frêle espérance.
Mais je sais bien que c'est Toi.
Qui places cette semence.
En moi de l'éternité.
Qui va bientôt tout brûler.
Après les Psaumes du bel amour, Gérard Bocholier donne avec ces Psaumes de l'espérance le deuxième volet d'un tryptique de poétique théologale. Les poèmes confessent une présence, mais sans la définir, laissant libre le lecteur de reconnaître ou non, de se reconnaître ou non dans cette évocation qui est en même temps invocation. Comme écrit Philippe Jaccottet à l'auteur: «Jean-Pierre Lemaire a raison de louer vos poèmes:
Ils sonnent juste d'un bout à l'autre, ils disent des choses délicates sans mièvrerie, des choses graves sans peser jamais. Ils accompagnent le lecteur comme une ombre amie, discrète; on sent que cette ombre est quelque chose comme Dieu; ce qui émeut même le douteur !»
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Pour quetu m'ouvres ta porteJe cherchele mot de passeCelui quelisent les angesSur lamargelle du ciel.Après Psaumes du bel amour et Psaumes de l'espérance, Psaumes de la foi vive vient conclure letriptyque poétique de Gérard Bocholier. Dire ce qui ne peut pas se voir encoremais qui se vit déjà. Les poèmes de ce nouveau recueil constituent comme unemargelle donnant sur l'infini. Ils ne décrivent pas : ils trans-crivent cemoment où les choses se rendent transparentes à la Présence qui les porte. Lafoi vive est une épuration : poétiquement, elle se traduit par unretournement de la parole, qui cherche moins à dire quelque chose sur ce quevise la foi que de se rendre à son tour transparent à Celui qui se donne commeen se retirant.Ne plusêtre que réponseA tesappels quand ma chambreRegardeses murs qui tombentLes mortssortir sous le cielNe plusêtre que retourA lamaison des offrandesUne notede lumièreDans tasymphonie de gloireGérard Bocholier a enseignéla littérature française à Clermont-Ferrand et dirige la revue poétique Arpa.
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Pierre reverdy, le phare obscur
Gérard Bocholier
- Champ Vallon
- Champ Poetique
- 1 Septembre 1993
- 9782903528331
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Après deux recueils «psalmiques» (Psaumes du bel amour et Psaumes de l'espérance), Gérard Bocholier découvre dans Nuits ce qui constitue l'horizon poétique en même temps que spirituel de son écriture. Pourquoi «nuits»?
Parce que la vraie Présence se donne dans l'absence. Dans le retrait qui appelle la parole et la laisse comme suspendue devant ce qui s'est évanoui à peine donné. A peine nommé. «Nuits», parce que c'est à travers l'interstice de nos blessures qu'entre le Consolateur. Promesse de toutes nos résurrections. Gage de toute parole vraie.
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Avec ce recueil, Gérard Bocholier se fait passeur, ce qu'il a observé, il le donne. Avec de simples mots, éloges du quotidien et du sacré, les poèmes vibrent au plus profond.
La poésie de Gérard Bocholier nous agrandit avec des riens qui sont notre quotidien.
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Le recueil de Gérard Bocholier se divise en quatre parties dont les deux premières ont déjà paru sous ce même titre, en 1992 aux éditions Table Rase.
Les poèmes réunis ici sont des poèmes d'amour, d'amour fou pour la plupart.
Le chardon bleu est une plante vivace que l'on trouve sur les collines, en montagne, sur les hauteurs dans les lieux incultes secs et ensoleillés proche du ciel. Tout comme le sentiment d'amour, qui se doit d'être vivace, en plein soleil, nerveux. On ne sait si les poèmes disent l'amour d'une terre, l'amour pour un homme, l'amour pour une femme, l'amour pour l'esprit des choses, pour un dieu :
Tard dans la nuit, comme un signe impalpable, au-dessus des peupliers noirs, courbé sur les collines en forme de mondes, flottera le vaisseau, le corps chargé d'étoiles.
Ce corps où nos deux corps, jetés à fond de cale, parmi l'or et la soie, un beau jour disparurent, roulant à pleins désirs, en la clairière des gouffres.
Les peintures de Renaud Allirand, épousent au plus près le corps du poète.