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Ernst Bloch
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On ne revient pas indemne de Venise, les textes rassemblés ici en sont la preuve. Walter Benjamin y voyage jeune et ses notes contiennent déjà l'essentiel de sa conception nouvelle de l'esthétique. Ernst Bloch quant à lui s'attarde sur le calme de la nuit dans la sérénissime, hantée par les fantômes de son passé glorieux, Venise est toujours autre qu'elle-même, tendue vers un futur utopique inconnaissable. « Venise, c'est là où je ne suis pas », affirme enfin Sartre depuis sa fenêtre sur la vie vénitienne, reformulant les idées fortes de L'Être et le néant. Loin du décor aseptisé par le tourisme de masse, Venise devient, à travers ces trois auteurs, une source inaltérable pour la pensée.
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Experimentum mundi : Question, catégories de l'élaboration, praxis
Ernst Bloch
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 5 Mars 2025
- 9782252048009
Dernier volume des OEuvres complètes de Bloch, Experimentum mundi « conclut sans conclure ». Systématisation ultime de toute l'oeuvre antérieure, c'est en même temps la tentative d'une expression catégoriale du système ouvert que Bloch oppose à Hegel au nom de l'inachèvement du communisme, de l'« humanisation de la nature » et de la « naturalisation de l'homme ».
Comme le montre Experimentum mundi, les catégories qui scandent l'élaboration du but ultime appartiennent elles-mêmes au concret. Les catégories dialectiques de la pensée sont inséparables de la réalité dialectique, mais non dans un sens relativiste et sociologisant selon lequel elles ne seraient que des reflets de l'être dans la pensée. Et si elles peuvent conserver leur validité longtemps après l'époque de leur naissance, les catégories ne sont pas non plus formelles et immuables. Ce sont plutôt des « figures processuelles » dont la validité persistante tient justement au fait qu'elles sont des catégories de l'être lui-même - d'un être processuel. Prolongeant et parachevant l'« ontologie du non-encore-être », voici donc une doctrine des catégories se réclamant d'un « Logikon » réel. Les catégories représentent autant de ponts entre les « formes intellectuelles objectives » (Marx) et la « possibilité objective réelle » (Bloch) ; car « le réel contient dans son être la possibilité d'un être semblable à l'utopie ».
Clefs de voûte de ce que la Propédeutique de Tübingen nommait l'« arc utopie-matière », de telles catégories sont celles d'une « utopie concrète », car notre expérience du monde est l'expérience que le monde fait de soi à travers nous et avec nous. -
En 1525, le prédicateur Thomas Münzer prend la tête d'un soulèvement armé regroupant des ouvriers des mines, des paysans, des hommes du commun, qui traverse l'Allemagne. Ses cibles, ce sont les seigneurs féodaux et le clergé, diabolique ramassis d'« anguilles » et de « serpents ». L'insurrection est écrasée en mai 1525 et Thomas Münzer est arrêté, torturé et décapité. Par la suite, entre occultations, oublis et résurgences, Münzer deviendra l'un des noms à travers lesquels se déploient les aspirations, les craintes et les affrontements internes à la politique moderne. C'est une figure éternelle de l'utopie, une allégorie de l'émancipation populaire, dont ce maître ouvrage expose avec brio les enseignements toujours actuels.
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L'esprit de l'utopie
Ernst Bloch
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 14 Octobre 1977
- 9782070295487
Nous ne sommes pas encore nés.
Pris dans l'obscur de ce qui n'est qu'une préhistoire, nul d'entre nous ne peut prétendre être l'héritier du passé, nul ne peut y chercher la lumière. Livre de rupture et de passion écrit tout au long des années de guerre, d'avril 1913 à mai 1917, L'esprit de l'utopie, première, oeuvre provocante plus que démonstrative d'Ernst Bloch, est animé d'un double mouvement de révolte et d'espérance. Sa révolte s'élève contre un univers qui a perdu le sens du Nous, de la communauté, qui a réifié l'être, qui a réduit Dieu à un simple fait, lui qui est une " question inconstructible ".
La musique, objet central du livre, est la voix privilégiée de cette révolte, car elle fait exploser la distinction entre le sujet et l'objet, entre l'âme et le monde. Sans conclure aucune paix avec le monde, Bloch veut nous apprendre à espérer à partir de notre ici-bas. Il déchiffre comme autant de signes tangibles de noter réalité encore à naître, comme autant de traces de la venue de la " vraie patrie ", comme autant d'utopies concrètes et agissantes, l'oeuvre la plus humble d'un potier inconnu, l'audace plastique du cubisme et du futurisme, le mystère de la musique - le plus utopique de trous les arts -, enfin la grande voix libératrice d'un marxisme réconcilié avec son essence prophétique.
Car ces chemins expriment tous l'effervescence du réel, sa tendance utopique interne. En pleine Apocalypse donc, Bloch découvre l'" esprit de l'utopie ", le génie paraclétique de la culture et les racines métaphysiques de toute espérance révolutionnaire. Il renoue ainsi avec la tradition millénariste. Depuis, ce livre n'a cessé de représenter une véritable force de vie et de combat qui animera Ernst Bloch tout au long de son oeuvre, jusqu'au Principe Espérance et aux derniers textes du solitaire de Tübingen.
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Suivez le regard d'Ernst Bloch jusqu'à l'horizon et un peu au-delà, où se fomente l'avenir. Les Spuren sont bien des Traces, mais surtout comme jalons plantés dans le gué, le sable ou la neige pour sonder, et flécher le parcours du troupeau humain chassé vers l'Histoire. L'auteur de L'Esprit de l'Utopie (1918) conte des histoires, des faits divers, des légendes (chinoises, hassidiques), anecdotes et souvenirs... Dans cette miniaturisation du tragique, il n'est rien qui ne soit trace d'une absence, celle de l'homme qui n'est pas encore - qui ne se cherche même pas encore. Ce bric-à-brac philosophique (imperméable à quiconque n'est pas fasciné par Munich ou Berlin des années 20), constamment déroutant, violences expressionnistes et chinoiseries allusives, est le plus dense entassement de signes jamais jeté sur la rive de l'Allemagne weimarienne : le tout-est-possible filtre par les fissures de la banalité. À nous d'essayer des recoupements.
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Le principe esperance - vol01 - premiere, deuxieme et troisieme parties
Ernst Bloch
- Gallimard
- 14 Avril 1976
- 9782070292950
Aboutissement des thèses formulées dès 1918 par L'Esprit de l'Utopie et développées par les oeuvres suivantes, Le Principe Espérance, qui parut en R.D.A. entre 1954 et 1959, fut sinon la cause du moins le prétexte idéologique de la rupture entre Bloch et le marxisme officiel.Le livre mettait en oeuvre sur le front philosophique de l'histoire une subjectivité active, la conscience anticipante, où le marxisme officiel vit une véritable agression contre le matérialisme dogmatique de l'orthodoxie. Ce risque d'idéalisme, volontairement encouru, n'est certes pas le seul paradoxe de l'oeuvre blochienne. Mais son enjeu livre le sens de tous les autres:lutter contre la pétrification de la dialectique, combattre toute clôture péremptoire en métaphysique. Car la reconquête de soi entreprise par l'homme, le dépassement du règne de l'aliénation et de la marchandise, la réalisation de ce monde nouveau dont toutes les utopies sont l'anticipation abstraite - en un mot:le projet même du marxisme - ne sont pas encore accomplis. En ce sens le système hégélien constitue pour Bloch le carcan à briser pour se libérer de l'envoûtement de l'anamnèse et penser le futur.Oeuvre-système, Le Principe Espérance remet en cause toute idée de système, tout système culminant en une Idée:il s'ouvre sur le futur de l'homme et du monde. Tel est le sens de l'affirmation de ce principe que la sécularisation de la religion permet d'identifier comme celui de l'Espérance - principe d'un combat qui reste le nôtre.
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Le principe espérance Tome 2 ; les épures d'un monde meilleur
Ernst Bloch
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 26 Mai 1982
- 9782070267286
Aboutissement des thèses formulées dès 1918 par L'Esprit de l'Utopie et développées par les oeuvres suivantes, Le Principe Espérance, qui parut en R.D.A. entre 1954 et 1959, fut sinon la cause du moins le prétexte idéologique de la rupture entre Bloch et le marxisme officiel.Le livre mettait en oeuvre sur le front philosophique de l'histoire une subjectivité active, la conscience anticipante, où le marxisme officiel vit une véritable agression contre le matérialisme dogmatique de l'orthodoxie. Ce risque d'idéalisme, volontairement encouru, n'est certes pas le seul paradoxe de l'oeuvre blochienne. Mais son enjeu livre le sens de tous les autres : lutter contre la pétrification de la dialectique, combattre toute clôture péremptoire en métaphysique. Car la reconquête de soi entreprise par l'homme, le dépassement du règne de l'aliénation et de la marchandise, la réalisation de ce monde nouveau dont toutes les utopies sont l'anticipation abstraite - en un mot : le projet même du marxisme - ne sont pas encore accomplis. En ce sens le système hégélien constitue pour Bloch le carcan à briser pour se libérer de l'envoûtement de l'anamnèse et penser le futur.Oeuvre-système, Le Principe Espérance remet en cause toute idée de système, tout système culminant en une Idée : il s'ouvre sur le futur de l'homme et du monde. Tel est le sens de l'affirmation de ce principe que la sécularisation de la religion permet d'identifier comme celui de l'Espérance - principe d'un combat qui reste le nôtre et dans lequel, par un rappel de l'histoire, nous entreprenons l'apprentissage de l'espérance.Le tome I de l'oeuvre (qui en comprendra trois en français) constitue le premier moment de la réflexion. Bloch y enracine l'espérance dans une anthropologie des besoins et des désirs, des forces subjectives qui se mêlent aux avant-postes du réel avec les tendances historiques et trouvent en elles leur corrélat objectif : le monde naturel et social dans son mouvement.
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Avec L'Angoisse de l'ingénieur, à valeur de manifeste, Ernst Bloch démontre le piège que l'homme se tend à lui-même. Sentiment archaïque, l'angoisse naît de la quête de l'homme d'un accès à l'inconnu, autrefois reliée à l'obscure magie. Ernst Bloch évoque également l'ancienne croyance dans l'existence des fantômes et autres démons. Monde chassé par les Lumières et plus encore par la lumière artifi cielle, dont nulle magie n'émane plus. Bloch défend les archétypes énoncés dans les contes, où toute hiérarchie sociale est niée et où le moment utopique est encore tapi.
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La philosophie de la renaissance
Ernst Bloch
- Payot
- Petite Bibliotheque Payot
- 14 Février 2007
- 9782228901628
La Renaissance, c'est bien sûr le renouveau des arts plastiques, la redécouverte du monde antique, mais c'est aussi une époque d'intense activité philosophique. Une nouvelle représentation du monde se construit, mais également une autre conception de l'homme, et une autre société. En étudiant les grandes figures de penseurs de la Renaissance, Ernst Bloch analyse la naissance de cette société bourgeoise et montre qu'elle s'accompagne d'un renouveau de la philosophie. Il montre aussi que les frontières entre les savoirs ne sont pas étanches et qu'à cette époque on peut être philosophe tout en s'intéressant à la mystique comme Boehme, à l'alchimie comme Paracelse, à l'astronomie comme Galilée et Kepler, à la politique comme Machiavel et Hobbes, au droit comme Bodin et Grotius, ou encore à l'aventure utopiste comme Campanella.
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Rêve diurne, station debout et utopie concrète
Ernst Bloch
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Octobre 2016
- 9782355261626
En 1974, le grand philosophe Ernst Bloch (1885-1977), auteur du Principe espérance, se prête à un long entretien réalisé par José Marchand pour la télévision française (et qui ne sera jamais diffusé). Passionnant entretien, où le philosophe âgé de 89 ans revient dans le détail sur la vie qui fut la sienne.
Sur son enfance, longuement : milieu familial modeste, acculturé, ville natale ouvrière - Ludwigshafen : « ville laide, marquée par ce que le capitalisme moderne a de dur et d'impitoyable, et où vivait un prolétariat affamé, exploité, en haillons », dont le hasard veut qu'en face il y ait Mannheim, la ville de résidence du Palatinat. « D'un côté le lumpenprolétariat et de l'autre la bourgeoisie. » Sa pensée et sa politique s'enracinent dans ce paysage frontal là.
Sur la formation de sa pensée, ensuite.
Schopenhauer, pour commencer, essentiel ;
Schelling ensuite (« que probablement personne au monde ne connaît mieux que moi ») ; mais, simultanément, secrétaire du parti communiste de la RDA et président du Conseil d'État, en l'exhortant à « démissionner », « dans l'intérêt du peuple, de la démocratie et du socialisme », ce qui lui vaut d'être arrêté le lendemain. Le 13 août 1961, la nouvelle de la construction du mur de Berlin le décide à ne plus jamais retourner en RDA et à s'installer à Tübingen. En 1968, il salue avec enthousiasme le soulèvement du peuple tchèque. Ses oeuvres complètes, en 15 volumes, sont publiées de son vivant et sous son contrôle chez Suhrkamp.
Une erreur. Le Parti a formulé sa propagande dans un langage qui n'atteignait pas les couches sociales qu'il voulait atteindre. Il aurait fallu intégrer l'enivrement, le montage et l'expressionnisme dans le mouvement communiste. [...] Les nazis n'ont pas cessé de nous dépouiller ; ils tiraient le plus grand profit du fait que nous avions abandonné ces territoires de la grande tradition révolutionnaire, et n'en utilisions plus, au mieux, que les noms - par exemple : Spartacus. » Les livres aussi sont longuement évoqués et explicités. D'Héritage de ce temps (célébration de l'expressionnisme) à l'oeuvre maîtresse, Le Principe Espérance.
Et évoqué le dur travail sur le concept : de « matière », par exemple, et des paradoxes par lesquels il faut en passer selon lui - le paradoxe de l'idéalisme. De même sur le concept de « morale » dans le matérialisme. De même du « non-encore-conscient », et de son corollaire objectif-réel, le « non-encore-devenu », La biographie, dans cet entretien, n'est jamais distincte de l'analyse ; elles s'entremêlent. Ainsi, fin novembre 1956, Ernst Bloch interpelle personnellement Walter Ulbricht, le premier Bloch parle ensuite de ceux grâce auxquels cette formation s'est affinée : Georg Simmel, en tant que professeur, mais par qui il se lia d'amitié avec Lukács. Puis, plus tard, après 1918, et après avoir publié son premier livre, L'Esprit de l'utopie :
Benjamin, Kracauer, Adorno, Klemperer, Weill et Brecht, dont il fait autant de portraits vivants, et beaux. Benjamin : « [...] un peu bizarre, excentrique, mais son excentricité était extrêmement productive. » Adorno : « [...] ses yeux d'un noir très dense, étrangement privés d'arrière-fond, exprimaient la tristesse, d'une façon que je n'ai jamais vue chez aucun autre homme. » Brecht : « [...] il n'est ni quelqu'un qui dit oui, ni quelqu'un qui dit non, ni non plus quelqu'un qui dit peut-être », qui, s'il avait vécu plus longtemps « aurait ouvert la voie à une forme de connaissance très différente ». Les échanges intellectuels avec chacun sont minutieusement restitués ; les motifs d'affinités établis, et les raisons des brouilles éventuelles rendues sans procès, attribuées aux seules évolutions des oeuvres et de la vie de chacun (l'orthodoxisation de Lukács, le conservatisme final d'Adorno, par exemple).
Bloch s'attarde aussi, bien sûr, sur la politique ;
Sur les rapports du communisme au nazisme :
Ce que le Parti communiste a fait avant l'accession d'Hitler au pouvoir était juste et bon ; ce qu'il n'a pas fait, par contre, relève de l'erreur. Le fait qu'il n'ait pas remarqué l'enivrement et qu'il ne se soit pas inspiré du montage qui captive l'imagination était Luxemburg, Marx et Engels, premières lectures politiques. La lecture de Hegel surtout sera essentielle, à une époque où celui-ci « était considéré comme un chien galeux dans toutes les universités allemandes ».
Résumé de cette formation peu orthodoxe : « Les Mille et une nuits, Fidelio et la Phénoménologie de l'Esprit sont les oeuvres qui ont, dès mes années de jeunesse, exercé sur moi une influence décisive. »
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L'athéisme dans le christianisme ; la religion de l'exode et du royaume
Ernst Bloch
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 23 Janvier 1979
- 9782070281060
L'athéisme dans le christianisme pourrait se comprendre, dans le cadre de l'oeuvre-système d'Ernst Bloch, comme une philosophie de la religion. Mais pour le marxiste Bloch, qui s'attache à penser les conséquences pratiques du renversement de Hegel par Marx, le système n'est plus qu'une méthode dialectique d'investigation du réel. Il en va de même de sa «philosophie» de la religion. Herméneutique non conformiste de la sphère religieuse, le livre vise à une véritable herméneutique de la subversion, débusquant et réactivant les intentions de révolte qui traversent la Bible et y ont été parfois étouffées par les clercs. Pour Ernst Bloch comme pour Marx «la misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La critique de la religion est donc en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l'auréole.» Ici, la dialectique d'un héritage actif des potentialités critique de la religion se substitue au simple «dialogue». L'opposition ne se trace plus entre les fronts mais dans la pensée critique du marxisme, qui ne saurait «liquider» la religion sans en hériter, et dans la religion. C'est pourquoi Ernst Bloch affirme : «Seul un vrai chrétien peut être un bon athée, seul un véritable athée peut être un bon chrétien.»
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La Lutte, pas la guerre : Écrits pacifistes radicaux (1918)
Ernst Bloch, Lucien Pelletier
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 20 Novembre 2018
- 9782735124312
Les jubilés sont l'occasion de découvertes et de redécouvertes. Parmi les documents à tort négligés ou tombés dans l'oubli les écrits du philosophe Ernst Bloch contribuent à une meilleure connaissance du courant pacifiste qui s'est développé en Allemagne après 1916. Ils furent écrits en 1918, pendant son exil en Suisse (1917-1919).D'une grande richesse théorique et historique, ces trois textes étonnent par la position libérale et anarchiste de leur auteur, qui permet de mettre en perspective son ralliement ultérieur au marxisme.
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Ce livre est une anthologie des entretiens philosophiques qu'Ernst Bloch a accordés. Ces interventions d'un des plus grands philosophes allemands du XXe siècle éclaircissent de nombreux aspects de sa pensée. Ernst Bloch y présente notamment, de façon didactique, le grand inventaire des réalisations de l'imagination utopique dans l'histoire de la culture, de l'architecture, de la peinture, de la littérature et de la musique. Il évoque aussi sa vie, sa jeunesse, ses souvenirs d'écoliers, ses années d'études ; il raconte ses amitiés, notamment avec Georges Lukacs, Georg Simmel, Walter Benjamin, Theodor Adorno, Siegfried Kracauer ou Bertolt Brecht ; il relate ses exils, en Suisse et aux États-Unis, sa lutte aux côtés des pacifistes contre la politique impériale de Guillaume II, son combat contre l'Allemagne nazie ; il analyse enfin son engagement pour un marxisme « ouvert » et humaniste, opposé au stalinisme et orienté vers la réalisation de « l'utopie concrète ». À travers ce choix de textes réalisé par Arno Munster, l'un des meilleurs spécialistes de Bloch, c'est tout le parcours intellectuel du philosophe qui est tracé, depuis ses premières pensées existentielles, inspirées de la philosophie de Kierkegaard, jusqu'à sa maturité, exprimée notamment dans Le Principe Espérance.
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«symbole : les juifs» ; un chapitre "oublié" de l'esprit de l'utopie ; les juifs dans l'utopie
Ernst Bloch, Raphaël Lellouche
- Éditions de l'éclat
- Philosophie Imaginaire
- 20 Mars 2009
- 9782841621774
Ernst Bloch a publié deux éditions consécutives de L'Esprit de l'Utopie, en 1918 puis en 1923. Entre-temps, il s'est rapproché du socialisme avec une monographie sur Thomas Münzer. Avec ses traits millénaristes et hérétiques, la guerre des paysans d'Allemagne a pris désormais l'importance d'un modèle historique décisif. Entre ses deux éditions, le texte de L'Esprit de l'Utopie subit alors quelques changements, dont la suppression d'un chapitre : Symbole : les Juifs, rédigé bien antérieurement, en 1912, lorsque, dans un contexte d'intenses échanges avec Georg Lukàcs, les deux amis font l'expérience du renouveau du judaïsme. Commençant par la proclamation éclatante: « S'éveille enfin la fierté d'être juif. », ce petit écrit de jeunesse de Bloch offre une interprétation de la « question juive » profondément différente de celle de Marx en 1843. « Effacé » par la suite des oeuvres du philosophe marxiste, jamais réédité et jamais traduit en français, il témoigne de la portée philosophique du réveil national juif et du messianisme apocalyptique au début du XXe siècle.
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Études critiques sur Rickert et le problème de la théorie moderne de la connaissance
Ernst Bloch
- Maison Des Sciences De L'Homme
- Philia
- 30 Avril 2010
- 9782735113040
Cette traduction est la première réédition complète de la thèse de doctorat d'Ernst Bloch, rédigée en 1908 et publiée l'année suivante. C'est un texte important pour la compréhension de la genèse de la pensée de Bloch. L'auteur y énonce pour la première fois ses vues métaphysiques sur la nature, l'histoire et la connaissance. Il y dialogue non seulement avec le néo-kantien Heinrich Rickert, mais aussi avec l'ensemble des philosophies qui constituaient l'horizon théorique des années 1900. Le traducteur Lucien Pelletier accompagne le texte de notes explicatives élaborées afin de faciliter la compréhension et de situer les idées de l'auteur dans leur contexte philosophique et historique. Dans son introduction, le traducteur plaide pour une approche historique de la pensée de Bloch.
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Le principe espérance Tome 3 ; les images-souhaits de l'instant exaucé
Ernst Bloch
- Gallimard
- Bibliotheque De Philosophie
- 27 Novembre 1991
- 9782070714643
Aboutissement des thèses formulées dès 1918 par L'Esprit de l'Utopie et développées par les oeuvres suivantes, Le Principe Espérance, qui parut en R.D.A. entre 1954 et 1959, fut sinon la cause du moins le prétexte idéologique de la rupture entre Bloch et le marxisme officiel.Le livre mettait en oeuvre sur le front philosophique de l'histoire une subjectivité active, la conscience anticipante, où le marxisme officiel vit une véritable agression contre le matérialisme dogmatique de l'orthodoxie. Ce risque d'idéalisme, volontairement encouru, n'est certes pas le seul paradoxe de l'oeuvre blochienne. Mais son enjeu livre le sens de tous les autres : lutter contre la pétrification de la dialectique, combattre toute clôture péremptoire en métaphysique. Car la reconquête de soi entreprise par l'homme, le dépassement du règne de l'aliénation et de la marchandise, la réalisation de ce monde nouveau dont toutes les utopies sont l'anticipation abstraite - en un mot : le projet même du marxisme - ne sont pas encore accomplis. En ce sens le système hégélien constitue pour Bloch le carcan à briser pour se libérer de l'envoûtement de l'anamnèse et penser le futur.Oeuvre-système, Le Principe Espérance remet en cause toute idée de système, tout système culminant en une Idée : il s'ouvre sur le futur de l'homme et du monde. Tel est le sens de l'affirmation de ce principe que la sécularisation de la religion permet d'identifier comme celui de l'Espérance - principe d'un combat qui reste le nôtre et dans lequel, par un rappel de l'histoire, nous entreprenons l'apprentissage de l'espérance.Le tome I de l'oeuvre (qui en comprendra trois en français) constitue le premier moment de la réflexion. Bloch y enracine l'espérance dans une anthropologie des besoins et des désirs, des forces subjectives qui se mêlent aux avant-postes du réel avec les tendances historiques et trouvent en elles leur corrélat objectif : le monde naturel et social dans son mouvement.
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Grand penseur de l'utopie, Ernst Bloch (1885-1977) a aussi élaboré une philosophie spéculative de la nature et un concept de matière auxquels on n'a que rarement prêté attention. Pourtant, chez l'auteur du Principe Espérance, utopie et matière renvoient l'une à l'autre, ce qu'annonçait déjà la célèbre sentence de Marx : « La société [à venir] est l'achèvement de l'unité essentielle de l'homme avec la nature, la vraie résurrection de la nature, le naturalisme accompli de l'homme et l'humanisme accompli de la nature. » Pour fonder ces connexions, Bloch a approfondi la catégorie de la possibilité et en a énoncé l'enjeu : la transformation du monde. Mais d'où la possibilité surgit-elle ? Partant de l'assimilation par Aristote de la possibilité avec la matière, Bloch a voulu établir la généalogie de sa propre réponse, en repérant les métamorphoses successives des relations forme matière opérées par ceux qu'il nomme les aristotéliciens de gauche ou matérialistes panthéistes, et dont les grandes figures seront Avicenne, Averroès, Avicébron, Giordano Bruno, et Goethe. Au terme du processus s'esquisse le concept blochien de matière féconde, aussi éloignée de celle des théologiens, qui tient son principe d'un sujet transcendant, que de celle, dépourvue de vie ou de « raisons de déterminations purement internes » (Kant), des mécanistes.
La publication en 1952 d'Avicenne et la gauche aristotélicienne dont nous donnons la première traduction en français eut très vite un fort retentissement : enthousiasme des tenants des Lumières arabes, critiques parfois virulentes de certains historiens de la philosophie, embarras jusque parmi les « blochiens » face à un « morceau de bravoure » au statut théorique complexe.
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Droit naturel et dignite humaine
Ernst Bloch
- Payot
- Critique De La Politique
- 15 Mars 2002
- 9782228895439
Ce livre est un cri de guerre contre toutes les formes contemporaines d'oppressions.
Dans le sillage des Lumière, Bloch écrit un " traité de droit " d'une espèce particulière. Le destinataire ? Ni les juristes qui travaillent au service des puissants, ni ceux qui utilisent le droit comme un gagne-pain, mais les humiliés et les offensés. A l'heure où s'effectue un retour du droit voisin de l'idéologie, Droit naturel et dignité humaine jette un pont entre les utopies sociales, projet de bonheur, et le droit naturel, projet de dignité.
Vers l'émancipation intégrale.
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À l'inverse de la lecture althussérienne, la lecture blochienne de Hegel souligne la continuité entre un idéalisme toujours ancré dans le «réel» et le véritable matérialisme historique tel que l'entendaient Engels et Marx, héritier à la fois de la ferveur utopiste et de la dialectique hégélienne. Introduction très détaillée à l'oeuvre entière de Hegel, riches de citations et de confrontations, Sujet-Objet est en même temps une méditation personnelle, centrée sur le dépassement de l'antithèse entre l'intérieur et l'extérieur. Chez l'auteur de la Phénoménologie, Bloch distingue ce qui relève du «goût des antiques» et ce qui met en lumière la valeur créatrice du travail humain, sans lequel le «devoir-être» resterait un vain désir ; au-delà des schémas artificiels il discerne en maints endroits cet effort de «percée» qui donne sens aux «utopies concrètes» et justifie le «principe espérance». D'Aristote à Marx et à Lénine, mais sans exclure Proclus, Maître Eckhart, Nicolas de Cues, Leibniz, Kant, voire Schelling et Kierkegaard, loin de toute tentation éclectique, toute la pensée humaine reprend ici sa vie profonde. Dans cette perspective, le «besoin» et l'«inquiétude» sont les vrais moteurs de l'histoire ; et le plus grand mérite de Hegel est d'être resté fidèle, même au temps de son loyalisme prussien, à l'appel de la Révolution française, d'avoir ainsi reconnu comme pensée directrice de sa dialectique «le progrès dans la conscience de la liberté».
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Mémorial pour Else Bloch-von Stritzky
Ernst Bloch, Gérard Raulet, Lucien Pelletier
- Maison Des Sciences De L'Homme
- 24 Novembre 2011
- 9782735114153
Dans l'année qui suivit le décès de sa première épouse Else von Stritzky, en 1921, le philosophe Ernst Bloch écrivit une sorte de journal qui livre quantité d'informations sur son oeuvre et sa personnalité. Mais surtout, ce texte émouvant veut faire mémoire d'une femme exceptionnelle. Paru - seulement après la mort de Bloch, il donne un accès privilégié à sa philosophie de la mort et du Royaume.