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Bernard Noël
-
La, il y aura oracle : Pour André Masson
Bernard Noël
- Atelier Contemporain
- Studiolo
- 5 Avril 2024
- 9782850351501
L'art fut une source inépuisable de réflexion et d'écriture pour Bernard Noël, dont le travail sur le regard est essentiel. L'oeuvre d'André Masson a constitué un vivier particulièrement fécond puisqu'il lui a consacré une monographie, un récit-monologue à partir des autoportraits ainsi que de nombreux autres écrits. Ce volume rassemble ses onze textes critiques sur Masson, parus entre 1985 et 2010. L'Atelier contemporain réalise là un projet d'édition que l'auteur avait lui-même en tête dès 1995 et qui n'avait pu voir le jour. Noël considère Masson comme «?un peintre majeur du XXe siècle?» et «?l'un des très grands dessinateurs de notre temps?». Grièvement blessé lors de la Grande Guerre, l'artiste crée dans une urgence vitale pour exprimer son tumulte intime. Bernard Noël compare le geste automatique d'André Masson à un «?sismographe de pulsions internes?». Mais cette spontanéité a la particularité d'être nourrie d'une intense recherche intellectuelle. Le peintre entretient ainsi en lui «?un court-circuit constant entre la culture avec ses éclaircies et l'animalité profonde avec ses pulsions obscures. Son graphisme est en quelque sorte l'éclair électrique - la décharge - résultant de ces commotions entretenues et provoquées.?». C'est ce que Noël appelle «?la main-cerveau?» de Masson?; elle combine corps organique et corps culturel en réussissant à «?rétablir l'origine de la pensée dans la chair?», une démarche qui le touche car elle rejoint la sienne en tant qu'écrivain. Son admiration pour l'artiste s'augmente de ce qu'il fut l'ami de Georges Bataille qui lui est cher. Il consacre d'ailleurs un texte au lien entre ces deux êtres excessifs qui voulaient chacun franchir les limites de leur art en engageant «?tout ce qu'ils savent vers ce qu'ils ne savent pas?». Étonnamment, Bernard Noël n'a jamais rencontré André Masson mais par le travail verbal, il parvient à capter son énergie à la fois tellurique et pensive, si bien que Guite et Diego Masson lui écrivent, à propos de l'un de ses textes?: «?Vous nous faites retrouver l'homme avec une réalité fulgurante.?»
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La chute des temps ; l'été langue morte ; la moitié du geste ; la rumeur de l'air ; sur un pli du temps
Bernard Noël
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 26 Octobre 1993
- 9782070327737
Nouvelle édition augmentée d'une postface de Stefano Agosti en 2000
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Le château de Cène ; le château de Hors ; l'outrage aux mots
Bernard Noël
- Gallimard
- L'imaginaire
- 5 Janvier 1993
- 9782070728466
«Être inacceptable... Il ne s'agissait pas de faire scandale ni violence, mais de céder à l'emportement d'une révolte qui, en soulevant l'imagination, combattait la censure intérieure et la réserve timide. L'écriture fut en touts cas un moment de jubilation et de liberté intenses, car être inacceptable conduit simplement à ne pas accepter les oppressions de l'ordre moral et de sa propre soumission. Ce livre, poursuivi pour outrage aux moeurs, est-il devenu inoffensif ? Ou bien la censure s'est-elle faite plus subtile en privant de sens - donc de plaisir - aussi bien les excès imaginaires que les valeurs raisonnables ?» Bernard Noël.
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Les états du corps, qui fait écho au premier livre de Bernard Noël, Extraits du corps, est une manière de revenir à ses préoccupations primordiales : Le corps est une carrière à mots, et ses explorations assurent que, là, sous la peau, il y a de quoi refaire la langue. Il interroge encore ce corps par extraits, par états : en onze temps, qui sont autant de fragments de sa légende imprononcée. Dès les premiers mots, c'est toujours le corps qui parle : Au commencement, le corps est ouvert comme un oui. Quelle douceur ! Mais il s'y oublie... Car toute l'oeuvre poétique de Bernard Noël s'incarne du mystère du langage, sa production par le corps : anatomie et poésie constamment s'y accordent. Cette prose précise et saillante n'y manque pas et, partant de la peau, enveloppe l'histoire. En quelques pages, tout est là. La réédition de ce petit organe poétique, publié en 1999 et épuisé depuis plus de quinze ans, commémore l'anniversaire de la disparition de Bernard Noël, ami éternel de Fata Morgana. Avec le texte, les gravures de Cécile Reims font corps
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D'où vient cette sensation qui s'impose avec insistance ? Elle ne vient pas tant des formes organiques que de la certitude acquise à la fréquentation que ces dessins sont l'empreinte multiforme d'une vitalité aux avatars innombrables. Vitalité déposée non pas telle qu'en elle-même, mais telle qu'à elle-même la révèlent ses relations avec les formes qu'elle accueille et qui, incorporées par cet accueil, deviennent les doubles indispensables à l'expression de ses états. L'aspect organique est une conséquence, et non pas, conme il semble d'abord, le résultat d'un choix thématique ;
Ce n'est d'ailleurs pas un thème, mais le langage suscité par une nécessité.
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'Ces notes, écrites en 1979, sont publiées ici pour la première fois dans leur ensemble. Le mot "oubli" a surgi alors pour désigner la masse obscure dans laquelle me semblait puiser l'écriture. La mémoire n'offre que du déjà vécu, déjà su : l'oubli révèle de l'inconnu au fond de lui dissimulé. L'exercice de l'écriture, pour peu qu'il soit débarrassé d'intentions, fait surgir et s'exprimer des éclats de l'immense dépôt commun que notre langue recueille depuis toujours. Aucune parole n'est perdue mais toutes sont oubliées en attendant que nous reviennent par l'écriture des parties impersonnelles de ce que nous savons sans le savoir...'
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Elle parle.
Elle jette sa vie sur sa langue. elle a toujours voulu tout et tout de suite. elle est une comédienne célèbre. elle a beaucoup parlé avec les mots des autres. elle n'avait pas le temps de sa propre vie, mais voilà que son corps l'a rattrapée, l'a même doublée. elle met du passé dans ce présent trop mortel. elle appelle ses amis : fellini, pasolini, visconti. elle sait qu'il est trop tard. elle ne s'y résigne pas.
Elle ne s'est jamais résignée.
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Là, rien n'est policé par une quelconque mise à distance ou à l'abri, pas plus que par les empreintes de l'histoire : tout est au fond livré au vent, qui fait également courir les herbes et les nuages, et qui fait galoper le temps sur les croupes longues des montagnes rabotées par l'âge.
Aucun obstacle à son souffle, sinon quelques forêts de hêtres, mais loin de l'arrêter, elles lui servent de bouche de relance et de porte-voix. Qui a écouté le vent d'hiver ameuter tous les horizons sait à jamais que sous la vie, il y a des régions secrètes dont rien ne permet de conclure si elles sont une menace ou bien si, à la manière des caves, elles abritent des provisions d'avenir.
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Engagée à contre-sens, la poésie de Bernard Noël ne cesse à sa manière de traquer le mystère de l'incarnation, et le titre Extraits du corps est à prendre dans son acception la plus concrète, la plus littérale. Car la poésie est ici vibration d'une voix blanche arrachée à la mécanique humaine qui pense, qui aime, qui souffre, qui rêve et s'acharne à faire souffle avec de la peau et des os. Elle est aussi ce lancinant défi au grand silence de Dieu : comment la chair peut-elle donc retourner au verbe ? Et comment, mot à mot, ôter une lettre à la mort ? Les mots de Bernard Noël sont en effet pareils à des lambeaux à vif, lambeaux de muscles et de nerfs, de sexe ou de coeur, puisque l'esprit s'en tient à cette texture vivante de la matière. Une telle écoute, une telle exploration de l'univers physique, loin d'asservir le poète à son «je», libèrent et guident vers une parole anonyme faite d'évidence, de dépouillement, de transparence. Ce qui s'écrit, ce qui se dit cherche à créer ou à révéler l'espace mental entre la vue et la visée : c'est un pari qui trouve son chant dans le champ visuel, comme si l'oeil, en plus du prisme des couleurs, possédait un prisme des sonorités, des signes et des sentiments. Alors les syllabes se découvrent neutres, lavées, rendues à la plus fragile origine.
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Monologuer, c'est parler avec soi-même. Si l'on décale un peu le genre.
C'est parler avec l'Autre comme s'il était soi-même. Cet exercice, qui décale la parole, révèle tout à coup qu'il permet à l'écriture de s'exprimer crument dans un face à face avec son sujet.
Bernard Noël a poursuivi cette confrontation en passant du On au Vous, du Il au Tu, du Je au Elle, dans différents livres (par exemple, chez nous, La langue d'Anna, Le Syndrome de Gramsi, La Maladie du sens) mais il a longtemps désespéré de jeter le Nous dans ce jeu où prendre la tête des phrases, c'est risquer l'auto-destruction.
Finalement, après bien des années dans l'impossible, le Nous a tiré derrière lui une histoire de violence et de désespoir qui est aussi une fable politique d'assez mauvais genre pour servir de fable d'actualité puisqu'il y est question de désespoir politique et de terrorisme ...
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L'écriture de l'histoire est sans cesse reprise par chaque époque: c'est la preuve qu'il n'y a pas de sens définitif car le propre du vivant est d'être interminable en dépit de sa finitude et de sa mortalité. Le dictionnaire, tout en allant de A vers Z, ne va nulle part: il n'impose aucune continuité. Sa composition affiche l'arbitraire de l'ordre alphabétique et démonte par là le récit même qu'elle appelle et alimente : c'est un texte sans hiérarchie, sans chronologie et, par nature, pluriel. L'événement s'y démultiplie et retourne à cet état de chantier que l'histoire a pour habitude de nier en faisant de lui un monument fini. Sur ce chantier le texte demeure en travail: il permet d'établir des rapports entre toutes les parties de «l'histoire» mais il n'achève aucun de ces rapports afin de s'en approprier l'intelligence et le mérite - ceux-là sont laissés au lecteur. Pas de vérité toute faite, uniquement des relations que la lecture établit pour s'en aller à la recherche de la vérité.
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Du temps passa, comme je l'ai dit. L'énigme posée par les envois de Jean devint obsédante, faute d'autres nouvelles et aussi parce qu'elle réveillait de vieilles préoccupations. J'entrepris de relire la Bible, et à tous ceux que je rencontrais, je parlais de la Genèse. Ainsi vérifiai-je que chacun la visualise à sa façon : jetez les noms d'Adam et Ève, vous obtiendrez aussitôt un récit parfaitement représentatif de votre interlocuteur, en vérité son portrait mental.
Le narrateur du Roman d'Adam et Ève rencontre fortuitement un photographe entraîné en Russie pour découvrir la résurrection d'un paradis que Staline aurait fait édifier comme un tableau vivant de l'idéologie communiste. Quelques signes photographiques de cette enquête lui parviennent par éclipses jusqu'au silence définitif. Le destin du narrateur va consister à essayer de comprendre cet élan vers l'inconnu. Il est alors tentant de réduire le roman à une fable savante sur les conceptions du paradis en Occident : à un univers parfait, dont l'homme est déchu, a succédé un monde aux lendemains qui chantent. Si le photographe s'est mis en marche derrière le visible, c'est le leurre de tout paradis extérieur qu'il fait découvrir au narrateur : le paradis n'est qu'en l'homme, il est donc un enfer. Son roman est le récit de cette désillusion car le monde est sans échappatoire.
Et il convient d'assumer cette situation ou de vivre dans le semblant.
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" .
Il avait fait de moi le miroir grâce auquel il se voyait exister. il était devenu si impersonnel que j'étais la preuve de sa personne. il s'apercevait lui-même en venant vers notre lit, où il entrait en me priant de murmurer son nom. il me surprenait chaque fois par cette demande car j'avais tout naturellement pour lui des syllabes plus amoureuses. il disait : appelle-moi par le nom que tu tracerais sur une enveloppe si j'étais absent.
".
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«[...] Ceci est donc le premier tome d'une série dont le but est de rendre compte de la diversité et de la richesse de l'oeuvre de l'un des écrivains les plus importants de notre temps. Bernard Noël est en effet un poète, mais aussi un romancier, un reporter, un polémiste, un sociologue, un historien, un critique d'art. Chaque volume, centré sur une des thématiques de l'oeuvre rendra aussi compte de cette grande diversité d'approche et de la non moins grande variété formelle des modes.
On l'aura compris, Les Plumes d'Éros reprend les écrits érotiques de Bernard Noël, part importante, voire déterminante de son travail puisqu'elle lui a permis - les textes réunis ici s'étalent sur cinquante ans - d'expérimenter très tôt les rapports qu'entretient le corps avec la langue, avec les mots, et à quel point la phrase, la pensée, les sens forment ensemble une réalité qui dépasse chacun des éléments qui la constituent.
Il y a dans ce volume des récits, des disputes et discussions, des poèmes, des essais, des textes aussi qui mélangent les genres et les subliment. Il y a, évidente et troublante, une écriture dont la sensualité donne à la pensée qui l'anime une présence et une épaisseur bouleversante alors même que l'humour comme la plus grande profondeur n'en sont jamais exclus.» Paul Otchakovsky-Laurens.
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La poésie de Bernard Noël crie inlassablement, et au coeur du silence, l'abîme et la déréliction.
Une conscience vive et aiguë de ce que l'on a «toujours déjà perdu». L'immémoriale mémoire, celle des origines ? Entre chaque mot, il y a aussi toute l'étendue d'une diction, celle si singulière de Bernard Noël, une lenteur qui prend son temps pour dire l'incommensurable finitude de l'existence.
Ansi donc il est question en filigrane de la vanité de nos vies quant à sa finalité : la pourriture dans son tombeau.
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De l'hameçon à l'assiette : la cuisine de pêche en mer
Bernard Noël
- Casa
- Les Pratiques
- 8 Avril 2022
- 9782380582444
Du poisson au mollusque, de la recette la plus traditionnelle à la recette la plus moderne, que vous soyez pêcheur ou simple amateur de cuisine de la mer, nous vous proposons de partir à la découverte de 94 recettes savoureuses de Pêche en Mer, réalisables par tous, sans connaissance particulière. La cuisine de la mer s'organise en trois parties : les poissons, les crustacés, les mollusques et coquillages. Chaque recette est expliquée étape par étape pour vous permettre de réussir facilement le plat de votre choix. Réalisées par le chef-cuisinier Bernard Noël, ces recettes surprendront et raviront votre palais et celui de vos convives. Alors, à vos fourneaux !
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'Pourquoi pas Le Roman de Roman? Non, dit Opalka, Le Roman d'un être me paraît plus juste : c'est donc le titre retenu. De 1965 à sa mort, en 2011, Roman Opalka a peint la suite des nombres. Chaque nombre est la somme de ceux qui le précèdent, chaque instant de notre vie est la somme des précédédents. "Je fais toujours la même chose et elle est toujours différente, comme est la vie." Regarder peindre Opalka révélait l'identité de son acte et de sa vie ; l'écouter confirmait l'accord entre sa langue et sa main. Pareil engagement est unique : l'écriture tente, ici, d'entrer dans ce mouvement et même de se confondre avec lui...'
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«On connaît les ingrédients des récits ; je n'en refuse aucun, et voici de la conversation, de l'amour, de l'amitié, des rencontres, de la mort, des lectures..., mais tout cela est également ce qui fait la vie. M'intéresse le portrait que les uns tirent de l'autre à travers cette boîte qu'on appelle la tête. Et dans la tête m'intéressent surtout les yeux, qui sans cesse transforment le visible en pensée par une opération dans laquelle la ressemblance tient lieu de vérité. N'en va-t-il pas du vécu comme du visible ? Ils s'articulent inséparablement dans ce mensonge qui, en les disant, en les écrivant, court après la vérité - et qui les fixe en quelques instantanés très ressemblants. Il n'y a pas de suite, mais un perpétuel fondu enchaîné qui fait comme si. On rêve d'un miroir à trois faces qui permettrait de voir la vie de dos. On écrit dans ce sens, et puis, après tant de livres axés sur l'intérieur, sur l'ordre du dedans, ce 19 octobre 1977 remet le je du narrateur à sa place de simple figure optique. Du coup, tout n'est que matériau de la pensée.Toujours et malgré les innombrables leurres, la pensée assemble et permute de l'extérieur. C'est pourquoi ce livre est aussi le premier monologue extérieur.»
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J'ai été un débutant en reflets. Il suffit d'un miroir comme matériel. Quand vous regardez l'espace du miroir, vous y percevez quelque chose de substantiel et de volumineux qui est analogue à l'espace du regard, mais qui, dans le regard, demeure ordinairement imperceptible. La profondeur du miroir est illusoire et cependant révélatrice : elle indique une épaisseur à travers laquelle il faut progresser. Si je transpose cela au regard, il se produit, une légère fêlure dans son immédiateté, et je m'aperçois qu'il ne suffit pas d'ouvrir les yeux pour voir, il. faut, en plus, regarder...
Bernard Noël, né le 19 novembre 1930 à Aubrac dans l'Aveyron, est l'auteur d'une oeuvre impressionnante par ses dimensions, ses perspectives et influences. Il est l'auteur de plus de cinquante ouvrages depuis son premier texte en 1953 qui déjà voulait cerner la relation entre le corps, le langage et l'identité. «Que voit-on quand on voit ? Qu'est-ce qu'un regard ? Voyons-nous les choses ou bien le sens qu'elles ont pour nous ? L'espace du regard, c'est le visible, mais cet espace n'est-il pas le pendant extérieur de celui que nous qualifions de mental ? Les images du visible, en traversant nos yeux, ne deviennent-elles pas les figures de notre pensée ?» De l'ensemble de ces interrogations est forgée cette Machine à voir.
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Le «syndrome de Gramsci» serait la première manifestation d'un cancer de la langue dissimulé sous la dénomination anodine de «trou de mémoire». Mais un cancer implosif : «... une plaie dévorante, une plaie dans laquelle tout le langage peu à peu se précipite, une plaie blanche, qui absorbe toute la substance que d'ordinaire la langue transforme et réhabilite sans arrêt...» Ce que met en jeu ce roman, ce qu'il interroge sans répit, est au coeur même de la langue, au coeur même de la vie, à l'endroit précis mais toujours insaisissable, mouvant, où le corps, le langage, la pensée réalisent dans leur coïncidence la conscience de soi et du monde et où celle-ci, aussi bien, se défait.
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Bernard Noël, Paul Trajman ou la main qui pense
Bernard Noël
- Ypsilon
- Ymagier
- 11 Mai 2010
- 9782356540102
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Ces 22 essais traquent le même ennemi, cette castration mentale dont l'auteur dénonce les ravages à travers ses vecteurs de prédilection, l'image qui aveugle plus qu'elle ne montre (la télévision, mais pas seulement), le discours (politique), voire l'art quand il se dénature. Bernard Noël décrit le fonctionnement de ce monde où la représentation prend de plus en plus la place de la création, où la privation de sens devient la situation ordinaire et s'exerce sans même que nous nous en apercevions. Sa caractéristique est d'ailleurs d'être imperceptible, à la différence de toutes les contraintes inventées jusque là par le pouvoir. Cette «sensure» comme il l'appelle, serait l'arme absolue de la démocratie, permettant de tromper les consciences et de vider les têtes sans troubler la passivité des victimes, pouvoir dont la seule excuse, le seul alibi est la consommation, et qui se cache derrière la fatalité économique.
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Les Vacances de Hegel, le tableau que Magritte peignit en 1958 et qui représente un parapluie ouvert surmonté d'un verre aux trois quarts plein, est au centre de cette étude. Itinéraire plutôt qu'étude, en fait, puisqu'il ne s'agit pas ici d'expliquer une uvre, d'en épuiser le sens en se l'appropriant, mais d'épouser le mouvement d'une pensée qui travaille visiblement, de se placer sous un regard qui est aussi une peinture et aussi une pensée et cela par l'écriture, cette description invisible... Bernard Noël, s'appuyant sur une analyse du regard qu'en retour l'uvre provoque et sur les textes laissés par le peintre, restitue le fonctionnement de cette pensée qui se confond avec sa matérialisation.