Jamaïque, petit village de pêcheurs. Une famille : la mère, Delores, qui vend des pacotilles aux touristes américains. La fille aînée, Margot, qui ne recule devant rien pour avoir le droit à une autre vie. Et Thandi, encore adolescente, aussi brillante lycéenne que jeune fille en plein désarroi. Trois femmes « empêchées », à la fois d'être ce qu'elles veulent, mais aussi de faire preuve de tendresse ou de sincérité, au risque de paraître faibles.
Marie Grosholtz est si petite qu'on l'appellera Petite. Née à Strasbourg en 1761, l'orpheline ne trouve sa place dans la vie qu'au service du Docteur Curtius, sculpteur sur cire. On s'arrache alors, dans la bonne société, ces portraits modelés, confondants de ressemblance. La mode en est telle que ses petits pas la mèneront à Versailles, auprès d'Elisabeth, soeur du Roi. Las, la Révolution, elle aussi, a ses têtes - et qu'elle veut faire tomber. Marie échappera à la guillotine en confectionnant les masques mortuaires des plus grands, Louis XVI, Marat, Robespierre... Le sang coule et Marie pétrit la cire : un destin qu'elle poursuivra jusqu'à Londres, sous le nom de... Madame Tussaud !
Lorsqu'il reçoit, de la part d'une énigmatique fondation, une invitation à se rendre en Estrémadure afin d'écrire sur cette région en plein essor, l'ancien professeur de philosophie est persuadé qu'il s'agit d'une erreur. Pourquoi s'adresserait-on à lui, qui a renoncé à la pensée et à l'enseignement depuis des années ? Qui plus est pour aller dans cette région reculée d'Espagne ? C'est pourtant le récit de ce voyage (qu'il a donc effectué) et de l'enquête autour du dernier loup dans laquelle il s'est trouvé plongé, qu'il relate dans un bar berlinois...
Le Dernier Loup est certainement la première novella où Krasznahorkai déploie une phrase unique sur un si grand nombre de pages. Au-delà de l'impressionnante prouesse stylistique, cette phrase tout en circularités temporelles sert une réflexion subtile sur les liens entre l'homme et la nature, opérant dans le même temps une véritable entreprise d'envoûtement du lecteur qui se retrouve happé par ce récit, ne pouvant s'en extraire qu'au point final.
Besnik est journaliste à Tirana, et va se marier bientôt avec Zana. À l'approche de la conférence internationale des partis communistes, la délégation albanaise fait appel à lui comme interprète et l'embarque pour Moscou. Sur place, une incroyable rumeur laisse !ltrer que l'Albanie, pour faire face à la pénurie qui s'annonce, aurait passé une commande de blé exorbitante à la France - et non à l'URSS, le grand frère habituellement protecteur.
Khrouchtchev leur couperait les vivres, juste avant l'hiver"?
Tenu au secret, Besnik s'enferme à son retour dans un mutisme et un silence ravageurs. Pourtant la vie continue autour de lui, pour les cadres du parti, pour Nurihan la bourgeoise dépossédée de ses biens, pour Ben le balayeur de rue, pour Zana qui ne le comprend plus. Les voix se mêlent pour raconter ce long hiver, face à la solitude impénétrable de Besnik. Comme si avoir #irté avec le pouvoir et la raison d'État lui interdisait désormais toute existence.
Jusqu'à renoncer à son amour pour Zana"?
Réaliste, passionné et saisissant, L'Hiver de la grande solitude est le grand roman de la rupture entre le géant soviétique et la dictature albanaise qui osa émettre une voix discordante. Ismail Kadaré compose une véritable symphonie mêlant aux trajectoires individuelles le vent de la grande Histoire.
Septembre 1939. Réunie à Home Place, la famille Cazalet apprend l'entrée en guerre de l'Angleterre à la radio. On ferme les demeures londoniennes les unes après les autres pour se mettre à l'abri dans le Sussex, où les préoccupations de chacun - parent, enfant ou domestique - sont régulièrement interrompues par les raids allemands. Polly se tourne vers les discours pacifistes de Christopher, tandis que Clary élabore mille scénarios pour expliquer le silence de son père, disparu sur les côtes françaises. Pendant ce temps, Louise fait ses débuts dans le théâtre, fume et porte des pantalons, au grand dam de sa famille. Les temps sont sombres mais chez les Cazalet, la vie se poursuit entre amours, espoir et secrets.À rude épreuve est le deuxième tome de la saga des Cazalet, initiée avec Étés anglais.
Avec cette fresque historique géniale et décalée, Daniel Kehlmann réinvente la légende de Till l'Espiègle, figure incontournable de la culture européenne, et nous plonge au coeur de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Suite à la condamnation de son père pour sorcellerie, Tyll Ulespiègle fuit son village natal en compagnie de son amie Nele. Ensemble, ils embrassent la liberté mais aussi les difficultés de la vie de saltimbanques et voyagent à travers un pays ravagé par les guerres de religion. Arpenteurs d'un monde vacillant sur ses bases, ils nous entraînent dans un roman plein de surprises et de résonances actuelles, éloquent, moderne et exaltant.
Le thème de «la recherche de l'authentique» résume à lui seul le projet littéraire commun à toute l'oeuvre de Jim Harrison.Dans ce recueil de textes écrits pour divers journaux et magazines au cours des cinquante dernières années avant son décès, l'auteur parle avec une verve inégalée du bonheur et de la fragilité d'exister. Sous sa plume acérée, éblouissante d'intelligence et d'humour, tout devient littérature.Qu'il tourne les pages de son enfance, évoque une mémorable partie de pêche, confesse son admiration pour Neruda, Steinbeck, Bukowski, ou sa crainte de voir les États-Unis transformés en «Disneyland fasciste», il livre un autoportrait saisissant et sans complaisance.
« Je suis arrivé par la douleur à la joie », écrit le poète José Hierro.
De chambres d'hôtel en aéroports, assailli par une profusion de souvenirs, Manuel Vilas poursuit la mise à nu de son narrateur. Il orchestre la symphonie de la mémoire et enrichit son tableau de nouveaux motifs comme celui de l'allégresse. Toujours entouré de ses musiciens, ombres de son passé, en dialogue incessant avec les doubles de ses fantômes, auxquels il ajoute Arnold (pour Schönberg), sa part sombre, son ange de la dépression.
Après Ordesa, prix Femina étranger, Manuel Vilas revient avec un grand livre solaire. Son audace littéraire et sa capacité à transfigurer l'intime en universel le désignent comme un de nos écrivains contemporains majeurs.
1799. Paolo et Ignazio Florio quittent leur Calabre natale pour s'installer à Palerme. Passionnés, ambitieux, les deux frères et leur famille n'aspirent qu'à une chose : se hisser parmi les puissants de la ville. C'est compter sans le mépris des palermitains qui voient d'un mauvais oeil ces étrangers dont « le sang pue la sueur ». À force d'obstination et de volonté, les Florio, en se lançant dans le commerce d'épices, se frayent un chemin qui, un jour peut-être, leur donnera un empire. Mais leur réussite ne les protège pas de drames plus intimes, car Paolo et Ignazio, pourtant unis comme les doigts de la main, aiment la même femme...
Le jeune Hiram Walker est né dans les fers. Tout ce qui lui est resté de sa mère, c'est un pouvoir mystérieux. Pouvoir qui lui sauve la vie le jour où il manque se noyer. Après avoir frôlé la mort, il décide de s'enfuir, loin du seul monde qu'il ait jamais connu.
Ainsi débute un périple plein de surprises, qui va entraîner Hiram de la splendeur décadente des plantations de Virginie à la guérilla acharnée au coeur des grands espaces américains, du cercueil esclavagiste du Sud profond aux mouvements dangereusement idéalistes du Nord. Alors même qu'il s'enrôle dans la guerre clandestine qui oppose les maîtres aux esclaves, Hiram demeure plus que jamais déterminé à sauver la famille qu'il a laissée derrière lui.
Dans son premier roman, Ta-Nehisi Coates livre un récit profondément habité, plein de fougue et d'exaltation, qui rend leur humanité à tous ceux dont l'existence fut confisquée, les familles brisées, et qui trouvèrent le courage de conquérir leur liberté.
Dans un village situé au fin fond d'une vallée norvégienne, une femme mourut autrefois en couches après avoir donné naissance à des soeurs siamoises. Les filles, joyeuses et vives d'esprit, tissaient à quatre mains des oeuvres somptueuses qui s'avéraient qui plus est prémonitoires. À leur mort prématurée, leur père fit fondre tout le métal de sa ferme pour fabriquer deux cloches, offrandes à la magnifique église en bois du village. Plusieurs siècles plus tard, se présentent au village un jeune prêtre ambitieux et un architecte venu étudier de près l'église, menaçant par leurs obsessions respectives les deux cloches. À l'entrecroisement du conte nordique et du roman d'aventures, Lars Mytting parvient à écrire une grande saga familiale, habitée par un soupçon de merveilleux.
Islande, 1963. Hekla, vingt et un ans, quitte la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík. Il est temps d'accomplir son destin : elle sera écrivain. Sauf qu'à la capitale, on la verrait plutôt briguer le titre de Miss Islande.
Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d'énergie créatrice, entraînant avec elle Ísey, l'amie d'enfance qui s'évade par les mots - ceux qu'on dit et ceux qu'on ne dit pas -, et son cher Jón John, qui rêve de stylisme entre deux campagnes de pêche...
Miss Islande est le roman, féministe et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique roman sur la liberté, la création et l'accomplissement.
White Falls, Idaho. Iona Moon a onze ans. Fille de fermiers, elle grandit dans la violence et la pauvreté, au sein d'un monde dominé par les hommes. Mais il émane d'elle une aura, une énergie frondeuse, une sensualité qui résistent aux logiques du destin et de l'époque (les années 1960).
Melanie Rae Thon crée une version féminine de Tom Sawyer dans ce roman initiatique peuplé de personnages inoubliables.
« Iona Moon est à l'image de l'écriture qui la met en scène, lumineuse et crue, pleine et sans dérobade. » (Le Monde des Livres)
«Mon goût pour les situations compliquées, pour les histoires tordues, si j'étais bien incapable de dire d'où il me venait, je pouvais au moins l'assumer, peut-être le revendiquer.»À vingt-cinq ans, Aymeric essaie de renouer avec le monde extérieur après une rupture amoureuse et un séjour en prison. Florence en a quarante, elle est célibataire et enceinte de six mois. À la naissance de Jim, ils forment tous les trois une famille heureuse et unie, entre vastes combes et forêts d'épicéas. Bien qu'il prétende l'aimer comme un fils, Aymeric pourra-t-il devenir le père d'un enfant qui n'est pas le sien?
Court roman autobiographique, Les Inséparables raconte avec émotion et lucidité l'amitié passionnée de deux jeunes filles rebelles, Simone de Beauvoir (Sylvie dans le texte) et Zaza (Andrée). Un récit qui commence avec leur rencontre à neuf ans et les suit tout au long de leur éducation sexuelle et intellectuelle jusqu'au dénouement tragique : la mort de Zaza. On y retrouve les expériences fondatrices de la révolte et de l'oeuvre de la grande philosophe féministe : son émancipation mouvementée et l'antagonisme fondamental entre les intellectuels et les bien-pensants, qui formeront le socle des Mémoires d'une jeune fille rangée.
Malentendu à Moscou évoque la crise vécue par un couple au cours d'un voyage en U.R.S.S. Alternant les points de vue des deux personnages, on y lit la désillusion chez un homme et une femme vieillissants et un témoignage critique sur la Russie soviétique des années 1960 : déception politique et « malentendu » sentimental s'entrecroisent, nouant histoire individuelle et histoire collective.
Introductions de Sylvie Le Bon de Beauvoir et Éliane Lecarme-Tabone.
Le téléviseur au-dessus du comptoir, qui diffuse la troisième, le muscadet sur le zinc, les tickets de tiercé qu'on piétine, morose, en s'échangeant des tuyaux percés. Qu'est-ce qui a, en premier, attiré Anatole ? Le PMU, ou bien les chevaux ? Qu'importe au fond, car de rade en rade, il y a pris goût. Et la fièvre l'a pris. Au milieu de cette faune de retraités, de chômeurs ou de parieurs roublards, Anatole se sent désormais comme un crack à Vincennes. Il raisonne, déduit, pesant les chances au trébuchet des possibles. Un art qui n'est pas toujours payant et l'oblige à quelques entorses avec la légalité. Mais gare à l'emballement, Anatole... Gare à l'emballement !
Le roman exprime une philosophie de l'échec typiquement fin-de-siècle : l'impossibilité d'un amour vrai et d'un mariage heureux ; la bêtise des individus pris dans leurs habitudes (Céard reprend le grand combat de Flaubert contre la bêtise). Pour la première fois peut-être, le roman français ose une apologie négative de l'égalité des sexes : hommes et femmes se valent, rien ne les distingue ni ne les hiérarchise. Mais leur égalité nouvellement proclamée n'est que celle de l'échec et de la médiocrité.
Solidaires du droit à l'excellence pour tous, Sylvie et Paul avaient réservé un accueil enthousiaste aux déclarations du proviseur du collège CamilleClaudel sur l'utilité citoyenne des processus incluants, puis à l'ouverture d'une classe d'enfants autistes. Plus tiède fut néanmoins la réaction de Paul à l'annonce de la création d'une classe de primo-arrivants et des effets immédiats sur les tenues vestimentaires des mères de famille lors des réunions pédagogiques. Il considéra cet événement comme la marque ultime d'une sorte de menace insidieuse, ou pour dire les choses plus crûment, comme il le confia Sylvie, la preuve tangible que Bérénice était scolarisée dans un collège de merde.
Jacques Prévert, Philippe Muray, Lovecraft; Neil Young, Sergueï Eisenstein, Pier Paolo Pasolini; Donald Trump, Vincent Lambert, Lénine; le sexe, la fête ou les beaufs... Autant de thèmes et de personnages qui traversent cet ensemble unique d'articles, de chroniques, d'entretiens et de préfaces, et qui permettront au lecteur de se familiariser avec la pensée de Michel Houellebecq - stimulante, inattendue, subversive parce que continûment singulière. Restait à ordonner ce prodigieux matériau:«J'ai essayé de classer ces interventions par ordre chronologique, dans la mesure où je me souvenais des dates. L'existence au moins apparente du temps a toujours été pour moi un grand motif d'agacement; mais l'habitude a été prise de voir les choses en ces termes. Pour cette fois, donc, j'y consens.»
La carrière de Gérard Fulmard n'a pas assez retenu l'attention du public. Peut-être était-il temps qu'on en dresse les grandes lignes.
Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s'est retrouvé enrôlé au titre d'homme de main dans un parti politique mineur où s'aiguisent, comme partout, les complots et les passions.
Autant dire qu'il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l'a fait, qu'il est tombé là par hasard, c'est oublier que le hasard est souvent l'ignorance des causes.
Universitaire fraîchement retraité, alcoolique et divorcé, Jean Roscoff ne comprend plus son époque - et elle le lui rend bien. À 65 ans, celui qui se décrit comme un « vieux soiffard guignolesque » est revenu de toutes ses illusions, sauf peut-être celle d'avoir été des bons combats, dans les années 1980, lorsqu'il battait le pavé aux côtés de SOS Racisme.Pour se remettre en selle, Roscoff se lance dans l'écriture du Voyant d'Étampes, un essai sur un poète américain méconnu, mort accidentellement au début des années 1960. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé?À travers la chute d'un intellectuel devenu la cible d'une chasse aux sorcières, Abel Quentin livre une satire jubilatoire de notre époque et de son goût immodéré pour les bûchers médiatiques.