Neuf années ont passé depuis le mariage de Polly, l'union de Clary et d'Archie et le divorce de Louise. Une nouvelle génération d'enfants a vu le jour, et quand la Duche s'éteint en juin 1956, elle emporte avec elle les derniers vestiges d'un monde révolu. Hugh et Edward, tous deux remariés, doivent faire face aux difficultés financières de l'entreprise familiale ; Louise, désormais mannequin, a une liaison avec un homme marié, tandis que Polly et Clary tentent de trouver un équilibre entre leur foyer et leurs ambitions personnelles. Libérée de ses obligations envers ses parents, Rachel peut se construire une vie à elle, mais la santé fragile de Sid est un nouvel obstacle à franchir. Ce tome est aussi celui des trois cousins, Teddy, Simon et Neville, qui à leur tour devront choisir leur voie.
Home Place, en dépit de ses tapis usés, de ses papiers peints défraîchis et de son toit fatigué, demeure un lieu de refuge et de souvenirs, de magie et de tendresse. Difficile pour les Cazalet d'imaginer que leur prochain Noël dans le Sussex sera peut-être le dernier...
La Fin d'une ère, écrit dix-huit ans après les quatre autres volumes - Elizabeth Jane Howard était alors âgée de quatre-vingt-dix ans -, signe la fin de la magistrale saga des Cazalet.
Alice, une jeune romancière ayant connu un succès fulgurant, quitte Dublin pour s'installer dans un village d'Irlande. Elle fait la connaissance de Felix sur un site de rencontres. Eileen, la meilleure amie d'Alice, préfère rester dans la capitale et travaille pour un magazine littéraire. Elle renoue avec Simon, un copain d'enfance qui n'a jamais caché son attirance pour elle. Malgré la distance, Alice et Eileen se parlent presque tous les jours, ou plutôt elles s'écrivent. Des e-mails aussi drôles qu'intimes où elles laissent libre cours à leurs réflexions sur le sexe, l'amour, l'argent, l'amitié, la politique.
Mais le monde s'assombrit. L'inégalité, l'injustice, la violence ne cessent de grandir. Comment continuer à se comprendre, s'aimer et admirer la beauté qui nous entoure quand le pire semble inévitable ?
Après Normal People, Sally Rooney nous fait partager les rêves et les déceptions de ces enfants du siècle avec une franchise et une justesse remarquables.
Elle se tenait devant nous sans notes, ni livres, ni trac. Elle laissa son regard errer, sourit, immobile et commença:«Vous aurez remarqué que le titre de ce cours est Culture et civilisation. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous bombarder de graphiques et de diagrammes. Je ne vais pas vous gaver de faits comme on gave une oie de maïs... Je m'adresserai aux adultes que vous êtes sans nul doute. La meilleure forme d'éducation, comme les Grecs le savaient, est collaborative. Nous pratiquerons donc le dialogue... Mon nom est Elizabeth Finch. Merci.»Et Neil, le narrateur de ce roman d'amour pas du tout comme les autres, la trentaine, comédien sans beaucoup de succès s'éprend aussitôt de cette enseignante, largement cinquantenaire en «sachant obscurément que pour la première fois sans doute, j'étais arrivé au bon endroit».Mais qui est vraiment Elizabeth Finch? Mystérieuse, indéchiffrable, on ne sait rien de sa vie. Que découvrira Neil, toujours amoureux, vingt ans plus tard, quand il héritera de ses papiers personnels? Pourquoi en revenait-elle sans cesse au personnage de Julien l'Apostat, l'empereur romain qui n'alla jamais à Rome et qui, s'il n'était pas mort à trente et un ans aurait peut-être modifié le cours de l'Histoire en voulant renoncer au christianisme pour revenir aux dieux païens d'autrefois?Oui, qui était réellement Elizabeth Finch? Et Julian Barnes nous donnera-t-il des réponses dans ce roman autour d'un amour si étrange et si romanesque?
Comment une petite dizaine d'individus du monde entier se sont-ils retrouvés à l'intérieur d'un minibus aux confins du Mexique, sur des routes brinquebalantes, en compagnie d'un chaman ?
S'ils semblent tous captivés par ce rocher blanc auquel la tribu locale des Wixarikas attribue l'origine du monde, l'une d'entre eux, écrivaine, tente de prendre soin de sa fille, tout en réfléchissant à la course du monde et à l'écriture de son prochain roman. Autour de ce rocher se sont déroulées d'autres histoires qui pourraient bien l'inspirer...
En remontant le fil du temps, Anna Hope décrit les rêves et la folie qui ont animé les hommes dans leur entreprise de conquête. Elle s'attache pour cela à quelques personnages, à leurs contradictions et en s'appuyant sur l'intensité dramatique de chaque existence, compose un roman d'une puissance irrésistible.
Au seuil de la mort, Leonard Fife, célèbre documentariste, accepte une interview filmée que veut réaliser l'un de ses disciples, Malcolm. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme, Emma, pour écouter ce qu'il a à dire, loin des attentes de Malcolm. Après une vie de mensonges, Fife entend lever le voile sur ses secrets mais, sous l'effet de l'aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu. Puissant, écorché, bouleversant, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste - de soi, des autres - lorsqu'on a passé sa vie à se dérober.
«Comme s'il y avait quelque chose au-delà d'un baiser. Il n'y a rien».
Le baiser qui scelle l'histoire d'amour aussi brûlante qu'inattendue entre Salvador et Montserrat surgit en pleine pandémie, dans une cabane au milieu des bois où s'est réfugié Salvador, un professeur de 58 ans. Il a rencontré la belle et sauvage Montserrat au village voisin, où elle tient la seule épicerie du coin. Nous sommes en mars 2020, Salvador relit Don Quichotte à l'aune de ce sentiment d'absolu, cette passion dévorante qui le lie à Montserrat, son Altisidore inespérée, et qui apparaît comme un acte de résistance à l'heure de l'isolement forcé. Jusqu'à ce que ressurgisse inévitablement le passé de chacun, à mesure que s'installe la routine des deux amants.
Les Baisers est un grand roman d'amour, tendre et sensuel, drôle souvent, dramatique, où l'intimité des personnages résonne singulièrement avec la nôtre. La peau des amants, leur désir charnel, leurs baisers, y apparaissent aussi palpables que nécessaires. C'est enfin une réflexion sur la façon dont, en pleine crise mondiale, deux êtres humains tentent de retrouver du sens.
Nageurs et nageuses de cette piscine que tous appellent là en bas ne se connaissent qu'à travers leurs routines et petites manies, et les longueurs, encore, encore. Ils y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de là-haut.Alice, tout spécialement, trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage. Et puis un jour, une fissure apparaît au fond, dans le grand bain, en préfigurant d'autres, celles de son cerveau. Pour elle, l'inéluctable fermeture résonne comme un clap de fin. Remontent alors à la surface des souvenirs de jadis, de l'internement dans un camp pour Nippo-Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, d'une enfant perdue très tôt, pourtant si parfaite... Mais Alice oublie chaque jour un peu plus.Là où il faudra bien se résoudre à l'enfermer, sa fille essaie de sauver quelques lambeaux du paysage fracturé qu'est devenue leur relation lacunaire.
Twyla et Roberta avaient huit ans lorsqu'elles ont atterri dans la même chambre de l'orphelinat St. Bonaventure de Newburgh, au nord de New York. Quatre mois durant, elles sont restées inséparables - puis la vie les a éloignées. Des années plus tard, elles se recroisent trois fois de suite par hasard - dans un dîner, une épicerie, une manifestation.
Chacune, à l'occasion de ces retrouvailles inopinées, va se rendre compte à quel point elle est devenue étrangère à l'autre. Et pourtant, elles demeurent indéfectiblement liées par un événement terrible, remontant à leur enfance à l'orphelinat.
Twyla et Roberta ; l'une est noire ; l'autre est blanche ; mais laquelle ? Le lecteur ne le saura jamais - et c'est tout ce qui fait le vertige et la profondeur de cette histoire, que Toni Morrison a écrite « comme une expérience, dans l'idée d'eff acer toute trace de détermination raciale chez deux personnages pour qui la question de la race est déterminante ».
Un texte à la fois limpide et troublant, au coeur de problématiques qui agitent encore et toujours notre époque - la question raciale, l'identité, la violence, la diff érence, l'aliénation.
Que peut la plume de l'écrivain face aux pires atrocités de notre époque ? C'est habité par cette question que Mario Vargas Llosa s'est rendu en Irak en juin 2003, au tout début d'une guerre qui durera huit ans. Pendant douze jours, il confrontera ses convictions à la réalité du conflit.
Interroger les civils à cette époque-là et dans ce lieu-là, c'est interroger tous les civils de toutes les guerres - c'est rendre leur parole aux femmes et aux hommes que les intérêts géopolitiques étouffent.
À partir des témoignages recueillis, Mario Vargas Llosa a rédigé une magnifique série de reportages, réunis aujourd'hui intégralement dans ce livre. Il interroge la difficulté à penser la guerre au moment où elle se produit et confronte la réalité vécue par les populations à l'idéal démocratique occidental qui commande certains conflits.
Mario Vargas Llosa, né en 1936 au Pérou, a vécu notamment à Madrid, Paris, Londres ou Barcelone. Prix Nobel de Littérature en 2010, il est l'une des figures les plus reconnues de la littérature mondiale. Romancier, dramaturge et essayiste, ses oeuvres ont été couronnées par les plus prestigieux des prix littéraires. Il a été élu membre de l'Académie française en 2021.
Traduit de l'espagnol par Annie Vignal
Le 24 février 2022, quand l'armée russe a envahi l'Ukraine, la stupeur et la tristesse ont saisi le monde entier. Ont commencé à affluer dans nos médias des noms qui, jusqu'ici, ne nous étaient guère familiers, teintés de la couleur des combats et de la tragédie : Boutcha, Marioupol, Kharkiv, la mer d'Azov, Dnipro...
Mais que connaissons-nous vraiment de ce pays voisin ? Terre d'au-delà des Carpates, où les rivières coulent à travers des forêts et des steppes, l'Ukraine est aussi un pays à la culture millénaire, doté d'une scène littéraire foisonnante, encore trop peu connue en France. Nous avons donc demandé à quinze autrices et auteurs ukrainiens, de tous âges, tous milieux et toutes régions, russophones et ukrainophones, de nous raconter le lieu qui, pour eux, symbolise « leur » Ukraine.
Ainsi, Kateryna Babkina nous parlera de Bakota, un village partiellement englouti par un lac de barrage dans la région de Ternopil. Artem Tchekh confrontera la Polésie, région du nord de l'Ukraine où il combat aujourd'hui et celle de Tcherkassy où il a grandi, l'enfance et l'âge adulte, la guerre et la paix. Le poète Boris Khersonsky évoquera la ville d'Odessa tandis que Lyubko Deresh nous entraînera dans la péninsule de Trakhtemyriv, sur le Dniepr, connue pour être l'Atlantide ukrainienne. Anastasia Levkova racontera la Crimée à travers les témoignages qu'elle a recueillis des Tatars de Crimée réfugiés en Ukraine depuis l'annexion de 2014. Petro Yatsenko brossera le portrait de Kriukivshchyna, une de ces villes cossues de la banlieue ouest de Kyiv qui représentaient une forme de rêve ukrainien et qui se sont retrouvées confrontées en quelques jours à la violence de l'invasion russe. Et bien d'autres encore...
Dirigé par Emmanuel Ruben et remarquablement traduit par Iryna Dmytrychyn, ce recueil de textes inédits permettra aux lecteurs français d'appréhender l'Ukraine contemporaine à travers la littérature.
Traduit de l'ukrainien et du russe par Iryna Dmytrychyn.
Kiev, 1919. La ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir s'y met en place tant bien que mal alors que la guerre civile fait rage : la région est en proie à des combats opposant les troupes de l'indépendantiste ukrainien Petlioura, l'armée blanche de Denikine, les anarchistes de Makhno... Samson, jeune étudiant, se retrouve du jour au lendemain à devoir se débrouiller seul après qu'un cosaque a tué son père sous ses yeux et lui a tranché à lui son oreille droite. Il découvre bientôt que celle-ci continue à entendre et lui transmet par moment les bruits qu'elle capte, même à distance. Enrôlé un peu par hasard dans la milice, Samson commence par enquêter sur les deux soldats de l'Armée rouge qu'on lui a imposés comme locataires et qu'il soupçonne de se livrer au brigandage, aidé par une jeune femme, Nadejda, bolchevik convaincue et employée au Bureau des statistiques, dont il ne tarde pas à tomber amoureux. Cette enquête le conduit sur la piste d'autres crimes dont l'instigateur serait un mystérieux Jacobson...
Dans ce recueil d'essais, articles et autres discours écrits sur une période de dix-sept ans, Salman Rushdie se fait historien, conteur, ami et critique de ses auteurs favoris, mais aussi guide pour écrivain en herbe. Ainsi navigue-t-il entre origine des contes et de la littérature, cours magistral d'écriture, anecdotes sur l'évolution d'une oeuvre à travers les âges ou sur les liens entre tel et tel auteur, et analyse de ses propres romans. *Langages de vérité* jette une lueur sur «l'atelier poétique» de l'auteur, sublime caverne d'Ali-Baba. Réunis pour la première fois, ces textes entonnent un puissant hymne à la création et à la liberté de créer, dans un monde où la liberté d'être soi-même (quoi que cela recouvre) est de plus en plus menacée.
Personne n'aurait pu prédire un avenir aussi extraordinaire à ce garçon né dans une famille provinciale, bourgeoise et aisée du nord de l'Allemagne. Mais le jeune homme s'appelle Thomas Mann, et il se forgera un destin hors du commun. Une oeuvre littéraire couronnée par le prix Nobel, une vie familiale mouvementée et souvent dramatique, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du siècle - voilà comment on pourrait résumer la vie du grand écrivain. Colm Tóibin a choisi de nous la raconter de l'intérieur et dans toute sa dimension romanesque.
Cette existence est peuplée d'autres figures inoubliables. Au tout premier plan, son épouse, la fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, Thomas Mann construit patiemment une oeuvre protéiforme en même temps qu'une apparence de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants nés entre un voyage à Venise et un séjour au sanatorium - qui seront transposés dans La Mort à Venise et La Montagne magique - il restera à jamais ce chef distant d'une famille où l'on ne sait pas très bien comment s'aimer. Son frère Heinrich, ses enfants Klaus et Erika Mann, Christopher Isherwood, Bruno Walter, Alma Mahler et Franklin Delano Roosevelt - tous joueront un rôle dans la mue du grand bourgeois conservateur en intellectuel engagé face à la montée du nazisme, ou croiseront sa route dans l'épreuve de l'exil. Mais Colm Tóibin évoque avec autant de puissance les élans intimes et douloureux d'un homme secret en quête d'un bonheur impossible. Tous ces fils littéraires, sentimentaux, historiques et politiques s'entretissent dans une fresque qui se confond avec l'émouvant roman d'une vie : celle d'un génie littéraire et d'un homme seul qu'on appelait Le Magicien.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson
Les Jours de Saveli est un petit traité de survie, écrit de manière très originale de la perspective d'un chat, mélange de tendresse, d'humour, de tristesse et de résignation, véritable métaphore de la vie humaine. Le chat Saveli nait dans une cour d'immeuble délabré et ouvre les yeux dès l'instant où il vient au monde. Doué d'une curiosité insatiable, Saveli met son museau dans chaque recoin, attentif à tout et attiré par des lieux inconnus. Du jour où Vitia le prend chez lui, les aventures s'enchaînent: il devient notamment employé officiel de la galerie Tretiakov et le colocataire d'un perroquet fou
Été 1984 à Breathed, Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local : il invite le diable à venir lui rendre visite.
Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d'un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l'âme meurtrie, heureux d'être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l'incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d'une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu'une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Porté par une écriture incandescente, L'été où tout a fondu raconte la quête d'une innocence perdue et vient confirmer le talent exceptionnel d'une romancière à l'imaginaire flamboyant.
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.
La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes.
On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux Quatre soldats de Hubert Mingarelli.
Construit sous la forme d'un journal intime,Vomir livre le témoignage d'un jeune homme ayant survécu à une prise mortelle de drogues, après une soirée ayant duré deux jours entiers. C'est au coeur des quelques semaines qui suivent cette expérience-limite qu'il nous plonge, coincés avec lui dans un lit d'hôpital. Les espaces du soin et de l'autodestruction se heurtent et deviennent le cadre propice à une réflexion à la fois poétique et politique sur l'individu contemporain et sa relation au monde.
Quand sa mère décède subitement, Carole Allamand rentre en Suisse pour s'occuper de ses funérailles. Une longue absence a distendu leurs rapports et plus de dix ans se sont écoulés sans une visite à son domicile. Rien ne l'a préparée à ce qu'elle découvre. Objets et déchets ont envahi tout l'espace, englouti les meubles, retiré aux pièces leur fonctionnalité, confiné sa mère dans moins de cinq mètres carrés. Comment en est-elle arrivée là ?
Quelle signification ces choses ont-elles eue pour elle, et pour ces gens qui ne peuvent s'empêcher de les accumuler ?
Tout garder est une enquête sur le syndrome de Diogène, ce mal mystérieux et fascinant des sociétés dites avancées. Il est aussi un témoignage intime, un plaidoyer pour les femmes de sa génération, un roman d'amour.
«Là, sur la route de la mer, après le portail blanc, dissimulées derrière les haies de troènes, les tilleuls et les hortensias, se trouvaient les vacances en Bretagne. Août était le mois qui ressemblait le plus à la vie.»Après de longues années d'absence, un jeune homme retourne dans la grande maison familiale. Dans ce décor de toujours, au contact d'un petit cousin qui lui ressemble, entre les après-midi à la plage et les fêtes sur le port, il mesure avec mélancolie le temps qui a passé.Chronique d'un été en pente douce qui commence dans la belle lumière d'août pour finir dans l'obscurité, ce roman évoque avec beaucoup de délicatesse la bascule de l'enfance à l'âge adulte.
Deux miroirs se faisaient face. L'un s'appelait « art », l'autre « littérature ». Édouard Levé (1965-2007) était placé entre eux, et les désignait alternativement du doigt, en silence. Il produisit une oeuvre double, qu'on crut achevée. Ces Inédits relancent le jeu.
L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera.
Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria. Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice.
Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France. La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines. Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice.
Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot. Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.
Son phrasé est celui d'un garçon pressé. Les images qu'il convoque, autant de coups de feu dans l'âme. L'itinéraire de Matthieu Seel, dit « Charles », ne souffre aucun temps mort.
Sa naissance sous X, son parcours de gosse aux mille questions, qui veut grandir trop vite en espérant un jour pouvoir y répondre, ses premiers pas, puis ses premiers joints dans le 19e arrondissement de Paris où il a grandi et les jardins chics de la rive gauche où il a choisi un blase pour la vie, ses déambulations sous crack dans la rue, le métro, les parkings et sur la Colline, il les raconte.
« Charles » a vogué d'un monde à l'autre, et d'un monde à l'autre, cherchant sa place, un beau jour il a sombré. Mais Matthieu a fini par supplanter « Charles ». Sa rédemption après l'addiction, son sevrage, en équilibre sur un fil ténu, celui de l'existence, il les raconte aussi.
Rien ne dure vraiment longtemps, c'est un constat et c'est un voeu, un premier livre rare, un hymne à ceux qu'on croise sans les regarder, une trace écrite de toute la violence du monde. C'est le récit lumineux d'un garçon sensible qui avait toutes les cartes pour mourir et a choisi de vivre.
Algérie, années 1950. Mokhtar grandit à l'ombre du figuier de son douar, contre lequel son grand-père Kouider aime s'adosser pour faire la sieste. Aussi vieux que le grandpère, peut-être plus, le figuier est un membre à part entière de la famille, prodiguant ses fruits deux fois l'an et une sève dont on fait des cataplasmes. Mais un jour, Moussa, le père, part avec femme et enfants vivre à la ville. Là, Mokhtar découvre la mer et ses poissons, le cinéma Lux, le hammam, les premières lectures et surtout l'écriture. Quand, un soir où il fait ses devoirs, sa mère lui trace maladroitement dans la paume les huit lettres de leur nom, il comprend qu'à ces lettres il faudra en ajouter beaucoup d'autres...
À hauteur d'enfant, Abdelkader Djemaï nous restitue l'Algérie à la veille de l'indépendance. Ses pages sentent l'encens et le benjoin qui se consument sur le kanoun ; la lumière y est celle des murs blanchis à la chaux et des paysages parcourus par un bus jaune de la compagnie L'Hirondelle. Non loin s'étend la ferme de Manhès, le Pied-noir dont la femme Martine arbore de belles toilettes. Et plus loin encore, mais à l'approche : le bourdonnement des hélicoptères et la danse des convois militaires...
Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d'En salle raconte cet écart. D'un côté, une enfance marquée par la figure d'un père ouvrier. De l'autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l'épreuve, le vide, l'aliénation.